2012-46. Les trois conversions de Saint Augustin.

       L’attachement de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI à la figure et aux enseignements de Saint Augustin est bien connu. Dans ce modeste blogue, nous avions déjà publié l’intégralité des textes des cinq catéchèses des audiences générales que le Souverain Pontife avait consacrées à la présentation de la personne et de la pensée du « Docteur de la Grâce », au début de l’année 2008 (cf. > ici ; ici et ici), ainsi que la catéchèse du mercredi 25 août 2010 au cours de laquelle le Pape avait à nouveau insisté sur l’actualité de son exemple pour les hommes en quête d’authentique profondeur spirituelle (cf. > ici).

   Le 22 avril 2007, Sa Sainteté s’était rendue en visite pastorale à Pavie (Italie), ville dans laquelle sont conservées et honorées les reliques de saint Augustin.
En cette occasion, Benoît XVI évoqua bien évidemment la figure de l’illustre évêque d’Hippone. La totalité de ses interventions peut être retrouvée sur le site du Saint-Siège > ici.
Je vous propose de reprendre quelques points importants des enseignements du Pape donnés à cette occasion, car ils n’ont rien perdu de leur pertinence ni de leur actualité.

2012-46. Les trois conversions de Saint Augustin. dans Chronique de Lully ago3

Pavie, dimanche 22 avril 2007 :
Sa Sainteté le Pape Benoît XVI se recueille devant les reliques de Saint Augustin.

   Ainsi à l’occasion des vêpres célébrées dans la basilique San Pietro in Ciel d’Oro, le Saint-Père déclarait qu’il voulait « vénérer la dépouille mortelle de saint Augustin, en expression d’hommage de la part de toute l’Église catholique à l’un de ses Pères les plus importants, et aussi en expression personnelle de ma dévotion et de ma reconnaissance envers celui qui joua un si  grand rôle dans ma vie de théologien et de pasteur, et même, dirais-je dans ma vie d’homme et de prêtre ».

   Cependant, c’est principalement dans l’homélie qu’il prononça au cours de la célébration de la sainte Messe dominicale de ce 22 avril que le Souverain Pontife s’est attaché à esquisser le portrait spirituel de saint Augustin, insistant sur les trois étapes de sa conversion.
Si son baptême pendant la sainte Nuit de Pâques de l’an 387 fut l’étape décisive, son cheminement ne fut pas terminé : « Comme elle l’avait été avant le baptême, la vie d’Augustin après le baptême (…) resta un chemin de conversion, jusqu’à l’ultime maladie quand il fit placarder sur le mur les psaumes de la pénitence, pour les avoir perpétuellement sous les yeux ; quand il se priva de la réception de l’eucharistie pour suivre encore une fois la voie pénitentielle et recevoir le salut des mains du Christ en don de miséricorde divine ».
Il paraît donc légitime de parler au pluriel des « conversions » de Saint Augustin. On peut y distinguer trois étapes principales, marquées par un degré nouveau d’approfondissement de l’humilité.

   1. « La première et fondamentale conversion fut le cheminement intérieur vers le christianisme, vers le oui de la foi et du baptême » disait Benoît XVI.
Ce qui caractérise cette étape, c’est la passion  de la vérité, « mot-clef de sa vie », ainsi que la découverte du Verbe fait chair, vérité méconnue des philosophes platoniciens. La foi chrétienne consiste dans le consentement à l’humilité de Dieu.
Tirant la leçon  de cette première conversion, Benoît XVI ajoutait : « Il n’est pas possible d’expliciter ici combien tout cela nous concerne : demeurer des personnes en recherche, ne pas se contenter de ce que tous font et disent. Ne pas détacher le regard du Dieu éternel et de Jésus-Christ. Toujours ré-apprendre l’humilité de la foi dans l’Église corps de Jésus-Christ ».

   2. La deuxième conversion de Saint Augustin correspond, en 391, à l’appel à « devenir pasteur d’âmes », l’obligeant à s’adapter au petit peuple d’Hippone. L’intellectuel dut se changer en humble prédicateur de la foi, se faisant tout à tous.
Saint Augustin décrit ainsi cette étape : « Plié sous le poids de mes péchés et le fardeau de ma misère, j’avais délibéré dans mon cœur et presque résolu de fuir au désert ; mais tu m’en as empêché, me rassurant par cette parole : ‘Le Christ est mort  pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus à eux-mêmes, mais à celui qui est mort pour eux’ (2 Co 5, 15) » (Confessions X, 43, 70).
Il sera désormais prêtre, et bientôt évêque au service de l’Église dans la ville d’Hippone, jusqu’à sa mort en 430, consacrant toutes ses forces à l’annonce de Jésus-Christ, un « lourd fardeau, une peine sans fin » (Sermon 339, 4).

