2015-54. Du Bienheureux Bernard de Morlaàs.
23 mai,
Fête de Saint Didier, archevêque primat de Vienne, en Dauphiné, et martyr ;
Commémoraison de Sainte Jeanne-Antide Thouret, vierge ;
Commémoraison du Bienheureux Bernard de Morlaàs.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Même si nous ne pouvons en faire qu’une simple commémoraison, en raison de la fête de Saint Didier, archevêque de Vienne et martyr qui a quelque importance chez nous, en raison du fait que l’actuel diocèse de Viviers où nous sommes, a hérité d’une partie des territoires de l’ancien archidiocèse de Vienne supprimé par l’abominable révolution, nous tenons néanmoins à marquer en ce 23 mai la fête du Bienheureux Bernard de Morlaàs, un saint originaire du Béarn et malheureusement fort peu connu, sauf localement.
Laissez-moi vous conter sa très belle histoire qui, pour merveilleuse qu’elle est, n’en est pas moins des plus véridiques.
Abandonnez donc pour quelques instants vos préoccupations ordinaires et accompagnez-moi : nous partons pour le Portugal, au XIIIe siècle…
Ding ! Ding ! Ding ! Ding ! Ding !
La cloche du couvent des Dominicains sonne l’heure du repas de midi : pères et frères se rendent au réfectoire.
Ding ! Ding ! Ding ! Ding ! Ding !
Dans la chapelle de la Vierge de ce même couvent, deux jeunes enfants revêtus de la même bure blanche que les pères et les frères, récitent avec application leur bénédicité puis, sans plus de façon, assis sur les marches de l’autel, sortent de leur panier les provisions qu’ils ont apportées de la maison…
Ding ! Ding ! Ding ! Ding ! Ding !
Nous sommes dans la ville de Santarem (à quelque quinze lieues au sud du désormais mondialement célèbre village de Fatima), au mois de mai de l’an de grâce 1277.
Ne soyez point étonnés de voir ces deux enfants, même pas des adolescents, habillés comme des petits moines et la tête rasée : ce sont des oblats de Saint Dominique.
Leurs pieux parents, hobereaux du village d’Alfange, à vingt minutes de marche de Santarem, les ont offerts à Dieu : certes, ce ne sont pas de véritables religieux, mais ils portent les signes de cette oblation et, chaque jour ils viennent au couvent.
Sous la conduite du Père Bernard, dont ils servent d’abord la Messe matinale, ils sont instruits et éduqués ; puis ils l’aident dans son office de sacristain, et sont initiés par lui à la vie spirituelle… Plus tard, seulement, si c’est bien leur vocation, ils entreront au noviciat et enfin prononceront leurs voeux.
En attendant, chaque soir, ils dévalent la colline pour rentrer à la maison.
Le Père Bernard, leur cher père-maître, est natif de Morlaàs, alors capitale de la vicomté souveraine de Béarn.
Le jeune homme, que ses parents avaient fiancé très jeune, se sentait en réalité appelé par Dieu à la vie dominicaine, et, pour pouvoir réaliser sa vocation, il n’avait pas eu d’autre solution que de s’enfuir et de mettre quelque deux-cent-cinquante lieues entre sa famille et lui : c’est ainsi qu’il était entré au couvent de Santarem.
A l’invitation des deux jeunes enfants, l’Enfant Jésus s’anime
et descend des bras de la statue de la Vierge pour partager leur repas
(panneau de bois sculpté en 1877 par l’abbé Courtade et son frère pour la chapelle du Bienheureux Bernard,
dans l’église Sainte-Foy de Morlaàs) .
»Bienheureux les coeurs purs, car ils verront Dieu ! »
Il faut croire que les coeurs de ces deux enfants étaient d’une particulière pureté et qu’ils étaient si remplis des beaux enseignements surnaturels du Père Bernard qu’il leur semblait « naturel » de vivre dans l’intimité divine.
C’est ainsi que l’un des deux, levant les yeux vers la statue de la Madone aux pieds de laquelle ils prenaient leur réfection, se dit que le divin Enfant qu’elle portait dans ses bras serait peut-être heureux de goûter aux bonnes choses que leur maman leur avait préparées.
Et sans plus de façon, il L’invita.
