2014-84. « Gustave Thibon – La leçon du silence »
Nous nous sommes grandement réjouis de la publication d’un nouvel ouvrage consacré à Gustave Thibon.
Sorti des presses en mai 2014, cet ouvrage, paru chez Desclée de Brouwer, est l’oeuvre de Monsieur Raphaël Debailiac, dont j’avoue ne rien connaître d’autre que les quelques mots de présentation qui figurent en quatrième de couverture : « Raphaël Debailiac est diplomé de la Sorbonne en philosophie et histoire ». On peut difficilement faire plus succinct comme biographie d’auteur.
Quoi qu’il en soit, Frère Maximilien-Marie et moi-même trouvons un très vif intérêt à la lecture de ce livre qui étudie et met en lumière, analyse et actualise la pensée de Gustave Thibon : une pensée à contre-courant des conformismes contemporains (et même des conformismes des milieux « bien pensants »), une pensée qui dérange bien souvent, une pensée qui force à rentrer en soi-même pour faire le point en face de la Vérité…
Je n’en rajouterai pas davantage : simplement, ci-dessous, j’ai sélectionné trois présentations de cet ouvrage que je vous recommande et dans lequel je vous souhaite de trouver autant de délices que nous en avons à le lire et à le méditer au Mesnil-Marie.
Lully.
En quatrième de couverture :
Loin de l’image grossière du paysan lettré conservateur, Gustave Thibon est un de nos penseurs profonds et dérangeants. Certainement parce qu’il a le souci des sommets. Le plus souvent sous forme d’aphorismes, il renverse les catégories entendues à coup de paradoxes, démasque les apparences, quitte à offenser l’hédonisme et l’individualisme de nos sociétés modernes. Tout à la fois véritable biographie intellectuelle et heureuse anthologie, cet ouvrage à l’écriture incisive ne se contente pas d’exposer une pensée mais réveille l’âme et la revigore.
Parcourant les thèmes chers à Thibon, Raphaël Debailiac dégage les traits d’une personnalité animée par le souci de la vérité et ce, jusque dans l’épreuve de la nuit de la foi. Il offre ici un essai engagé, enraciné dans la pensée de Gustave Thibon.
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D’ Élisabeth Caillemer dans « Famille Chrétienne » :
«Gustave Thibon sent le soufre. C’est généralement bon signe en une époque où toute pensée vigoureuse est suspecte. » On se régale dès les premières lignes de cet ouvrage décapant que Raphaël Debailiac consacre au penseur chrétien mort en janvier 2001. Dans un style savoureux, parfaitement maîtrisé et agrémenté de phrases délicieusement corrosives, l’auteur nous guide à travers la pensée lumineuse de Thibon dont il souligne l’étonnante actualité. Un exemple ? « Puissamment aidés dans leur œuvre de séparation et de mort par les facilités de la technique, les mythes libéraux, matérialistes et démocratiques ont eu pour effet d’arracher l’individu aux grandes continuités cosmiques et sociales (le sol, le métier, la famille, la patrie…) qui sont les cadres normaux de sa vie intérieure et de son activité, en bref de réduire l’homme à lui-même. »
Les familiers du philosophe ne pourront qu’apprécier cette anthologie dense et revigorante. Les néophytes en sortiront secoués, grandis. Une invitation à lire ou relire l’œuvre de celui qui se qualifiait d’« anarchiste conservateur ».
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Sans nom d’auteur, sur le blogue « Chemin d’amour vers le Père » :
Ce livre bienvenu parce que particulièrement bien accordé à notre temps, s’ouvre sur une biographie courte et concise de Gustave Thibon. L’on y retrouve ces noms familiers qui ont jalonné son existence : Jaques Maritain, Jean de Fabrègues, Gabriel Marcel, Simone Weil, Jacques Loew… sans oublier Mère Marie-Thérèse (au carmel d’Avignon) dont la rencontre fut si déterminante en ses jeunes années. Et tellement présents dans sa vie aussi, les coups frappés à coups redoublés à sa porte par la mort, qui emporta si tôt ses deux premières épouses, et Yvette bien des années plus tard (« Seuls les morts savent aimer : j’apprends cela à mesure que la mort pénètre en moi » écrira-t-il dans l’Ignorance étoilée en 1974). Et c’est donc à pas feutrés que nous sommes invités à entrer dans ce jardin anthologique, cultivé par thèmes avec grande maîtrise, par l’auteur qui nous invite à une promenade aussi instructive que revigorante.
