2013-65. De l’importance de la part monastique dans la vie de notre glorieux Père Saint Augustin.

2013-65. De l'importance de la part monastique dans la vie de notre glorieux Père Saint Augustin. dans Chronique de Lully saint-augustin-remettant-la-regle-a-ses-disciples

Saint Augustin remettant sa Règle à ses disciples.

       De tous les Pères de l’Eglise, Saint Augustin est, avec Origène, le plus important, tant par la quantité et la valeur de ses écrits, que par l’influence qu’ils exercèrent.

   Or, s’il y a une chose qui me surprend particulièrement en nos temps, c’est la quasi ignorance qu’ont de nombreux chrétiens du rôle de Saint Augustin dans l’histoire et pour le développement du monachisme occidental.
On pourrait presque dire que – quand on parle de vie monastique – le plus grand nombre de nos contemporains pose une espèce d’équation : moine = bénédictin ; tandis que lorsque on cite le nom de Saint Augustin on ne semble retenir que son expérience personnelle de conversion puis sa prédication et ses écrits sans attacher d’importance à sa Règle.

Pourtant la Règle de Saint Augustin est sans conteste la première des Règles monastiques occidentales !

Blason-Augustins monachisme dans Lectures & relectures

   Saint Augustin est né le 13 novembre 354.
A cette date, Saint Antoine le Grand est mort depuis deux ans, Saint Pacôme est mort depuis huit ans, et Saint Basile le Grand est âgé de vingt-six ans.
La « Vie de Saint Antoine », écrite par Saint Athanase, voit le jour en 357, les textes de Saint Pacôme, tout comme les lettres de Saint Jérôme concernant la vie et l’ascèse monastiques ne seront connues en Occident que dans le dernier quart du IVe siècle.
Saint Augustin, jeune homme, ignore tout de cette littérature.

   Dans les « Confessions », plus encore que sa propre biographie c’est son itinéraire spirituel vers la vie monastique que Saint Augustin a retracé.
Pour mémoire souvenons-nous que, dans sa jeunesse, Augustin de Thagaste est en quête d’amitié, a soif de bonheur, est épris de beauté…

Dans le cours de ses études, la lecture de l’ « Hortensius » de Cidéron l’oriente vers la recherche de la sagesse, mais la foi dans laquelle il a été éduqué par Sainte Monique n’y résiste pas : en effet, Augustin oppose foi et raison ; les textes de la Sainte Ecriture lui semblent tout à la fois obscurs et confus ; leur style paraît par trop simple à cet amoureux des belles lettres.
C’est alors qu’il est entraîné par les manichéens, eux qui lui ont promis de le conduire à la sagesse sans avoir à passer par la foi. Il adhère à leur doctrine pendant plusieurs années, tandis qu’il enseigne à Carthage, puis à Rome.
Mais à Rome, justement, Augustin commence à prendre des distances avec le manichéisme qui le déçoit ; il tend au scepticisme… C’est alors que, nommé professeur à Milan, il fait la connaissance de Saint Ambroise et du platonisme.

   Un jour, Ponticien (Ponticianus) qui occupait un poste en vue à la cour mais qui, comme eux, était originaire d’Afrique du Nord, vint rendre visite à Augustin et à son ami Alype (Alypius).
Ponticien était chrétien, et c’est de sa bouche que pour la première fois, Augustin et Alype entendirent parler de Saint Antoine, de la vie monastique et du groupe d’anachorètes, protégé par Saint Ambroise, qui vivait hors les murs de Milan.
Ce fut là une véritable révélation, une sorte d’électrochoc spirituel, un moment absolument décisif. Douze années s’étaient écoulées depuis sa lecture de l’ « Hortensius », douze années de déceptions et d’impasses dans la recherche de la sagesse : Augustin avait épuisé les voies de la philosophie et ne se trouvait pas plus avancé. Et voici que le récit de Ponticien lui révélait que des hommes simples, armés de leur seule humilité, gagnaient le ciel après avoir conquis dès ici-bas la vertu et la paix intérieure qu’il n’avait pu atteindre jusqu’alors !
On connaît la suite : l’agitation intérieure extrême qui se fait dans l’âme d’Augustin, les derniers combats qui se livrent dans son âme jusqu’au moment où, dans le fond du jardin, il entend ce « Tolle! Lege ! Prends ! Lis ! » qui emporte sa conversion : conversion qui l’amène au baptême et enracine définitivement en lui l’orientation monastique.

