2012-83. Deux textes prophétiques.
23 novembre,
Fête de Saint Clément 1er, pape et martyr (cf. > ici) ;
Anniversaire de la mort de Louis de Bonald, baron-pair de France (cf. > ici).
Dans la continuité des réflexions et de l’Instruction Pastorale de Monseigneur Louis Edouard Pie que j’ai publiés > ici, voici deux autres textes – beaucoup plus courts – dont on peut dire qu’ils sont véritablement prophétiques tant ils semblent décrire ce qui se passe aujourd’hui dans nos sociétés.
Le premier, de 1901, est extrait d’une allocution consistoriale prononcée par le Pape Léon XIII, et le second, de 1903, est tiré de la première lettre encyclique de Saint Pie X.
Nous y sommes bien loin de l’optimisme – aussi naïf et béat que fallacieux – du prétendu « esprit du concile » ; ils sont, tout au contraire, remplis de ce même réalisme surnaturel et de la même lucidité spirituelle qui inspiraient déjà Saint Jean à la fin du 1er siècle lorsqu’il écrivait : « Ne vous étonnez point, mes frères, si le monde vous hait (1 Johan. III, 13)… Nous savons que nous sommes de Dieu ; et le monde est tout entier sous l’empire du Malin (ibid. V, 19) ».
Luca Signorelli : la réprobation des damnés
(fresques de la cathédrale d’Orvieto – détail)
Il est à redouter que la société civile ne coure à des catastrophes d’autant plus grandes
qu’elle s’éloigne davantage de Jésus-Christ Rédempteur :
« Vénérables Frères, le grand souci qui nous tourmente est de voir que les épreuves et les afflictions qui entourent les catholiques, loin de s’atténuer, vont en s’aggravant chaque jour et même se propagent d’une partie de l’Europe à l’autre comme une véritable contagion… Ce qui domine en ce moment, c’est le dessein manifeste des ennemis de l’Église d’attaquer violemment les institutions chrétiennes, et on dirait qu’il y a comme un pacte formé entre eux dans ce but. On en voit la preuve dans ce qui se passe un peu partout, à savoir les soulèvements des foules, les cris de violence et les menaces proférées en public, les publications populaires, les outrages publics jetés sur les choses et les personnes les plus respectables. Ce sont là de tristes indices pour l’avenir et qui font présager avec toute vraisemblance qu’à des temps malheureux succéderont des temps plus malheureux encore. L’Église, sans doute, appuyée sur Dieu et n’ayant rien à craindre pour elle, attendra et supportera toutes les luttes que chaque jour lui apportera. Quant aux États, il est à craindre qu’ils ne voient point où ils vont, et pour la société civile elle-même, il est à redouter qu’elle ne coure à des catastrophes d’autant plus grandes qu’elle s’éloigne davantage de Jésus-Christ Rédempteur. »
allocution consistoriale sur les périls qui menacent l’Église et la société civile,
15 août 1901.
Des habitudes de vie, tant privée que publique,
où nul compte n’est tenu de la Souveraineté de Dieu :
« Nous (éprouvons) une sorte de terreur à considérer les conditions funestes de l’humanité à l’heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s’aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu’aux moelles, l’entraîne à sa ruine ? Cette maladie, vénérés Frères, vous la connaissez, c’est, à l’égard de Dieu, l’abandon et l’apostasie… De nos jours, il n’est que trop vrai, les nations ont frémi et les peuples ont médité des projets insensés (Ps. II, 1) contre leur Créateur ; et presque commun est devenu ce cri de Ses ennemis : Retirez-vous de nous (Ps. XXI, 14). De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n’est tenu de Sa Souveraineté. Bien plus, il n’est ni effort ni artifice que l’on ne mette en oeuvre pour abolir entièrement Son souvenir et jusqu’à Sa notion.