Rédigé d’une plume alerte, et dans un style que l’on croirait emprunté à Gustave Thibon lui-même, mordant, décapant même, ce livre pourrait se déguster d’un trait si l’esprit n’était sans cesse ramené à la réflexion par les nombreuses citations, fort bien choisies, extraites de la riche bibliographie de l’auteur (elle est donnée en fin d’ouvrage). De toute évidence, Raphaël Debailiac aime Thibon, connaît le philosophe et son oeuvre, et adhère à sa pensée. Les commentaires, forts, puissants, sans concession ni compromis, qui présentent et encadrent ces citations, les mettent remarquablement en valeur, et étoffent la réflexion par la justesse de leur analyse. Le regard de l’auteur sur notre monde rejoint celui de Gustave Thibon : aucun fatalisme, pas de « désenchantement » ; seuls la lucidité et la quête de la vérité éternelle servent de fil conducteur à l’ensemble du livre. Ainsi que l’écrivait Thibon dans L’Échelle de Jacob : « Les vérités suprêmes manquent d’arguments. Elles savent se donner, elles ne savent pas plaider leur cause. Nos certitudes les plus intimes, les plus nourricières sont aussi les plus vulnérables sur le terrain dialectique. Les défendre, c’est déjà les trahir. Leur innocence, leur fraîcheur, leur magnétisme divins étouffent sous la cuirasse des arguments. » Ici donc pas de longues argumentations, pas de raisonnements soutenus pour défendre tel ou tel point de vue. Un seul regard, aussi juste que peut l’être le regard humain, en lequel se rejoignent les deux écrivains, regard intense posé sur le monde et les hommes, qui effleure, pénètre, ausculte, et dégage avec clairvoyance les ressorts cachés qui animent sa pensée…
Les familiers de Gustave Thibon se réjouiront de retrouver en ce livre si bien construit et si riche, le philosophe lucide et sans concession, et son inlassable quête de Dieu et de l’éternité en l’homme, et ceux qui viendraient ici à le découvrir seront certainement ravis de voir à quel point ces écrits en lesquels une profonde sagesse sourd derrière leur façade parfois cruelle, demeurent d’une frappante actualité.
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Autres publications consacrées à Gustave Thibon dans les pages de ce blogue :
– « In memoriam : Gustave Thibon » (2008) > ici
– « Gustave Thibon : dix ans déjà ! » (2011) > ici
– « Eloignement et connaissance » (extrait de « Retour au réel ») > ici
– Le message de ND de La Salette au monde paysan > ici
– « Le goût de l’aliment éternel » > ici
– « Libertés » (extrait de « Diagnostics ») > ici
– « Eglise et politique » (in « Entretiens avec C. Chabanis ») > ici
– Le sport dans la société moderne > ici
– « Vertu c’espérance et optimisme » (in « l’Equilibre et l’harmonie ») > ici
– Critique de la « démocratie » (in « Entretiens avec C. Chabanis ») > ici
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Après avoir lu toute l’oeuvre de Thibon, qui est une véritable oasis dans le désert mondain politico-religieux d’aujourd’hui, j’ai apprécié ce livre de Raphaël Debailiac qui garde le même style que Thibon.
C’est vraiment du miel.
Merci.
Merci LULLY, pour le titre récent consacré à G.Thibon ainsi qu’à la liste d’ouvrages annexée (acquisition en route).
Pour ma part, j’ai connu ce grand personnage à la lecture de G.T. « Parodies et mirages ou la décadence d’un monde chrétien » (ed. du Rocher 2011) et G.T. « Au soir de ma vie » (Danielle MASSON, agrégée de lettres – Plon 1993).