2016-70. Les Saints Evangiles, écrits par d’authentiques témoins de la vie et des enseignements du Christ.

   Après avoir recueilli des renseignements donnés par la Tradition de l’Eglise à travers les sources documentaires hagiographiques (cf. > ici), au sujet de l’Evangile selon Saint Matthieu, voici aujourd’hui ce qu’écrit notre glorieux Père Saint Augustin à propos de l’origine apostolique des Saints Evangiles, de leur autorité fondée sur cette apostolicité (et donc sur leur authenticité : on entend par authenticité le fait qu’ils sont bien de la main de ceux auxquels la Tradition les attribue), et du point de vue qui a inspiré le travail de rédaction de chaque Evangéliste.
Le texte reproduit ci-dessous est celui des deux premiers chapitres du « De consensu Evangelistarum : de l’accord des Evangélistes », que le grand Docteur d’Hippone a rédigé autour de l’an 400.

Sandro Botticelli - St Augustin dans son cabinet de travail - Florence Offices

Saint Augustin dans son cabinet de travail
Tempera sur panneau de Sandro Boticelli – Florence, musée des Offices.

Les Saints Evangiles, écrits par d’authentiques témoins de la vie et des enseignements du Christ :

Chapitre 1er : Autorité des Evangiles.

   § 1. Parmi tous les livres divins, contenus dans les Saintes Écritures, l’Évangile tient à bon droit le premier rang. Nous y voyons, en effet, l’explication et l’accomplissement de ce que la Loi et les Prophètes ont annoncé et figuré. Il eut pour premiers prédicateurs les Apôtres qui, de leurs propres yeux, virent dans la chair ici-bas notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, et qui ensuite revêtus de la fonction d’Évangélistes s’employèrent à publier dans le monde ce qu’ils se souvenaient de Lui avoir entendu dire ou de Lui avoir vu faire ; ils annoncèrent aussi les événements divins et mémorables de Sa naissance et de Ses premières années, dont ils ne furent pas les témoins, n’étant devenus que plus tard Ses disciples, mais dont ils purent s’informer près de Lui ou de Ses parents ou d’autres personnes, et qu’ils purent connaître enfin par les témoignages les plus sûrs et les plus véridiques. Deux d’entre eux, saint Matthieu et saint Jean nous ont même laissé sur Lui, chacun dans un livre, ce qu’ils ont cru devoir consigner par écrit.

   § 2. Comme on aurait pu croire qu’il importait à la connaissance et à la prédication de l’Evangile, d’établir une différence entre les Évangélistes, et d’examiner s’ils étaient du nombre des disciples qui, durant les jours de l’apparition du Seigneur dans la chair, L’ont suivi et ont vécu à Son service, ou du nombre de ceux qui ont cru sur le rapport des premiers Apôtres après l’avoir recueilli fidèlement : la divine Providence a pourvu par l’Esprit-Saint à ce que quelques-uns des disciples de ces mêmes Apôtres reçussent non-seulement le pouvoir d’annoncer l’Évangile mais encore celui de l’écrire. Nous en comptons deux, saint Marc et saint Luc.
Pour les autres hommes qui ont essayé ou ont eu la présomption à écrire sur les actions du Seigneur Lui-même ou de ceux qu’Il avait réunis autour de Lui ; ils n’ont offert à aucune époque les conditions voulues pour que l’Église les considérât comme organes de la vérité et reçut leurs écrits dans le Canon des Livres Saints : non-seulement, du côté du caractère, ils ne donnaient pas les garanties qu’il fallait pour qu’on dût croire à leurs récits, mais de plus les récits eux-mêmes contenaient plusieurs choses opposées à la règle catholique et apostolique de la foi et condamnées par la saine doctrine.

Chapitre 2 : Ordre et manière d’écrire des Evangélistes.

   § 3. Ces quatre Evangélistes, bien connus dans l’univers entier, dont le nombre mystérieux, égal aux quatre parties du monde, indique peut-être en quelque façon, que l’Église est répandue par toute la terre, ont écrit dans cet ordre, suivant le témoignage de la Tradition : d’abord saint Matthieu, puis saint Marc, ensuite saint Luc  et enfin saint Jean.
Ainsi l’ordre dans lequel ils ont connu et prêché l’Évangile n’est pas celui dans lequel ils l’ont écrit. Car pour la connaissance et la prédication de l’Évangile, les premiers, sans aucun doute, ont été les Apôtres, qui ont suivi le Seigneur durant les jours de Son apparition dans la chair, L’ont entendu parler, L’ont vu agir et ont reçu de Sa bouche la mission d’évangéliser le monde.
Quant aux écrits, par une disposition certaine de la Providence divine, les deux qui appartiennent au nombre des disciples que le Seigneur a choisis avant Sa passion, tiennent l’un la première place, c’est saint Matthieu, l’autre la dernière, c’est Saint Jean ; ils semblent ainsi soutenir et protéger de tout côté, ainsi que des enfants chéris et placés entre eux à ce titre, les deux évangélistes qui, sans être des leurs, ont suivi le Christ en les écoutant comme Ses organes.

   § 4. La Tradition nous apprend, comme un fait bien avéré, que saint Matthieu seul parmi ces quatre évangélistes a écrit en hébreu et que les autres ont écrit en grec. Bien que chacun d’eux paraisse avoir adopté dans sa narration une marche particulière, on ne voit pas que les derniers aient écrit sans savoir que d’autres l’eussent déjà fait, et ce n’est pas par ignorance que les uns omettent certains événements rapportés dans les livres des autres. Chacun a voulu concourir efficacement à une oeuvre divine, suivant l’inspiration qu’il avait reçue, sans s’aider inutilement du travail d’autrui.
En effet, saint Matthieu a envisagé l’Incarnation du côté de l’origine royale de Notre-Seigneur et n’a guère considéré dans, les actes et les paroles de Jésus-Christ que ce qui a rapport à la vie présente des hommes. Saint Marc, qui vient après lui, semble être son page et son abréviateur. Car il n’emprunte rien de ce qui est exclusivement propre au récit de saint Jean ; il ajoute très-peu de choses à ce que nous savons d’ailleurs ; il prend encore moins dans les faits que saint Luc est seul à rapporter; mais il reproduit presque tout ce que renferme le récit de saint Matthieu et souvent à peu-près dans les mêmes termes ; toujours d’accord avec cet Evangéliste, jamais en désaccord avec les deux autres. Pour saint Luc, on le voit surtout occupé de l’origine sacerdotale du Seigneur et de son rôle de pontife. Aussi bien, dans la généalogie qu’il trace de Jésus-Christ, pour remonter jusqu’à David il ne suit pas la ligne royale, mais par une autre quine compte pas de rois, il arrive à Nathan fils de David (1), lequel ne fut pas roi non plus. Ce n’est pas comme saint Matthieu (2), qui de David vient à Salomon, héritier de son trône, et descend jusqu’à Jésus-Christ, en prenant par ordre tous les rois de Juda qu’il réunit dans un nombre mystérieux dont nous parlerons plus loin.

(1) : Luc, III, 31.
(2) : Matt. I, 6.

in « Oeuvres Complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français »,
sous la direction de M. Raulx, tome V, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867

Sandro Botticelli - St Augustin dans son cabinet de travail - détail

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 20 septembre 2024 à 21 h 41 min Goës écrit:

    Irréfutable en effet.

  2. le 22 septembre 2016 à 13 h 57 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Très intéressant et irréfutable.
    Merci de nous instruire merveilleusement, ici, avec Saint Augustin.

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