2016-64. Du roi Hérode enfin miséricordieusement soulagé.
Lundi 29 août 2016,
Fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste.
Bien chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Cette fête de la décollation de Saint Jean-Baptiste, me fournit fort opportunément l’occasion de vous informer d’une découverte absolument primordiale et essentielle qui va renouveler l’action de l’Eglise-dans-le-monde-de-ce-temps : en effet, le Révérend Père Sifleur, archiviste et bibliothécaire du monastère de Gausse-en-Gouaille, en faisant des rangements dans la partie la plus ancienne de la bibliothèque, a retrouvé, tombé il y a plusieurs siècles derrière un rayonnage, un manuscrit unique et précieux portant le texte authentique de l’Evangile selon Saint Marc.
Le texte évangélique qu’il nous livre montre de manière évidente que ce que nous lisions jusqu’ici a été retouché par des hommes sans miséricorde qui ont sourdement œuvré à pharisianiser l’Eglise.
Voici donc le texte authentiquement évangélique que nous trouvons en ce manuscrit pour les versets 17 et suivants du chapitre VI de l’Evangile selon Saint Marc :
« Hérode avait envoyé prendre Jean et l’avait retenu, chargé de fers, en prison, à cause d’Hérodiade, qu’il avait épousée, quoique femme de Philippe, son frère.
Parce que Jean disait à Hérode : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère ».
Or Hérodiade lui tendait des pièges et voulait le faire périr ; mais elle ne le pouvait pas. Hérode, en effet, victime d’une éducation cléricale antéconciliaire marquée par un rigorisme excessif, craignait Jean, le prenant pour un homme juste et saint ; il le protégeait, avait tendance à suivre ses avis, et l’écoutait volontiers, s’enfermant ainsi dans sa conscience tourmentée parce qu’il n’avait pas compris ce qu’est la miséricorde.
Mais un jour opportun arriva, le jour de la naissance d’Hérode, où il fit un festin aux grands de sa cour, et aux tribuns, et aux princes de la Galilée.
Or la fille d’Hérodiade alla trouver sa mère pour lui proposer de seconder ses desseins en séduisant le roi et ses convives.
Mais sa mère lui déclara : « Non, ma fille ! Il n’est plus nécessaire désormais que tu te livres à des danses lascives devant des convives avinés pour obtenir d’Hérode qu’il nous débarrasse de ce prophète de malheur. Plutôt que de t’abaisser à subjuguer les regards libidineux d’Hérode, regarde donc ce que je viens de recevoir : nous possèdons maintenant l’arme infaillible qui peut définitivement endormir ce qui lui reste de conscience et liquider à tout jamais les séquelles de son éducation crypto-pharisienne… »
Hérodiade sortit alors de dessous ses voiles le livret de l’édition typique vaticane de l’exhortation apostolique « Amoris laetitia », puis elle ajouta : « Quand il rentrera en ses appartements, après le banquet, c’est moi qui irai le trouver avec ce texte ; et puisqu’il était jusqu’à présent paralysé par les restes de son éducation religieuse, ce même sentiment religieux ne pourra que l’incliner à se soumettre à ce qui est ici écrit, au nom de l’autorité qui l’a publié… »
Munie de son exemplaire d’ « Amoris laetitia », Hérodiade s’en vint donc trouver le roi ce soir-là, et elle lui fit remarquer : « Qui est-il pour juger, ce Baptiste moralisateur qui est incapable d’ouvrir son coeur à la miséricorde ? Lis donc, ô roi, les ouvertures significatives et les avancées miséricordieuses que l’Eglise-dans-le-monde-de-ce-temps a désormais à notre endroit ! C’est maintenant une oeuvre louable et miséricordieuse pour toute l’humanité que tu dois accomplir en débarrassant la terre de ce prophète de malheur qui n’est qu’un crypto-pharisien condamné par le pape, et un obstacle au bonheur de l’humanité ici-bas… »
Le roi se pencha sur les paragraphes que lui désignait Hérodiade et sa conscience fut miséricordieusement libérée : ayant aussitôt envoyé l’un des ses gardes, il fit décapiter Jean dans sa prison, et put s’abandonner en toute quiétude intérieure aux innocentes joies de son adultère.
Ce qu’ayant appris, la miséricordieuse Eglise-dans-le-monde-de-ce-temps envoya des missionnaires de la miséricorde cacher le corps de Jean, afin que ce modèle du rigorisme intransigeant qu’il faut absolument se garder d’imiter ne puisse être vénéré par les pharisiens intégristes, et pour que Jean-Baptiste ne soit surtout pas donné comme un exemple dans les âges miséricordieux de l’ouverture aux aspirations de la modernité ».
Daniele Crespi (1598 – 1630) : le chef de Saint Jean-Baptiste
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« Amoris laetitia », « traditionis custodes », « desiderio desideravi »… : tous ces titres essaient de nous attirer, mais chaque fois le texte qui suit élève le mur qui se construit séparant « le berger » du troupeau.
Une fois de plus nous soupirons : « quousque tandem abutere… »
Merci au Père Sifleur de montrer avec tant d’ humour comment on abuse de notre loyauté ou de notre loyale naïveté…
Sublissime réflexion !… qui est d’une actualité brûlante.
L’avenir est sombre pour l’Église, pour les croyants que nous essayons d’être…
J’ai même passé mes mains sur mon cou pour me rassurer, qu’aujourd’hui, nous avons la chance d’être encore en vie.
Le Forez est…trop fort!
Il a tout dit!
Si un moderniste tombe sur votre texte où il ne perçoit pas votre humour, il remisera Mgr Gaillot (au fait que devient-il celui-là ? Bon, peu importe) dans la case des conservateurs, et risque de chanter fort mal à propos « nous irons tous au Paradis ».
Bon, il y a peu de chance qu il vienne sur votre blog.
Au début, on fait un énorme « qqqqquuuuuooooiiiiii ???? »
Puis au fur et à mesure, on se rassure vite en comprenant qu’il s’agit d’humour !
Bien joué !!!
Excellent ! ou comment mettre en évidence les travers avec Humour!
Quel texte, vraiment trop drôle ! …ou trop triste.
Mille grâces.