2015-67. « La voix apparaît la première, et bientôt le Verbe suivra ».
Sermon de
notre glorieux Père Saint Augustin
sur
la Nativité de Saint Jean-Baptiste.
Plusieurs sermons de notre glorieux Père Saint Augustin prononcés à l’occasion de la fête de la Nativité de Saint Jean-Baptiste nous ont été conservés. Voici le premier de tous.
Saint Jean-Baptiste enfant (Esteban Murillo, 1665, musée du Prado – Madrid)
La voix apparaît la première, et bientôt le Verbe suivra.
§ 1. Le Sauveur, précédé des prophètes, est venu dans le monde malgré satan qui a usurpé la souveraineté sur ce monde
Notre Roi, avant de naître d’une Vierge, S’était fait précéder de l’armée des Prophètes, afin que le monde, jusque-là révolté contre les édits de son Prince, acceptât enfin le joug de Dieu et ne pût envisager sans crainte l’arrivée de son Souverain Juge.
Mais le désespoir devint de l’audace, notre misérable humanité se mit en guerre ouverte contre Dieu, comme si elle ne dût avoir aucun juge de sa conduite, comme si elle n’eût aucun désir de se réconcilier avec son Créateur et qu’elle ne pût tenir aucun compte de ses ordres.
C’est alors que le Verbe, s’enveloppant dans un secret impénétrable, descendit des hauteurs du ciel et vint S’incarner dans l’obscurité la plus profonde.
§ 2. Saint Jean-Baptiste est le précurseur, préparant les âmes à la venue du Messie.
Mais auparavant, ce même Verbe avait envoyé pour Son précurseur, saint Jean, avec mission de préparer les âmes à la venue du Messie.
Ecoutez cette voix céleste, ce héraut terrible du grand Roi, cette trompette éclatante faisant retentir ces cris impétueux : « Je suis la voix de Celui qui crie dans le désert : Préparez la voie au Seigneur, rendez droits les sentiers de notre Dieu. Toute vallée sera comblée, toute montagne et toute colline seront abaissées, les chemins courbes seront redressés, les sentiers escarpés seront aplanis, la gloire de Dieu apparaîtra, et toute chair verra le salut du Seigneur notre Dieu » (Luc III, 4- 6).
A la naissance de saint Jean, Jésus-Christ était encore caché dans le sein de sa Mère ; Marie tenait renfermés dans ses entrailles, parmi les lis et les roses, les membres invisibles du Dieu fait homme.
La voix apparaît la première, et bientôt le Verbe suivra. Saint Jean s’adresse donc aux hommes, il presse, il crie : Préparez le chemin au Seigneur, rendez droits les sentiers de notre Dieu. Arrachez des coeurs toute perversité, corrigez toutes ces perfidies tortueuses, aplanissez parles oeuvres de la simplicité et de la foi les collines anfractueuses de l’iniquité, et les erreurs levant audacieusement leur front orgueilleux. Dieu nous arrive ; Jésus-Christ approche ; accueillez présent Celui que vous avez méprisé absent. Quoique étant l’offensé, Dieu Se donne de lui-même, parce qu’il désire être apaisé !
§ 3. Saint Jean fut livré à une femme impudique.
Mais le Précurseur fut, de la part des hommes, l’objet d’une horrible cruauté et d’un profond mépris, à tel point que sa tête fut le prix des danses voluptueuses d’Hérodiade ; l’innocence du saint Précurseur devint l’enjeu d’un combat entre la passion et la fureur ; le roi, tout à coup aveuglé par la honteuse concupiscence qu’enflammaient à dessein les grâces impudiques d’une jeune danseuse, livre honteusement le sang innocent, non point à un guerrier armé, mais à une femme éhontée.
§ 4. Naissance miraculeuse de saint Jean.
Mais je m’aperçois, mes frères, qu’au lieu de vous parler de la naissance même de saint Jean, je vous entretiens déjà de sa mort. Je reviens donc à mon sujet, car je ne veux pas m’étendre outre mesure ni m’exposer à faire naître le dégoût et l’ennui. La lecture même de l’Evangile a été d’une certaine étendue ; sous peine donc de mériter à bon droit le reproche d’oisiveté, j’expliquerai le mystère qui nous est proposé, en l’exposant comme Dieu m’en fera la grâce.
Le père de saint Jean remplissait dans le temple les fonctions de son sacerdoce, lorsque l’ange Gabriel, fendant l’espace et traversant les airs, se présenta devant Zacharie tremblant de crainte et de respect. Mais au nom du Seigneur l’envoyé céleste le rassure et lui dit : « Ne craignez pas, Zacharie : voici que votre prière a été exaucée ; votre épouse Elisabeth vous donnera un fils à qui vous imposerez le nom de Jean : il sera grand et beaucoup se réjouiront à sa naissance » (Luc I, 13-14).
