2014-45. « Le retour des Princes français à Paris » – hymne de la Restauration.
- 2 & 3 mai 1814 -
Anniversaire de la déclaration de Saint-Ouen
et de
l’entrée de Sa Majesté le Roi Louis XVIII dans Paris
Le 3 mai 1814, Sa Majesté le Roi Louis XVIII faisait une entrée triomphale dans Paris, accueilli par une foule en liesse.
Un mois plus tôt, le 2 avril, le Sénat et le Corps Législatif, avaient proclamé la déchéance de « l’empereur », qui abdiqua le 6.
En même temps, qu’ils avaient mis fin au règne de l’usurpateur, Sénat et Corps Législatif, après avoir fait de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord le chef du gouvernement provisoire, avaient officiellement appelé au trône le frère puiné du Roi-martyr Louis XVI : Louis Stanislas Xavier de France, communément appelé comte de Provence, qui était déjà roi de droit depuis la mort – dans les conditions épouvantables que l’on connaît - de son neveu, le jeune Louis XVII.
Alors que les puissances alliées victorieuses du Buonaparte étaient loin d’être acquises à l’idée d’une restauration monarchique au profit des Bourbons, Talleyrand, réussit à convaincre le Tsar Alexandre 1er que le retour des Bourbons était la meilleure chose ; les autres souverains européens se rallièrent finalement eux aussi à cette solution.
Dans le même temps, en plusieurs points du Royaume, et grâce en particulier à l’action des Chevaliers de la Foi, avant même que le Buonaparte n’abdiquât, des villes avaient hissé le drapeau blanc de la Légitimité.
Le comte d’Artois, lieutenant général du Royaume, arrive à Paris le 12 avril et prend la tête du gouvernement provisoire.
Des négociations serrées s’engagent : les puissances alliées et le Corps Législatif voulaient imposer à Louis XVIII une constitution, incompatible avec les principes de la monarchie traditionnelle. Le comte d’Artois doit jouer serré pour que, d’une part, ne soient pas trahis les principes de la royauté, et pour que, d’autre part, les souverains étrangers aussi bien que les esprits des français profondément pollués par les insidieux poisons de la pensée révolutionnaire ne soient pas indisposés et ne fassent pas avorter la Restauration monarchique.
Sa Majesté le Roi Louis XVIII débarque à Calais le 24 avril 1814 ; son voyage à travers les provinces est une succession de scènes de liesse, d’ovations, de discours de bienvenue, de cérémonies d’action de grâces dans les églises… etc.
Le 2 mai, sur les cinq heures du soir, le Roi arrive au château de Saint-Ouen.
Talleyrand vient lui présenter un projet de déclaration qu’il avait soumis, après l’avoir rédigé, à un groupe de sénateurs et au Tsar Alexandre.
Déjà, les jours précédents, depuis Compiègne, Sa Majesté avait déclaré
1) qu’Elle conserverait le titre de Roi de France et de Navarre,
2) qu’Elle se conformerait aux Lois Fondamentales du Royaume en continuant à faire remonter le début de Son Règne à la mort de Son prédécesseur, Louis XVII,
et 3) qu’Elle ne recevrait pas de constitution imposée par le Sénat, mais promulguerait un acte de Sa propre volonté qui ne trahirait pas les principes monarchiques traditionnels.
La lecture du projet de déclaration de Talleyrand souleva une véritable tempête au conseil privé de Sa Majesté tant les atteintes aux droits fondamentaux de la Couronne s’y succédaient. Talleyrand s’efforça en vain de défendre son projet, mais le Roi se montra inébranlable : « Si je jurais la constitution, vous seriez assis et je serais debout ! » lui lança-t-Il avec autorité.
Le soir arrivait, aucun accord n’était trouvé. Talleyrand fit prévenir le Tsar qui prit pour une injure cette résistance à l’adoption d’un acte sur le texte duquel on l’avait consulté et dont il avait approuvé les termes. Il aurait fait passer au « prince de Bénévent » un billet ainsi conçu : « Si la déclaration n’est pas publiée ce soir telle qu’elle a été convenue, on n’entrera pas demain dans Paris ».
