2014-114. « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique ».

Dimanche de « Rorate », 4ème de l’Avent,
21 décembre 2014, au soir.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

   En ce quatrième dimanche de l’Avent, dans sa prédication, Monsieur l’Abbé Henri V. a donné une suite à son sermon de dimanche dernier (cf. > ici).
Je sais que beaucoup d’entre vous ont apprécié ce texte et je ne doute donc pas que vous serez tout aussi nombreux à lire avec attention et à méditer ces enseignements…

                                                          Lully.

Willem van Herp - la Visitation, 1659

La Visitation – Willem van Herp (1614-1677)

Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu
et la mettent en pratique !

Homélie de Monsieur l’Abbé Henri V.
à l’occasion du dimanche de « Rorate » 21 décembre 2014 :

       Après avoir considéré la Foi comme l’adhésion surnaturelle à la Parole de Vérité reçue de Dieu, il convient d’insister sur la nécessité de vivre la Foi en tant que Parole de Vie, et de conformer sa vie de tous les instants à la grâce de son baptême : à cette condition, le croyant est véridique, cohérent et fidèle, de sorte que le Christ peut effectivement développer en lui la justice de sa grâce et en faire un authentique chrétien disposé à la sainteté.
Celui qui prétend être religieux alors qu’il se complaît dans une Foi dont il n’accomplit pas les oeuvres – les oeuvres de lumière – , ne peut pas plaire à Dieu, et s’illusionne dans une religion vaine et stérile.

   Puisque la Foi est lumière, elle ne se contente pas de montrer la route, elle ne s’arrête pas à la connaissance de la Vérité révélée. Elle n’en reste pas au point de s’en tenir à une théorie abstraite, ce qui la réduirait soit à une idéologie faite de formules et de slogans sans aucune sagesse de vie, soit à une religion formaliste imposant une morale communautaire de contraintes et d’interdits sans aucune liberté d’amour.
La Foi n’est pas auto-suffisance, ni passeport de bonne pensée, ni lettre morte. Au contraire, puisqu’elle procure la vie éternelle, elle ouvre la voie, elle met en route sur le chemin du Royaume, elle inspire la force de l’Espérance et la ferveur de la Charité, elle souffle l’esprit des Béatitudes. La Foi est esprit vivifiant, vertu d’agir, puissance au bien, dynamisme de sainteté.
La fidélité du croyant implique la présence et l’activité de la grâce, avec la recherche continuelle de la perfection chrétienne au sein des innombrables occupations quotidiennes, même les plus humbles, toutes, accomplies avec le Christ.

   Pour les Anciens et nos Premiers Pères dans la Foi, eux qui, par la fougue sacrée de leur conversion résolue, ont répandu l’Evangile, édifié l’Eglise et fait la Chrétienté, c’était un devoir d’honneur et de fidélité : ils auraient perçu les fautes contre la Foi et la Charité comme un retour à leur ancien paganisme et une trahison à l’amour que Dieu leur avait offert. Plus encore, parce qu’ils avaient une pleine conscience de leur nouvel état, ils ne pouvaient imaginer qu’un chrétien ne conforme pas sa vie à ce qu’il était devenu au baptême : un racheté, un élu, un enfant de Dieu, un héritier et un citoyen du Ciel ; un homme juste et saint, aimant et vivant désormais non pas comme un homme ordinaire, mais selon le Christ.

   Avouons-le : cet idéal déroute nos contemporains pour lesquels la religion n’engloberait pas tout l’homme ; ils peinent à croire que l’action du Christ puisse purifier, guérir, habiter, élever et sanctifier l’intégralité de notre nature.
En Eglise aussi beaucoup de pratiquants séparent la religion de l’ensemble de leurs préoccupations, empêchant ainsi la grâce d’embrasser et d’imprégner toute leur existence.
Le naturalisme est le grand fléau de notre époque : les catholiques y perdent la raison même de leur Foi.

   En créant l’homme dont il réparera le péché, Dieu a choisi de l’adopter comme son fils. Aussi, pour révéler le mystère de cette surprenante élévation à l’intimité divine – objet d’une miséricorde infinie – la Providence a pris soin de marquer l’avènement du Messie par des évènements significatifs.
Ainsi, aux premières lueurs du Salut, des Rois Mages, venus de la lointaine Orient, apparaissent comme les témoins inattendus de la vocation à la lumière d’en-haut. Prémisses de la Foi et modèles de sagesse, ils scrutent le ciel, voient l’étoile, croient, se mettent en route et suivent la voie tracée devant eux ; puis ils adorent et offrent leurs présents à l’Enfant nouveau-né qu’ils reconnaissent comme Dieu, Roi et Sauveur de l’humanité. Leur étonnante entrée sur la scène de l’Eglise naissante figure le dessein de Dieu d’inviter tous les hommes au Banquet nuptial, bons ou mauvais, croyants ou non, et, à cette fin, de les transformer intérieurement par le don de la Foi et l’action de la grâce.

