2015-11. Au Ciel, il n’y a pas de « malgré-nous »…

15 janvier,
fête de Saint Paul, premier ermite ;
mémoire de Saint Maur, abbé et confesseur ;
mémoire de Sainte Tarsitie, Fille de France, vierge et abbesse.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

Je pense que la plupart d’entre vous savent qui l’on désigne sous l’expression de « malgré-nous » ; toutefois, pour le cas où quelques uns l’ignoreraient, je vais le redire : on désigne par cette expression de « malgré-nous » les Français d’Alsace et de Moselle qui, considérés par les autorités du troisième Reich comme Allemands, furent enrolés de force dans l’armée allemande au cours de la seconde guerre mondiale et furent contraints à combattre malgré eux avec les ennemis de la France.
Qu’on me permette aujourd’hui de reprendre la même expression pour vous entretenir de la question du salut éternel et du Ciel.

En nos temps de confusion et d’approximation, où l’émotion et le sentiment se substituent si souvent à la raison, et se substituent même aux vérités révélées dans l’esprit de certains chrétiens, il me paraît en effet important de rappeler que la chanson idiote de Monsieur Polnareff « on ira tous au paradis » non seulement n’est pas un dogme, mais qu’elle est aussi absolument contraire à l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Non ! tous les hommes n’iront pas au Paradis.
Car personne ne va au Ciel malgré lui.
Au Ciel, il n’y a pas de « malgré-nous » !

En conformité avec l’enseignement des Saintes Ecritures, les chrétiens doivent – c’est évident ! – avoir le désir du salut de tous, parce que c’est la volonté même de Dieu : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée II, 4).
Mais ce n’est pas parce que Dieu voudrait qu’il en soit ainsi qu’il en est ainsi dans les faits.
Et ce n’est pas parce que les chrétiens doivent eux aussi en avoir le désir ardent qu’ils doivent pour autant prendre leurs désirs pour la réalité.

Le Bon Dieu a fait aux hommes le don de la liberté, et Il respecte cette liberté qu’Il a donnée aux hommes, même lorsque ces hommes choisissent de se détourner de Lui…
Ce n’est pas parce qu’Il voudrait n’en perdre aucun, qu’il n’y a pas de damnés : Dieu n’impose pas Son salut à des personnes qui n’en veulent pas.

Personne ne va au Ciel malgré lui.
Au Ciel, il n’y a pas de « malgré-nous ».

Nous savons, bien sûr, qu’il y a un Saint Bon Larron. Et parce que Notre-Seigneur a promis à celui qui se tournait vers Lui in extremis en implorant Sa miséricorde qu’il serait avec Lui en paradis, nous espérons qu’à d’autres âmes, touchées par la grâce à la dernière seconde, seront aussi ouvertes les portes du salut.
Parce que le saint curé d’Ars a pu, divinement éclairé, affirmer à l’épouse d’un suicidé, tourmentée par la crainte que son mari ne fût damné, qu’entre le pont et l’eau il avait eu le temps de se repentir et de demander pardon, nous prions ardemment pour que la miséricorde du Coeur de Jésus se fraye un chemin dans le coeur de ceux qui franchissent le seuil terrible et mystérieux de la mort.
Parce que le Saint Evangile nous rapporte qu’il y aura des « ouvriers de la onzième heure », nous avons une ferme confiance dans la puissance infinie de la miséricorde du Maître de la vigne.
Mais tout cela nous montre aussi que la miséricorde de Dieu ne peut se déployer que si l’homme s’ouvre à elle et se repent de ses voies mauvaises.
C’est pour cela qu’il ne peut pas y avoir et qu’il n’y a pas au Ciel de « malgré-nous ».

Ceux qui auront refusé d’aimer et de servir Dieu, ceux qui auront méprisé le salut qu’Il leur offrait, s’ils ne se sont pas convertis, ne seront pas sauvés malgré eux, n’iront pas au Ciel malgré eux !

Un vrai chrétien a le devoir pressant de prier pour le salut des âmes ; un vrai chrétien a le devoir impérieux d’offrir des sacrifices et des pénitences unis à la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour obtenir la conversion et le salut des âmes ; un vrai chrétien doit témoigner de l’Evangile du salut par les exemples de sa vie – plus encore que par des paroles – afin d’inspirer à ceux qui le voient vivre le désir de connaître et d’aimer Dieu, afin de Lui gagner des âmes…
Mais un vrai chrétien est aussi sans illusion : l’enfer existe, l’enfer n’est pas vide, et il y a des hommes qui le préfèrent et qui en font le choix libre et responsable.

De quelque bonne volonté et de quelque zèle qu’ils soient animés pour le salut des âmes – de toutes les âmes – , les chrétiens ne peuvent néanmoins pas décider du salut de ces âmes à leur place : on n’impose pas le salut à des personnes qui n’en veulent pas !
Au Ciel, il n’y a pas de « malgré-nous » !

