2014-117. « Ainsi Saint Etienne suivit-il Celui qu’il aimait. »
26 décembre,
fête de Saint Etienne, protomartyr.
Notre glorieux Père Saint Augustin a prononcé plusieurs sermons à l’occasion de la fête de Saint Etienne, le premier de la longue cohorte des martyrs.
Au lendemain même du jour de la Nativité, la fête de Saint Etienne vient en effet rappeler aux chrétiens qui auraient tendance à l’oublier, que le Seigneur qui ravit leurs coeurs par les charmes apparents de l’enfance, a été et demeure jusqu’à la fin des temps un signe de contradiction : la paix chantée par les anges dans le ciel de Bethléem n’est ni l’absence de combats, ni la suppression des difficultés et des contradictions, ni la promesse d’une vie paisible et facile…
Les Juifs enragés qui mirent à mort Saint Etienne ont, de nos jours, de nombreux successeurs dans leur haine du Christ et de Ses disciples.
A la suite de Saint Etienne, chacun de nous est appelé au témoignage – au martyre du corps ou du coeur – , chacun de nous est appelé à imiter le Christ Sauveur en passant par la Croix pour entrer dans la gloire.
Annibale Carraci – le martyre de Saint Etienne
« Ainsi Saint Etienne suivit-il Celui qu’il aimait. »
§ 1. Saint Etienne est le premier des martyrs : il resplendit d’un éclat particulier.
Vénérons tous saint Etienne, frères bien-aimés, puisque aujourd’hui nous allumons des flambeaux en son honneur, et qu’en mémoire de lui nous nous réunissons ici dans les sentiments de la plus vive allégresse.
Depuis le crucifiement de Jésus, il n’y avait encore eu aucun martyr ; personne n’avait encore suivi le Christ jusqu’à la mort. Le monde possédait encore les Apôtres ; c’était encore le temps où Saul, pareil à un loup, sévissait contre les chrétiens, et déjà le Sauveur déposait sur le front d’Etienne la couronne de la gloire.
Jusqu’à ce moment, dans les champs et les prés du siècle ne s’était point épanouie la fleur des confesseurs ; le sang du Christ, répandu en terre, n’avait pas enfanté de martyrs. Saint Etienne fut donc le premier germe sorti de cette semence ; ce fut la première fleur qui se montra aussitôt après que la Judée eut fait couler le sang du Rédempteur.
Ivre encore du crime qu’elle venait de commettre, les mains teintes de sang, la bouche encore pleine des cris de mort qu’elle avait, dans sa rage, proférés au tribunal de Pilate, la synagogue ne supporta pas qu’Etienne fût un témoin du Christ ; elle ne voulut voir en lui qu’une sorte de satellite gagé d’un crucifié mis au tombeau ; aussi fit-elle pleuvoir sur lui une grêle de pierres, et ainsi Saint Etienne suivit-il Celui qu’il aimait.
§ 2. Dans ses supplices, Etienne était fortifié par la contemplation du Ciel.
Pendant que les lapidateurs le tenaient sous leurs mains et lui infligeaient le plus cruel supplice, le ciel s’ouvrit devant lui, et il vit le Fils de l’homme assis à la droite de Dieu. La récompense s’étalait aux regards du soldat ; le céleste athlète apercevait le prix que Dieu lui avait préparé ; la couronne (*) réservée au martyr apparaissait à ses yeux ; à cette vue, et tout disposé à mourir, Etienne expose aux coups de ses ennemis furieux un coeur brûlant d’amour pour Dieu, car la palme du triomphe est là, devant lui, dans le ciel ; il touche au port du salut !
Nous ne saurions en douter, mes frères, il contemplait le ciel des yeux de son corps ; la présence du Christ, assis sur un trône, à la droite du Père, le comblait de joie ; en face de pareils témoins, la lutte pour lui ne pouvait être timide, elle fut celle d’un héros. Si, d’un côté, les Juifs accablaient de pierres le martyr, d’autre part, le Christ lui envoyait, du haut du ciel, des couronnes (*) sur lesquelles son sang avait empreint une teinte d’un blanc rosé.
§ 3. L’impiété des Juifs, aveuglés par la haine du Christ et endurcis dans leur rejet de la lumière, ne peut triompher de la foi chrétienne.
A quoi te sert, ô impie synagogue, cet acte de cruauté ?
Tu jettes des pierres à Etienne, et tu travailles encore davantage à l’honorer ; tu lui ôtes la vie, et tu contribues encore plus à l’exalter ; tu le persécutes sur la terre, et, sans le savoir, par tes mauvais traitements, tu l’envoies plus vite au ciel.
