2014-13. De Saint Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.
28 janvier,
Fête de Saint Charlemagne.
Cathédrale d’Aix-la-Chapelle : fête de Saint Charlemagne – encensement du reliquaire du Chef de l’Empereur.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Au Mesnil-Marie, nous n’en faisons pas un mystère – et nous en sommes même très fiers ! – , chaque 28 janvier, nous célébrons la fête liturgique du Bienheureux Charlemagne, Roi des Francs et Empereur d’Occident.
Le 28 janvier de l’an de grâce 2014, nous avons marqué cette fête avec d’autant plus de ferveur que c’était le jour exact du douzième centenaire de la mort du grand Souverain.
Malgré l’épouvantable ignorance qui désole nos temps (car les jeunes générations, en particulier, ne savent pas toujours le situer chronologiquement ni même citer quelques grands événements de son règne), la haute figure du grand Roi Franc domine l’histoire de l’Occident chrétien et rayonne encore aujourd’hui sur l’Europe, puisque certains n’hésitent pas à dire qu’il en est l’un des pères : Pater Europae.
Bien sûr, de modernes historiens – qui voudraient nous faire croire qu’ils sont bien plus au courant de la vie de Charlemagne que ceux qui ont vécu à ses côtés et qui lui ont rendu témoignage ! – , des ecclésiastiques retors et complexés – dont le prurit oecuménique et le souci du dialogue inter-religieux supportent mal l’idée que l’on puisse vouloir étendre le Règne du Christ – , et quelques autres inquisiteurs de la bien-pensance démocratique auxquels la seule idée d’un Royaume chrétien déclenche des éruptions de furoncles, ont mené de véritables campagnes de dénigrement pour salir sa mémoire.
Et les voilà (eux qui ne sont pourtant habituellement pas très regardants sur le respect de la morale imposée par l’Eglise et se feraient volontiers les chantres de la libération des moeurs) qui, avec des airs de rosière offusquée, décrètent de manière dogmatique (eux, les ennemis du dogme) que l’Empereur aurait été polygame !
Et les voilà (eux, les thuriféraires de la révolution qui voudraient minimiser les épouvantables massacres qu’elle généra, en France et jusqu’au bout de l’Europe) qui dépeignent les guerres contre les Saxons ou contre les mahométans dans de noires couleurs qui, en réalité, n’appartiennent qu’aux seules démocraties populaires du XXe siècle !
Châsse renfermant la plus grande partie du corps de Saint Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)
D’autres plus savants que moi, ont su faire justice de ces accusations : je me contenterai de vous renvoyer, par exemple, à la notice que lui a consacré Dom Guéranger dans sa célèbre « Année liturgique » (ici > 28 janvier, le Bienheureux Charlemagne).
Pour moi, j’ai sorti mes griffes et j’ai poussé un miaulement de (sainte) colère, l’autre jour, en lisant, sur les pages d’un site Internet que je ne nommerai pas (sur lequel sévit un « professeur de religion » à la théologie douteuse), que Charlemagne aurait été « décanonisé » (sic) par l’Eglise Romaine !
Ceux qui, tétanisés par les critiques modernes, se dandinent d’un pied sur l’autre en parlant à demi-mots gênés de la canonisation de Charlemagne, s’empressent généralement d’ajouter, comme pour s’excuser eux-mêmes et pour disculper l’Eglise, que cette canonisation aurait été prononcée par l’antipape Pascal III…
Ce qui est faux !
Si Frédéric Barberousse fut bien le promoteur de la cause de canonisation de Charlemagne, si Frédéric Barberousse soutenait effectivement l’antipape Pascal III, et si Frédéric Barberousse voyait dans cette canonisation un geste d’une grande portée politique en sa faveur, il n’en demeure pas moins que la canonisation de Charlemagne fut accomplie d’une manière tout à fait conforme au droit de l’époque, par des pasteurs légitimes.
En effet, jusqu’à ce moment-là, les canonisations n’étaient pas réservées au Saint-Siège et n’étaient pas accomplies selon les procédures que nous connaissons aujourd’hui (lesquelles ont été définitivement fixées au XVIIIe siècle par le pape Benoît XIV, et ont été ensuite simplifiées à la fin du XXe siècle).
Au XIIe siècle donc encore, comme pendant tous les premiers siècles de la Chrétienté, ce que nous appelons aujourd’hui une « canonisation » consistait en une cérémonie solennelle que l’on appelait souvent « élévation (ou exaltation) des reliques », puisque il y était procédé, par l’évêque du lieu (ou le métropolitain), en reconnaissance de la sainteté d’un personnage et des miracles accomplis sur sa tombe, au placement de ses restes mortels dans une châsse que l’on disposait sur un autel.
