2016-92. Adaptation au monde moderne ?

       Parmi les reproches qui sont faits à l’encontre des Légitimistes qui, à la suite de Monseigneur le Comte de Chambord, de jure Sa Majesté le Roi Henri V, maintiennent coûte que coûte les principes de la royauté française traditionnelle et refusent toute compromission avec les idées qui ont causé la révolution ou en sont les conséquences, il y a celui de ne pas savoir « s’adapter au monde moderne ».
Cela peut se décliner avec des formes voisines, telles que « ne pas comprendre les aspirations de son temps », « ne pas savoir s’inscrire dans le mouvement général », « laisser passer les opportunités d’entrer dans la modernité que nous tend l’Histoire », et autres formules de pure rhétorique qui ne servent qu’à masquer l’abandon des principes pérennes et solides.

Il en est de même dans l’Eglise où l’abandon – la trahison – de la Tradition, reçue des Apôtres et développée organiquement au fil des siècles par les Pères, les saints Docteurs, les Pontifes fidèles (car il en est qui ne le furent pas), les conciles authentiques (car là encore il en est qui ne sont que des brigandages) …etc. , fait l’objet de pseudo justifications sous la formule incantatoire, quasi dogmatique et indéfiniment répétée par les chantres du « renouveau », d’ « adaptation au monde moderne » (ou « au monde de ce temps »).
Dans l’une des conférences de Gustave Thibon – encore et toujours ! – , j’ai relevé une citation qui n’a pas besoin d’être longue pour être percutante, comme souvent.
C’est une réflexion de simple bon sens, une fois de plus ; mais, parce que justement le bon sens est ce qui semble faire le plus défaut dans certains raisonnements, dans certaines intelligences, dans certaines structures d’enseignement, dans certaines sacristies, dans certains presbytères, évêchés ou palais apostoliques, il est bien nécessaire que ce que le bon sens inspire soit rappelé à temps et à contretemps : « opportune, importune » (2 Tim. IV, 2).
Dans ces quelques lignes qui suivent, je me suis autorisé à reproduire en caractères gras ce qui m’y apparaissait comme plus spécialement important.

Lully.

IMG_5245 - Copie

*  *  *

Adaptation au monde moderne ?

       « (…) Je crois que ceux qui parlent de s’adapter à tout prix au monde moderne ne savent pas ce dont le monde moderne a besoin : il a besoin de ce qui lui manque, il n’a pas besoin qu’on surabonde dans son propre sens. Il faut différer beaucoup de son siècle pour le servir.
Au reste, aujourd’hui, la modernité commence à se vomir elle-même. Si l’on nous accuse d’immobilisme, parce que, selon la belle formule d’un jeune philosophe contemporain, nous voulons « nous rapprocher de ce qui ne change jamais plus que nous adapter à ce qui change toujours », parce que nous sommes plus soucieux de nous dépasser nous-mêmes que de ne pas nous laisser dépasser, nous répondrons que se rapprocher du modèle divin, sculpter l’existence à l’image de l’essence, imprimer sur ce qui est la marque de ce qui doit être, cela exige tout de même beaucoup d’énergie, de vigilance, d’initiative et de liberté, infiniment plus que suivre passivement le courant de la mode et se laisser emporter comme une feuille morte par « l’air du temps »… ».

Gustave Thibon,
in « Morales de toujours et morales éternelles »,
conférence du 27 mars 1973 à Waremme (Belgique)
« Les hommes de l’éternel », ed. Mame – Paris 2012 – p. 89]

Gustave Thibon

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 19 décembre 2016 à 14 h 14 min Béa Kimcat écrit:

    Un citation bien illustrée avec Maître Lully…
    Bien chamicalement
    Béa kimcat

  2. le 19 décembre 2016 à 7 h 39 min Jean P. écrit:

    à 6 h 15, (il y a 132 minutes) je lisais :
    « Le danger pour l’homme moderne réside en ceci qu’il voudrait réduire la terre à un désert, la personne à un automate, l’amour fraternel à une collectivisation planifiée, introduisant trop souvent la mort là où Dieu souhaite la vie. »
    Paroles rononcées à la fin de la messe d’action de grâce du 29 août 1978 !

    Diagnostic identique à G. THIBON avec 5 ans d’écart.
    Donc le mal est bien là et bien réel.
    Mais comme « le témoin a dit la vérité, il doit être exécuté ! » : ce qui s’est réellement passé 33 jours plus tard.
    Si, si, souvenez-vous le 28 septembre 1978 !

    Réponse de Lully :

    En ce qui concerne l’élimination du Pape Jean-Paul 1er, nous sommes bien d’accord…
    Chacun sait que le Cardinal Villot, lié à la maçonnerie et à ses magouilles financières, n’avait pas intérêt à voir « durer » ce Pape sur le trône de Saint-Pierre !!!

    Réponse de Jean :

    Ah ! comme il est bon notre Lully!!! Il « pige grave » dit-on au XXI°s.
    Pas du genre qui comprend vite si on lui explique longtemps!
    Il connaît ses classiques….et même plus.

    Quel réconfort dans ce monde décadent.
    MERCI est si bon et doux à dire du fond du cœur.

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