2014-110. Le fac-similé de la Sainte Maison de Lorette à La Flocellière.
10 décembre 2014,
fête de Notre-Dame de Lorette.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Ceux qui connaissent bien le Mesnil-Marie savent que nous y nourrissons une fervente dévotion à la Santa Casa de Lorette, dont je vous avais entretenus au tout début de mon blogue (ici > « De la translation de la Sainte Maison de Lorette »).
Frère Maximilien-Marie a eu l’immense bonheur de s’y rendre en pèlerinage à plusieurs reprises et aujourd’hui il n’a pas manqué de me faire remarquer que nous étions exactement au sept-cent-vingtième anniversaire de son arrivée à Loreto – le 10 décembre 1294 – , après avoir au préalable fait escale en Illyrie, puis dans deux autres lieux du territoire de Recanati.
Comme nous sommes encore dans l’année jubilaire du huitième centenaire de la naissance de Saint Louis, notre Frère m’a également montré une photo (malheureusement pas très nette) qu’il a prise lors de son dernier pèlerinage à Lorette, en avril 2010, et qui montre, dans la chapelle française de la basilique (qui est aussi la chapelle du Très Saint Sacrement), au-dessus de l’autel, la représentation de la communion de Saint Louis dans la Sainte Maison (qui se trouvait alors encore à Nazareth) :
Basilique de Lorette (Loreto), chapelle française :
Saint Louis recevant la sainte communion dans la sainte maison de Nazareth.
Il y a en France plusieurs chapelles ou sanctuaires qui sont placés sous le vocable de Notre-Dame de Lorette.
L’un des plus célèbres aujourd’hui, entré dans l’histoire en raison des combats acharnés dont il fut le théâtre au cours de la première guerre mondiale, se situe en Artois, près d’Ablain-Saint-Nazaire : la colline de Lorette est maintenant une immense nécropole où se perpétue le souvenir des soldats tombés lors des épisodes sanglants de 1914-1918 ; au milieu des étendues de croix blanches, la chapelle dédiée à Notre-Dame de Lorette a été rebâtie.
Mais c’est d’un autre sanctuaire, tout à fait remarquable, que je voudrais vous parler en ce jour : il est sis sur la paroisse de La Flocellière, au pied de Saint-Michel Mont-Mercure, en bas-Poitou, aux confins de l’Anjou, actuel département de la Vendée.
Là se trouve en effet un fac-similé d’une minutieuse exactitude de la Santa Casa de Lorette.
A l’origine de cette chapelle, il y eut une histoire d’amour un peu rocambolesque, puisque, au début du XVIIe siècle, le marquis de La Flocellière, Jacques de Maillé-Brezé, enleva, pour l’emmener dans son château de La Flocellière, la princesse écossaise Elizabeth Hamilton, dont il s’était follement épris et qui avait jusqu’alors repoussé ses avances.
Las ! alors qu’elle avait enfin consenti à l’épouser, mais avant que ne fussent célébrées les noces, la belle Elizabeth tomba gravement malade et trépassa.
Parmi ses dernières volontés, il y avait celle de doter la construction d’un couvent et d’une église dédiés à Notre-Dame de Lorette.
En juin 1617, Jacques de Maillé-Brezé passa contrat avec les Carmes pour qu’ils construisent, sur les terres qu’il leur donnait, une église conventuelle, un cimetière et un cloître avec ses bâtiments attenant. Il leur assurait aussi un revenu fixe.
Jacques de Maillé-Brezé mourut avant de voir l’oeuvre achevée (dans la dernière moitié du XVIIe s).
Les Carmes restèrent à La Flocellière quelque cent-cinquante ans. A la veille de la grande révolution, on dit qu’ils n’étaient plus que quatre. Les lois impies les forcèrent à quitter les lieux ; le couvent et l’église furent vendus comme biens nationaux ; puis le passage des colonnes infernales les réduisit à l’état de ruines fumantes.
En 1828, un médecin de La Flocellière racheta ce qui restait de l’église, en fit relever les murs et y fit poser un toit pour la transformer en… grange à foin et remise à bois.
Cela dura une quarantaine d’années.
C’est alors que fut nommé à la cure de La Flocellière l’abbé Joseph Dalin, un prêtre au zèle infatigable et au coeur rempli d’audace.
L’abbé Joseph Dalin (1800-1884), curé de la Flocellière.
Non content de racheter l’ancienne église conventuelle, en 1867, et de la faire restaurer pour la rendre au culte (1869), l’abbé Dalin conçut une idée que nombre de pieuses personnes « sérieuses » et « raisonnables » ne pouvaient manquer de qualifier de pure folie : au chevet de la chapelle restaurée de Notre-Dame de Lorette de La Flocellière, et communiquant avec elle, édifier une chapelle qui soit la réplique à l’identique de l’intérieur de la Sainte Maison de Lorette.
Et quand je dis « à l’identique », je ne veux pas parler d’une approximative ressemblance, mais bien d’un fac-similé des plus exacts, des plus rigoureux, des plus précis : au millimètre près et dans les moindres détails !
Pour cela, l’abbé Dalin envoya à Loreto un artiste nantais, Félix Benoist, peintre, dessinateur et lithographe.
Félix Benoist rapporta de Lorette les plans détaillés et millimétrés de l’intérieur de la Santa Casa.
Cette construction à l’identique eut lieu au cours de l’année 1873, si bien que le jour de la fête de Notre-Dame de Lorette, 10 décembre 1873, Son Excellence Monseigneur Charles-Théodore Colet, évêque de Luçon (et archevêque de Tours moins d’un an plus tard), vint bénir le fac-similé de la Sainte Maison au cours d’une grandiose cérémonie.