Dès lors, ces reliques seraient publiquement honorées et le saint auquel elles avaient appartenu ferait l’objet d’un culte officiel, ce qui était confirmé par la proclamation de la date à laquelle on célébrerait dorénavant sa fête.
A cette époque, il n’y avait pas non plus de distinction entre « bienheureux » et « saint ».
L’élévation des reliques de Charlemagne eut lieu le 29 décembre 1165, et fut accomplie de manière régulière (cf. > ici) par l’archevêque Renaud de Dassel, de Cologne, et par l’évêque Alexandre II, de Liège, qui, redisons-le, étaient des évêques légitimes de la Sainte Eglise Catholique Romaine, et qui jouissaient de la pleine autorité pour le faire.
Il est vrai qu’ils reçurent pour cela l’aval d’un décret de l’antipape Pascal III ; mais quand bien même Pascal III eut-il été un pape légitime, son décret n’aurait rien ajouté à la régularité de l’acte accompli.
Reliquaire du bras du Bienheureux Charlemagne
(cathédrale d’Aix-la-Chapelle)
Comme l’a très bien fait observer Dom Guéranger dans la notice qu’il a consacrée au Bienheureux Charlemagne (cf. supra), les contestations ne se firent jour que sous l’influence et en conséquence du poison que l’hérésie protestante distilla dans la Chrétienté…
Et le culte séculaire que l’on rendait publiquement à Saint Charlemagne dans de très nombreux diocèses de France et d’Allemagne, s’estompa, perdit en popularité, passa au second plan et, au fur et à mesure des réformes liturgiques de l’époque moderne (un peu selon la technique dite « du voleur chinois »), ne subsista pratiquement plus qu’à Aix-la-Chapelle et dans quelques diocèses voisins.
Mais de « décanonisation », point !
Bien au contraire, au XVIIIe siècle, le pape Benoît XIV (celui-là même qui fixa les règles des béatifications et des canonisations telles qu’elles ont été observées jusqu’au XXe siècle) - grand canoniste et aussi « spécialiste » du culte des saints - , auquel on soumit le cas de Charlemagne, car certains le jugeaient litigieux en raison du soutien apporté par l’antipape Pascal III à sa canonisation, trancha de manière non équivoque : là où ce culte était établi, on ne pouvait ni le blâmer ni l’éradiquer ; et il fut statué très officiellement que l’on pouvait l’honorer et l’invoquer comme « Bienheureux Charlemagne ».
Fin de la contestation.
Pour terminer, je vous propose d’écouter le « Planctus de obitu Karoli : lamentation sur la mort de Charles », texte remarquable comprenant vingt distiques qui alternent avec un refrain, composé très probablement par un moine de l’abbaye de Bobbio en 814-815, c’est à dire au moment où la nouvelle du trépas du Souverain se répandit à travers l’empire.
[faire un "clic" droit sur l'image ci-dessous, puis "ouvrir dans un nouvel onglet]
Dès que je le pourrai, je ferai suivre cet article par un autre qui sera uniquement dédié à des représentations - que j’aime particulièrement – de notre cher Saint Charlemagne.
Pour l’heure, prions-le avec ferveur d’intercéder pour l’Europe, pour la France, et spécialement pour l’héritier légitime du Royaume de France.
Déjà, au XVe siècle, c’était le rôle particulier qui lui était assigné dans le Ciel, puisque Sainte Jeanne d’Arc put dire à Charles VII : « Sire, je vous dis que Dieu a pitié de vous, de votre royaume et de votre peuple, car Saint Louis et Saint Charlemagne sont à genoux devant Lui, faisant prière pour vous ».
Lully.
Du Bienheureux Charlemagne dans quelques représentations sacrées > ici
La séquence « Urbs aquensis » et l’anniversaire de la canonisation de Saint Charlemagne > ici
Vous pouvez laisser une réponse.
Un grand merci pour cette perle !
Merci, cher frère Maximilien-Marie, d’actualiser en la rappelant, la liturgie propre de Saint Charlemagne et en nous la présentant dans votre blog.
Un grand merci pour ce trésor !
Merci pour ce rappel.
C’est une idée remarquable de mettre en exergue la prière de Jeanne d’Arc à St Charlemagne.
On ne peut nier qu’il fût sans cesse Le Bras de l’Eglise, et dans ce sens il fut infatigable.
Il semblerait que ce soit vers cette époque que l’on parla pour la première fois de st Jacques de Compostelle. Merci, frère Maximilien-Marie.
À.C.
Merci. Merci. Merci !
Merci, c’est d’une grande beauté.
Y.B.