2012-89. Divinae patientiae mysterium…
- Mystère de la Patience divine -
18 décembre,
fête de l’expectation de l’enfantement de la Bienheureuse Vierge Marie.
Jacques Daret (1404 – 1470) : détail du tableau de la Visitation.
Mystère de l’attente.
Mystère de la bienheureuse espérance.
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Et, comme tout ce qui est divin, Sa patience est infinie,
Son absence de précipitation est infinie,
Son espèce de refus de réagir « à chaud » est infinie.
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Quand l’homme – Adam – entraîne dans le péché originel toute l’humanité qui naîtra de lui, et qu’Il lui promet un Rédempteur, Il mettra plusieurs millénaires pour accomplir cette promesse.
Et nous, si spontanément, nous Lui aurions conseillé de Se dépêcher de mettre à exécution Son dessein de Salut : « Vous rendez-Vous compte, Seigneur ? Toutes ces âmes qui, en attendant, risquent de Vous échapper parce qu’elles seront extérieures à Votre sainte grâce !!! »
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Tout au long de l’Ancien Testament, que d’exemples de cette patiente longanimité, que de leçons de patience données aux premiers patriarches, à Noé (il s’écoule 100 ans entre l’annonce du déluge et le moment de son déclenchement, et pendant ce temps-là les impies se moquaient de Sa « menace »), à Abraham, à Jacob, à Joseph, à Moïse (« Je suis le Seigneur, lent à la colère… »), à David, aux saints prophètes et aux rois du peuple d’Israël, ce peuple à la nuque raide, si prompt à se détourner de la voie de sainteté qui lui a pourtant été si bien présentée et expliquée !
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Quand enfin Il a décidé que la plénitude des temps était venue et qu’Il a envoyé Son Fils dans le monde, Il ne l’a pas fait apparaître à l’âge adulte (de la même manière qu’Il avait créé Adam) pour accomplir une Rédemption prompte et bien tranchée, comme nos héros qui – Deus ex machina – viennent rétablir des fins heureuses à la manière des contes de fées et des films.
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Neuf mois de gestation dans le sein d’une Vierge silencieuse ; une naissance dans le dénuement, ignorée ou méprisée par la plupart de ceux qui attendaient avec pourtant tant de désirs le Salut promis à Israël ; des années d’exil en terre païenne ; une vie humble et laborieuse dans une obscure bourgade de Galilée jusqu’à l’âge de trente ans ; trois années de prédication en butte à une contradiction et une opposition croissantes, avec en sus l’incompréhension et la lourdeur d’esprit de Ses propres disciples, de Ses propres élus…
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Quand Il accomplit enfin cette Rédemption qu’avaient espérée patriarches et prophètes, c’est dans l’opprobre, c’est dans l’échec apparent, c’est en donnant aux forces du mal le sentiment de leur victoire…
Et quand Il triomphe de la mort, c’est sans l’imposer de manière évidente et éclatante, c’est dans les voiles mystérieux de la foi : « Bienheureux ceux qui croiront sans avoir vu ! »
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Il annonce que nous sommes entrés dans « les derniers temps », Il nous enseigne par Ses saints Apôtres que nous devons nous tenir prêts parce qu’Il reviendra bientôt, Il nous assure que « maintenant » le jugement du monde est proche et que le prince de ce monde va être jeté dehors… et cela fait vingt siècles que pourtant tout semble continuer comme avant Sa venue.
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Il établit Son Eglise – une, sainte, universelle – , Son Royaume ici-bas, en lui faisant endurer à travers la longue suite des siècles, de sanglantes persécutions, de fratricides divisions, de perverses hérésies, de cruelles apostasies…
Bien pis : en permettant que Ses élus, Ses baptisés, Ses consacrés, Ses prêtres, Ses pontifes, pactisent avec le péché, s’accommodent de la tiédeur, vivent dans la schizophrénie spirituelle de ceux qui prêchent la bonne parole et se complaisent dans des mœurs scandaleuses, pervertissent Sa doctrine, laissent l’affadissement corrompre le sel, Le renient, Lui crachent au Visage, profanent le sceau sacré imprimé dans leur âme, se damnent…
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Il a voulu que l’Empire – avec les Saints Constantin et Théodose – abandonne le culte des idoles et devienne chrétien, mais Il a aussi permis que ce même Empire tombe sous les coups des barbares ariens ou païens.
Il a œuvré magnifiquement, par Ses saints, pour la conversion de ces barbares et l’édification de royautés chrétiennes, mais Il a aussi permis que ces mêmes royautés se divisent, s’effritent et s’effondrent du fait des hérésies et des schismes, du fait des pseudo « lumières », du fait de la Maçonnerie, du fait de l’athéisme et du laïcisme militants…
Dieu ne met aucune hâte à faire les choses.
Dieu est patient…
Sa patience est infinie.
Il me donne, chaque jour et tous les jours, toutes les grâces nécessaires à mon salut et à ma sanctification, mais Il tolère toutefois que je Lui sois infidèle et que je reprenne ma parole quand je Lui ai tant de fois promis fidélité, Il supporte que je grignote en pratique – petit bout par petit bout – les dons que je Lui avais fait, Il endure que je tombe et retombe dans mes lamentables fautes parce que je me laisse entraîner par mes lâchetés, Il patiente tandis que je trahis par manque de ferveur et d’amour…
Dieu est patient.
Sa patience est infinie !
Patience de mon Dieu,
Sainte Patience de mon Dieu,
Sainte et infinie Patience de mon Sauveur,
Sainte et souveraine Patience du Roi des rois qui tenez en Votre main la destinée de toutes choses,
Sainte et incompréhensible Patience du Juge éternel qui avez versé jusqu’à la dernière goutte de Votre Sang Précieux pour m’obtenir le pardon,
ô divine et Sainte Patience,
je vous adore !
Patience de mon Dieu,
Patience de mon Sauveur,
Patience de mon Roi,
Patience de mon Juge,
apprenez-moi à voir les choses d’ici-bas avec vos propres yeux,
enseignez-moi à être patient avec les autres, et avec moi-même, selon cette même mesure qu’Il exerce envers moi !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
En préparation de la Nativité, lire ou relire l’histoire de la dévotion à la Crèche > ici.
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