Pour aller au Ciel, il faut avoir un minimum d’amour de Dieu.
Et comment manifeste-t-on son amour pour Dieu ? En observant Ses commandements : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur ! Seigneur ! qui entreront dans le Royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de Mon Père qui est aux cieux, celui-là entrera dans le Royaume des cieux » (Matth. VII, 21).

Celui donc qui, ayant eu la connaissance de la volonté de Dieu, n’en aura pas tenu compte ; celui qui aura agi dans sa vie en la tenant pour nulle, comme si elle n’existait pas ; celui qui l’aura méprisée ; celui qui se sera moqué des commandements de vie et des voies du salut révélés par Dieu, s’il ne se convertit pas et ne demande pas pardon, ne peut accéder au salut :  « Celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc XVI, 16 b).
Au Ciel, il n’y a pas de « malgré-nous » !

C’est donc faire preuve d’une forme de faux zèle particulièrement contraire à l’enseignement des Saintes Ecritures, et c’est manquer totalement de respect pour la liberté d’autrui que de vouloir – à tout prix et à n’importe quel prix – envoyer pour l’éternité tenir compagnie au Bon Dieu et à ses saints, des personnes qui ont librement choisi ici-bas de ne pas L’aimer !

Oui, lorsque des personnes qui, sur cette terre, n’avaient absolument pas du tout envie d’aimer Dieu et de Le servir, passent de vie à trépas, il n’appartient à personne ici-bas de décréter de son propre chef que ces personnes sont allées au Ciel !
Pourquoi ces chrétiens-là – fussent-ils prêtres ou évêques – ne veulent-ils pas respecter la liberté de ces personnes et voudraient-ils leur infliger de passer toute leur éternité avec le Bon Dieu qu’elles avaient librement choisi de ne pas aimer et de ne pas servir ?

Que ceux qui prétendent servir Dieu se gardent donc bien de dire, si Dieu ne le fait pas Lui-même savoir (par une révélation spéciale ou par un acte solennel du magistère de Son Eglise) que tel ou tel est au Ciel ou qu’il est en enfer…
Cela, c’est le mystère de Dieu : et, sur ce point en particulier, Dieu ne nous doit rien.
Dire « tel homme est au ciel » ou « tel autre est en enfer », si Dieu ne l’a pas Lui-même fait savoir, c’est se placer au-dessus de Dieu et présumer gravement de Ses jugements insondables qui n’appartiennent qu’à Lui.

Lully.

Publications connexes :
– Le petit nombre des sauvés (Saint Augustin) > ici
- Sermon de Saint Augustin sur le bon Larron > ici
- Au sujet de l’enfer : « Personne n’en est jamais revenu… » > ici
– Bande dessinée « les autruches » > ici

H. Memling triptyque du jugement dernier

Hans Memling : triptyque du jugement

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9 Commentaires Commenter.

  1. le 16 janvier 2015 à 14 h 55 min Jean M. écrit:

    Bonjour,
    Excellent article que je partage tout à fait, à l’exception d’un point.
    Vous écrivez : « Mais un vrai chrétien est aussi sans illusion : l’enfer existe, l’enfer n’est pas vide, et il y a des hommes qui le préfèrent et qui en font le choix libre et responsable. »
    Oui l’enfer existe et il n’est pas vide, car les anges rebelles y sont. Oui, l’homme est libre de choisir entre Dieu et l’enfer.
    Par contre, même si l’on a de nombreuses raisons de le craindre, il ne me semble pas que l’on puisse affirmer qu’« il y a des hommes qui le préfèrent [l'enfer] et qui en font le choix libre et responsable. » Car par définition, nous qui n’y sommes pas (au Paradis ou en enfer), nous n’en savons rien.

    J.M.

    Voici la réponse de Frère Maximilien-Marie :

