2014-10. Des Bienheureux Martyrs de Laval.

- 21 janvier 1794 -

Les Bienheureux Prêtres martyrs de Laval

            Au mois d’octobre 1792, quatorze prêtres qui refusaient de prêter serment à la constitution civile du clergé furent emprisonnés à Laval, dans le couvent de Patience ; ils n’étaient autorisés à recevoir que deux heures de visite par mois, et seulement de leurs frères ou sœurs ; ces visites se passaient obligatoirement en présence du concierge. Leur nourriture ne se composait pratiquement que de ce que leur faisaient apporter leurs anciens paroissiens, fidèles à leurs pasteurs légitimes. La plupart de ces prêtres étaient âgés ; quelques uns étaient même malades ou infirmes. 

   C’étaient l’Abbé Jean-Baptiste Turpin du Cormier, 64 ans, curé de la paroisse de la Sainte- Trinité à Laval, qui fut comme l’âme et le catalyseur des énergies spirituelles du petit groupe, le Révérend Père Jean-Baptiste Triquerie, 57 ans, moine cordelier, les Abbés Jean-Marie Gallot, 46 ans, aumônier des Bénédictines, Joseph-Marie Pellé, 74 ans, aumônier des Clarisses, René-Louis Ambroise, 74 ans, Julien-François Morin de la Gérardière, 64 ans, prêtre à Saint-Vénérand, François Duchesne, 58 ans, chapelain du chapitre Saint-Michel, Jacques André, 50 ans, curé de Rouessé-Vassé, André Dulion, 66 ans, curé de Saint-Fort, Louis Gastineau, 66 ans, chapelain de Port-brillet, François Migoret-Lambarière, 65 ans, curé de Rennes-en-Grenouilles, Julien Moulé, 77 ans, curé de Saulges, Augustin-Emmanuel Philippot, 78 ans, curé de Bazouges-des-Alleux, et Pierre Thomas, 75 ans , aumônier de l’hôpital des Augustines à Château-Gontier.

   Le 13 décembre 1793, la guillotine arriva à Laval. Elle fut installée, sur la « place du blé » (actuelle place de La Trémoille), à proximité du tribunal révolutionnaire : ainsi les condamnés n’auraient-ils pas à faire un long trajet et, en outre, pour les révolutionnaires cela réduisait les risques de voir ceux qui marchaient au supplice libérés par la foule, majoritairement hostile à la révolution.
A partir du 9 janvier 1794, tous les cultes sont interdits en France : l’église de la Sainte-Trinité de Laval est transformée en étable et magasin de fourrage pour l’armée…

plaque-apposée-place-de-la-trémoille-en-1989-en-souvenir-des-14-prêtres-martyrs

Plaque commémorative des exécutions de la Terreur à Laval posée en 1989 Place de La Trémoille
par l’Association du Souvenir de la Chouannerie Mayennaise

  Le 21 janvier 1794, à 8h30, formant un cortège émouvant (cinq d’entre eux ont plus de 70 ans, dix marchent péniblement et quatre sont dans une charrette), les quatorze prêtres furent amenés à comparaître devant la commission révolutionnaire, établie le 22 décembre précédent, normalement pour un mois…
En réalité elle sera active jusqu’au 1er avril 1794 et, au total, elle enverra à la guillotine 359 hommes et 102 femmes. Après chaque verdict de condamnation, le président concluait par cette formule : « La commission ordonne que les condamnés soient livrés sur le champ au vengeur du peuple… »
 

   L’accusateur public était un prêtre apostat, du nom de Volcler. Ce triste individu avait diffusé dans le département de la Mayenne une circulaire qui commençait ainsi : « Citoyens, ils sont passés ces temps de modération et d’insouciance où vous laissâtes les ennemis de la patrie tranquillement vaquer sur le sol de la liberté. L’instant de la justice nationale est à l’ordre du jour pour faire tomber la hache sur la tête du traître et du parjure… »  

   A ses anciens confrères dans le sacerdoce, Volcler demanda de prêter le serment constitutionnel qu’ils avaient déjà refusé, et que, bien évidemment, ils refusèrent encore. L’Abbé Philippot, âgé de 78 ans, répondit noblement : « Aidé de la grâce de Dieu, je ne salirai pas ma vieillesse ».
Ce nouveau refus était suffisant pour qu’ils fussent déclarés coupables : ordre fut donc donné pour qu’ils soient immédiatement conduits à l’échafaud. Après avoir prononcé la sentence, Volcler avait menacé les assistants : « Le premier qui bronche ou qui pleure marchera après eux ! »

   Leurs gardiens les empêchèrent de chanter ensemble le « Salve Regina » sur le chemin de l’échafaud. En revanche, une phrase est demeurée célèbre, celle de l’Abbé Pellé qui, après avoir assisté héroïquement au supplice de ses premiers confrères déclara avant d’être décapité : « Nous vous avons appris à vivre, apprenez de nous à mourir ! ».
L’Abbé Turpin du Cormier, désigné comme responsable, fut exécuté le dernier à la demande de Volcler.

   Après ces quatrorze prêtres furent également suppliciés ce même jour cinq Vendéens, condamnés comme ennemis de la république.

