2015-55. In memoriam : Jacques-Joseph de Cathelineau, le Saint de la Garde de Charles X.
27 mai,
Fête de Saint Bède le Vénérable, confesseur et docteur de l’Eglise (cf. > ici) ;
Mémoire de Saint Jean 1er, pape et martyr ;
Anniversaire de l’assassinat de Jacques-Joseph de Cathelineau (27 mai 1832).
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
En ce 27 mai, je désire vous entretenir de l’un de nos « saints de prédilection » : Jacques-Joseph de Cathelineau.
Bien qu’il ne soit pas (encore) canonisé par l’Eglise, déjà de son vivant le surnom de « saint » lui était donné par ses contemporains en raison de sa piété angélique et de ses vertus exemplaires ; et si nous ne pouvons pas lui attribuer un culte public, rien ne s’oppose à ce que nous le vénérions dans nos coeurs, et à ce que nous nous recommandions à ses prières…
Jacques-Joseph de Cathelineau, portrait par Girodet.
Né au Pin-en-Mauges le 28 mars 1787, Jacques-Joseph était le huitième des onze enfants du « Saint d’Anjou », Jacques Cathelineau (voir > ici) et de son épouse, Louise Godin : il fut leur seul fils qui vécût (un premier garçon, également prénommé Jacques leur était né en 1785 mais il était mort seize jours après sa naissance).
Jacques-Joseph avait donc tout juste six ans lorsque le 12 mars 1793 son père prit la tête des hommes de sa paroisse et partit en chantant le « Vexilla Regis » pour combattre la république impie et sacrilège.
On sait que le premier généralissime de la Grande Armée Catholique et Royale succomba à ses blessures quatre mois plus tard, le 14 juillet 1793 : on imagine sans peine ce que furent alors les difficultés et les épreuves de sa mère, veuve avec cinq enfants survivants en bas-âge, dans une Vendée ravagée par les colonnes infernales…
La veuve de Louis-Marie de Lescure (cf. > ici) et future marquise de La Rochejaquelein, Victoire de Donissan, prit le jeune Jacques-Joseph sous sa protection.
A l’âge de vingt-et-un ans, il épousa en 1808, à La Jubaudière, Marie-Catherine Coiffard.
Sept ans plus tard, les Cent Jours lui donnèrent l’occasion de faire ses premières armes aux côtés d’Auguste de La Rochejaquelein et de Charles-Marie de Beaumont d’Autichamp.
En 1816, Sa Majesté le Roi Louis XVIII demanda à plusieurs artistes des portraits en pied des généraux qui avaient combattu pour la cause royale pendant la grande révolution. La série devait bien évidemment comprendre un portrait de Jacques Cathelineau qui fut commandé à Anne-Louis Girodet de Roucy-Trioson (1767-1824).
Girodet commença donc par portraiturer Jacques-Joseph, car ceux qui avaient connu son père, le généralissime, certifiaient qu’il en était le portrait vivant.
Le tableau reproduit ci-dessus fut achevé en 1822 : Jacques-Joseph, lorsqu’il posa pour l’artiste, avait donc presque le même âge que son père en 1793.
On est frappé par la vie, l’intériorité, la pure ardeur et le caractère que dégage cette oeuvre.
Jacques-Joseph fut anobli par une ordonnance du 14 mars 1816 suivie de la délivrance de lettres patentes le 15 novembre 1817, avec règlement d’armoiries et adjonction d’une particule au patronyme, en considération des mérites de son père.
Armoiries de la famille de Cathelineau :
d’azur à l’étendard d’argent chargé d’un cœur de gueules sommé d’une croix du mesme ;
devise : « Dieu et le Roi ».
Jacques-Joseph suivit les glorieux et saints exemples de son père : si ce dernier avait mérité d’être surnommé « le Saint d’Anjou », lui-même, que Sa Majesté le Roi Charles X avait élevé en grade dans sa garde personnelle, mérita bientôt par ses vertus et sa piété d’être surnommé à la Cour : « le Saint de la Garde ».
Après la révolution de juillet 1830, il se retira.
Mais en 1832, lorsque Madame la duchesse de Berry tenta de soulever l’Ouest et de reformer la Grande Armée Catholique et Royale, en vue de renverser Louis-Philippe, on le retrouve comme commandant aux côtés d’Auguste de La Rochejaquelein et de Charles de Charette de La Contrie, sous la lieutenance-générale de Charles-Marie de Beaumont d’Autichamp.
Las ! on sait comment le soulèvement tourna court.
