2012-34. De la sainte mort de Sainte Monique, mère de notre glorieux Père Saint Augustin & Prière de ce dernier pour le repos de l’âme de sa mère.

4 mai,
Fête de Sainte Monique, veuve,
mère de notre glorieux Père Saint Augustin.

       En ce 4 mai, jour de sa fête, nous reproduisons ci-dessous le récit des derniers instants de Sainte Monique tel qu’il a été rédigé par son fils, notre glorieux Père Saint Augustin au livre IX des Confessions :

   « Seigneur, tu sais que ce jour-là, alors que j’étais avec ma mère, comme nous parlions ainsi et que ce monde pour nous au fil des paroles perdait tout intérêt avec tous ses plaisirs, ma mère dit alors :
- Mon fils, en ce qui me concerne, plus rien n’a de charme pour moi dans cette vie. Que pourrais-je faire encore ici-bas? Pourquoi y serais-je? Je ne sais pas ; je n’ai plus rien à espérer en ce siècle. Une seule chose me faisait désirer de rester assez longtemps dans cette vie : te voir chrétien catholique avant ma mort. Je suis plus que comblée dans ce que mon Dieu m’a accordé : tu es allé jusqu’à mépriser les félicités de la terre et je te vois son serviteur. Qu’est-ce que je fais ici? »
Que lui ai-je répondu? Je ne m’en souviens pas bien, d’autant que sur ces entrefaites, dans les cinq jours à peine ou ce ne fut guère plus, la fièvre la mit au lit.
Et pendant sa maladie, un jour, elle subit une défaillance et son esprit perdit un instant conscience de ce qui l’entourait. Nous accourûmes, mais elle eut vite repris ses sens ; elle nous vit, mon frère et moi, debout près d’elle, et nous dit avec l’air de quelqu’un qui cherche quelque chose :
– Où étais-je ?
Puis arrêtant ses regards sur nous que la tristesse consternait :
– Vous enterrerez ici votre mère, dit-elle.

   Moi, je me taisais et maîtrisais mes larmes ; mais mon frère lui dit quelque chose pour souhaiter, comme un sort plus heureux, qu’elle ne finît pas ses jours sur une terre étrangère, mais dans la patrie. Dès qu’elle entendit cela, son visage devint anxieux, et ses yeux lui lançaient des reproches parce qu’il avait de tels sentiments. Et puis, le regard fixé sur moi :
– Vois ce qu’il dit ! me fit-elle ;
et presque aussitôt, elle ajouta pour tous les deux :
– Enterrez ce corps n’importe où ! Ne vous troublez pour lui d’aucun souci ! Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, où que vous soyez.
Elle expliqua sa pensée en s’exprimant comme elle pouvait, puis se tut ; la maladie qui s’aggravait la faisait souffrir.

   Mais moi, qui songeais à tes dons, ô Dieu invisible, à ce que tu sèmes dans le cœur de tes fidèles et d’où proviennent les moissons admirables, je me réjouissais et te rendais grâce, me rappelant ce que je savais, l’inquiétude si grande qui l’avait toujours agitée au sujet de la sépulture, qu’elle avait prévue et préparée pour elle près du corps de son mari. Oui, parce qu’ils avaient vécu en parfaite concorde, elle voulait encore, tant l’âme humaine a de peine à comprendre les choses divines, ajouter à ce bonheur et faire dire à son sujet par la postérité : il lui fut accordé, après un long voyage outre-mer, qu’une terre conjointe couvrît la terre des deux conjoints.

   Mais à quel moment cette vanité, par la plénitude de ta bonté, avait-elle cessé d’occuper son cœur ?
Je l’ignorais et j’étais dans la joie, tout surpris que ma mère me fut apparue ainsi. Déjà cependant, lors de notre entretien à la fenêtre, elle avait dit : « Que fais-je encore ici ? » et rien n’avait laissé voir qu’elle désirait mourir dans sa patrie. De plus, je l’appris plus tard, à peine étions-nous à Ostie que quelques-uns de mes amis, avec qui en toute confiance maternelle elle s’entretenait un jour sur le mépris de cette vie et le bienfait de la mort, en mon absence, furent stupéfaits d’une telle vertu dans une femme – c’est toi qui la lui avais donnée -, et lui demandèrent si elle ne redoutait pas de laisser son corps si loin de son pays.
– Rien n’est loin pour Dieu, répondit-elle, et il n’y a pas à craindre qu’il ne sache point où me retrouver à la fin du monde pour me ressusciter.
Ainsi donc, au neuvième jour de sa maladie, à la cinquante-sixième année de son âge, à la trente-troisième de mon âge, cette âme religieuse et pieuse se détacha du corps. Je lui fermais les yeux et dans mon cœur s’amassaient les flots d’une immense tristesse… »

la mort de Ste Monique - B. Gozzoli

Benozzo Gozzoli : mort de Sainte Monique

Prière de Saint Augustin pour le repos de l’âme de sa mère :

   O mon Dieu, je ne laisse pas de pleurer en votre présence pour celle qui vous a si fidèlement servi, pour celle qui, après m’avoir porté dans son sein pour me faire naître à la lumière passagère de ce monde, me porta depuis dans son coeur, afin de me faire renaître à votre lumière éternelle.

