2015-81. Où, à l’occasion de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, on se rend en pèlerinage à la montagne de l’Etoile pour se préparer à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs.
Lundi 14 septembre 2015,
Fête de l’Exaltation de la Sainte Croix ;
Cinquième centenaire de la victoire de Marignan.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
En cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, et en guise de préparation spirituelle à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, que nous fêtons avec une ferveur particulière puisqu’elle est la patronne principale du Mesnil-Marie, Frère Maximilien-Marie a profité de ce jour pour accomplir un petit pèlerinage en un lieu dont notre amie Valérie lui avait parlé : un lieu dans lequel se trouvent réunis beaucoup d’éléments accordés à la spiritualité du Refuge Notre-Dame de Compassion, comme vous l’allez voir.
Frère Maximilien-Marie a en effet rapporté des clichés de sa pieuse escapade, afin que je puisse vous en faire un peu profiter…
Le Mézenc vu du nord depuis la Montagne de l’étoile
A environ trois lieues au nord/nord-ouest du Mont Mézenc, se trouve le village de Montusclat, blotti dans une petite vallée, à quelque 1065 m d’altitude.
Blotti dans sa vallée, aperçu depuis la Montagne de l’étoile, le village de Montusclat vu du sud.
Le village est absolument remarquable, avec ses vieilles maisons typiques dans lesquelles ont été réutilisés des éléments de l’ancien château, détruit après que l’on en eût délogé les huguenots qui s’y étaient retranchés.
Mais c’est bien sûr vers l’église, dont les parties les plus anciennes datent des XIème et XIIème siècles, que Frère Maximilien-Marie a dirigé ses pas.
Montusclat : l’église Saint-Pierre et Saint-Paul :
édifiée par les moines de l’abbaye Saint-Chaffre du Monastier aux XIème et XIIème siècles,
(toutefois le clocher actuel ne date que de 1704).
Saluons au passage le fait que cette église est ouverte, propre et accueillante.
Parmi les humbles merveilles de la dévotion populaire qu’elle renferme, se trouve une naïve, mais ô combien touchante, représentation de Notre-Dame de La Salette en conversation avec Mélanie et Maximin, probablement sculptée par un imagier local.
Eglise de Montusclat : statue de Notre-Dame de La Salette.
Mais la dévotion de notre cher Frère a été particulièrement sensible à cette très émouvante petite Piéta du XVème siècle, que de fervents paroissiens cachèrent pendant la grande révolution afin de la soustraire aux profanations et au vandalisme des impies.
Eglise de Montusclat : petite Piéta du XVème siècle
(la photo n’était pas facile à réaliser car cette statuette est bien protégée par une vitre épaisse…
mais une vitre occasionne toujours des reflets !)
La dévotion à la Mère des Douleurs a dû être particulièrement implantée dans cette paroisse aux temps de Chrétienté, puisqu’on retrouve sa représentation jusqu’au revers de certaines très anciennes croix de carrefour.
Montusclat : naïve représentation de la Piéta au revers d’une grande croix de carrefour.
Je pense que vous commencez à comprendre, chers amis, les raisons qui ont attiré Frère Maximilien-Marie à Montusclat en ce jour de l’Exaltation de la Sainte Croix et veille de la fête de Notre-Dame des Douleurs…
Mais vous n’avez pas encore tout vu !!!
Quittant le village, notre Frère a gravi la Montagne de l’étoile, qui domine le village au sud.
La journée était douce ; les nuages passant par toutes les nuances de gris et donnant parfois l’impresssion qu’il allait pleuvoir, se déchiraient par moments pour laisser passer les rayons du soleil…
Au terme de son ascension, au bout d’un chemin de terre, à l’orée d’un bois dont les teintes annoncent déjà l’automne, Frère Maximilien-Marie est arrivé à une chapelle : une toute petite chapelle – à peine cinq mètres de longueur et quatre mètres de largeur sans doute – , couverte en lauzes, avec un joli clocheton au-dessus de la porte… et une étoile qui rappelle le nom de la montagne sur laquelle on se trouve.
