2014-116. Le Noël de celui qui n’est pas venu.

- Conte de Marie Noël -

Soir de la Nativité de Notre-Seigneur,
jeudi 25 décembre 2014 au soir.

Agnolo Bronzino - Adoration (détail 2)

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Pour beaucoup de nos contemporains, qui ont commencé à fêter Noël avant Noël, au soir du 25 décembre, la fête est terminée… avec un sentiment de saturation et de lassitude hépatique pour, souvent, avoir trop bu et trop mangé.

   Pour les chrétiens qui vivent la fête de la Nativité en esprit et en vérité,  et pour lesquels la fête est – avant toutes autres choses – spirituelle, cette fête est loin d’être achevée au soir du 25 décembre ; tout au contraire, la fête vient tout juste de commencer, et va durer huit jours : c’est l’octave de la Nativité.

   Je vous souhaite donc, Amis lecteurs, une sainte fête de la Nativité et je veux particulièrement remercier tous ceux qui nous ont envoyé des messages, des cartes, des courriels, des présents et des offrandes, pour soutenir le Refuge Notre-Dame de Compassion, …etc.
Pendant tout ce temps de la Nativité, vos personnes et vos intentions sont présentées d’une manière très spéciale au Coeur doux et humble de l’Enfant Jésus en Sa crèche, et à l’intercession de Sa Très Sainte Mère, si compatissante à toutes nos nécessités : qu’ils vous protégent, vous gardent et vous bénissent !

   Je n’en dis pas davantage pour ce soir, et vous laisse méditer un très beau conte de Noël que nous devons à cette merveilleuse poétesse que fut Marie Noël…

Lully.

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Agnolo Bronzino - Adoration (détail 1)

Le Noël de celui qui n’est pas venu :

       La veille de Noël, la vieille Mère Rachel se prépara comme tous les ans à conduire tous ses fils à la Crèche.
Elle appela ses trois fils préférés : Simon, celui qui travaillait la terre ; Lazare l’ouvrier forgeron ; et André, celui qui allait encore à l’école.

   Elle avait aussi un autre fils, né d’un autre lit.
C’était un homme qui avait énormément travaillé et beaucoup épargné pour aider sa mère Rachel à élever ses trois petits frères. Il avait aussi reconstruit et entretenu de ses deniers la maison familiale et il continuait toujours à donner généreusement.
Pourtant, ses frères ne l’aimaient pas. Ils lui enviaient ses capacités à faire le bien ; ils en étaient jaloux. Aussi le tenaient-ils à l’écart et n’hésitaient pas à le railler quand ils le croisaient en chemin.

   En cette veille de Noël, Rachel frappa à sa porte.
« Jean  dit-elle, je pars tout à l’heure adorer le Seigneur Jésus. Mais la route est un peu longue jusqu’à Bethléem et je n’ai pas assez de vivres. Peux-tu me donner des provisions ? »

   « Voici mes clefs, répondit Jean, celle du grenier, celle du cellier, celle de la cave. Prends tout ce qu’il te faut et même plus. Mes frères ne doivent manquer de rien pour ce beau voyage qui sera une grande fête ! »

   Sa mère prit les provisions et s’en fut mais aussitôt elle revint…
« Le manteau de ton frère Simon est râpé, il aura froid en route, donne-moi un vêtement pour lui. »

   « Prends mon manteau, ce sera pour moi une grande joie de savoir mon manteau aller à Bethléem sur les épaules de mon frère ! »

   Mère Rachel prit le manteau mais revint encore.
«  Les souliers de ton frère Lazare ont de bien mauvaises semelles. Tu ferais bien de m’en donner une paire pour lui. Tu en as une de rechange et il fait ta pointure. »

   « Prends mes souliers du dimanche, ce sera une grande joie pour moi de savoir mes souliers neufs aller à Bethléem aux pieds de mon frère ! »
Mère Rachel s’en fut avec les beaux souliers et le bruit du départ s’éleva dans la cour.

