2017-4. « Afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »
Premier sermon
de
notre glorieux Père Saint Augustin
sur
la chute de Pierre.
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Theodor Rombouts (Anvers 1597 – Anvers 1637) :
le reniement de Pierre ["Liechtenstein Museum", Vienne (Autriche)]
A l’occasion de la fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome, je livre à votre réflexion et méditation ce premier sermon de notre glorieux Père Saint Augustin sur la chute de Pierre : je le tiens en réserve depuis le printemps 2013 – « Qui potest capere capiat » – et crois utile aux âmes et aux intelligences de le publier finalement en ce jour.
Utile pour chacune de nos âmes qui, toujours exposées aux dangers que leur fait courir leur propre fragilité ont toujours davantage besoin, comme le Prince des Apôtres lui-même, de s’humilier pour se mieux relever ; utile aussi pour être moins exposés aux scandales et conserver au mieux la sérénité intérieure dans les difficiles circonstances actuelles de la vie de la Sainte Eglise…
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« Afin de lui inspirer une humilité salutaire,
le Sauveur abandonna Pierre pour un temps. »
§ 1. La présomption de Pierre.
De Saint Pierre, vous connaissez la sublime profession de foi au sujet de la divinité de Jésus-Christ ; vous savez aussi que, à la voix d’une servante, il renie Celui qu’il avait adoré.
Pour confondre sa présomption, le Sauveur lui avait dit : « Tu me renieras » (Matth. XXVI, 75) ; plus tard aussi, pour affermir son amour, Jésus-Christ lui posa cette question : « M’aimes-tu ? ». C’est donc au moment même où Saint Pierre chancelait dans sa foi, qu’il présuma le plus de ses propres forces.
Le Psalmiste avait depuis longtemps formulé ce reproche : « Ceux qui mettent leur confiance dans leur vertu » (Ps. XLVIII, 7). Pierre méritait donc qu’on lui fît l’application de ces autres paroles : « J’ai dit dans mon abondance : jamais je ne me laisserai ébranler » (Ps. XXIX, 7). Dans son abondance, il avait dit au Sauveur : « Je suis avec Vous jusqu’à la mort » (Luc XXII, 33) ; dans son abondance, il avait dit : « Jamais je ne me laisserai ébranler ».
Toutefois Jésus-Christ, en Sa qualité de suprême Médecin, savait mieux que le malade lui-même ce que réclamait sa maladie. Ce que font les médecins dans les maladies du corps, Jésus-Christ peut le faire dans les maladies de l’âme.
Qu’importe, après tout, au malade, que le médecin lui rende toujours raison du traitement qu’il lui applique ? Le malade peut connaître les souffrances qu’il supporte ; mais quand il s’agit de décider si la maladie est dangereuse, d’en connaître les causes, et de juger de l’efficacité des remèdes, c’est l’oeuvre propre du médecin qui, après avoir examiné le corps, reste libre de communiquer à son malade les raisons du traitement qu’il lui applique.
Quand donc le Seigneur dit à Pierre : « Tu Me renieras trois fois », Il prouvait à Pierre qu’Il avait sondé son coeur.
Or, les prévisions du médecin se réalisèrent, et la présomption du malade se trouva confondue.
§ 2. Sa chute fut salutaire à Pierre parce qu’elle le fit entrer dans la voie de l’humilité.
Continuons à étudier dans le même psaume les révélations que nous fait le Saint-Esprit.
Après avoir dit : « Dans mon abondance, je ne me laisserai jamais ébranler », le Psalmiste, se reprochant d’avoir ainsi présumé de ses propres forces, s’empresse d’ajouter : « Seigneur, par l’effet de Votre volonté, Vous avez ajouté la force à ma beauté ; Vous avez détourné Votre face, et je suis tombé dans le trouble et la confusion » (Ps. XXIX, 8).
Que dit-il ?
Ce que j’avais ne venait que de Vous, et je croyais ne le tenir que de moi ; « mais Vous avez détourné Votre face » ; Vous avez repris ce que Vous m’aviez donné et « je suis tombé dans le trouble et la confusion » ; en Vous retirant de moi, Vous m’avez montré ce que je suis par moi-même.
Ainsi donc, afin de lui inspirer une humilité salutaire, le Sauveur abandonna Pierre pour un temps.
Jésus le regarda ensuite, et Pierre versa des larmes amères, comme parle l’Evangile ; c’est ainsi que s’accomplit la prédiction du Sauveur.
Que lisons-nous ? « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint » (Luc XXII, 61).
Si Jésus-Christ ne l’eût pas regardé, Pierre aurait tout oublié. « Le Seigneur regarda Pierre, et celui-ci se souvint que Jésus lui avait dit : avant que le coq chante, vous Me renierez trois fois, et, étant sorti, il pleura amèrement » (Ibid. 62).
Pour laver le crime de son reniement, Pierre avait donc besoin du baptême des larmes. Mais ce baptême lui-même il n’aurait pu l’avoir si Dieu ne lui en avait fait la grâce.
Theodor Rombouts : le reniement de Pierre (détail)
Vous pouvez laisser une réponse.
Il me semble que le coq chante fort, quant au reniement aujourd’hui… mais un espoir : les forces du mal ne prévaudront pas !
Vivement que le successeur actuel de Pierre revienne à Pierre !
Quelle leçon !