Or, Zacharie était déjà accablé de vieillesse ; il sentait ses membres ployer sous le poids de l’âge et son corps tourner à la dissolution. Son épouse gémissait de sa stérilité ; depuis longtemps la fleur de la jeunesse était en eux desséchée, et ils se croyaient impuissants à laisser des héritiers de leur nom. Mais tout est possible à Dieu : ces vieillards croient toucher aux limites de la vie, et soudain le fils qu’ils désirent depuis longtemps leur est donné. Toutefois Zacharie, accablé sous le poids de la vieillesse judaïque, refuse de croire à la parole de l’ange. Gabriel lui reproche cette incrédulité et, pour le punir, lui retire l’usage de la parole.
§ 5. Cette naissance est pour nous la source de la plus vive des joies.
Cependant les promesses du Seigneur s’accomplissent ; saint Jean met un terme à la stérilité de ses parents et, rendant à son père l’usage de la parole, annonce déjà par avance l’arrivée du souverain Juge.
Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de cette naissance. Saint Jean naît, comme Dieu l’avait promis, et en naissant, il délie la langue de son père, afin que selon la parole prophétique de l’ange, cette naissance fût réellement une cause de joie pour plusieurs.
Prenons part à cette joie, mes frères, afin qu’après avoir reçu à coeur ouvert Jésus-Christ, le Souverain Juge, nous entourions de respect et de gratitude la naissance de Son précurseur.
Célébrons donc cette solennité, non pas en nous livrant aux honteux désordres des Gentils, mais en rendant à Dieu un culte simple et digne, et surtout en observant les règles de la chasteté chrétienne. Laissons aux temples païens leurs guirlandes et aux Gentils leurs folies et leurs danses voluptueuses ; c’est dans le Saint des saints que doit briller et se faire le concours de tous les fidèles.
Un texte du Maître-Chat, écrit à l’occasion de la fête de la Nativité Saint Jean-Baptiste,
consacré au symbolisme liturgique de la fête du 24 juin > ici.
Vous pouvez laisser une réponse.
Un beau texte.
Sept ans plus tard, je relis ce blogue et surtout la question que se posait Anne-Laure et la réponse limpide de Lully.
Il est évident que l’Islam a pour origine Satan qui envoie l’un de ses suppôts pour instaurer cette religion, arme terrible contre l’oeuvre d’Amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Merci pour ce beau texte !
Bonne Saint Jean !
Bien cha(t)micalement
Merci pour ce beau texte et les explications très éclairantes des commentaires !
Bonne fête de la Saint Jean-Baptiste.
(Très beau tableau de lui, enfant…)
Bien cha(t)micalement
Béa kimcat
Bonjour
Une question qui me taraude depuis bien longtemps :
Si jean-Baptiste a préparé le terrain en annonçant le venue de Jésus (qui était son cousin) comme étant le Messie annoncé depuis des générations de Prophètes, comment se fait-il que les Juifs ne l’aient pas cru ?
Et ça continue aujourd’hui. Il y a toujours des Juifs qui attendent le Messie.
Il est curieux aussi de noter que c’est l’Archange Gabriel qui a annoncé la nouvelle à Zacharie, le même à Marie pour Jésus et à Mahomet pour Allah… d’où naîtra l’islam.
Doit-on en conclure que c’est Satan qui a pris l’aspect de l’Ange Gabriel pour créer une nouvelle religion?
J’aimerais bien comprendre…
Réponses de Lully à vos deux questions :
1) Sur la question de l’aveuglement et de l’endurcissement d’Israël, il faut relire au premier chef le chapitre IX de l’épître aux Romains. Les principales réponses sont là.
2) Sur la seconde question : les bons anges, les archanges qui contemplent la face de Dieu (cf. paroles de Saint Gabriel à Zacharie dans le Temple) ne mentent pas et ne se contredisent pas.
Dans l’Evangile, l’archange Saint Gabriel dit explicitement que Jésus est Fils de Dieu et Messie « définitif », Rédempteur… etc.
Celui qui est « apparu » à Mahomet en se faisant passer pour l’archange Gabriel (s’il s’agit bien d’une « apparition » et non d’une hallucination, d’un mensonge ou du produit d’une imagination hystérique) dit que Jésus n’est pas Dieu, qu’il n’est qu’un prophète, qu’il n’est pas mort sur la croix (et donc qu’il n’est pas Rédempteur), qu’il n’est qu’une « étape » avant la « révélation » définitive laquelle serait confiée à Mahomet… etc.
Cette simple constatation est éclairante, ne trouvez-vous pas ?
La réponse s’impose d’elle-même sur ce simple constat !
Première lettre de Saint Jean >
- II, 22 : « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Celui-là est l’antéchrist, qui nie le Père et le Fils. »
- IV, 2-3 : « Voici en quoi se connaît l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu, et tout esprit qui ne reconnaît pas Jésus n’est point de Dieu, et celui-là est l’antéchrist dont vous avez entendu dire qu’il vient : or il est déjà dans le monde. »