2013-87. Quelques citations et quelques réflexions du Maître-Chat Lully – novembre 2013.
Samedi 30 novembre 2013,
Fête de Saint André, apôtre.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Selon mon habitude, je termine ce mois en partageant avec vous quelques citations ou quelques unes des réflexions que m’a inspirées l’actualité au cours des dernières semaines.
Jan van Eyck : l’Agneau entouré des anges et des saints
(triptyque de l’Agneau mystique – Gand)
Le mois de novembre commence avec la fête de la Toussaint, que nous triplons en quelque sorte, ou plus exactement que nous amplifions ensuite à deux reprises, puisque nous avons célébré – le 3 novembre – la fête de tous les saints du diocèse de Viviers, puis – le 13 novembre – la fête de tous les saints de l’Ordre de Saint Augustin.
Il est arrivé assez souvent que l’on entende des prêtres – ou des évêques – dire de manière sentencieuse que le second concile du Vatican aurait fait prendre conscience que la sainteté n’était pas réservée aux prêtres et aux religieux (sic) et que – entre autres « nouveautés » – « le » concile avait enfin (re-sic) lancé un appel universel à la sainteté !
Voilà bien encore une de ces absurdités dont les modernistes sont coutumiers : s’ils avaient un minimum de connaissances historiques, un chouilla de culture, en sus d’un tout petit peu de piété, ils seraient contraints de se rendre à l’évidence : cet appel à la sainteté adressé à toutes les catégories de fidèles, l’Eglise l’a toujours fait entendre ; l’Eglise l’a toujours mis en avant !
Pour s’en bien persuader, il suffit, par exemple, – comme nous le faisons avec la récitation de l’office divin dans sa forme traditionnelle – de lire quotidiennement le martyrologe ; il suffit encore de se nourrir spirituellement de la vie des saints ; il suffit aussi de se laisser instruire par les écrits des Pères de l’Eglise, ainsi que par les exhortations que les pontifes et les conciles des âges passés ont adressées aux fidèles ; il suffit enfin - et par dessus tout – de méditer quotidiennement sur le Saint Evangile et sur les épîtres des Saints Apôtres…
Je ne vois donc vraiment pas où se trouverait cette prétendue « nouveauté » apportée par « le » concile !
L’oratoire du Mesnil-Marie, le 2 novembre.
Novembre, c’est aussi un mois que la dévotion des fidèles tourne particulièrement vers la prière pour les défunts. C’est en raison, bien sûr, de la commémoraison solennelle des trépassés, le 2 novembre.
Je suis véritablement plus que perplexe devant cette mode actuelle qui, dès qu’il y a des victimes d’une catastrophe naturelle, d’un accident, d’un drame, d’une maladie… bref, de la mort, ne fait plus parler que d’ « hommages » aux défunts.
A tel point que désormais les cérémonies religieuses de funérailles sont qualifiées de « messes en hommage ».
Malheureusement, la réforme issue du second concile du Vatican a porté atteinte à la Foi, au point que, par exemple, les oraisons de la liturgie du 2 novembre ne présentent plus à Dieu des prières pour que les âmes des défunts soient libérées des peines consécutives à leurs fautes, mais demandent seulement : « Fais grandir notre foi (celle des vivants donc) en ton Fils ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la résurrection de tous nos frères défunts » (c’est l’oraison que l’on trouve dans la version française de la « liturgie des heures » pour le 2 novembre).
A n’en pas douter, c’est une conception protestante qui a prévalu ici, à l’encontre de la Foi catholique traditionnelle !
Cette négation factuelle du Purgatoire et des purifications nécessaires – qui peuvent être très longues – avant l’admission dans le Royaume céleste, se retrouve dans nombre de célébrations des funérailles : les messes d’enterrement (ou les pseudo-liturgies qui les remplacent) ne sont plus d’insistantes prières pour le repos de l’âme du disparu, mais des célébrations dans lesquelles l’affect et la sentimentalité prédominent sur la prière et la Foi.
Facilement, on y entend dire que le défunt est déjà « ressuscité », ou bien qu’il a été « accueilli à bras ouverts à la table de Dieu », ou encore qu’il est « entré dans la maison du Père »… etc.
Bref ! on fait de ces funérailles des espèces de béatification… au rabais.
Car c’est cela une béatification : l’affirmation par l’Eglise qu’un homme est au Ciel. Mais cette affirmation ne peut pas se faire sans preuves, preuves que l’on recherche et que l’on vérifie au cours d’une enquête, normalement longue et minutieuse (le procès en béatification).
Il est absolument illusoire et mensonger, au moment des funérailles, de dire et de répéter qu’un défunt est déjà au Ciel (ou formules équivalentes).