   3. « Il y a  encore une troisième étape décisive  sur le chemin de la conversion de saint Augustin », étape qui a résidé dans la découverte de l’appel à la perfection dont il avait célébré l’idéal dès le début de son ministère.
Mais, sur ce point, il a dû corriger sa manière de concevoir la perfection chrétienne : dans son livre intitulé Rétractations, il a écrit : « Depuis lors, j’ai compris qu’un seul est vraiment parfait (…) : Jésus-Christ ».
L’idéal de la perfection ne peut être atteint et réalisé qu’en Jésus-Christ, et en Lui seul, et il consiste à s’engager dans la voie de l’humilité.

   Récapitulant les trois degrés d’humilité, Benoît XVI précisait ainsi sa pensée :
« Augustin avait appris un dernier degré d’humilité, pas seulement  l’humilité d’insérer sa profonde pensée dans la foi de l’Église, pas seulement l’humilité de traduire son grand savoir dans la simplicité de l’annonce, mais encore l’humilité de reconnaître que, à lui comme à toute l’Église pérégrinante, la bonté d’un Dieu qui pardonne est nécessaire ; et que nous, ajoutait-il
(il = Saint Augustin), nous nous faisons semblables au Christ, le Parfait, dans toute la mesure du possible, lorsque nous devenons comme lui des personnes de miséricorde ».

pavia-Copie Augustin d'Hippone dans De liturgia

Pavie, basilique de San Pietro in Ciel d’Oro : exposition des reliques de Saint Augustin.

   Dans une autre intervention au cours de ce même pèlerinage, lors de sa rencontre avec les représentants du monde de la culture, Benoît XVI a développé un autre thème qui lui est particulièrement cher : le dialogue entre la raison et la foi, dont Saint Augustin nous offre un modèle tout à fait exemplaire.

   Le Saint Père déclarait : « Le parcours existentiel et intellectuel d’Augustin  est de témoigner de l’interaction féconde entre foi et culture. Saint Augustin était un homme animé par un désir insatiable de trouver la vérité, de trouver ce qu’est la vie, de savoir comment vivre, de connaître l’homme. Et c’est justement à cause de sa passion pour l’homme qu’il a nécessairement cherché Dieu, car c’est seulement dans la lumière de Dieu que la grandeur de l’homme, la beauté et l’aventure d’être homme peuvent aussi apparaître pleinement (…).
Ainsi la foi dans le Christ n’a pas posé de limites à sa philosophie, à son audace intellectuelle (…).
C’était là sa philosophie : savoir vivre, avec toute la raison, avec toute la profondeur de sa pensée, de notre volonté, et se laisser guider sur le chemin de la vérité, qui est un chemin de courage, d’humilité, de purification permanente. La foi dans le Christ a donné son accomplissement à toute la recherche d’Augustin ».

Blason-Augustins Benoît XVI dans Lectures & relectures

Blason de l’Ordre de Saint Augustin

Prière au Saint-Esprit tirée des oeuvres de Saint Augustin > ici.
Sermon de Saint Augustin sur l’obligation de faire pénitence > ici.

Vous pouvez laisser une réponse.

3 Commentaires Commenter.

  1. le 30 juillet 2021 à 16 h 15 min Augustin Ag. S. écrit:

    Dans mon village existe encore une coutume que l’on retrouve dans le livre 6eme des Confessions (une étrange coutume des Chrétiens d’Afrique).
    La raison pour laquelle je suis attaché au devoir de mémoire envers mes ancêtres.
    Merci pour tout.

  2. le 5 mai 2018 à 16 h 54 min Daniel C. écrit:

    « celui que l’on peut sans hésitation qualifier de plus grand des Docteurs de l’Occident ».
    Et St Thomas d’Aquin? (je pense que Benoît XVI ne le goûtait guère… Trop « rationnel » à ses yeux).

    Réponse :

    Religieux sous la Règle de Saint Augustin, je partage tout-à-fait l’opinion exprimée par Benoît XVI : La pensée de Saint Augustin a régné en maîtresse sur l’Occident pendant plus de 12 siècles et St Thomas d’Aquin lui-même souscrivait à cette opinion que Saint Augustin est le grand penseur de l’Occident chrétien. On peut même affirmer que, depuis sa mort en 431, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, Saint Augustin a façonné la pensée de l’Occident non seulement sur les questions religieuses mais également sur tout ce qui touche à l’organisation de la société.
    Saint Thomas d’Aquin est un intellectuel qui fortifie les bases de la pensée théologique, mais qui n’a pas le rayonnement universel de Saint Augustin et, de toute façon, ne peut pas l’avoir.

  3. le 28 août 2012 à 21 h 12 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Saint Augustin est un témoin de tous les temps, comme Benoît XVI et comme tous ces saints intellectuels qui éclairent le monde des lumières de la Sagesse divine dont ils sont imprégnés.
    Que sont nos intellectuels qui veulent briller des lumières noires qui n’éclairent que leurs neurones sclérosés?
    Que l’Esprit-Saint éclaire leur conscience en faisant tomber leur aveuglement.

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