2014-80. « La pauvreté s’arrête au pied de l’autel ».
9 août,
Fête de Saint Jean-Marie Vianney.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Vous savez tous, je pense, que Saint Jean-Marie Vianney, dont nous célébrons aujourd’hui la fête, et qui vivait lui-même dans une très grande austérité et pauvreté, veillait toujours à ce que les objets et ornements destinés au culte divin soient les plus beaux et les plus riches possibles.
Saint François d’Assise lui-même, modèle de pauvreté s’il en est, aurait eu cette sentence qui ne laisse pas de place à l’ambigüité : « La pauvreté s’arrête au pied de l’autel ».
Cela me hérisse donc le poil lorsque des ecclésiastiques s’imaginant être des disciples de Saint François, par ce qui pourrait bien n’être qu’une forme très subtile de l’orgueil voilé sous les oripeaux d’une tapageuse humilité, après avoir dépouillé le sanctuaire, s’exhibent dans des ornements sacerdotaux que l’on croirait taillés dans des tissus bon marché, sans tenue et sans art…
Notre Frère Maximilien-Marie, qui, lorsqu’il se rend à quelque activité extérieure au Mesnil-Marie, emporte toujours un petit appareil photo afin de me faire un compte-rendu par l’image, m’a rapporté hier cette photographie d’un très bel autel en bois doré qu’il a pu admirer dans l’église d’un village du Velay.
Il fut un temps où, jusque dans des campagnes reculées et relativement pauvres, les fidèles s’efforçaient d’avoir dans leurs églises de splendides autels, pour magnifier et exalter le Saint-Sacrifice, et dont le tabernacle, orné et bien mis en valeur, proclamait la gloire du Très Saint-Sacrement…
… et puis est venu le temps où, dans le meilleur des cas, ces splendides autels ont été relégués dans quelque chapelle latérale.
C’est ce qui s’est justement passé dans cette église-ci ; mais je pourrais vous citer un certain nombre – un trop grand nombre ! – de lieux où les anciens autels ont été découpés, démembrés, dépecés, mutilés, démolis, voire vendus, afin de laisser place à des « tables » ou à des « cubes » (c’est « furieusement tendance », les cubes !), plus ou moins « design », plus ou moins en accord avec le style de l’église, plus ou moins ornés : œuvres – selon les cas, et surtout selon les finances de la paroisse – tantôt d’un artisan local, tantôt d’un « artiste contemporain » plus ou moins autoproclamé.
Ce que je constate aussi, c’est que, bien souvent, pour « faire pauvre », ces ecclésiastiques n’hésitent pas à payer des sommes d’autant plus élevées que le résultat sera plus dépouillé et plus… moche.
Ne soyons pas dupes : dans l’Eglise, l’apparence de pauvreté a un prix ; un prix que les vrais pauvres seraient bien incapables de payer, eux pour lesquels, aux siècles de foi, l’apparente richesse des églises était une fierté légitime, une consolation et une joie !
Quant aux tabernacles, « on » a – semble-t-il – tout fait pour leur ôter ce qui exprimait la gloire et le triomphe de la Sainte Eucharistie, et tout ce qui proclamait la foi catholique dans la Présence Réelle du Fils de Dieu notre Roi, pour les réduire à des espèces de « boites », les plus discrètes possibles.
Un peu comme si ce clergé-là était démangé par un zèle ardent à humilier et à faire oublier son Dieu !
Comme je parlais de toutes ces choses avec Frère Maximilien-Marie, il a poussé un grand soupir avant de s’épancher :
»Tu vois, mon Lully, les choses en sont au point où lorsque je visite une église, j’en viens à angoisser à l’avance au sujet de ce que je vais y trouver.
J’en ai vraiment marre de constater le délaissement et la saleté dans lesquels beaucoup d’entre elles sont laissées.
J’en ai vraiment marre, au moment où j’en franchis le seuil, d’être agressé par cette multiplication d’affiches toutes plus laides et toutes plus stupides les unes que les autres.
