2016-90. L’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution.
Vendredi 9 décembre 2016,
2e jour dans l’octave de l’Immaculée Conception.
La Vierge séraphique :
« Gaude, Maria Virgo, cunctas hæreses sola interemisti in universo mundo »
(Réjouissez-vous ô Vierge Marie, vous seule avez vaincu toutes les hérésies dans le monde entier)
Alors que le mois de décembre file à la vitesse « grand V » et entraîne cette année 2016 vers sa fin, je veux revenir sur un anniversaire que nous n’avons pas eu le temps de mentionner à sa date exacte, le 29 août dernier, mais sur lequel nous avons abondamment réfléchi et médité pendant des mois et des mois : le quarantième anniversaire de ce que, in illo tempore, l’on a appelé « la Messe de Lille », au cours de cet été 1976 qui a manifesté d’une manière médiatique retentissante le courage exemplaire de Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre.
Je devine déjà que certaines personnes, qui ne nous aiment guère, vont s’empresser de tirer profit de cette publication pour nous clouer au pilori du « lefebvrisme », crime que certains ecclésiastiques – surtout lorsqu’ils se gargarisent de tolérance et de miséricorde – considèrent comme absolument impardonnable, tant en ce monde que dans l’autre.
Pour ce qui me concerne, je n’étais alors que dans la pensée de Dieu. Mais notre Frère, qui était alors âgé de 14 ans, s’en souvient parfaitement ; et pour cause.
Dégoûté – c’est exactement le terme qui convient, car il y avait vraiment de quoi inspirer la nausée – du pseudo catholicisme que son entourage familial, paroissial, diocésain et scolaire (car il était scolarisé dans un collège tenu par des religieux totalement sécularisés et sinistrés par le modernisme triomphant), le futur Frère Maximilien-Marie s’éloignait de l’Eglise, de Notre-Seigneur Jésus-Christ et même de Dieu, puisque cette « Eglise conciliaire » ne lui apportait rien de consistant, liturgiquement, spirituellement et doctrinalement.
En revanche, il gardait au coeur le souvenir fervent de la Messe qu’il avait connue avant la réforme liturgique : Messe dont il n’avait pas besoin de comprendre matériellement les mots latins pour comprendre spirituellement les mystères qu’elle célébrait, et pour être comme irrésistiblement élevé vers Dieu…
Mais tous – parents, éducateurs, prêtres et religieux – lui répétaient à satiété que tout cela était révolu, définitivement révolu, et qu’il fallait « vivre avec son temps » : ce temps du « printemps de l’Eglise » et d’une « dynamique nouvelle », « plus évangélique »… Tu parles ! On n’a jamais vu l’Eglise en perte de dynamisme et d’influence autant qu’en ces années-là : les fidèles en masse abandonnaient la pratique religieuse et s’éloignaient de la morale évangélique aussi bien que de la foi, tandis que les clercs apostasiaient et défroquaient comme jamais !
Bref ! Lorsque, le 29 juin 1976, les médias commencèrent à parler des ordinations sacerdotales conférées par Son Excellence Monseigneur Lefebvre malgré la défense qui lui en avait été signifiée par le Saint-Siège, lorsque le 22 juillet 1976 fut fulminée contre lui une suspens a divinis, et lorsque le 29 août suivant Monseigneur Lefèbvre prononça, à Lille, une homélie fleuve – véritablement historique – , celui qui deviendrait Frère Maximilien-Marie recommença à s’intéresser à l’Eglise catholique et se sentit envahi par une espérance jamais éprouvée jusqu’alors ; espérance qui ne l’a jamais quitté depuis.
Car c’est cette homélie fleuve – et particulièrement les extraits que je vais publier ci-dessous – qui lui donnèrent le goût et le courage d’ouvrir le livre du catéchisme qu’on ne lui avait jamais enseigné – ni à la paroisse ni au collège – , de s’instruire de la foi catholique authentique (dont on peut dire qu’on avait pris grand soin de lui cacher jusque là), de l’approfondir et d’en vivre.