Déjà l’âme du martyr, arrivée à ses lèvres, va s’envoler au ciel ; elle y tient déjà par toutes ses puissances ; aussi est-elle devenue insensible à tes coups, et ne prendra-t-elle plus souci de ta force, car elle partage déjà la joie des anges, et comme il se trouve déjà dans les rangs de l’armée des archanges, le confesseur du Christ ne saurait plus redouter les souffrances de ce monde.
Le Père lui adresse la parole, le Fils le console, le Saint-Esprit ranime ses sens affaiblis ; le ciel, avec ses mystérieuses beautés, lui sourit et le rassasie d’avance, comme un de ses habitants, de ses divines richesses ; ainsi devient insensible pour notre martyr le supplice de la lapidation. Pour toi, impie Judée, tu parfais ton crime, tu accomplis jusqu’au bout ton homicide ; à peine as-tu fini de faire mourir le Christ, que déjà son serviteur tombe sous tes coups, comme si, en ajoutant un meurtre à un autre, tu pouvais effacer la souillure du premier. « Voilà », s’écrie Etienne, « voilà que je vois les cieux a ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Act. VII, 55).
Le vois-tu, cruelle Judée ?
Le Christ dans le sang duquel tu as trempé tes mains est vivant dans le ciel. Tu frémis de rage, je le sais bien ; tu ne veux pas entendre dire que Jésus, que tu croyais mort, vit toujours. Car si tu lapides aujourd’hui Etienne, c’est afin qu’il ne continue pas de rendre témoignage de la vie du Christ.
Mais à quoi bon te raidir et vouloir t’opposer à de si nombreuses légions de martyrs ? Parviendras-tu jamais à leur imposer silence ?
Evidemment, non ! « Après cela, je vis », dit Jean, « une grande multitude que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, qui se tenaient debout en la présence de Dieu, revêtus de robes blanches, avec des palmes en leurs mains » (Apoc. VII, 9). Ils portent des palmes dans leurs mains, et de ta bouche s’échappe le feu qui consume ton coeur ; ils tressaillent de joie au sein de la gloire, et tu martyrises ta conscience ; ils règnent avec le Christ que tu as fait mourir, et sur toi demeure éternellement la souillure du sacrilège que tu as commis !
§ 4. Saint Etienne n’a pas seulement imité Notre-Seigneur en étant mis à mort mais aussi en priant pour ceux qui le mettaient à mort : c’est pourquoi il resplendit d’un tel éclat et nous devons l’imiter à notre tour.
Enfin, mes frères, écoutez notre pieux martyr ; écoutez cet homme qui s’était rassasié à une table sacrée et divine, et dont l’âme, en présence des cieux ouverts devant lui, pénétrait déjà les secrets consolants de ce divin séjour. Au moment où les Juifs, emportés jusqu’à la cruauté par leur impiété habituelle, brisaient le corps du martyr sous une grêle de pierres, celui-ci, s’étant mis à genoux, adorait le Seigneur-Roi et disait : « O Dieu, ne leur imputez pas ce péché ! » (Act. VII, 59).
Le patient prie, et son bourreau est inaccessible au sentiment du repentir ; le martyr prie pour les péchés d’autrui, et le juif ne rougit point du sien propre ; Etienne ne veut pas qu’on leur impose ce qu’ils font, et ses ennemis ne s’arrêtent qu’après lui avoir donné le coup de la mort.
Quelle rage ! Quelle fureur inouïe ! Travailler avec d’autant plus d’ardeur à le tuer, qu’ils le voyaient prier pour eux ! Ce spectacle n’aurait-il pas dû plutôt amollir leurs cœurs ?
Notre martyr a donc retracé en lui-même les caractères de la mort de son Maître. Attaché à la croix, sur le point de rendre le dernier soupir, Jésus priait son Père de pardonner aux Juifs leur déicide ; engagé comme le Christ dans les tortueux sentiers du trépas, Etienne a imité son Sauveur, a offert à Dieu le sacrifice de sa vie ; c’est pourquoi il a suivi jusqu’au ciel le Seigneur tout-puissant. Aussi, mes frères, devons-nous nous recommander à ses saintes prières, afin qu’à son exemple nous méritions de parvenir à la vie éternelle.
(*) Saint Augustin fait ici un jeu de mot, puisque le nom grec d’Etienne, Stéphanos, signifie « couronné ».
Vous pouvez laisser une réponse.
Ils ont toujours la nuque raide ! Ne se convertiront-ils donc jamais ?
Saint-Etienne est cher à mon coeur…
C’était le prénom du grand-père maternel de ma grand-mère paternelle. Il le portait bien, c’était un homme bon.