    Bonsoir Monsieur,
    je viens de prendre connaissance de votre commentaire…
    Malheureusement, mon expérience m’a permis de rencontrer des personnes qui, le plus sérieusement du monde, m’ont affirmé vouloir aller en enfer, refuser l’amour de Dieu jusqu’au bout… etc.
    Déjà dans l’Evangile nous avons le cas de Judas « fils de la perdition », selon l’expression de Notre-Seigneur Lui-même (et cet hébraïsme ne présente aucune équivoque, comme avait pu me l’affirmer le regretté abbé Jean Carmignac), qui est allé « en son lieu » comme le disent ensuite avec pudeur les Apôtres lors de la consécration apostolique de Saint Mathias.
    Il y a très probablement aussi le « mauvais larron », car si le Saint Evangile prend la peine de nous faire remarquer que le « bon larron » a été sauvé, c’est que son comparse, lui, a été réfractaire à la grâce jusqu’à la fin…
    Je ne peux pas refaire toute l’histoire de l’Eglise en quelques lignes, néanmoins je vous rappelle l’horrible fin de Voltaire – dans un désespoir épouvantable – , lui qui avait fait promettre à ses amis, l’assistant sur son lit de mort, de ne pas l’écouter si, dans son agonie, il se mettait à supplier de faire venir un prêtre.
    Je vous rappellerai aussi l’apostat Luther disant à son « épouse » en lui montrant le ciel : « et dire que ceci nous est fermé »…
    Je vous citerai enfin le cas de ces très nombreux francs-maçons qui se promettaient (se le promettent-ils encore ?) de tout faire pour empêcher le prêtre d’approcher d’eux à leurs derniers moments…
    Qu’est ce que tout cela, sinon la ferme intention de ne pas aller au Ciel, de ne pas recevoir la grâce ?
    Je prie néanmoins pour qu’in extremis la grâce se soit frayé et se fraye un chemin jusqu’à leurs âmes…
    Lully n’a pas voulu non plus alourdir son texte par les témoignages des saints et des mystiques (pas des « foldingos », mais des mystiques reconnus par l’Eglise, certains d’entre eux proclamés depuis « docteurs de l’Eglise ») qui ont vu l’enfer, et qui y ont reconnu des personnes qu’ils avaient connues dans leur vie d’ici-bas ; et puis, il y a le fameux cas du docteur Raymond Diocrès dont le cadavre se leva par trois fois au cours de ses funérailles (à Paris en 1082) pour dire qu’il était jugé et condamné au tribunal de Dieu. Cet épisode, contesté par les historiens rationalistes, a été cependant le déclencheur de la vocation de St Bruno et de la fondation des Chartreux !!!
    En vous priant de recevoir l’assurance de mes sentiments religieux,
    in Corde Iesu et Mariae.

    frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur
    (humble secrétaire du Maître-Chat Lully)

  2. le 15 janvier 2015 à 21 h 29 min Erika L. écrit:

    En revenant du blog Benoît-et-moi par rapport à cette thématique, voici un nouveau commentaire de ma part :

    Faut-il être un prêtre médiatique, voire séduisant, pour être sûr de proférer une vérité d’Eglise ?

    Je m’étais posé une question analogue (donc pas tout à fait pareille) lorsqu’un historien français s’était suicidé, il y a près de deux ans, en la cathédrale de Notre-Dame de Paris, en se tirant un balle dans la bouche, et qu’il recevait une homélie de funérailles qui m’a étonnée de la part d’un prêtre que j’avais jusqu’alors cru traditionaliste.

    Bref, je continue à m’interroger sur l’enseignement actuel de l’Eglise concernant la mort – et donc la vie éternelle, soit au Ciel, soit définitivement en Enfer …

    Rhizotomos
    Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat!

  3. le 15 janvier 2015 à 16 h 43 min Carlota écrit:

    Merci pour ce magnifique rappel y compris en utilisant le terme « malgré nous ».

  4. le 15 janvier 2015 à 10 h 47 min Bernard de G. écrit:

    Excellent, l’expression « il n’y a pas de malgré-nous » au Ciel.
    Excellent de nous redire clairement les choses car lors des enterrements trop souvent on aurait tendance à présenter le défunt comme un Saint de vitrail allant directement au Ciel…
    Or rien ne nous dit qu’il n’aille pas en enfer, ou au purgatoire pour se préparer à la vie éternelle, et l’Eglise nous incite à prier pour les défunts.
    Merci !
    BG.

  5. le 15 janvier 2015 à 10 h 26 min Erika L. écrit:

    J’ai l’impression que ce sujet a (aussi) subtilement rapport à la série « Offrir ses vœux ». Me trompé-je ?

    Rhizotomos
    Christus vincit, Christus regnat, Christus imperat !

  6. le 15 janvier 2015 à 8 h 58 min Paulette L. écrit:

    Mon très cher petit Minou,
    Merci beaucoup de nous redire de temps en temps les vérités vraies que les hommes d’aujourd’hui ont oubliées ou refusent de voir.
    Merci encore.

  7. le 15 janvier 2015 à 8 h 36 min Göreme écrit:

    La « liberté » que le Créateur a attribué chaque être humain, est très souvent escamotée.
    Ce texte lui redonne tout son sens.

  8. le 15 janvier 2015 à 7 h 46 min Jean P. écrit:

    EXCELLENTES, les 4 dernières lignes de ce grand mystère !
    Tout y est.
    Merci.

  9. le 15 janvier 2015 à 6 h 51 min Sybille écrit:

    Excellente mise au point !

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