2014-112. « Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu, et qui marchent à la lumière de la Foi ! »
Dimanche de Gaudete 14 décembre 2014 au soir.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Je ne veux pas achever ce jour sans vous adresser le texte de l’homélie prononcée ce dimanche matin par Monsieur l’Abbé Henri V., à l’occasion de la Grand’ Messe célébrée selon le rite latin traditionnel, en l’église de C.
Frère Maximilien-Marie m’en a rapporté le texte dont la lecture m’a enchanté, tout comme son audition avait énormément plu à notre Frère : je ne doute pas qu’un grand nombre d’entre vous saura l’apprécier et tirer un grand profit spirituel de sa méditation…
Lully.
Le triomphe de la Foi
Charles Le Brun – Vaux-le-Vicomte (1658-60)
Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu,
et qui marchent à la lumière de la Foi !
Homélie de Monsieur l’Abbé Henri V.,
à l’occasion du dimanche de « Gaudete » 14 décembre 2014
Parmi les grâces que nous apporte la célébration de Noël : ô combien précieuse et nécessaire, la grâce d’une Foi toujours plus vive et plus ferme, toujours plus grande et plus éclairée.
La Foi est un don du ciel que Dieu offre ici-bas à tous les hommes de bonne volonté en vue de leur salut.
Au fondement et au cœur de l’Alliance éternelle entre Dieu et les hommes, elle consiste principalement à croire que Jésus-Christ est le Verbe consubstantiel et le Fils unique de Dieu, venu sur terre, revêtu de notre humanité, afin de sauver le genre humain déchu par le péché, né de la Vierge Marie, et dont Noël célèbre la naissance miraculeuse et merveilleuse.
Durant les siècles d’attente de l’Ancien Testament, les hommes étaient justifiés par la Foi au Messie à venir ; depuis Noël, ils sont désormais sauvés et sanctifiés par la Foi en Jésus-Christ qu’ils reconnaissent comme le Messie, le Rédempteur du genre humain, le Roi des nations, la Lumière d’En-Haut qui éclaire tout homme venant en ce monde.
Il est surprenant qu’en nos temps où se répandent de plus en plus les ténèbres soit de l’apostasie, soit de l’indifférentisme, soit de l’ignorance, à l’heure où les institutions ecclésiales parlent tant de nouvelle évangélisation, les ministres de l’Eglise semblent en oublier l’objet essentiel, lequel consiste en la prédication de la Foi, de la Foi qui sauve et procure la vie éternelle.
Et quant à nous ?
Je voudrais, vous voudriez – n’est-ce pas ? – que, l’âge avançant, nous puissions témoigner avec l’Apôtre, animé à la fois par l’audace de l’humilité et la confession de la Vérité : « J’ai combattu le bon combat, j’ai accompli mon ministère, j’ai gardé la Foi. Il ne me reste plus qu’à recevoir la couronne de justice, qu’en ce jour-là me donnera le Seigneur, le juste Juge, et non seulement à moi, mais à tous ceux qui auront attendu avec amour Son avènement » (2 Tim. IV, 7-8) !
Pourquoi insister ainsi sur la Foi ?
Mais parce que la Foi, c’est la vie ; parce que la Foi, c’est la lumière ; parce qu’elle est la pensée même de Dieu. La certitude en face du doute ; la réponse à toutes les interrogations ; le remède aux illusions et aux mensonges, aux slogans et aux idéologies. Elle est la plus haute consolation parmi les tristesses ; elle est la seule vraie lumière qui montre la route, toutes les autres lumières sont caduques, relatives, conjecturales…
Ainsi, comment ne pas être lassé par ces mêmes mots qui reviennent sans cesse dans le discours moderne : amour, partage, accueil, miséricorde, communion, lorsque ces mots, que n’éclaire plus la lumière de la Foi, se trouvent vidés de leur propre substance ?
Il y a une sorte de détournement de l’Evangile, qui est pire que sa négation.
Ouvrons le Nouveau Testament : on s’apercevra vite que, dans l’enseignement de Jésus, la vertu de Foi revêt une importance capitale.
Jésus admire la Foi, récompense la Foi, donne à la Foi de faire des miracles, reproche la lenteur à croire, prédit la condamnation de ceux qui n’auront pas cru, promet à la Foi de faire jaillir des fleuves d’eau vive, Se demande si à Son retour Il trouvera la Foi sur terre.
Surtout, Il annonce que celui qui croit possède déjà la vie éternelle.
Quant au contenu de la Foi, il ne s’agit pas d’un ensemble plus ou moins vague, ou abstrait, de notions aux contours imprécis, susceptibles d’évoluer comme le sont les opinions humaines voire les hypothèses scientifiques, mais d’un corps de doctrine cohérent et définitif.