Montusclat : chapelle Saint Joseph sur la Montagne de l’Etoile.
Cette chapelle est dédiée à Saint Joseph : la porte est fermée à clef, mais comme elle est vitrée, il est néanmoins possible d’en voir l’intérieur et d’adresser une prière au saint patriarche du Nouveau Testament.
Intérieur de la chapelle Saint Joseph
Ce qui a spécialement ravi Frère Maximilien-Marie, c’est de voir qu’il y a, avec une autre statue de Saint Joseph sur la façade extérieure de la chapelle, une boite aux lettres pour déposer les messages par lesquels on lui recommande ses intentions.
Et moi je me demande si ceux qui sont loin et ne peuvent pas venir jusque là peuvent envoyer à Saint Joseph des lettres par la poste, que le facteur vient déposer dans cette boite aux lettres : je serais vraiment enchanté s’il en était ainsi…
La boite aux lettres du bon Saint Joseph
Derrière la chapelle, commence un sentier montant, assez large et bien entretenu, bordé de croix de trachyte.
Ces croix sont au nombre de sept et sur le socle de chacune est inscrite l’une des Sept Douleurs de Notre-Dame : ce sont des stations en l’honneur de Marie désolée.
La distance entre chacune de ces croix est exactement celle qui est nécessaire pour réciter un « Ave, Maria » de la Compassion (cf. > ici) et la strophe « Sancta Mater, istud agas… »
Au terme du sentier, c’est-à-dire sur le sommet de la Montagne de l’étoile, est aménagée une espèce de petite esplanade sur laquelle ont été dressées des croix et des statues.
Au sommet de la Montagne de l’étoile, le lieu-dit « la croix de l’étoile » aménagé pour les pèlerinages.
Il faut remonter quelque trois siècles en arrière pour bien comprendre la raison de cette espèce de sanctuaire à ciel ouvert.
En mai 1721, une épidémie terriblement contagieuse ravageait la contrée. Les paroissiens de Montusclat prononcèrent alors un vœu : celui de se rendre chaque année en pèlerinage auprès de Notre-Dame de Tout Pouvoir, à Araules (à trois lieues et demi au nord de Montusclat), si le village était préservé de cette peste.
Il semble bien qu’il le fut puisque l’étude des registres paroissiaux montre que le nombre des décès à Montusclat cette année-là ne dépasse pas le nombre des morts des années ordinaires !
Toutefois, au bout de quelques années, ce pèlerinage annuel à Notre-Dame de Tout Pouvoir, à pied par des sentiers de chèvres avec les gros sabots de l’époque, se révéla difficile à maintenir : Monseigneur l’Evêque du Puy, en vertu de son autorité spirituelle, commua donc le vœu de la paroisse de Montusclat en une procession solennelle qui serait célébrée chaque année au premier dimanche de juillet et qui devrait se rendre à la croix érigée au sommet de la Montagne de l’étoile qui domine le village.
Ainsi fut fait, et la procession du premier dimanche de juillet jusqu’à la Croix de l’étoile fut fidèlement accomplie d’année en année.
En 1882, la Croix de l’étoile allait connaître des changements : cette année-là, l’abbé Charre, prêtre particulièrement fervent et zélé, arriva comme curé à Montusclat. Il fut surpris de ne trouver qu’une simple croix sur le lieu du terme de la procession annuelle du vœu, et suggéra qu’on y érige quelque chose qui rappellerait de manière plus significative que c’était grâce à l’intercession de la Sainte Vierge que Montusclat avait été préservé de l’épidémie.
Dans ce pays de montagne, peuplé de gens simples à la foi profonde, qui souvent récitaient leur chapelet en gardant leurs troupeaux, le récit de l’apparition de la Très Sainte Mère de Dieu sur la sainte montagne de La Salette revêtait un sens peut-être plus fort qu’ailleurs…
Alors, pourquoi ne pas ériger à la Croix de l’étoile une belle statue de Notre-Dame de La Salette, dont les graves avertissements et les sages conseils ne pouvaient qu’être profitables aux paroissiens de Montusclat ?