Ici, les rationalistes de tout poil, et même ces « chrétiens adultes » dont la foi est sévèrement circonscrite dans les limites de l’éducation selon « l’esprit des lumières » (gratuite, obligatoire et laïque), s’affolent et s’indignent : « Voilà bien les monstruosités auxquelles aboutit un enseignement pénétré par cet odieux cléricalisme qui abuse de la crédulité des humbles ! En montant le bobichon à des enfants que leur candeur rend si vulnérables, on ne peut que fabriquer des fanatiques qui confondent les illusions religieuses avec le monde réel ! »
Mais le Saint Enfant Jésus, qui « convainc de folie la sagesse de ce monde » (cf. 1 Cor. I, 20 b) et n’a que faire de l’éducation selon « l’esprit des lumières » (gratuite, obligatoire et laïque), S’anima et descendit pour répondre à l’invitation des deux enfants…
Et Il ne le fit pas un jour seulement, puisqu’Il prit l’habitude de venir avec eux chaque jour.
Ainsi, pendant que, au réfectoire, les pères et les frères se nourrissaient non seulement physiquement mais aussi intellectuellement et spirituellement en écoutant gravement la lecture de quelque pieux et savant ouvrage, au pied de l’autel de la Sainte Vierge, la divine Sagesse incarnée partageait-Elle le pique-nique de deux enfants tout en les instruisant d’une manière admirable des voies de l’amour divin !
Nos deux moinillons, qui ne perdaient toutefois pas le sens pratique, finirent par demander à leurs parents d’ajouter désormais une part de plus à leur panier de midi, en leur expliquant que c’était pour l’Enfant Jésus qui venait partager leur repas.
Vous imaginez sans peine qu’ils reçurent une sévère remontrance : « Est-il possible d’inventer pareil mensonge pour assouvir sa gourmandise ? »
Troublés, les deux enfants s’en ouvrirent à leur cher Père Bernard : « L’Enfant Jésus mange avec nous, mais Il n’apporte jamais rien… et nous, nous ne mangeons plus à notre faim. Nos parents nous ont grondés en nous traitant de menteurs lorsque nous leur avons demandé une part supplémentaire… »
On imagine sans peine la surprise du bon Père.
Il interrogea sévèrement les enfants, s’efforça de les prendre en défaut, examina toutes choses soigneusement pour savoir s’ils étaient les jouets de leur imagination ou de quelque illusion diabolique… etc.
Finalement, il ne put qu’être convaincu de la vérité de la grâce qui était faite à ses jeunes élèves, en constatant leurs progrès dans la vertu et le degré d’illumination intérieure atteint par leurs âmes candides.
Après avoir lui-même prié et demandé conseil, il leur suggéra ceci : « La prochaine fois, demandez donc au Saint Enfant Jésus de vous inviter à Son tour à Sa table ; et s’Il y consent, rappelez-Lui que notre règle prescrit aux novices d’être accompagnés de leur père-maître… »
Et la réponse fut positive : « Dans trois jours, ce sera l’Ascension et il y aura grande fête dans la Maison de Mon Père. Dites au Père Bernard que Je vous invite tous les trois à Ma table… »
La mort extatique du Bienheureux Bernard de Morlaàs et de ses deux disciples
après la Sainte Messe du jour de l’Ascension, 23 mai 1277
(panneau de bois sculpté en 1877 par l’abbé Courtade et son frère pour la chapelle du Bienheureux Bernard,
dans l’église Sainte-Foy de Morlaàs) .
Dans trois jours !
Vous pensez bien que le Père Bernard et ses deux disciples mirent une ardeur et une ferveur incomparables à se préparer, afin de paraître au festin céleste revêtus de la robe des noces.
Au matin de la grande et belle fête de l’Ascension, les deux enfants servirent la Messe du Père Bernard à l’autel de la Madone : Messe au cours de laquelle ils reçurent pour la première fois la Sainte Eucharistie ; Messe à la fin de laquelle, tous trois agenouillés au pied de l’autel, ils s’abîmèrent dans une intense action de grâces…
Et lorsque, un très long moment après, les frères du couvent voulurent les tirer de leur prière, ils ne purent que se rendre compte que, si leurs corps étaient restés là, immobiles et agenouillés, leurs âmes s’en étaient allées prendre part au banquet éternel.
C’était le jeudi de l’Ascension 23 mai 1277.
Ils furent ensevelis ensemble, tous trois dans le même tombeau, et les chroniques du couvent consignèrent la belle histoire.
Lorsque, trois siècles plus tard, des travaux réalisés dans le couvent obligèrent à ouvrir leur sépulture, on retrouva leurs ossements enveloppés d’un linceul dont la blancheur éclatante subjugua tous ceux qui étaient là, tandis qu’une odeur toute céleste remplissait la chapelle.
Une enquête fut diligentée par les autorités ecclésiastiques afin de retrouver tous les documents et les anciens témoignages écrits relatifs au Père Bernard de Morlaàs et à ses deux élèves.
