2015-70. « Un squelette de messe pour une Eglise squelettique ».
Nous sommes extrêmement reconnaissants à notre amie Béatrice (qui accomplit depuis 2006 un remarque travail d’information et de publication avec son site « Benoît et moi ») d’avoir traduit en français et ainsi rendu accessible aux lecteurs francophones l’éditorial de ce mois d’août du site italien « Radicati nella Fede ».
Analyse irréfragable, logique impitoyable, constat d’une terrible lucidité : tels sont les qualificatifs que nous attribuons à cet article.
Comme, malgré nos recommandations réitérées, nous ne sommes pas certains que les lecteurs de ce modeste blogue vont régulièrement lire les publications de « Benoît et moi », nous avons demandé à Béatrice, qui nous l’a très volontiers accordée, la permission de reprendre ci-dessous sa traduction, et nous lui en savons un gré immense.
Lully.
Un squelette de messe pour une église squelettique :
Ils attendaient une nouvelle Eglise, pour cela ils se sont mis à changer la messe.
Ils voulaient une Eglise avec de nouveaux dogmes et une nouvelle morale, alors ils ont dû retoucher la messe catholique, au point d’en faire un squelette d’elle-même.
Et à messe squelettique correspond squelette d’Eglise, faite d’une dogmatique et d’une morale squelettiques.
La nouvelle liturgie a prétendu sauter deux millénaires d’histoire chrétienne, avec l’illusion de renouer avec un mythique début du christianisme.
Ils ont dit, ces messieurs de la réforme post-conciliaire, qu’il était nécessaire de simplifier, de faire ressortir la noble simplicité du rite catholique. Ils ont considéré comme fondamentalement négatif tout ce qu’avait fait l’Eglise durant des siècles et des siècles, pour rendre le rite catholique de plus en plus limpide et pédagogique. Ils ont enlevé et encore enlevé, considérant pratiquement tout ajout comme négatif, et il en est sorti un squelette de messe.
Une messe pleine de vides et de non-dits, vides et non-dits remplis par l’imagination du célébrant et des fidèles. Et l’imagination s’est multipliée, autant qu’il y a d’églises dans le monde, parce qu’on sait bien qu’on ne peut pas vivre d’un squelette : les hommes rembourrent le squelette, mais la chair et le sang qu’ils lui donnent ne sont pas ceux de Dieu, mais ceux de la dictature de la mentalité commune.
Ainsi, en fonction de la saison, nous avons eu les messes socialistes, les messes engagées, les messes intimes, les messes joyeuses, les messes verbeuses, les messes-catéchèses, les messes de guérison, les messes charismatiques, les messes missionnaires, les messes rapides, et ainsi de suite… bref, la messe, c’est toi qui la construis afin qu’elle corresponde à toi et à ton christianisme.
La messe ainsi appauvrie n’a pas nourri, et il a fallu se tourner vers les diverses idéologies du moment pour la rembourrer. Ayant enlevé beaucoup de Dieu, la messe a dû être remplie avec beaucoup d’humain, pour la considérer encore utile : une tragédie, la perte du cœur catholique, c’est-à-dire la Rédemption opérée par le Christ crucifié.
Et la tragédie s’est propagée à tout l’organisme catholique : la messe nouvelle, squelettique, pleine de vide, est devenue tellement ambigüe qu’elle a produit un squelette de christianisme, au dogme et à la morale squelettiques ; un christianisme ambigu.
Les prêtres, réduits à célébrer un squelette de messe, n’ont plus été nourris et défendus par la messe elle-même, de sorte qu’à leur tour, ils n’ont plus nourri ni défendu le peuple.
Nous parlions d’un Christianisme au dogme squelettique :
Que reste-t-il, pour la majorité des chrétiens d’aujourd’hui, du dogme catholique né de la Révélation divine ?
Presque rien.
Peut-être reste-t-il que Dieu existe, et qu’à la fin, il va nous sauver : aucun doute, de toute la Révélation, de tout le dogme, de tout le catéchisme, il ne reste presque rien dans le vécu de la majorité des chrétiens ; mais alors, pourquoi Dieu s’est-il révélé, pourquoi a-t-il parlé dans l’Ancien et le Nouveau Testament, pourquoi a-t-il accompli la Révélation en Jésus-Christ ? Il ne l’a certainement pas fait pour se voir « simplifié » horriblement dans le christianisme moderne.
Certains diront que nous oublions la richesse biblique de la réforme liturgique !
Certes, la Bible, on l’a beaucoup lue, mais la messe squelettique l’a emporté aussi sur la Bible, tant et si bien que les chrétiens n’ont jamais été aussi ignorants qu’aujourd’hui dans l’histoire sacrée et dans la Sainte Ecriture. Oui, ils lisent la Bible à chaque occasion, mais ils ont été formés à l’idéologie du moment, qui rembourrait la messe squelettique.
Nous parlions d’une morale chrétienne squelettique :
Que reste-t-il, pour la majorité des chrétiens d’aujourd’hui, de la richesse morale catholique ?
Ils savent peut-être que Dieu est amour, que nous devons nous aimer les uns les autres, et un peu plus : c’est peu.
De la morale catholique, de la loi et de la grâce, on ne sait presque plus rien.
Voilà pourquoi nous sommes terriblement sans défense face au déferlement de l’immoralité et face, surtout, à l’idéologie de l’immoralité, qui veut tout admettre, sous le prétexte de l’amour. Nous assisterons à la réalisation de l’apostasie : seront promulguées les lois les plus immorales avec le silence des catholiques, avec l’approbation de certains, et avec la fausse prudence des bergers, qui se tairont au nom de la liberté et du respect humain. Plus qu’une morale squelettique, c’est sa mort pure et simple.
Tout a commencé avec le dépouillement de la messe, la vidant de ses défenses dogmatiques dans les mots et les gestes.
Et la renaissance commencera avec le retour à la messe catholique véritable et complète.
Les réformateurs post-conciliaires voulaient un nouveau christianisme plus libre, plus humainement attrayant, à cette fin, ils ont privé la messe de ses défenses, et ils n’ont pas voulu défendre le Christianisme de Dieu.
Paul VI n’avait peut-être pas prévu cette tragédie, il s’était peut-être illusionné de pouvoir limiter la simplification et la modernisation à la seule langue, peut-être… mais la langue est aussi contenu ; et les vides de la langue sont des vides de contenu, que le monde s’empresse de remplir comme il veut.
Peut-être Paul VI n’avait-il pas imaginé autant, mais il est certain qu’aujourd’hui, un Pape ne pourra plus arrêter la dérive sans accepter le martyre. Oui, il devra accepter le martyre, parce que s’il essaie vraiment d’y porter remède, il sera attaqué par le monde, par ce monde qui s’est infiltré dans la Maison de Dieu.
Mais s’il n’accepte pas le martyre, il risquera de ne pas se comporter en Pape.
Vous pouvez laisser une réponse.
Espérons le retour d’un grand Pape.
Beau texte, plein de vérités !
Notre-Dame de Sainte Espérance, convertissez-nous !
Pour le peu qu’il a voulu réformer, S.S. Benoît XVI a déjà été attaqué, de par le monde et au Vatican, au-delà de ses forces…
Nous sommes dans de beaux draps !
Heureusement qu’il nous reste la Sainte Espérance,
et à nous aussi le chemin du matyre…
Eh oui!
VAS T’EN 2 … est passé par là!
L’Eglise, Corps du Christ, est cha(t)rançonnée par « les fumées de satan ».
Une Béatrice bienfaitrice…
« Chat » ne m’étonne pas !
Bien cha(t)micalement.
Béa kimcat