C’est pourquoi, ainsi que l’a énoncé Saint Athanase sous un mode solennel en tête de son symbole (texte complet du symbole de Saint Athanase > ici) : « Quiconque veut être sauvé doit avant tout adhérer à la Foi catholique ». Et le grand Docteur poursuit : « Quiconque ne l’aura pas gardée dans son intégrité inviolable périra sans aucun doute pour l’éternité ».
Insistons sur ce point que nos contemporains ont tendance à oublier.
La grandeur de l’objet de la Foi se mesure non à son importance dans la vie humaine au risque de le réduire à un sentiment ou à une expérience subjective, mais à son caractère proprement surnaturel.
Réduire la Foi, en ne lui accordant qu’une valeur subjective, voilà le péché du monde moderne ; il ne faut pas chercher plus loin la cause de ses maux.
La Foi consiste à adhérer à la Vérité divine que Dieu révèle.
Dès lors, dans mon acte de Foi, mon intelligence ne rend pas hommage à sa propre croyance, mais à la transcendance de la Vérité incréée.
C’est pourquoi la plus légère atteinte au contenu de la Foi catholique est une offense qui remonte à Dieu Lui-même. Une des conséquences sera que le péché contre la Foi – l’hérésie – est le plus grand de tous : contredire la Parole divine elle-même détruit en nous la lumière de la Foi qui unit à Dieu.
La lumière de la Foi nous introduit dans un monde de vérité absolue, fondée sur la Parole du Verbe de Dieu. De sorte que le chrétien qui a la Foi possède infailliblement la vérité et vit avec la certitude d’être dans le vrai. Dans notre condition de « voyageurs » – homo viator – sur cette terre, certes, l’obscurité qui nous enveloppe peut susciter quelque doute, mais la confiance en la Parole de Dieu est plus forte que nos craintes.
A celui qui n’a pas la Foi, ou pour lequel il n’y a pas de vérité, protestant que chacun a sa propre vérité – toute relative en conséquence – , qui nous reprochera même notre prétention et notre autosuffisance de paraître les seuls à détenir la vérité, nous lui répondrons que c’est la vérité reçue de Dieu, que ce n’est effectivement pas notre vérité, que nous n’en sommes pas les possesseurs ni les auteurs évidemment.
Nous conviendrons peut-être avec lui que la vérité nous dépasse infiniment, qu’elle nous restera toujours profondément mystérieuse.
Mais lorsque le Seigneur vient jusqu’à nous, nous dévoiler Son mystère et nous parler, alors la raison humble servante, écoute, reçoit, apprend ; et puis, elle pénètre et contemple, cherche à progresser : Crois pour mieux comprendre, et comprends pour mieux croire !
C’est ce à quoi nous nous appliquerons de grand cœur auprès de la crèche, devant l’avènement du Fils de Dieu et la naissance du divin Enfant de la Vierge Marie : nous serons de plus en plus sûrs et certains de ce Dieu qui nous apparaît de plus en plus mystérieux !
Bienheureux ceux qui croient à la Parole de Dieu, et qui marchent à la lumière de la Foi !
L’adoration des bergers
Charles Le Brun – Musée du Louvre (1689)
Articles connexes :
Histoire de la dévotion à la crèche > ici
Neuvaine préparatoire à la Nativité, du 16 au 24 décembre > ici
« Ero Cras » - le sens des grandes antiennes « O » > ici
« Le mystère de Noël » - Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) > ici
« Pourquoi ? » (Bande dessinée) > ici
« Chemin de Bethléem, école d’oraison » > ici
Vous pouvez laisser une réponse.
Il est vrai que le détournement de l’évangile est pire que sa négation, car il conduit à l’erreur, au subjectivisme… celui que nous retrouvons dans cette société matérialiste : partage communion, le « TOUS ENSEMBLE ».
Oui, la Foi est un don de Dieu.
Elle n’est pas ce que je crois selon ma pensée (subjectivisme). Je la reçois de Dieu. Elle ne peut être autrement que ce qui nous a été révélé par Notre Seigneur Jésus-Christ.
Toute théologie, toute exégèse, ne peuvent avoir pour référence que la vérité révélée que nous enseigne l’Eglise (objectivisme).
« Il y a une sorte de détournement de l’Evangile, qui est pire que sa négation. »
oui, parce que le petit fidèle , peut y « perdre son latin » …ne plus savoir que croire … et on se sent alors proche de notre « jumeau » St Thomas, notre jumeau qui était très attaché à Notre Seigneur Jésus,mais qui veut garder les pieds sur terre,rester fidèle à ce qu’on lui a enseigné,qui ne veut pas se laisser embarquer dans des délires …
Alors il faut revenir en arrière quand on était petit enfant ,quand avec notre Grand-Mère on disait : » Petit Jésus de Bethléem, je Vous adore et je Vous aime » : et alors tout revient en place .
Un grand merci pour cette homélie (en deux parties ).
Merci, très cher Frère, pour cette très belle homélie.
Quant aux articles connexes, se sont de pures merveilles.
Respectueusement vôtre.
Reine-Claude