J’en ai vraiment marre de constater partout le saccage quasi irréparable qui a été perpétré dans les années qui ont suivi le concile vaticandeux : saccage artistique et patrimonial, à la mesure du saccage spirituel et doctrinal par lequel on a malmené les fidèles.
J’en ai vraiment marre de constater que la bêtise, l’inculture, et l’outrecuidante fatuité d’un clergé inodore, incolore et sans saveur, sont peut-être ce qui donne la plus exacte idée de l’infini !
Et l’on voudrait que j’aime ce que l’on a fallacieusement et pompeusement nommé « réforme liturgique » ? »
Que pouvais-je ajouter à cela ?
Lully.
Voir aussi :
– La B.D. consacrée au thème de l’autel > ici
– l’autel contemporain de la cathédrale de Viviers > ici
- le texte de Mgr. A. Schneider sur l’autel et le tabernacle > ici
Vous pouvez laisser une réponse.
Un beau texte de frère Maximilien-Marie.
J’avais 14 ou 15 ans, et j’entraînais mes parents à la messe du dimanche. Puis les années ont passé, studieuses et silencieuses. Puis la vie d’adulte a pris le pas.
Puis, à 30 ans, j’ai dû fuir mon pays avec ma femme et mon fils, pour ne pas être égorgé par la rage meurtrière de ceux à qui nous avions appris à lire et à écrire. Et là, Dieu n’a plus eu de place ou d’intérêt dans ma vie.
Il n’en demeure pas moins que les églises – certaines – recèlent assez de spiritualité en leurs murs et leurs autels, qu’il m’est agréable – au sens fort – de m’y trouver pour des instants de ressourçement.
Donc, je ne suis pas pratiquant, et les problèmes de nouvelle liturgie ne me préoccupent pas excessivement, sauf quand des échos me font comprendre que les instances religieuses oeuvrent de travers !!!
Il n’est donc pas étonnant que certains prêtres ou évêques se soient engagés dans la voie d’un modernisme outrancier et de mauvais goût que même des non-catholiques peuvent juger sévèrement.
Et peut-être le pire est-il à venir ???
Bravo, cher Lully et cher maître de Lully, pour ce coup de sainte colère !
Le splendide autel de la photo, s’il a été relégué dans une chapelle latérale, est du moins soigneusement entretenu et orné d’une jolie nappe…
Pour les tabernacles évoquant le moins possible la Divine et Réelle Présence, permets-moi de te conter une surprenante anecdote : le mois dernier, en Bretagne, j’ai expliqué à un petit garçon de 6 ans et 1/2, qui n’est pas baptisé et qui a des connaissances minimalistes sur Jésus, que Jésus de manière invisible était présent dans le Tabernacle, ce pourquoi on faisait une génuflexion en passant devant. Ce fut si bien enregistré et si profondément accepté par l’âme toute fraîche de l’enfant, qu’il m’a surveillée à chaque fois que nous avons eu l’occasion de rentrer dans une église ou une chapelle, pour voir si je m’inclinais correctement (ce qu’il faisait lui bien entendu) !
Je pense que je ce sera une bonne petite histoire à raconter aux curés que je verrai se contenter d’une preste inclination du buste en passant devant le Tabernacle
Caresses affectueuses, cher Lully,
et embrasse bien fort ton maître de ma part.
Eh oui ! mon pauvre Lully.
Il faut être moderne!
Il y a 50 ans que nous sommes devenus « has been » (patois in ) et le train nous emporte à TGV (vitesse dangereuse crois-moi).
Prochaine gare annoncée : APOCALYPSE…
Accord sur cet avis.
Désolés aussi de voir le Tabernacle si peu important dans les églises modernes !
Heureusement pas dans toutes. Il existe encore des beautés anciennes, ex. : église du St-Sacrement de Liège, où les croyants ressentent encore la présence de Dieu.