Qui pèse ces choses a droit de craindre qu’une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la terre, et que véritablement le fils de perdition dont parle l’Apôtre (2 Thess. II, 3) n’ait déjà fait son avènement parmi nous. Si grande est l’audace et si grande la rage avec lesquelles on se rue partout à l’attaque de la religion, on tend d’un effort obstiné à anéantir tout rapport de l’homme avec la divinité. En revanche, et c’est là, au dire du même Apôtre, le caractère propre de l’Antéchrist, l’homme, avec une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s’élevant au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C’est à tel point, qu’impuissant à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le joug de Sa Majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple, où il prétend recevoir les adorations de ses semblables. Il siège dans le temple de Dieu, où il se montre comme s’il était Dieu lui-même (2 Thess. II, 2). »
Saint Pie X,
encyclique « E Supremi apostolatus cathedra »,
4 octobre 1903.
Vous pouvez laisser une réponse.
La grande masse de la population reste indifférente et ignore tout de la volonté de détruire l’économie et la religion dans leur forme traditionnelle (corps de métier en rapport avec la religion d’origine etc.) car, la journée de travail finie, elle souhaite se reposer (il lui faut s’occuper de ses affaires familiales, les livres coutent cher, etc.) ; mais tous les jours par la TV, la radio on lui diffuse des propos mensongers et récupérateurs (propagande) : d’où son ignorance.
Cher frère,
Merci pour ces textes éclairants.
L’affaire Femen que j’ai vécue en direct au cours de la manifestation en apporte une preuve manifeste : ces femmes demi-nues semblaient sorties de l’enfer, et les slogans inscrits sur leurs corps et leurs extincteurs étaient blasphématoires et utilisaient une langue étrangère. Ces personnes au visage inexpressif étaient manifestement payées pour être là : par qui ? Prions pour la conversion de C. F. : elle en a bien besoin !
Emmenant un groupe à Solesmes pour Noël, j’emporte avec moi ces textes.
Merci !
Autre perspective avec dom Guéranger :
Dieu promit solennellement à Noé de ne plus envoyer contre la terre coupable le terrible châtiment du déluge ; mais sa justice l’a contraint plusieurs fois, pour punir les nations révoltées de recourir à un moyen sévère, et qui présente plus d’une analogie avec le déluge ; il a déchaîné contre les peuples le fléau des invasions ennemies. L’histoire en présente, dans tout son cours, la suite effrayante ; et toujours la divine Providence s’est justifiée dans ses œuvres. Les invasions étrangères ont été toujours amenées par les crimes des hommes, et il n’en est pas une seule qui n’atteste la suprême équité par laquelle Dieu gouverne le monde.
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« C’est notre tour maintenant, nations occidentales, si nous ne revenons pas au Seigneur notre Dieu. Déjà les cataractes du Ciel sont entrouvertes et le flot vengeur de la barbarie menace de se précipiter sur nous. Mais aussi dans notre Europe, toute chair n’a-t-elle pas corrompu sa voie, comme aux jours de Noé ? N’avons-nous pas conspiré de toutes parts contre le Seigneur et contre le Christ ? N’avons-nous pas crié comme les nations impies dont parle le Psalmiste :
« Brisons leurs liens et rejetons leur joug loin de nous ? Tremblons que le moment ne soit venu en dépit de notre orgueil et de nos fragiles moyens de défense, où le christ irrité à qui seul les peuples appartiennent, « nous régira avec la verge de fer, et nous brisera comme un vase d’argile » . Le temps presse, profitons du conseil que nous donne le Roi-Prophète :
« Servez le Seigneur dans la crainte ; embrassez sa loi, de peur que le Seigneur ne s’irrite, et que vous ne périssiez quand sa colère s’allumera soudain ».
Dom Prosper Guéranger L’Année liturgique
Jeudi de la Sexagésime
Bonsoir, bien cher Frère,
un commentaire hier… aucun aujourd’hui : silence éloquent tant « vous collez » à l’actualité…
Et ce Signorelli, quel talent, et quel effroi!
Je dirai bien comme Anny G. : mais quand même…