   Alors, Jean parut timidement sur le seuil.
« Mère Rachel, dit-il, ne m’emmènerais-tu pas avec vous pour adorer l’enfant Jésus à la Crèche ? »

   Mais aussitôt les frères s’indignèrent : « Tu es trop vieux pour nous suivre, tu nous retarderais en plus tu n’es pas vraiment de la famille. Et puis, tu es riche et Dieu n’aime pas la richesse. »

   Jean retira de son doigt un petit anneau d’or : « Tiens, dit il à son frère André, prends mon anneau, tu le remettras en cadeau de fête à notre Petit Seigneur. »

   « Non, répondit André, ton or ne vaut rien devant Lui. »

   « C’est vrai, dit humblement Jean. Alors, porte mon coeur à Jésus pour qu’Il me fasse miséricorde. »
Les frères se moquèrent de lui…
Jean baissa la tête parce qu’il se sentait rejeté de la grâce de Noël.

   La Mère Rachel partit avec ses fils préférés.
Quand ils arrivèrent à Bethléem, ce fut une grande fête à la Crèche. Mère Marie et Mère Rachel étaient si contentes de se revoir ! C’est qu’elles se connaissaient de longue date!

   Rachel présenta ses garçons : « Les voici, dit la vieille mère. Celui qui a la faucille, c’est Simon ; celui qui le marteau, c’est Lazare ; celui qui n’a qu’un livre, c’est André. N’est-ce pas qu’ils sont jeunes et forts et plein de courage ! »

« Ne manque-t-il pas quelqu’un ? » demanda Marie.
« Personne ! » dit André ;
« Seulement le riche ! » poursuivit Lazare.
« Rien que le vieux ! » expliqua Simon.

   « De si haut où je demeure, je ne connais les humains que par leur nom d’humain. Et je connais Jean, âme de bonne volonté. Mais pourquoi n’est-il pas venu ? », questionna Marie…
La question de Marie resta sans réponse ; alors, elle se tourna vers Jésus et murmura : « Ah ! Petite bouche de Dieu, jusqu’à présent tu n’as guère parlé qu’à des sourds et tu parleras, j’en ai peur, à bien des sourds encore. »

   Puis, elle l’assit sur ses genoux pour recevoir selon l’usage les offrandes. Les trois fils se prosternèrent et offrirent leurs présents : une faucille pour Simon et sa peine des quatre saisons ; un marteau pour Lazare et sa fatigue de toute la semaine ; un livre pour André et l’espoir de l’établissement d’une cité plus juste en détruisant les cités injustes.

   Le regard de Jésus semblait triste.

   Alors, Mère Rachel prit l’anneau qu’elle avait caché près de son coeur sous son vêtement. Elle déposa aussi le bon manteau qu’avait porté Simon, les chaussures qui avaient servi à Lazare et une part de provisions.
L’anneau luisait d’une grande lueur et le Petit Seigneur riait, tendant les mains à sa lumière comme un enfant s’amuse avec une belle flamme de feu.

   Marie dit doucement : « Je te remercie, Mère Rachel et je remercie tes fils d’avoir apporté au mien des présents d’un tel amour. Car, en vérité, on sent plus d’amour dans un seul de ces vêtements que dans le travail de toute une vie. A l’an prochain, Mère Rachel. Retournez à la maison et allez dire à Jean : « Celui qui a été béni à la Crèche, c’est celui qui n’est pas venu. »

   Souvenez-vous, que sert à l’homme de perdre l’Amour ?

Marie Noël.        

Agnolo Bronzino L'adoration des bergers 1539-40

Agnolo Bronzino : Adoration (1539-40) 

Autres contes en rapport avec le temps de Noël :
- Merveilleuse visite de l’Epiphanie > ici
- « La dernière visiteuse » (J. et  J. Tharaud) > ici
- « Te hominem laudamus » (Marie Noël) > ici
- La légende de la sauge > ici

B.D. « Pourquoi ? » > ici

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3 Commentaires Commenter.

  1. le 24 décembre 2021 à 17 h 46 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Oui, merci pour ce conte merveilleux.
    Saint et Joyeux Noël.

  2. le 26 décembre 2014 à 16 h 01 min Kimcat écrit:

    Un beau conte de Noël.
    Bien cha(t)micalement.
    Béa kimcat

  3. le 26 décembre 2014 à 13 h 03 min Yvette B. écrit:

    Merci.
    Et Joyeux Noël.
    YB

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