Sans doute cela est-il fait parce que l’on souhaite consoler des familles et des amis dans le deuil, mais ce faisant on manque cruellement d’authentique charité : si en effet l’on dit qu’un défunt est allé au Ciel, ses parents et ses connaissances ne verront pas la nécessité de prier pour le repos de son âme, ni de faire célébrer des messes de suffrage pour que l’âme du trépassé soit purifiée des conséquences de ses fautes. De fait donc, par la faute de ceux qui ont affirmé que les défunts sont rapidement introduits dans la béatitude du Paradis, leurs âmes restent-elles plus longtemps en Purgatoire !
Monseigneur Domenico Bartolucci en 2006 avec Sa Sainteté le Pape Benoît XVI
(Monseigneur Bartolucci sera élevé à la dignité cardinalice en 2010)
Le 11 novembre, nous avons appris avec émotion la mort de Son Eminence Révérendissime le Cardinal Domenico Bartolucci.
In illo tempore, j’avais publié (cf. > ici) la traduction française de l’entretien que Monseigneur Bartolucci (il n’avait pas encore été créé cardinal) avait accordé à deux journalistes italiens ; c’était en 2009.
Cela fait toujours du bien de relire ses paroles, car il ne pratiquait pas la langue de bois, ni ne se perdait en circonvolutions diplomatiques lorsqu’il s’agissait de dénoncer le massacre liturgique opéré « depuis le concile ».
A celui qui proclamait alors qu’il avait toujours célébré la Sainte Messe latine traditionnelle et qu’il aurait bien des difficultés à célébrer la messe du rite moderne puisqu’il ne l’avait jamais dite, a été faite cette ultime insulte : avoir une messe de funérailles selon le nouvel ordo… Horresco referens !
J’en ai éprouvé une très grande peine, mais je suis certain que ceux qui lui ont joué ce mauvais tour devront l’expier (si ce n’est pas en ce monde, ce sera dans l’autre) et, ainsi qu’on le dit familièrement, ne l’emporteront pas en paradis.
On lira avec intérêt, sur l’excellent site « Benoît et moi », ce qui a été publié à l’occasion du rappel à Dieu de Son Eminence le Cardinal Bartolucci, cf. > ici.
Les étrennes radicales-socialistes (caricature par A. Lemot, publiée dans « le Pèlerin » – début XXe s.)
Un travailleur croule sous le poids des scandales et charges que lui imposent les politiciens de gauche.
Sur les paquets dont il est chargé on peut lire : confiscations, Zola, expulsions, vols, liberté morte, retraites, impôts nouveaux, grèves, déficit, anti militarisme, écoles sans Dieu… etc.
Sous le dessin on lit : « Espérons, brave travailleur, que cette année tu ne te plaindras pas ! Tu en as de belles étrennes… et ce n’est pas fini ! »
Lorsque je suis – toujours avec un certain recul – l’actualité politique et sociale de notre France, j’ai l’impression que l’histoire se renouvelle et ramène, comme cycliquement, le même type d’événements.
Qui pourrait s’en étonner ? Les mêmes causes ne produisent-elles pas toujours les mêmes effets ?
A la tête de ce pays dont, aujourd’hui, tous les structures et rouages de gouvernement ont été élaborés, voulus et imposés par les loges, nous avons véritablement, cachés sous les oripeaux de leurs proclamations émues des « valeurs de la république », ni plus ni moins que des idéologues intégristes et nostalgiques : intégristes de l’anti-catholicisme, intégristes du Grand Orient, nostalgiques du club des Jacobins, nostalgiques de la sanglante Commune de Paris, nostalgiques du « petit père Combes » et de Ferdinand Buisson…
Et ce que ce système a produit, à chaque fois, c’est l’oppression – voire la terreur – , la guerre, la misère – matérielle, psychologique et spirituelle – , la famine, le brigandage, l’injustice…
Il y aura fort à faire pour relever de telles ruines… et sans doute n’avons-nous pas encore tout vu !
Tant qu’il n’y aura pas conversion et pénitence, il sera vain d’espérer dans un « changement ».
La conversion des cœurs doit nécessairement entraîner la conversion des mentalités et des structures : les structures de la société, et les structures de l’Etat.
« Qu’on ne s’y trompe pas : plus un peuple a été bercé d’illusions et plongé dans la vie facile, plus l’élite doit mener une vie austère et sacrifiée, ainsi seulement elle pourra désarmer l’envie, susciter la confiance et amorcer par son exemple une nouvelle discipline et un relèvement des mœurs. C’est par la tête que les sociétés tombent malades et c’est aussi par la tête qu’elles guérissent » (Gustave Thibon).
Gallia poenitens : la France pénitente.