Plusieurs guérisons miraculeuses se produisirent, si bien que Monseigneur Georges de Almeida, archevêque de Lisbonne de 1570 à 1585, dédia un autel aux trois bienheureux et plaça leurs reliques dans trois bustes les représentant : de la même manière qu’autrefois lorsqu’il célébrait la Sainte Messe, le Père Bernard de Morlaàs était entouré de ses deux acolytes.
Les pèlerinages se développèrent et la dévotion au Saint Enfant Jésus en reçut un extraordinaire accroissement.
Malheureusement, en 1809, les soldats des sinistres armées napoléoniennes, dont on sait de quelles atrocités elles se rendirent coupables en Espagne et au Portugal à cette époque, pillèrent le couvent de Santarem et livrèrent aux flammes les reliques de nos trois bienheureux.
En 1877, à l’occasion du sixième centenaire de leur entrée dans la gloire céleste, une chapelle de l’église Sainte-Foy de Morlaàs fut aménagée pour être dédiée au Bienheureux Père Bernard, enfant du pays, et à ses deux jeunes disciples.
C’est pour cette chapelle que l’abbé Courtade et son frère sculptèrent en bas-relief sur des panneaux de bois les tableaux qui illustrent mon récit.
Grâces spirituelles, miracles et guérisons à l’autel du Bienheureux Bernard de Morlaas et de ses deux jeunes acolytes,
dans le couvent des dominicains de Santarem, après l’ouverture de leur tombeau et l’élévation de leurs reliques
(panneau de bois sculpté en 1877 par l’abbé Courtade et son frère pour la chapelle du Bienheureux Bernard,
dans l’église Sainte-Foy de Morlaàs) .
Voilà donc, mes bien chers Amis, la belle histoire du Bienheureux Bernard de Morlaàs et de ses deux jeunes acolytes : une histoire qui, en ce beau temps de l’Ascension, oriente nos regards vers le Ciel et nous invite à nous préparer ardemment pour prendre part, nous aussi, au festin éternel des noces de l’Agneau, immolé et vainqueur, qui nous a promis, avant de quitter cette terre : « Je vais vous préparer une place » (cf. Johan. XIV, 3).
Une histoire qui nous invite également à redevenir comme des petits enfants, puisque le Royaume des Cieux est destiné à ceux qui leur ressemblent (cf. Matth. XIX, 14 b).
Que le Saint-Esprit de lumière et d’amour dont nous préparons la fête de la venue lors de la Pentecôte, nous comble de Ses dons et nous vienne en aide dans ce travail de conversion jamais achevé qui doit nous amener à redevenir semblables à ces petits…
Lully.
Statue du Bienheureux Bernard de Morlaàs et de ses deux disciples
(église Sainte-Foy de Morlaàs)
Vous pouvez laisser une réponse.
« Gratuite, obligatoire, laïque » :
- GRATUITE : quand on connait le coût de l’école publique au contribuable on peu se poser des questions !
- OBLIGATOIRE : très certainement, au nom de la liberté… car si vous choisissez une autre école vous payez donc DEUX FOIS !
- quant au LAÏCISME, on sait ce que cela cache !
Seul le BON SCOLAIRE permettrait de choisir son école.
Ce que nous ne trouvons nulle part, le Blogue du Maître-Chat-Lully nous le révèle !
Merci pour cette merveilleuse et authentique histoire.
Saint Philippe de Néri s’élevait dans sa contemplation. Le Père Bernard et ses acolytes s’élevèrent jusqu’au Ciel pour y demeurer.
Adultes,….
Enfants,…..
Cœur des uns et cœur des autres…..
Et l’humanité désaxée face à la pureté touchante des enfants.
Œuvre divine réconfortante, privilège de percevoir le doigt de DIEU,
Merci.
« (…)
les rationalistes de tout poil, et même ces « chrétiens adultes » dont la foi est sévèrement circonscrite dans les limites de l’éducation selon « l’esprit des lumières » (gratuite, obligatoire et laïque), s’affolent et s’indignent : « Voilà bien les monstruosités auxquelles aboutit un enseignement pénétré par cet odieux cléricalisme qui abuse de la crédulité des humbles ! En montant le bobichon à des enfants que leur candeur rend si vulnérables, on ne peut que fabriquer des fanatiques qui confondent les illusions religieuses avec le monde réel ! »
Mais le Saint Enfant Jésus, qui « convainct de folie la sagesse de ce monde » (cf. 1 Cor. I, 20 b) et n’a que faire de l’éducation selon « l’esprit des lumières » (gratuite, obligatoire et laïque), S’anima et descendit pour répondre à l’invitation des deux enfants…(…) »