Car cet adolescent dégoûté, qui sera quelques années plus tard Frère Maximilien-Marie, n’est pas devenu « lefebvriste » à ce moment-là. Il est tout simplement devenu vraiment catholique, dans un milieu et en un moment où quasi tous – parents, éducateurs, prêtres et religieux – cessaient en réalité de l’être, même s’ils continuaient à « aller à la Messe » et à fréquenter les structures institutionnelles de l’Eglise.
Quarante ans plus tard, il est bon et salutaire de relire les paroles fortes et quasi prophétiques de Monseigneur Lefebvre, à Lille, ce 29 août 1976.
La dénonciation vigoureuse de « l’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution » a peut-être pris davantage de force et de sens de nos jours, en 2016, qu’alors, puisque plus encore qu’en 1976 nous constatons que les vocations sacerdotales sont en chute libre, que la pratique religieuse se raréfie encore, que les paroisses rurales – territorialement surdimensionnées – sont réduites à des coquilles vides ou presque, que des diocèses autrefois florissants se retrouvent avec beaucoup moins de prêtres qu’au sortir de la grande révolution, que ceux qui se disent catholiques remettent en question des pans entiers de la doctrine révélée (la divinité du Christ et Sa Résurrection, le Saint-Sacrifice de la Messe et la Présence réelle, le purgatoire, voire – excusez du peu – le dogme de la Sainte Trinité, puisqu’ils affirment avoir le « même Dieu » que les mahométans qui nient catégoriquement la Sainte Trinité et la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ !) …etc.
Pour marquer donc, dans l’action de grâces, ce quarantième anniversaire, après en avoir longuement parlé avec notre Frère Maximilien-Marie, il nous a semblé important et utile de reproduire ci-dessous ces extraits – non pas « lefebvristes » mais tout simplement pleinement catholiques – de cette fameuse homélie de Lille.
Lully.
Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre
à Lille, le dimanche 29 août 1976.
L’alliance adultère de l’Eglise et de la révolution.
« (…) Que s’est-il passé dans ce concile?
Nous pouvons le savoir facilement en lisant les livres de ceux qui ont été précisément les instruments de ce changement dans l’Eglise qui s’est opéré sous nos yeux. Lisez par exemple : « L’oecuménisme vu par un franc-maçon » de Marsaudon. Lisez le livre du sénateur du Doubs, Monsieur Prélot, « Le Catholicisme libéral », écrit en 1969. Il vous dira que c’est le concile qui est à l’origine de ce changement, lui catholique libéral, il le dit dans les premières pages de son livre : «Nous avons lutté pendant un siècle et demi pour faire prévaloir nos opinions à l’intérieur de l’Eglise, et nous n’y avons pas réussi. Enfin est venu Vatican II et nous avons triomphé. Désormais les thèses et les principes du catholicisme libéral sont définitivement et officiellement acceptés par la Sainte Eglise».
Vous croyez que ce n’est pas là un témoignage ? Ce n’est pas moi qui le dis, cela. Mais lui le dit en triomphant, nous, nous le disons en pleurant.
Qu’est-ce qu’ont voulu en effet les catholiques libéraux pendant un siècle et demi ?
Marier l’Eglise et la révolution, marier l’Eglise et la subversion, marier l’Eglise et les forces destructrices de la société et de toutes sociétés, la société familiale, civile, religieuse.
Ce mariage de l’Eglise, il est inscrit dans le concile. Prenez le schéma « Gaudium et Spes », et vous y trouverez : «Il faut marier les principes de l’Eglise avec les conceptions de l’homme moderne». Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il faut marier l’Eglise, l’Eglise catholique, l’Eglise de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec des principes qui sont contraires à cette Eglise, qui la minent, qui ont toujours été contre l’Eglise.