   Pour Saint Augustin il y a une étroite corrélation entre devenir chrétien et devenir moine !

nicolo-di-pietro-la-visite-de-ponticien-a-augustin-et-alype Règle dans Nos amis les Saints

Nicolo di Pietro (+ 1415) : la visite de Ponticien à Augustin et Alype
(tempera sur bois – musée des Beaux Arts de Lyon) :
Au centre du tableau, Augustin qui est en train de jouer aux échecs avec Alype (à gauche) reçoit
la visite de Ponticien (à droite) : son récit les fascine au point qu’ils restent en suspens… 

   Converti en 384, Augustin sera baptisé par Saint Ambroise à Pâques 387 (nuit du 24 au 25 avril). C’est que presque aussitôt après sa conversion, il se retire dans un domaine mis à sa disposition par un ami : Cassiciacum.
Sont aussi présents à Cassiciacum sa mère, Sainte Monique, son fils Adéodat, âgé d’une quinzaine d’années mais d’une étonnante maturité, et un petit groupe d’amis : ils s’adonnent à quelques travaux champêtres, lisent en commun et commentent leurs lectures, se livrent à des discussions philosophiques autour de thèmes fondamentaux aux yeux d’Augustin : la vérité, le bonheur, le mal…
Car Saint Augustin n’envisage pas la recherche de la vérité en dehors d’une sorte de vie communautaire – assez souple – qu’imprègne l’amitié. Ainsi, avant même d’être baptisé, c’est une forme de vie monastique qu’Augustin et ses amis mettent en place. Après son baptême (en même temps que lui sont baptisés Alype, l’ami fidèle, et Adéodat, le fils prodige), ce style de vie va être perfectionné et c’est cette expérience qui sera à l’origine de la Règle que Saint Augustin va rédiger moins de 10 ans plus tard.

   L’année suivante (388), Saint Augustin retourne en Afrique ; passant auparavant par Rome, il y prend contact avec des groupes d’ascètes : il en a laissé le récit dans un ouvrage apologétique intitulé « Des moeurs de l’Eglise catholique et des moeurs des manichéens », où il établit un lien entre la vie monastique et la sainteté de l’Eglise. C’est grâce à ces communautés et grâce à Saint Jérôme que Saint Augustin va connaître le monachisme oriental.

   Toutefois il serait faux de dire que Saint Augustin voudra imiter ce qu’il a vu ou ce dont il a entendu parler. 
Le monachisme augustinien n’a pas d’autre véritable source que Saint Augustin lui-même : il est le fruit de son génie propre, le fruit de la façon toute personnelle dont il a été saisi par la grâce au travers des Saintes Ecritures, le fruit de sa vocation particulière dans laquelle se conjuguent l’insatiable quête de la vérité et de la sagesse avec l’impérieux besoin de partager ses expériences spirituelles.

   De retour à Thagaste, Saint Augustin, âgé de 34 ans, met la maison paternelle à la disposition d’une communauté d’amis, laïcs fervents. Il s’agit bien là d’une forme de vie monastique : renonciation aux biens, vie commune, études et travail intellectuel, temps de prière communautaires.
Mais les habitants de Thagaste se faisant par trop importuns Saint Augustin se rend à Hippone pour y établir un monastère dans un endroit plus tranquille.
Déjouant ses projets, la Providence l’attendait à Hippone pour le faire choisir comme prêtre, adjoint à l’évêque : Saint Augustin accepte en pleurant, sacrifiant ses aspirations personnelles pour le service de l’Eglise.
Toutefois, pour lui permettre de continuer sa vie monastique, l’évêque lui attribue un jardin près de l’église pour qu’il puisse y installer son monastère. Augustin a trente-sept ans, certains de ses compagnons de Thagaste viennent le rejoindre.
Cinq ans plus tard (396), alors qu’il est appelé à l’épiscopat, Saint Augustin rédige à l’intention de ce « monastère du jardin » la Règle, qui codifie ce qu’ils ont vécu et pu expérimenter pendant qu’il vivait avec cette communauté de moines qui ne sont pas des clercs.
De son côté, Saint Augustin devenu évêque (à l’âge de 42 ans) entend bien continuer à mener la vie monastique : il organise donc son clergé en communauté. Ainsi, à côté du « monastère du jardin » (composé de moines laïcs et dirigé par Alype) établit-il un monastère de clercs.

   Lorsqu’il rend son âme à Dieu, le 28 août 430 à l’âge de 76 ans, Saint Augustin a parsemé l’Afrique du Nord de petites communautés monastiques vivant de son expérience spirituelle.

sandro-boticelli-st-augustin-dans-sa-cellule Saint Augustin

Boticelli : Saint Augustin dans sa cellule.

Lire ou relire la Règle de Saint Augustin > ici.

Vous pouvez laisser une réponse.

3 Commentaires Commenter.

  1. le 3 mai 2023 à 17 h 14 min Jean P. écrit:

    Beau, intéressant et enrichissant parcours de cette vie exemplaire.

  2. le 5 mai 2020 à 11 h 21 min Goës écrit:

    Cette façon de vivre préconisée par Saint Augustin existait bien dans les corps intermédiaires de métier d’Ancien Régime avec leurs saints patrons. Il a fallu une infiltration dans ces corps pour en détruire le sens, pire encore avec la révolution Française et nous amener au libéralisme individualiste et l’adoration du Dieu Mammon.

  3. le 28 août 2013 à 16 h 30 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Merci pour ce beau rappel de ce que fut Saint Augustin !

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