2014-69. Les malcontents.

       Dans la bibliothèque du Mesnil-Marie, j’ai trouvé un petit volume qui ne paie pas de mine mais qui recèle de véritables petits trésors de spiritualité évangélique : il s’intitule « Paillettes d’or »  et porte pour sous-titre « Cueillette de petits conseils pour la sanctification et le bonheur de la vie » (malheureusement, nous ne possédons que le tome III de cette compilation dans lequel sont rassemblées les publications périodiques des années 1892 à 1903).
J’ai particulièrement apprécié le texte suivant et j’ai pensé que plusieurs d’entre vous pourraient également y être sensibles, voire y trouver une utilité ou même une forme d’encouragement ; ce pourquoi j’ai résolu de vous le recopier (la graphie – majuscules, italiques – et la ponctuation en ont été scrupuleusement respectées).

Lully

schtroumpf grognon

Les malcontents

   Il y en a partout.
Il y en a toujours eu.
Il y en aura toujours.
C’est, pour les familles, une épine en permanence, qui, si elle ne déchire qu’à fleur de peau, n’en est pas moins douloureuse à supporter.

schtroumpf grognon bis

   Le premier malcontent a été un Ange, et c’est là-haut, au Paradis que, le premier, il a laissé s’exhaler de son coeur orgueilleux ce quelque chose d’inquiet, de boudeur, d’accusateur, de sourdement révolté qui forme la base même du mécontentement.
Comment, dans le coeur d’un ange, et au milieu de cette intimité de vie avec le bon Dieu qui devait pourtant être si douce et si bonne, a pu se former et se développer cette triste et déplorable maladie du caractère et du coeur ? Je ne le sais pas.
Ce que je sais, c’est que l’Ange chassé du Paradis a laissé tomber sur la terre, en secouant ses ailes, une semence d’irritabilité, de malaise, de murmures, de bizarreries qui, s’éparpillant, est venue se cacher pour y germer dans les plus intimes replis du coeur.

   Aussi voyez :
Pas de réunions d’hommes d’affaires, d’indifférents, et même de joyeux et gais convives.
Pas de familles les plus aimantes et les plus intimes, – pas de cercles formés par l’amitié la plus dévouée dans lesquels il n’y ait un ou plusieurs mécontents.
Pas de journée, peut-être, dans laquelle chacun de nous ne se sente aiguilloné par le besoin d’être et de se montrer mécontent.
On dirait que le mécontentement est une partie essentielle de notre existence, et on a pu écrire avec un semblant de paradoxe, qu’on est mécontent le soir quand on n’a pas été pendant le jour un peu mécontent.

schtroumpf grognon ter

   Triste choses pourtant que cet état de l’âme, du coeur, du caractère qui se plaint de tout et de tous.
Qui se plaint de ce qu’on lui dit et de ce qu’on ne lui dit pas, – de ce qu’on lui fait et de ce qu’on ne lui fait pas.
Le mécontent se plaint, et il ne sait jamais formuler le motif de sa plainte.
Il trouve à redire à tout, et il ne sait jamais indiquer le point spécial de sa critique.
Il a besoin de tout et il ne sait pas dire ce qui lui manque. – Ce qu’on lui offre ne lui va pas ; – ce qu’on lui donne n’est pas ce qu’il lui faut ; – ce qu’on lui propose n’est pas ce qui lui convient.
Il se plaint qu’on ne l’aime pas, et il repousse toute affection parce qu’il ne la voit pas assez franche.
Il se plaint qu’on ne fait pas attention à lui, et il ne veut pas des prévenances qu’on essaie de lui faire parce qu’il les juge ou hypocrites ou intéressées.

schtroumpf grognon bis

   Et il reste maussade, susceptible, jaloux, soupçonneux.
Et il boude, il s’irrite, il contredit, il se met dans son coin.
C’est un frelon dans une ruche qu’il trouble par son bourdonnement et qu’il désorganise par son incessante mobilité.
C’est un buisson épineux qui pique ou déchire tous ceux qu’il approche et éloigne de lui ses amis les plus dévoués.
Dans les heures où il peut rencontrer un confident, – un malcontent comme lui, écoutez-le :
« On n’a point d’égards pour lui, – on n’a point de bonté, point de délicatesse, point de reconnaissance.
« Lui, on l’oublie, et on donne les faveurs aux autres, – lui, on le laisse, on le dédaigne, on le repousse et pourtant, il est si dévoué, il a tant fait, il a tant mérité.
« Lui, on prend à tâche de le contrarier ; il n’a jamais ce qu’il demande et comme il le demande. »

schtroumpf grognon ter

   Pauvre, pauvre malcontent ! que de mal tu te fais et que de mal tu fais aux autres !
Quelle vie triste et inutile tu passes, et tu imposes aux tiens !
Et tu pourrais si facilement être heureux et faire des heureux, – si facilement aimer et être aimé !
Un peu plus de bonhomie dans tes relations de famille et d’amitié. Sois donc persuadé qu’on t’aime et qu’on t’apprécie ; ne le vois-tu pas ?
Un peu plus de prières, humbles, simples, confiantes. Pense que Dieu veut que tu rendes heureux ceux qui t’entourent. C’est un devoir rigoureux que ce devoir, et sa violation entraîne la violation d’une foule d’autres devoirs.
Le mécontentement habituel nous met sur le chemin qui éloigne du ciel.

(in Paillettes d’or - recueil complet années 1892 à 1903 – Tome III pp. 22-25)

schtroumpf grognon quatro

Vous pouvez laisser une réponse.

3 Commentaires Commenter.

  1. le 17 février 2020 à 8 h 47 min la vie est large écrit:

    Toujours d’actualité et particulièrement marqué en France ! Merci pour ce partage.

  2. le 14 octobre 2017 à 9 h 47 min Nathalie G. écrit:

    Malcontent = personne toxique = risque de contamination !!!

  3. le 12 juillet 2014 à 15 h 53 min Paulette L. écrit:

    Il n’y a que ceux qui comprennent la Loi de Dieu, Loi de bonheur, qui sont toujours contents, joyeux, aimants et naturellement heureux…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

A tempo di Blog |
Cehl Meeah |
le monde selon Darwicha |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | mythologie
| jamaa
| iletaitunefoi