2015-90. De l’Edit de Fontainebleau par lequel fut révoqué l’Edit de Nantes.
1685 – 18 octobre – 2015
Dimanche soir 18 octobre 2015 :
Fête de Saint Luc l’Evangéliste ;
Mémoire du 21 ème dimanche après la Pentecôte ;
222 ème anniversaire de la sainte mort de Charles-Melchior Artus, marquis de Bonchamps (cf. > ici) ;
217 ème anniversaire de l’exécution de Joseph-Etienne de Surville, marquis de Mirabel (cf. > ici).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
A toutes les célébrations et commémorations de ce jour qui s’achève, je veux ajouter le trois-cent-trentième anniversaire de l’Edit de Fontainebleau, qui, comme son nom l’indique, fut signé à Fontainebleau par Sa Majesté Très Chrétienne le Roi Louis XIV, le 18 octobre 1685.
Original de l’Edit de Fontainebleau du 18 octobre 1685,
dernière page avec les signatures de S.M.T.C. le Roi Louis XIV
et de Michel le Tellier, chancelier de France,
scellé du sceau royal en cire verte,
et portant mention de l’enregistrement par le Parlement de Paris le 28 novembre 1685.
Assurément, cet édit, plus communément appelé « révocation de l’Edit de Nantes », est l’un des griefs les plus tenaces que l’on brandit contre le Grand Roi, et l’un des reproches récurrents que l’on adresse aux catholiques, puisque, bien entendu, il n’y aurait d’un côté que des gentils protestants pacifiques vivant selon le véritable esprit évangélique, et de l’autre côté que des méchants catholiques, oppresseurs et cruels, ayant trahi et travesti la doctrine de Jésus-Christ !
Il faut dire que l’histoire officielle n’a jamais été avare de mensonges et de détournements de la vérité pour inculquer aux Français, dès leur plus jeune âge, le mépris et la haine tout à la fois de la Sainte Eglise et de la glorieuse Royauté française.
Foin du prêt à penser républicain !
Pour ce qui me concerne, et parce que je considère que l’on ne doit pas regarder le passé avec les lunettes d’aujourd’hui (surtout lorsque ces lunettes sont teintées d’idéologie, d’indifférentisme et de relativisme, et que leur champ de vision est en outre imposé par l’apostasie officielle des nations), avec l’écrasante majorité des loyaux sujets du Roi Très Chrétien contemporains de l’événement, je suis bien loin de porter un jugement négatif sur cet Edit de Fontainebleau ; tout au contraire !
Je ne veux d’ailleurs pas manquer de faire remarquer aux inconditionnels de la démocratie, qui voudraient nous convaincre que la vérité politique et sociale découle de l’opinion de la majorité, que – dans tout le règne de Louis XIV – il n’y a sans doute pas eu de mesure plus unaniment populaire ni plus spontanément plébiscitée et louée, par tout le Royaume, que cette révocation.
Il faudrait bien davantage qu’un simple article dans les pages de ce blogue pour tout argumenter.
Il convient néanmoins de rappeler que le fameux Edit de Nantes était un texte transitoire, lié à des circonstances bien particulières, qui ne pouvait en aucune manière oblitérer les serments du Sacre : le Roi de France, le Roi Très Chrétien a juré solennellement devant Dieu, devant l’Eglise, devant les Grands et devant tout son peuple, d’extirper l’hérésie du Royaume.
»Evêque du dehors », porte-glaive des droits de la Sainte Eglise, le Roi a charge d’âmes ; le Roi devra rendre compte à Dieu du salut des peuples commis temporellement à sa garde.
Or le protestantisme est une accumulation de doctrines erronées, de fausses interprétations des Saintes Ecritures, d’allégations fallacieuses : cette hérésie corrompt les âmes, les éloigne de la Vérité confiée comme un dépôt sacré à la Sainte Eglise ; le protestantisme met donc les âmes en grand danger de se perdre pour l’éternité.
En outre, et on l’a bien vu pendant presque tout le XVI ème siècle, et pendant une grande partie du règne de Louis XIII encore, l’hérésie protestante est une source majeure de troubles civils et politiques : elle a toujours menacé la paix du Royaume, elle a multiplié les exactions contre les personnes et les biens privés, elle a porté atteinte à l’unité nationale avec la plus insolente audace.
Le bon peuple de France quant à lui, profondément ancré dans sa foi traditionnelle, n’en peut plus de l’arrogance de ces prétendus réformés qui restent orgueilleusement couverts au passage du Saint-Sacrement et des reliques, qui refusent de s’agenouiller devant Dieu, qui méprisent les saints protecteurs du Royaume, des provinces, des cités et des corporations, qui ne s’associent pas aux prières publiques lorsque quelque malheur menace le Royaume, et qui sont les descendants impénitents des pilleurs d’églises, des profanateurs de couvents, des massacreurs de prêtres et de religieux, des violeurs de nonnes, et des incendiaires des villages catholiques…
Guy-Louis Vernansal (1648-1729) : allégorie de l’Edit de Fontainebleau (Château de Versailles).
La toile, dont je publie ci-dessus une photographie, fut peinte par Guy-Louis Vernansal (1648-1729) : c’est cette oeuvre qu’il présenta à l’Académie Royale de peinture et de sculpture en septembre 1687, lorsqu’il y fut admis.
Ce tableau est une allégorie de l’Edit de Fontainebleau.
