2016-81. De Saint Georges, premier évêque du Velay, et du bâton miraculeux de Saint Pierre.
10 novembre,
Fête de Saint Georges du Velay.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Point n’est besoin que je vous explique une fois de plus de quelle dévotion nous entourons les saintes reliques (cf. > ici) ; aussi, après vous avoir raconté mon propre pèlerinage auprès de celles de Saint Antoine le Grand (cf. > ici), vais-je vous expliquer comment Frère Maximilien-Marie, après quelques mois de recherche, a pu, ce mercredi 9 novembre en fin d’après-midi, voir le bâton miraculeux de l’apôtre Saint Pierre.
Le premier évangélisateur et premier évêque du Velay se nommait Georges : selon la tradition, il était du nombre des septante-deux disciples de Notre-Seigneur et, en même temps que Front, qui deviendra le premier évêque de Périgueux, il fut envoyé dans les Gaules par Saint Pierre.
Alors que nos deux missionnaires étaient en route et qu’ils étaient arrivés près du lac de Bolsena, à plus de 27 lieues au nord de Rome, Georges mourut subitement. Son compagnon, Saint Front, repartit pour Rome où Saint Pierre lui remit son bâton de marche, lui demandant de le déposer sur le corps du défunt (en effet, Saint Front avait donné l’ordre qu’on ne l’ensevelît pas).
Par l’imposition du bâton de Saint Pierre, Saint Georges fut rendu à la vie, et ce miracle fut d’ailleurs la cause de nombreuses conversions dans la région de Bolsena.
L’apostolat des deux missionnaires se déploya surtout dans la Gaule Aquitaine (province romaine qui était beaucoup plus vaste que ce que nous appelons aujourd’hui l’Aquitaine puisqu’elle englobait, par exemple, le Velay et le Berry). Saint Front s’établit en Périgord et Saint Georges travailla à l’évangélisation du Velay.
On admet habituellement – car tous les historiens ne sont pas d’accord – qu’il fixa son siège épiscopal à Ruessio (ou Ruessium), qui était alors la principale cité des Vellaves, et qui est aujourd’hui la petite ville de Saint-Paulien.
C’est dans le temps de l’apostolat de Saint Georges, en l’an 45 de notre ère, qu’eut lieu la première apparition de Notre-Dame qui est à l’origine du pèlerinage du Puy, ainsi que cela a été raconté dans ce blogue (cf. > ici).
Avant de se séparer, Saint Front et Saint Georges s’étaient partagé le bâton de Saint Pierre, et jusqu’à la grande révolution la moitié du bâton miraculeux fut pieusement conservée et vénérée dans l’église collégiale de Saint-Paulien.
Saint Georges, fondateur de l’Eglise du Velay et son premier évêque
(statue dans l’église de Saint-Paulien).
Saint Georges évangélisa le Velay pendant de nombreuses années et, bien qu’il eut parfois à endurer de violentes oppositions de la part des païens, il mourut (une deuxième fois) sans avoir subi le martyre : il fut inhumé sur le Mont Anis, près du lieu que la Sainte Mère de Dieu avait désigné pour y être honorée et où Saint Martial (cf. > ici) était venu consacrer le premier autel (là où est aujourd’hui la cathédrale Notre-Dame de l’Annonciation du Puy-en-Velay) et apporter une des chaussures de la Très Sainte Vierge Marie.
Plus tard, au-dessus du tombeau de Saint Georges, fut construite une église, qui devint ensuite collégiale, puis aujourd’hui la chapelle Saint-Georges du grand séminaire du Puy.
Saint Front rendant la vie à Saint Georges en lui imposant le bâton de Saint Pierre
(tableau du XVIIe siècle dans l’église de Saint Paulien).
Je me demandais si, comme – hélas ! – un très grand nombre de précieuses reliques, et comme d’ailleurs l’autre moitié du bâton de Saint Pierre emportée en Périgord par Saint Front, la partie de ce bâton conservée à Saint-Paulien avait été détruite ou perdue lors de la grande révolution, jusqu’à ce que l’un de nos amis prêtres nous eût informés que non.
Soustrait aux pillages et profanations révolutionnaires par un prêtre de Saint-Paulien, le bâton de Saint Pierre fut remis par lui aux « Demoiselles de l’instruction » (congrégation fondée au Puy au XVIIe siècle sous l’impulsion d’Anne-Marie Martel et des prêtres de Saint-Sulpice qui dirigeaient le séminaire) – appelées aujourd’hui Soeurs de l’Enfant Jésus - , après la tourmente et conservé dans leur couvent du Puy.
Tout au long du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle, les élèves des « Demoiselles de l’instruction » étaient invités à entourer de vénération la relique du bâton de Saint Pierre.
Mais, après « LE concile » (!!!), cette dévotion disparut du paysage religieux vellave : l’histoire de Saint Georges fut reléguée par beaucoup au nombre des pieuses légendes sans fondement, ceux qui conservèrent son culte placèrent son existence au troisième siècle et non plus à l’âge apostolique, et les reliques – souvent suspectées d’être fausses ou douteuses, voire même accusées de favoriser la « superstition » (ne croirait-on pas entendre les sans-culottes et les patriotes de l’an II ?) – furent remisées au fond des placards de sacristie, quand elles ne furent pas brûlées ou cédées aux brocanteurs…
Vitrine dans laquelle sont exposés le bâton de Saint Pierre et un buste reliquaire de Saint Georges
(congrégation des Soeurs de l’Enfant Jésus, le Puy-en-Velay).