C’est précisément ce mariage qui a été tenté dans le concile par des hommes d’Eglise, et non par l’Eglise, car jamais l’Eglise ne peut admettre une chose comme celle-là.
Pendant un siècle et demi précisément, tous les Souverains Pontifes ont condamné ce catholicisme libéral, ont refusé ce mariage avec les idées de la révolution, de ceux qui ont adoré la Déesse-Raison.
Les papes n’ont jamais pu accepter des choses semblables. Et pendant cette révolution, des prêtres sont montés à l’échafaud, des religieuses ont été persécutées et également assassinées. Souvenez-vous des pontons de Nantes où étaient amassés tous les prêtres fidèles et que l’on coulait au large. Voilà ce qu’a fait la révolution !
Eh bien ! je vous le dis, mes biens chers frères, ce qu’a fait la révolution n’est rien à côté de ce qu’a fait le concile Vatican II, rien !
Il eut mieux valu que les 30, les 40, les 50000 prêtres qui ont abandonné leur soutane, qui ont abandonné leur serment fait devant Dieu, soient martyrisés, aillent à l’échafaud, ils auraient au moins gagné leur âme. Maintenant, ils risquent de la perdre (…).
En définitive, la révolution française lorsqu’elle faisait des martyrs accomplissait l’adage des premiers siècles : «Sanguis martyrum, semen christianorum», le sang des martyrs est une semence de chrétiens. Et ils le savent bien ceux qui persécutent les chrétiens, ils ont peur d’en faire des martyrs. Et on ne veut plus faire de martyrs !
Cela a été le summum de la victoire du démon : détruire l’Eglise par obéissance. Détruire l’Eglise par obéissance. Nous la voyons détruite tous les jours sous nos yeux : les séminaires vides, ce beau séminaire de Lille qui était rempli de séminaristes, où sont-ils ces séminaristes ? Qui sont-ils encore ces séminaristes ? Savent-ils qu’ils vont être prêtres ? Savent-ils ce qu’ils vont faire quand ils vont être prêtres ?
Ah ! Et cela précisément parce que cette union voulue par les catholiques libéraux entre l’Eglise et la Révolution est une union adultère ! De cette union adultère ne peut venir que des bâtards.
Et qui sont ces bâtards ? Ce sont nos rites. Le rite de la nouvelle messe est un rite bâtard. Les sacrements sont des sacrements bâtards. Nous ne savons plus si ce sont des sacrements qui donnent la grâce ou qui ne la donnent pas. Nous ne savons plus si cette messe nous donne le Corps et le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ ou si elle ne les donne pas. Les prêtres qui sortent des séminaires ne savent plus eux-mêmes ce qu’ils sont. C’est le cardinal de Cincinnati qui, à Rome, disait : « Pourquoi il n’y a plus de vocations ? parce que l’Eglise ne sait plus ce qu’est un prêtre ».
Alors, comment peut-elle encore former des prêtres si elle ne sait plus ce qu’est un prêtre ? Les prêtres qui sortent des séminaires sont des prêtres bâtards. Ils ne savent pas ce qu’ils sont. Ils ne savent pas qu’ils sont faits pour monter à l’Autel, pour offrir le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et pour donner Jésus-Christ aux âmes, et appeler les âmes à Jésus-Christ. Voilà ce que c’est qu’un prêtre, et nos jeunes qui sont ici le comprennent bien. Toute leur vie va être consacrée à cela, à aimer, à adorer, à servir Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, parce qu’ils y croient, à la présence de Notre-Seigneur dans la Sainte Eucharistie !
Cette union adultère de l’Eglise et de la révolution se concrétise par le dialogue.
L’Eglise, si elle a à dialoguer, c’est pour convertir. Notre-Seigneur a dit : «Allez, enseignez toutes les nations, convertissez-les». Mais il n’a pas dit : «Dialoguez avec elles pour ne pas les convertir, pour essayer de vous mettre sur le même pied qu’elles».