Louis XIV y est représenté assis de profil, désignant de la main la figure de la Vérité dont la main gauche semble capter la lumière des rayons du soleil (car la Vérité, comme le soleil, est unique), tandis qu’elle s’appuie, du côté droit, sur le texte de l’Edit. La Vérité est couronnée de lauriers, car elle finit toujours par triompher.
Légèrement en arrière de la Vérité, est représentée la Foi : elle est voilée, parce que la Foi n’est pas l’évidence ; ce n’est que dans l’éternité que ce que la Foi nous présente à croire ici-bas sera pleinement dévoilé. La Foi tient une croix, représentation du mystère central de la Révélation chrétienne.
Un peu plus haut se trouve la figure de la Religion, coiffée de la tiare papale, élevant le Calice surmonté d’une Hostie rayonnante : sont ainsi mis en évidence deux points essentiels de l’enseignement du Christ, présents dans les Saints Evangiles mais refusés par les huguenots, c’est-à-dire les sacrements de l’Ordre et de l’Eucharistie.
Sur le côté droit de la composition, juste derrière Louis XIV, est représentée la Piété : elle porte la main sur sa poitrine, signifiant par là la réelle profondeur de l’amour du Roi pour la vraie religion, tandis que la flamme qui s’élève du front de cette même figure allégorique symbolise le zèle ardent de l’esprit du Souverain pour les vérités révélées.
La Justice, clairement identifiée par le glaive qu’elle tient en main, est figurée derrière le trône royal : elle porte un diadème, car la Justice est souveraine. Elle tourne son visage vers un homme qui jette des livres, ces mauvais livres par lesquels les auteurs de la R.P.R. (Religion Prétendue Réformée) répandent leurs doctrines d’erreur.
Dans la partie gauche du tableau, on voit les vices précipités dans les flammes : on reconnaît l’Hypocrisie à son masque, la Discorde à sa torche éteinte, et la Rébellion à son casque et à son glaive.
L’artiste a opposé la stabilité architectonique de la partie droite (puissantes colonnes, trône, attitudes hiératiques et calmes), partie où se trouve le Souverain, à l’agitation et au déséquilibre de la partie gauche (celle des vices). Ces deux zones sont nettement séparées par les nuées qui servent de support aux figures allégoriques centrales.
Ce tableau, pour moi, vaut tous les longs exposés apologétiques.
Toutefois, à tous ceux qui veulent approfondir la réalité de l’Edit de Fontainebleau, je recommande tout particulièrement la lecture du chapitre XXI du remarquable « Louis XIV » de François Bluche.
Ce chapitre, intitulé « Unité religieuse, unité nationale » est d’autant plus intéressant qu’il nous livre une approche honnête et rigoureuse des faits, réalisée par un historien de confession… protestante !
Lully.
Vous pouvez laisser une réponse.
Tout à fait d’accord avec vous, Maître Lully.
Vincent Beurtheret a commis un autre livre absolument remarquable intitulé : Versailles des Jardins vers ailleurs.
Et j’ai fait une visite des jardins de Versailles avec lui sous une pluie diluvienne un 14 juillet que je ne suis pas prête d’oublier tant elle était passionnante, enrichissante, et un bon coup de pied au …. des républicains.
Je me délecte également toujours du feuilleton sur Richelieu (que je peux regarder sur You Tube) du temps où la télévision savait faire des émissions de valeur avec des comédiens de valeur et des scénaristes de valeur.
Merci, Lully, pour ce rappel magnifique !
Avec ce blog de Maître-Chat Lully, c’est un plaisir d’accroître ses connaissances culturelles et cultuelles.
Merci pour ce rappel historique en cet anniversaire de l’Edit de Fontainebleau.
Merci Maître Lully pour ce rappel.
Mais l’affaire du protestantisme ne se déroulait pas seulement en France mais également, bien avant Louis XIV, dans tous les pays d’Europe. On pourrait dire que les ordres de métier qui se référaient à la religion (confréries, fraternités de métier, Charités etc.) avaient déjà été détruits dans la plupart des pays d’Europe, par exemple en Angleterre (1582-83) où l’on enlève le pouvoir de réglementation aux artisans des corps de métier au profit du parlement et de l’état et instaurant un système libéral (libéralisme d’ailleurs condamné par l’église catholique). Ajoutons qu’il existait déjà des coalitions européennes contre le Royaume de France : Louis XIV, lieutenant de Dieu, ne pouvait pas se laisser vaincre, car la base du protestantisme étant hérétique, allait à l’encontre de la vérité révélée.
S’il faut reconnaître toutes les erreurs et toutes les hérésies, je pense que cela ne doit pas être bénéfique pour les âmes qui se trouvent donc dans l’impossibilité de distinguer le vrai du faux par manque de temps ou dans l’impossibilité de pouvoir étudier toutes ces hérésies. Phénomène constaté d’ailleurs aujourd’hui sur internet où on trouve tout et son contraire.
Merci pour ce formidable commentaire du tableau de Guy-Louis Vénansal… qui profondément nous éclaire sur notre Religion… et, disons-le, sur les efforts colossaux, lents, effectués pour La déformer, La trahir en fait!
Vraiment, MERCI !
Les protestants ont fait beaucoup plus de « St-Barthélémy » que les catholiques. On oublie de le dire.
Merci, petit chat Lully, et merci à Vincent Beurtheret pour son excellent livre « Frères protestants, si vous saviez ».
Je ne peux qu’apprécier la clarté et la vérité des faits exposés.
Merci!
Merci pour toutes ces belles explications très bien documentées et argumentées, c’est un véritable régal !