Pendant trois-quarts de siècle environ, la reproduction de la Sainte Maison de Lorette à La Flocellière fut un lieu de pélerinage des plus fréquentés : on y dénombra plus de cinq mille pélerins en une seule journée (22 août 1944).
Mais la deuxième moitié du XXe siècle vit disparaître processions et pélerinages : le clergé moderniste, le clergé « recyclé » dans « l’esprit du concile » n’apprécie pas trop les récits de miracles (« La translation de la Sainte Maison de Nazareth jusqu’à Lorette : quelle pieuse blague ! »), ni les démonstrations de la dévotion populaire…
Lorsque notre Frère Maximilien-Marie a visité les lieux, dans les dernières années du XXe siècle, la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière était rarement ouverte, et seulement en été ; elle ne servait plus au culte et présentait des signes de détérioration bien inquiétants. A son chevet, le fac-similé de la Santa Casa donnait une désolante impression d’abandon et de tristesse.
Fort heureusement, nous avons appris qu’il n’en est plus ainsi : la commune de La Flocellière, ayant pris conscience qu’elle possédait là un trésor, aidée par des subventions et des dons de particuliers, a fait procéder à une belle restauration.
Par ailleurs, l’édifice a été inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques.
Le site du diocèse de Luçon, de son côté, présente ce sanctuaire comme « un lieu spirituel très fort qui n’attend plus qu’un nouveau pèlerinage ! ». Puisse-t-il en être ainsi !
La Flocellière : fac-similé de la Santa Casa après restauration.
Ceux qui ont eu la grâce de se rendre en pèlerinage à Lorette m’objecteront peut-être :
« Mais, Lully, sur les photos que vous publiez ci-dessus, je ne reconnais pas exactement l’intérieur de la Sainte Maison tel que j’ai pu le voir de mes propres yeux ! »
En effet, le fac-similé de La Flocellière n’est pas conforme à l’état actuel de la Santa Casa, à Loreto.
Mais cela ne signifie pas que la copie est infidèle : c’est tout simplement parce qu’en 1921 un incendie a ravagé le sanctuaire de Loreto, et a même détruit le mobilier intérieur de la Santa Casa, au point que l’antique statue de cèdre de la Madone qui y était exposée et vénérée a été entièrement consumée (la statue actuelle a été refaite en 1922 dans le bois d’un cèdre des jardins du Vatican donné par Pie XI).
La restauration de l’intérieur de la Santa Casa, après 1921, si elle n’a pas modifié substantiellement la disposition des lieux n’a néanmoins pas consisté en une réhabilitation exacte de ce qui y existait avant l’incendie.
Ainsi donc, le fac-similé de La Flocellière nous donne-t-il un précieux et fidèle témoignage de ce qu’était la Sainte Maison de Lorette exactement telle que l’ont vue et y ont prié Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Saint Benoît-Joseph Labre, le Bienheureux Pie IX, Saint Pie X, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ou Saint Maximilien-Marie Kolbe, pour ne citer, parmi tous les illustres saints pélerins de Lorette, que quelques uns qui nous sont particulièrement chers.
La Flocellière : fac-similé de la Santa Casa, le rétable après restauration.
Voilà donc une petite merveille de notre patrimoine religieux que je voulais vous faire découvrir (ou redécouvrir peut-être), chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion.
Si vous êtes de passage en bas-Poitou, n’hésitez pas à faire un petit détour, à seulement quelques kilomètres au Sud-Est des Herbiers, pour aller visiter la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière et vous recueillir dans cette reproduction exacte de la Sainte Maison dans laquelle le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous.
Lully.
Selon les indications que nous avons recueillies, la chapelle Notre-Dame de Lorette de La Flocellière est maintenant ouverte tous les jours de 9 h. à 19 h. – Visites guidées sur rendez-vous. Tél. : 02 51 57 27 05 > Association La Boulite.

Vous pouvez laisser une réponse.
Merci de nous faire connaître ces informations précieuses, qui me ravissent le cœur.
Il doit encore y avoir aujourd’hui en France des prêtres comme l’abbé Dalin.
Très intéressant et un grand MERCI de nous avoir fait connaître cette richesse si mal connue (pour un ignare comme moi!).
Merci de votre article.
Nous organisons les vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 juin 2016, un petit pèlerinage des pères de famille (abbaye de la Grainetière – abbaye de Beauchêne) et nous ferons une halte spirituelle à la Santa Casa.
Quelle belle histoire ! Merci !
Bonne fête de Notre-Dame de Lorette au Mesnil-Marie !
Il y a quelques années déjà (nous devenons vieux!) nous allions à Ancône pour prendre de ferry afin de traverser l’Adriatique.
Je sortais d’un premier cancer, qui m’avait fortement « secouée » de peur de mourir.
Très affaiblie, je prenais quand-même la décision de partir en voiture, seule avec les enfants, pour me prouver que j’étais encore vivante. Je connaissais cette route par coeur : c’est toujours tout droit, comme toutes les autoroutes !
Et… cependant, je me suis « perdue » (Dieu seul sait comment) et me suis retrouvée à Notre Dame de Lorette en Italie (bien sûr), devant la basilique … en voiture.
On peut dire ce que l’on veut, mais malgré le monde dans la Sainte Maison, il s’est passé quelque chose que les mots ne peuvent décrire ! Oui, j’étais bien vivante et j’ai su alors grâce à Qui.
Ceci est mon témoignage.
Fasse que notre Sainte Mère de Dieu me fasse un jour, selon Sa volonté, que je …reperde mon chemin !