   Ouvrons donc l’Evangile.
Nous y voyons tout d’abord Jésus déclarer avec autorité qu’Il n’est pas seulement la vérité, mais aussi la vie sans laquelle tout est perdu.
Ensuite Il annonce la nécessité de cette renaissance dans l’eau et l’esprit, explique à ses disciples que le croyant possède déjà la vie éternelle, que le Royaume des Cieux est déjà parvenu en eux, les exhortant à la perfection ; tandis qu’Il condamne ceux qui, installés dans une religion de façade, imposent aux autres de lourds fardeaux.
Enfin, et nous touchons là à l’un des aspects les plus beaux de l’Evangile, Jésus prouve la vérité de sa religion et la réalité de sa filiation divine en accomplissant les oeuvres de son Père.
Et que sont-elles ces oeuvres ?
Ce sont les oeuvres du Messie annoncées dans l’Ancien Testament et relatées ici comme l’histoire illustrée du Salut parmi les hommes : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Matth. XI).

   Dans les épîtres, les Apôtres développent ce programme évangélique de guérison spirituelle et de justice qui s’incarne dans la Charité. Saint Jacques, en quelques mots choisis, résume ainsi : « La religion pure et sans tâche aux yeux de Dieu le Père, la voici : c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse et de se préserver des souillures de ce monde » (Jac. I, 27).
Tel est le secret d’une authentique sainteté : l’union à Dieu par la Foi, une Foi sûre et éclairée, celle-ci entraînant l’adhésion de sa vie à la vérité de sa vocation.

   Chef d’oeuvre de la grâce, la Vierge immaculée donne la parfaite illustration de ce dynamisme de la Foi et de la Charité dont le fruit est Jésus-Christ habitant parmi nous. Marie a spontanément cru à la Parole de Dieu, et, parce qu’elle a cru, elle a adhéré aux desseins du Père dont elle a permis la réalisation : c’est ainsi qu’elle a conçu, enfanté, mis au monde et nourri le Fils du Très-Haut. Cependant, en empruntant la charité fraternelle à l’amour de Dieu, la Sainte Vierge s’empressera d’aller visiter sa cousine Elizabeth et, plus tard, elle prendra soin du vin au banquet des Noces de Cana, donnant ainsi le visage d’une religion accomplie ô combien aimable !

   N’est-ce pas pour célébrer ce Mystère de Marie, mais aussi pour proclamer l’oeuvre admirable de notre justification dans le Christ que l’Eglise, à l’approche de Noël, reprend ces paroles du prophète : « Cieux, répandez d’en-haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste ! Que la terre s’entrouvre et fasse germer le Sauveur ! » (Isaïe 45, 8) ?

   J’entends bien l’objection de celui qui me mettra en face de ma propre misère et soulèvera l’incapacité de l’humaine condition, nous renvoyant à la triste réalité de nos iniquités. Comment donc concilier notre faiblesse et notre inconstance avec l’idéal de sainteté ?
Nous répondons que la puissance de Dieu opère justement dans la faiblesse, à la mesure de l’humilité et de la contrition, et que l’espérance reçoit de l’Evangile de la Rédemption l’assurance d’un pardon toujours plus efficace pour un amour toujours plus intense.

   Le croyant est optimiste, de l’optimisme de la grâce : il se sait aimé de Dieu et sauvé par Jésus ; sa religion lui inspire les plus grands désirs. Voilà pourquoi Noël déborde tant de joie, chante la gloire de Dieu au plus haut des cieux et la paix sur terre aux hommes de bonne volonté !
Noël, c’est la grâce de naître, de vivre et d’aimer en enfant de Dieu, c’est la grâce d’être délivrés de tout mal et d’être appelés au Royaume des Cieux.
Reconnaissant donc la dignité d’une si sublime vocation, vivons et grandissons auprès du Christ, parce qu’Il est le Bon Pasteur venu nous emmener au-delà de nos propres limites jusqu’au sein du Père, là où la vie éternelle ne connaîtra ni pleurs ni larmes, là où tant d’efforts seront récompensés, là où la Foi sera dissipée par la vive clarté de la vision béatifique et où la grâce laissera la place à la gloire.

   Les premiers chrétiens, habités par le souvenir récent de Jésus, possédaient la jeunesse et la passion de l’amour tout neuf. Mais nous, fatigués sous le poids des désarrois et confrontés à la vieillesse d’un monde archaïque envahi par une culture de mort, comment pouvons-nous fortifier et renouveler notre Foi dont le témoignage a la puissance d’inverser le cours d’une histoire plus sombre que jamais ?

   L’ultime solution réside encore et toujours dans la confiance ; il ne resterait que la confiance, elle suffit : en remettant avec ferveur et sans crainte notre pauvreté, rien que notre pauvreté, toute notre pauvreté, entre la douceur et l’humilité du Cœur de Jésus, trésor de bonté. Car, n’est-ce pas de ce Dieu qui apparaît avec la plénitude de sa miséricorde que nous recevons, pieusement, le don précieux de la fidélité ?

Carlo Maratti vers 1650 la Sainte Nuit (Dresde)

La Sainte Nuit – Carlo Maratti (1625-1713)

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2 Commentaires Commenter.

  1. le 22 décembre 2014 à 10 h 00 min Béa Kimcat écrit:

    Merci pour cette homélie…
    Bien cha(t)micalement.
    Béa Kimcat

  2. le 22 décembre 2014 à 9 h 09 min Agnès écrit:

    Grandiose !

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