Avant même la date prévue pour le déclanchement des opérations, Jacques-Joseph de Cathelineau fut repéré et pris en chasse par les gens d’arme de Louis-Philippe.
Caché au manoir de la Chaperonnière, sur la paroisse de Jallais, avec deux autres légitimistes – Messieurs de Civrac et Moricet – , c’est là qu’il fut sommairement exécuté, le dimanche 27 mai 1832.
Le château de la Chaperonnière (Jallais)
Voici le récit de ses derniers moments :
« Du fond de sa cachette, Cathelineau entend les menaces qui sont faites au métayer Guinhut que l’on avait attaché à l’appui d’une poutre du grenier. On amasse de la paille sous ses pieds et on lui dit qu’on va le faire brûler s’il ne veut pas découvrir la cachette. Le brave Guinhut se tait : on le frappe à coups de crosse de fusil ; il se tait encore ; alors on pousse la cruauté jusqu’à lui enfoncer le canon d’un fusil dans la bouche et à lui faire cracher le sang. Guinhut reste muet. Un horrible concert de blasphèmes et d’injures retentit à ses oreilles : « Chouans ! Brigands ! Restes de 93 ! » criaient les soldats, « il faut les assommer tous ! Si tu ne dis rien, on le fusille. »
Durant ce vacarme, au milieu duquel se font entendre des cris de mort contre le fidèle et héroïque père Guinhut, Cathelineau n’y tient plus ; pour le sauver, il soulève la trappe de la cachette et s’écrie : « Nous nous rendons ! »
Le lieutenant Régnier saisit aussitôt le fusil d’un de ses soldats et tire sur lui presque à bout portant. Cathelineau tombe mort.
Son corps ensanglanté fut déposé dans une charrette et conduit à Cholet où, pendant la nuit, il resta exposé le long du mur de la prison…»
Le lendemain, lundi 28 mai 1832, il fut inhumé au cimetière de Saint-Pierre.
Vingt-six ans plus tard, le 5 octobre 1858, son fils Henri, fit exhumer ses restes pour les transférer à Saint-Florent le Vieil, où ils furent ensevelis auprès de ceux de son père, dans la chapelle Saint-Charles, où ils reposent désormais côte-à-côte, dans l’attente de la résurrection bienheureuse.
Tombeaux du Généralissime Jacques Cathelineau (1759-1793)
et de son fils Jacques-Joseph de Cathelineau (1787-1832)
dans la chapelle Saint-Charles, à Saint-Florent le Vieil.
Achevons le récit d’aujourd’hui par une anecdote qui illustre comment « le Saint de la Garde de Charles X » avait admirablement su transmettre à son fils les valeurs chrétiennes qui sont la force de la fidélité légitimiste et méritent que l’on combatte jusqu’à se sacrifier soi-même.
Henri de Cathelineau était âgé de dix-neuf ans à la mort de Jacques-Joseph : traqué par les soldats de l’usurpateur du trône, il dut fuir, se cacher, errer…
Un matin, dans un champ, il se retrouva ayant à sa portée le lieutenant homicide en position de faiblesse. Dans un premier mouvement, il le mit en joue ; mais, abaissant presque aussitôt son arme, il lui cria : « Au nom du Bon Dieu, je te pardonne, assassin de mon père ! »
Une telle marque de force morale, de crainte des jugements de Dieu, de piété véritable, de sagesse, n’est-ce point là l’oeuvre irréfutable des dons du Saint-Esprit dans une âme ?
Lully.
Vous pouvez laisser une réponse.
Exemplaire en ces temps d’épreuves
Extrait du Capitaine Gérard de Cathelineau:
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Je me joins aux louanges pour vous remercier de ce récit. J’ignorais totalement la geste de Jacques-Joseph de Cathelineau, fils du Généralissime.
Quel courage! Et quelle foi!
Merci pour cette belle page d’histoire…
Merci à vous pour cet admirable récit d’une vie formidable !
On en apprend des choses, en étudiant les saints !!!
c’est admirable et très émouvant.
Transposé aujourd’hui dans notre monde sans pitié, je me demande s’il y a des personnes de cette trempe ?
Certainement, mais on n’en parle pas beaucoup !
Puisse Dieu faire que je sois digne de ces gens là.
Cher Lully, Oui, c’est le don de l’Esprit-Saint. C’est la marque du Dieu Amour. Sainte Jeanne D’Arc a montré la même miséricorde envers les anglais. Elle interdisait à ses soldats de profiter de la faiblesse de l’ennemi pour l’achever, elle faisait confesser les mourants, elle n’a jamais tué personne dans les plus forts combats.
Merci pour ce récit d’histoire de France.