   Les quatre juges, parmi lesquels se trouvaient deux prêtres renégats, assistèrent à l’exécution depuis la fenêtre d’un immeuble voisin, et fêtèrent leur « triomphe patriotique » en buvant un verre de vin à chaque tête qui tombait. Ils encourageaient la foule à crier avec eux : « Vive la république, à bas la tête des calotins ! ».

bas-relief-des-quatorze-prêtres-martyrs-de-laval

Bas-relief représentant le martyre des quatorze prêtres
(église de la Sainte-Trinité de Laval, devenue cathédrale au XIXe siècle)

   Au cours de cette année 1794 furent aussi suppliciées cinq autres martyrs, qui ont été béatifiés en même temps que ces quatorze prêtres, le 19 juin 1955, par le Vénérable Pie XII. Ce sont :
Françoise Mézière, pieuse femme qui s’était donnée tout entière à l’instruction des enfants et aux soins des malades. Guillotinée à Laval le 5 février (voir > ici).
– Le 13 mars, Sœur Françoise Tréhet, guillotinée à Ernée, et le 20 mars Sœur Jeanne Véron, âgée de 29 ans, guillotinée à Ernée : c’étaient deux Sœurs de la Charité de Notre-Dame d’Évron. A noter que la sœur de Sœur Jeanne Véron, prénommée Anne, a elle aussi été guillotinée, à Laval, le 25 avril 1794 à l’âge de 41 ans, mais n’a pas été béatifiée.
– Le 25 juin, Sœur Marie Lhuilier, sœur converse des Augustines de la Miséricorde. Toute dévouée aux malades.
– Et le 17 octobre : l’Abbé Jacques Burin, prêtre, curé de St-Martin de Connée. Il avait été arrêté une première fois en raison de son refus du serment schismatique, et condamné à s’exiler. Entré dans la clandestinité, il continua son ministère mais fut trahi en octobre 1794 par deux femmes qui l’avaient fait appeler pour se confesser : c’était en réalité un traquenard et il fut tué d’un coup de fusil.

basilique-notre-dame-d-avesnières-dalle-recouvrant-les-corps-des-martyrs-depuis-leur-béatification-en-1955

Pierre recouvrant la tombe des quatorze prêtres martyrs de Laval
dans le chœur de la basilique Notre-Dame d’Avesnières.

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9 Commentaires Commenter.

  1. le 21 janvier 2024 à 7 h 36 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Marchons dans la fidélité à Notre-Seigneur Jésus-Christ, malgré nos claudications, à la suite de ces martyrs qui nous tracent avec courage, et par la grâce de Dieu, la marche à suivre.
    Que Notre-Dame de France, avec tous nos Saints, nous accompagne.

  2. le 21 janvier 2024 à 7 h 33 min Dupré Jean-Louis écrit:

    Hélas ! dans notre Sainte Eglise, en nos temps troublés et confus, combien d’ecclésiastiques de diverses autorités ne se sont-ils rendus à la république, comme ce curé qui adressait ses vœux à ses paroissiens en souhaitant une année de liberté, égalité, fraternité.
    D’autres, et pas des moindres, imposent la fraternité universelle !

  3. le 24 janvier 2023 à 9 h 47 min Rachel écrit:

    Savons-nous combien de consacrés et de laïcs furent assassinés pendant la Révolution en France ?

    Réponse :
    On ne peut pas le savoir de manière exacte.
    Pour les guillotinés, on peut le savoir ; pour les victimes de fusillades (par exemple lors de la répression à Lyon, ou bien à Avrillé) on a des chiffres relativement précis ; mais pour toutes les victimes de massacres en Vendée, en Vivarais, dans le midi, à Nantes… et même aux Tuileries le 10 août 1792, on n’a que des estimations, des approximations, des suppositions !

  4. le 21 janvier 2023 à 10 h 49 min Goës écrit:

    Paix aux âmes de tous ces martyrs !

  5. le 2 février 2022 à 21 h 38 min Maître-Chat Lully écrit:

    Merci, Monsieur, pour ces précisions, qui nous permettent de compléter notre texte.

  6. le 2 février 2022 à 16 h 45 min Jean D. écrit:

    Petites précisions suite à mes recherches sur les guillotinées.
    Françoise TREHET a été guillotinée le 13 mars 1794 à ERNEE
    Jeanne VERON a été guillotinée à ERNEE le 20 mars 1794 à l’âge de 29 ans
    Jeanne VERON n’a jamais porté le nom de VERONDEUX !!
    Anne la soeur de Jeanne VERON a été guillotinée à LAVAL le 25 avril 1794 à l’âge de 41 ans
    Jean D.

  7. le 21 janvier 2021 à 9 h 50 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Que le Seigneur nous accorde la grâce de suivre l’exemple des martyrs, en cette année 2021 qui va nous imposer un choix. Aujourd’hui, il n’y a plus la guillotine. D’autres moyens sont utilisés pour les réfractaires…

  8. le 21 janvier 2020 à 19 h 03 min Gérard G. écrit:

    Merci pour votre engagement en faveur de la vérité historique même si plus personne en dehors des chrétiens ne se soucie de ce passé et de la falsification mensongère qui en a résulté et se propage encore comme un sang contaminé dans le corps social.

  9. le 20 janvier 2020 à 20 h 18 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Nous n’avons pas fini de découvrir tant de héros du Christ, hommes et femmes, religieux et religieuses, prêtres, martyrs de la révolution française, tant il y en eut.
    Merci, cher frère, de nous les faire connaître et de nous les rappeler.
    Qu’ils nous aident à vivre héroïquement ces temps actuels que vivent l’Eglise et le monde.

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