   O Dieu de mon coeur, Dieu de miséricorde, quelque sujet que j’aie de me réjouir en vous et de vous rendre grâces de tout le bien que fit ma mère pendant sa vie, je veux laisser à part, quant à présent, toutes ses bonnes oeuvres, et je viens implorer auprès de vous le pardon de ses péchés.

   Exaucez-moi, je vous en conjure, par les mérites de celui qui fut attaché pour nous à une croix, et qui, maintenant assis à votre droite, ne cesse d’intercéder pour nous.

   Je sais que votre servante a pratiqué les oeuvres de miséricorde, et qu’elle a pardonné du fond de son coeur à ceux qui l’avait offensée : pardonnez-lui donc aussi, mon Dieu, les fautes qu’elle a pu commettre envers vous pendant tout le temps qui s’est passé depuis son baptême jusqu’à sa mort.
Pardonnez-lui, Seigneur, je vous en supplie ; que votre miséricorde l’emporte sur votre justice, parce que vous êtes fidèle dans vos promesses, et que vous avez promis la miséricorde à ceux qui auront été miséricordieux.

   Je crois que vous avez déjà fait pour mère ce que je vous demande ; et cependant, Seigneur, puissent les prières que je vous offre être agréables à vos yeux. Elle-même nous recommanda de vous les adresser, et de nous souvenir d’elle à l’autel du Seigneur.

   N’oubliez pas, mon Dieu, que celle pour qui je vous prie avait fortement attaché son âme, par les liens d’une foi inébranlable, à cet admirable mystère de notre rédemption. Que rien ne puisse donc l’arracher à la protection de son Dieu ! Que l’ennemi ne réussisse, ni par la ruse, ni par la force, à la séparer de vous ; que son âme repose dans la paix éternelle.

Ainsi soit-il !

S. Agostino Roma - Urna di S.Monica

Sarcophage contenant les restes de Sainte Monique dans la basilique Saint Augustin à Rome

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7 Commentaires Commenter.

  1. le 3 mai 2024 à 21 h 33 min Goës écrit:

    Une grande âme.

  2. le 4 mai 2023 à 8 h 12 min Goes écrit:

    Merci !

  3. le 4 mai 2022 à 9 h 19 min SB écrit:

    Que Sainte Monique assiste les mères de La Voie Romaine dans leur supplique auprès du Pape François pour la reconnaissance sans limite diocésaine d’aucune sorte de la célébration des messes et l’administration des sacrements selon le rit tridentin . C’est extraordinaire que le Pape François les reçoive aujourd’hui, 4 mai 2022, jour où Sainte Monique est célébrée !

  4. le 5 mai 2019 à 15 h 54 min Antonia C. écrit:

    Sublime
    Merci!

  5. le 8 mai 2014 à 16 h 14 min G.P. écrit:

    J’ai invoqué très souvent Sainte Monique pour la Conversion de mon fils Patrick, et j’admire cette maman qui nous donne l’exemple de la persévérance dans la prière et de la confiance envers notre Seigneur Jésus. Je lui dis souvent : « Toi, Sainte Monique, apprends-moi à prier comme tu le fis pour ton fils ! Tu as réussi à toucher le Coeur de Dieu, et il est devenu le grand Saint Augustin… et de surcroît un docteur de l’église »
    A ce jour, je suis dans la prière d’abandon et je lâche prise afin que ce soit Jésus qui s’occupe de Patrick mon fils : je désire tant qu’il devienne un chrétien fidèle à son baptême et qu’il puisse recevoir le sacrement du mariage.

  6. le 5 mai 2012 à 7 h 32 min Eric écrit:

    Merci, mon Frère : ma mère s’appelle Monique …
    Je prie pour vous.

  7. le 4 mai 2012 à 9 h 28 min Michèle écrit:

    Merci, Frère et Lully, pour cet émouvant et si touchant témoignage d’amour filial.
    Être mère chrétienne n’est pas chose facile quelle que soit l’époque, et Sainte Monique est effectivement la mieux placée pour le savoir ; cela me rassure aussi de savoir qu’avec de la confiance et de la persévérance on obtient satisfaction…
    Je vais m’attacher à Sainte Monique de manière particulière, d’autant qu’ignorant jusqu’à ce jour son patronage, je l’invoquais déjà en souvenir d’une amie très chère à mon cœur, mère de six enfants, âgée de 65ans, décédée d’un cancer en 2007.
    Transmettez mon bon souvenir à « madame mère », s’il vous plait…

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