Fort heureusement, le bâton de Saint Pierre – même s’il avait été mis à l’écart de la dévotion populaire – ne fut ni détruit ni perdu lors de cette seconde grande révolution qui a ravagé la Sainte Eglise après les années 60 du précédent siècle !
Après avoir interrogé plusieurs personnes, dont quelques prêtres parmi lesquels certains ignoraient tout de cette « légende » et d’autres qui en sourirent avec condescendance, au terme d’un véritable jeu de piste, Frère Maximilien-Marie finit par apprendre que le bâton de Saint Pierre se trouve actuellement dans l’une des vitrines d’une salle d’exposition présentant l’histoire et les souvenirs de la fondation des « Soeurs de l’Enfant Jésus » – salle d’exposition très rarement ouverte au public – dans la vieille ville du Puy.
Mais une chose était de savoir où se trouvait la relique, autre chose était de parvenir jusqu’à elle !
Appels téléphoniques réitérés en vue d’obtenir un rendez-vous, renvois d’une personne à une autre, demandes restées sans réponse précise ou se heurtant à une demande de rappel ultérieur : ainsi en fut-il pendant cinq mois.
Enfin, il y a quelques jours, frère Maximilien-Marie eut-il la joie de trouver une personne qui consentit à lui ouvrir les portes de la salle où se trouve ladite exposition quasi jamais ouverte au public, et qui lui donna rendez-vous pour ce mercredi 9 novembre en fin d’après-midi…
…Alléluia !
Relique du bâton de Saint Pierre et feuillet manuscrit racontant l’histoire de ce bâton
(congrégation des Soeurs de l’Enfant Jésus, le Puy-en-Velay).
Comme nous ne croyons pas au hasard, mais aux mystérieuses dispositions de la Providence (« Deus, cujus Providentia in sui dispositione non fallitur » ainsi que le proclame l’admirable oraison du septième dimanche après la Pentecôte), nous n’avons pas manqué de remarquer que le 9 novembre en fin d’après-midi, c’est justement le moment où l’Eglise diocésaine du Puy entonne les premières vêpres de la fête de Saint Georges, son fondateur et premier évêque (fête double de première classe avec octave, dans la liturgie traditionnelle), puisque sa fête est célébrée à la date du 10 novembre !
Redisons-le donc : Alléluia !
Relique du bâton de Saint Pierre : seule partie visible de ce bâton extraite de sa housse
(congrégation des Soeurs de l’Enfant Jésus, le Puy-en-Velay).
Vous pouvez vous en rendre compte par vous-mêmes, grâce aux photographies dont j’accompagne ce texte, puisque notre Frère a eu la permission de réaliser quelques clichés, ce bâton de Saint Pierre se trouve au milieu d’objets divers : livres de piété des XVIIe ou XVIIIe siècles dont usaient les « Demoiselles de l’instruction », documents relatifs à l’histoire de la congrégation, reliquaires…
Cette moitié du bâton de Saint Pierre doit mesurer entre 70 et 80 centimètres ; elle est placée dans une housse de soie violette avec des motifs jaune d’or et on n’en voit que l’extrémité qui a été tirée hors de la housse.
Le bâton lui-même est de couleur noire ; à son extrémité lui est attaché un ruban de soie bleue, mais notre Frère n’a pas pu voir si ce ruban portait un sceau ; plusieurs feuillets de papier sur lesquels un texte est écrit sont enroulés autour du bâton à l’ouverture de la housse de soie ; un feuillet manuscrit très endommagé, en partie déroulé, a été placé en dessous du bâton (le texte qui y est calligraphié a été retranscrit sur la feuille imprimée, enfilée dans une pochette plastique, que l’on voit à droite), il raconte les traditions concernant Saint Georges et le bâton de Saint Pierre.
Relique du bâton de Saint Pierre dans sa vitrine
(congrégation des Soeurs de l’Enfant Jésus, le Puy-en-Velay).
Pour terminer mon compte-rendu de ce soir, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, je me contenterai de vous transcrire la traduction que j’ai faite de l’oraison propre de Saint Georges, telle que je l’ai trouvée dans un exemplaire des offices propres du diocèse du Puy, vous invitant ainsi à entrer vous aussi dans le courant multiséculaire de dévotion envers l’apôtre et le premier évêque du Velay :
« O Dieu qui nous avez faits parvenir à la connaissance de Votre Nom par les enseignements salutaires du Bienheureux Georges, dans Votre bienveillance accordez-nous que, ayant conservé la foi dans son intégrité, persévérant jusqu’à la fin dans la pratique des bonnes oeuvres, nous méritions de parvenir aux éternelles récompenses des vertus. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur, Votre Fils, qui, avec Vous vit et règne dans l’unité du Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »
Buste reliquaire de Saint Georges
(congrégation des Soeurs de l’Enfant Jésus, le Puy-en-Velay).
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Bonne fête de Saint Georges au Refuge Notre-Dame de Compassion !
En espérant que l’on puisse retrouver la deuxième partie du bâton de saint Pierre.