Montusclat : la Croix de l’étoile
statue de la Vierge en pleurs de La Salette
Mais une statue de Notre-Dame de La Salette convenable par la taille et pour une implantation extérieure, cela coûte cher.
Le fervent abbé Charre n’avait pas le premier sou pour réaliser un tel projet ; les caisses de la paroisse avaient été vidées par les dernières réparations opérées à l’église.
Mais si la Sainte Vierge le veut, après tout…
Le bon curé monta à la Croix de l’étoile et y déposa une petite statue de plâtre rapportée de La Salette : « Et maintenant, si vous voulez que je vous élève ici une statue convenable, débrouillez-vous pour me trouver l’argent nécessaire ! »
Or la Sainte Vierge devait bien le vouloir si on en juge par la suite des événements ; et puisqu’elle avait été priée de se débrouiller… elle se débrouilla !
Le lendemain même du jour où l’abbé Charre l’avait ainsi priée, il fut appelé auprès d’une femme malade qui voulait lui remettre de l’argent « pour ses bonnes oeuvres ».
S’étant rendu auprès d’elle, le zélé curé l’entretint donc de son projet pour la Croix de l’étoile, et reçut une somme qui lui permettrait de payer une statue en fonte d’une centaine de kilos !
Montusclat : la Croix de l’étoile
La conversation de Notre-Dame avec les petits bergers de La Salette
Ce premier don en suscita d’autres.
L’abbé Charre décida alors d’ériger à proximité de la statue de la Vierge en pleurs quatorze croix de trachyte qui formeraient un chemin de croix.
Et puisqu’il y avait une statue de la Vierge en pleurs, une famille offrit la statue représentant la conversation de la Mère des Douleurs avec les petits bergers ; puis les dons permirent aussi d’acquérir une statue de la Vierge qui s’élève vers les cieux à la fin de l’apparition.
Les quatorze croix figurant les stations du chemin de croix furent donc disposées de telle sorte qu’elles permettent en même temps de parcourir la représentation des trois phases de l’apparition.
Le dimanche 5 septembre 1886 eut lieu la bénédiction solennelle du chemin de croix et des statues de Notre-Dame de La Salette : les chroniques de l’époque rapportent qu’il vint pour l’occasion plus de deux mille personnes, accourues de toutes les paroisses alentour.
L’année suivante (29 mai 1887) furent bénites les sept croix représentant les stations à Marie désolée qui jalonnent le sentier d’accès à la Croix de l’étoile.
La chapelle de Saint Joseph que l’on trouve en arrivant fut construite en dernier.
Montusclat : la Croix de l’étoile
détail du groupe de la conversation
N’était-ce donc pas un lieu magnifique pour accomplir un pèlerinage aujourd’hui, jour de la Sainte-Croix, et pour se préparer à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, fête patronale du Refuge Notre-Dame de Compassion ?
Vous savez que notre Frère vous a tous « emportés dans son sac à prières » (pour reprendre la belle expression de notre amie Béatrice) jusqu’au sommet de la Montagne de l’étoile, et qu’il a déposé toutes vos intentions dans le Coeur maternel de Notre-Dame, avec aussi tous les malades qui nous sont recommandés, toutes les situations de détresse spirituelle et morale qui constituent la croix portée par tant de personnes, sans oublier notre pauvre et chère France aux abois et son Roi légitime en qui nous plaçons de grandes et vives espérances surnaturelles… (cf. > ici)
Montusclat : la Croix de l’étoile
statue de la Vierge remontant aux cieux à la fin de l’apparition
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Merci pour cette belle visite !
Un beau chemin de croix.
Lieu magnifique pour s’y rendre en pèlerinage !