« La France, Ma France, n’a pas encore atteint le fond de l’abîme ; elle n’est qu’au début de ses humiliations : il lui faudra encore descendre plus bas, être davantage humiliée, aller encore plus loin, bien plus loin, dans cette voie des outrages et de l’affliction amère où elle marche depuis plus de deux siècles…
C’est l’orgueil qui l’a conduite dans cette voie ; c’est l’orgueil qui la conduit encore ; et son orgueil n’aura de guérison que dans les plus extrêmes humiliations, au point qu’on la croira tout à fait anéantie.
Tant qu’elle n’aura pas fait pénitence, tant qu’elle n’aura pas tout expié, il n’y aura point de salut pour elle, et la porte de l’espérance lui demeurera obstinément fermée.
Tant que vous vous confierez en des moyens humains, vous récolterez l’amertume, la ruine et l’humiliation, roulant d’abîmes en abîmes.
Tant que vous ne vous confierez pas, et uniquement, en Mon Cœur et dans les moyens surnaturels qu’Il vous a tant de fois recommandés, vous aurez beau vous agiter, vous aurez beau dire et beau faire, vous continuerez à vous enfoncer.
Tant que vous ne serez pas revenus à Mon Cœur de toute l’énergie de votre volonté convertie, vous vous enfoncerez encore.
Il n’y a que la pénitence, encore et encore la pénitence, encore et toujours la pénitence, une pénitence inspirée par l’amour et par une contrition absolue, qui sortira la France de l’abîme.
Mais pour l’heure, et pour longtemps encore, il vous faudra gémir sous le pouvoir des ténèbres… »
Et nous voici tout à la fois au dernier jour de novembre et au dernier jour de l’année liturgique : ce soir, en effet, commence le saint temps de l’Avent (cf. > ici) ; ce soir recommence le cycle sacré de la célébration des mystères de notre salut par lequel sont sanctifiées nos années terrestres : nous allons une nouvelle fois revivre les événements du Saint Evangile, non comme des anniversaires historiques, mais par une actualisation des grâces divines qu’ils nous ont values.
A vous tous donc, chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion, bonne, fervente et sainte nouvelle année liturgique, dans la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
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Vous pouvez laisser une réponse.
« …et sans doute n’avons-nous pas tout vu! ».
Et non! nous n’avions pas tout vu, et surtout ce qui nous arrive en ce moment… Covid 19, manipulation de l’opinion, grande réinitialisation, Eglise à tout va sans gouvernail.
Entendons-nous nos évêques répercuter les messages de pénitence, pénitence, pénitence que Notre-Dame nous a donnés à La Salette, Lourdes, Fatima et en bien d’autres lieux?
Peut-on aller plus loin dans l’humiliation des humains de toutes nations, de l’Eglise muselée, de la privation de liberté? N’en est-on pas au creux de la vague?
Quelle déchéance!
La TOUR de BABEL…. nous y sommes.
Les dérives sont en effet possibles lors des cérémonies d’enterrement sans prêtre – puisque c’est le cas faute de prêtres, dans certaines paroisses – .
Les familles sont souvent tellement pauvres et loin de l’Eglise, qu’il n’est pas aisé de les inciter à la réflexion sans les accabler ni les culpabiliser…Leur dire que leur défunt peut accéder à Dieu, et qu’il faut prier pour lui en ce sens, est déjà une parole forte pour certains ! Quel serait l’intérêt de les rejeter par un jugement négatif ?
Réponse de Lully :
Si on demande des funérailles religieuses à l’Eglise catholique, on le fait pour certaines raisons précises me semble-t-il.
Au prêtre de profiter de la rencontre avec la famille, avant les funérailles, pour expliquer ou rappeler certaines choses…
Ne pas le faire est un contre-témoignage et n’a pas d’effets positifs.
Qui parle de rejeter ?
Il s’agit seulement d’être cohérent.
Cela fait parti de la dialectique destructrice et subversive, aussi bien en politique qu’au sein de l’Eglise conciliariste : on accuse le passé, on le ridiculise, on lui trouve tous les torts que le ‘présent’ va purifier! Ainsi la Liturgie, le Catéchisme, l’habit ecclésiastique, etc…
Mais l’Eglise ne se trompe pas et sa Tradition traversera les siècles, s’il doit y en avoir encore, tandis que les idéologies qui ne sont que des modes expressives de la limite intellectuelle des idéologues privés de la Sagesse divine, ne sont rien que du vent, mais un vent qui pousse à la colère.
Merci beaucoup pour ces considérations pleines de vérité.
Elles vont sans dire mais encore mieux en les disant.
La gravure de 1900 pourrait être de 2013.
Bien cordialement à vous.
JLP
- « Les messes d’enterrement ne sont plus d’insistantes prières pour le repos de l’âme du disparu, mais des célébrations dans lesquelles l’affect et la sentimentalité prédominent sur la prière et la Foi. »
- « Sans doute cela est-il fait parce que l’on souhaite consoler des familles et des amis dans le deuil ».
COMME C’EST BIEN DIT, CE SONT DES VERITES VRAIES!