L’erreur et la vérité ne sont pas compatibles. Si on a de la charité pour les autres (…), on doit leur donner Notre-Seigneur, leur donner la richesse que l’on a et non pas converser avec eux, dialoguer avec eux sur un pied d’égalité.
La vérité et l’erreur ne sont pas sur un pied d’égalité. Ce serait mettre Dieu et le diable sur le même pied, puisque le diable est le père du mensonge, le père de l’erreur (…) ».
Son Excellence Monseigneur Marcel Lefebvre (1905-1991),
ancien archevêque de Dakar, ancien délégué apostolique pour l’Afrique française,
archevêque-évêque émérite de Tulle, ancien supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit,
homélie du dimanche 29 août 1976, Lille.
Armoiries de S.Exc. Mgr. Marcel Lefebvre
Vous pouvez laisser une réponse.
Merci pour ce rappel.
Merci pour cet article remarquable.
J’en avais oublié bien des détails. J’étais, à 22 ans, présent quand Mgr Lefebvre était à Lille. Sur le coup, ce ne fut pas une révélation pour moi même si j’ai eu l’honneur de lui être présenté. Ce n’est venu qu’après mais ça a déterminé mon orientation religieuse et politique (légitimiste) et, aujourd’hui, président d’un cercle au sein de l’UCLF à Lille. Que tout le monde rejoigne nos idées religieuses et politiques ce sont les seules qui pourront sauver la France et par elle le monde. Je sais que nous pouvons compter sur le Frère Maximilien-Marie et merci à lui pour tout ce qu’il fait pour nous, pour la France, le Roi et notre Seigneur.
Gérard de V.
Le grand SATAN est toujours à l’oeuvre (Pensées au Saint Curé d’Ars!…Michel de Saint-Pierre et les « nouveaux Prêtres »…etc).
Le temps passe. Quel désastre!
Mais la Vierge Marie est là, vigilante. Ayons confiance.
Un demi siècle de maladie ne peut anéantir le don qu’elle nous a fait de son fils rédempteur.
Belle page de bon sens et d’espoir. Merci.
Comme c’est beau, comme c’est simple, limpide et vrai.
Devant les erreurs commises dans Amoris Laetitia, quatre cardinaux, rejoints par une vingtaine de catholiques, prélats ou éminents laïcs du monde entier, écrivent au Pape pour qu’il revienne dessus.
Certain parle d’une crise qui serait comparée à la crise arienne. Mais cette ‘crise arienne’, elle a déjà été dénoncée par Mgr Lefèvre dès son origine, dès la fin du concile Vatican II. C’est par ce dernier qu’est entré la crise qui divise l’Eglise. Un jour, je pense que Mgr Lefèvre sera reconnu comme Saint Athanase, héros de l’Eglise Catholique et Romaine.
J’y étais avec certains de mes enfants.
Merci, Frère, de nous avoir fait revivre cet instant béni de catholicisme.
J’offre les maladies de mon épouse (Parkinson et sénilité à corps de Léwy) et la mienne (Parkinson) pour notre Eglise « UNE, SAINTE, CATHOLIQUE et ROMAINE « .
Vous me faites un plaisir fou, j’ai toujours aimé Monseigneur Marcel L.
Un Saint.
Grâce à lui tout n’est pas perdu, les fruits sont très nombreux.
Tant pis pour ceux qui ne l’aiment pas.
Merci pour cet article.
Bonne fin d’après midi.
En effet cela « décoiffe » mais cela fait tellement de bien !!
Gardons-nous cependant de ne pas nous regarder en « chiens de faïence » et, sans vouloir convaincre, nous montrer tels que nous sommes…. et le Bon Dieu fera le reste, beaucoup mieux que nous, s’Il le veut, comme Il veut et quand Il le voudra !!