Finalement, un texte de compromis fut publié et affiché dans Paris. Resté dans l’histoire comme la « Déclaration de Saint-Ouen », le manifeste royal ne trahit pas les principes essentiels de la royauté traditionnelle sans cependant marquer un retour à l’Ancien Régime : la déclaration est en quelque sorte le prélude de la Charte constitutionnelle qui sera octroyée le 4 juin suivant.
Pour l’immense majorité des Français, cette déclaration présageait d’un avenir de paix. Ce pourquoi, le lendemain 3 mai, l’entrée de Sa Majesté dans Paris fut un véritable triomphe : on en trouve le récit circonstancié dans « L’Ami de la Religion et du Roi » – 1814, tome 1 à partir de la page 65 (ici > Ami de la Religion et du Roi).
Allégorie de l’entrée de Louis XVIII à Paris, le 3 mai 1814
(par Legrand – musée Carnavalet)
On entend souvent dire que le chant « Vive Henri IV ! » fut l’hymne de la Restauration. Ce n’est pas tout à fait exact.
Le chant « Vive Henri IV ! » fut au départ, dit-on, le couplet d’un auteur anonyme pour lequel Eustache Ducaurroy adapta vers 1600 la mélodie d’un ancien noël populaire.
Vers 1770, trois autres couplets furent composés par Charles Collé pour les besoins d’une comédie intitulée « La partie de chasse d’Henri IV ». Ce fut dès lors un chant très populaire.
En avril 1814, lorsque le Buonaparte fut vaincu et que le peuple apprit le retour des Bourbons, sur cette mélodie toujours très populaire un auteur anonyme composa à la hâte d’autres paroles – celles que nous donnons ci-dessous – , auxquelles on donna pour titre « Le retour des Princes français à Paris ».
Dès lors, la mélodie devint une sorte d’hymne de la Restauration. Néanmoins, en raison des couplets un peu lestes de Collé qui restaient dans beaucoup de mémoires, on ne jouait habituellement pas cet hymne en présence de la Famille Royale.
Les paroles du « retour des Princes français à Paris » ne sont pas extraordinaires : la versification est faible, les assonances (puisqu’on ne peut même pas parler de rimes) sont approximatives, néanmoins on ne peut qu’être touché par la véritable ferveur populaire – puisqu’il est une véritable émanation du peuple de Paris – dont ce chant est le témoignage, et – quoi qu’il en soit – il est bien meilleur à entendre que les rugissements vindicatifs et l’appel au sang d’un prétendu hymne national hérité de la révolution !!!
La divine Providence nous donnera-t-elle l’immense joie de connaître une nouvelle Restauration monarchique ? Nous le Lui demandons dans une ardente prière.
Lully.
Le retour des Princes français à Paris
(air : Vive Henri IV)
La paix ramène
Tous les Princes Français !
Chantons l’antienne,
Aujourd’hui désormais
Que ce bonheur tienne :
Vive le Roi ! Vive la Paix !
Vive la France
Et les sages Bourbons,
Pleins de clémence,
Dont tous les cœurs sont bons !
La Paix, l’abondance
Viendront dans nos cantons.
Quelle joie extrême
Vive, vive d’Artois !
Duc d’Angoulême !
Chantons tous à la fois
Louis dix-huitième,
Descendant de nos Rois !
Le diadème
De France est pour un Roi,
Notre vœu même
Est la raison pourquoi,
Oui, Louis nous aime,
Vive, vive le Roi !
Plus de tristesse,
Vive, vive Louis !
Princes, princesses,
Nous sommes réjouis !
Que les allégresses
Règnent dans tous pays !
Ne boudons pas notre plaisir et écoutons l’orchestration majestueuse que lui a donnée Piotr Ilitch Tchaïkovski, en hommage à la France de l’Ancien Régime, pour en faire l’apothéose de son ballet « La Belle au Bois Dormant » (faire un clic droit sur l’image ci-dessous, puis « ouvrir dans un nouvel onglet ») >>>
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Vive le Roi !
Que nous puissions bientot accourir vers notre Roi et lui dire notre ferme attachement – à sa personne et au principe monarchique – pour la plus grande gloire de Dieu.
Montjoie Saint-Denis !