2012-14. Jean-Nicolas Stofflet.
« Il poursuivit les iniques, les cherchant de toutes part ;
ceux qui troublaient son peuple, il les livra aux flammes ;
et ses ennemis furent repoussés par la crainte qu’il inspirait,
et tous les ouvriers d’iniquité furent troublés,
et le salut fut dirigé par sa main. »
(1 Macchabées III, 5-6)
Fils d’un meunier, Jean-Nicolas Stofflet est né le 3 Février 1753 à Barthélémont, près de Lunéville, en Lorraine.
A l’âge de 17 ans (1770), il s’engage dans l’armée (Régiment Lorraine-Infanterie-Royale) où il arrivera au grade de caporal.
En 1786, il quitte l’armée pour entrer au service du comte de Colbert, qui fait de lui le garde-chasse de ses forêts de Maulévrier, en Anjou.
En 1789, au moment du déclenchement de la révolution, Stofflet est dans sa trente-septième année.
Acte de baptême de Jean-Nicolas Stofflet.
Dès le début, il se trouve en total désaccord avec les principes révolutionnaires : son passé militaire, son idéal, son loyalisme envers les autorités légitimes ainsi que ses convictions religieuses font naturellement de lui un opposant au courant de folie et d’impiété qui déferle sur le Royaume. Il sera donc aux avant-postes de la résistance.
Le 13 mars 1793, il est – avec Jacques Cathelineau – le premier à prendre la tête des insurgés : commandant les hommes de Maulévrier, il attaque Vezins, puis rejoint Cathelineau pour marcher sur Cholet.
Notons au passage que Cathelineau et lui sont les seuls roturiers à être hissés au commandement des troupes vendéennes.
Aux côtés des autres généraux de la Grande Armée Catholique et Royale, il est de toutes les batailles et, en ce début de guerre, de toutes les victoires.
Son audace et sa bravoure en imposent à tous.
En octobre 1793, après la défaite de Cholet, et avec ce qui subsiste de la Grande Armée Catholique et Royale, il franchit la Loire : c’est la « virée de Galerne », où les combats se soldent par plus de défaites que de victoires.
Lorsque le marquis de Donissan et le Prince de Talmont veulent s’enfuir à Jersey, Stofflet les en dissuade.
Après la déroute du Mans, au soir du 16 Décembre 1793, les Vendéens arrivent à Ancenis. La Rochejaquelein et Stofflet parviennent à franchir le fleuve mais, les embarcations étant trop peu nombreuses, les débris de la Grande Armée Catholique et Royale restent en grande partie sur la rive droite de la Loire.
Le lendemain, Westermann – « le boucher » – arrive avec ses hussards. Assaillis par les républicains et dans l’impossibilité de traverser le fleuve, les Vendéens se dirigent vers Savenay, où ils seront impitoyablement exterminés l’avant-veille de Noël.
En janvier 1794, le tristement fameux Turreau est nommé par la Convention commandant en chef de l’armée de l’Ouest avec la mission d’extermination systématique que l’on sait : il met en marche ses colonnes infernales qui vont tout détruire et massacrer sur leur passage.
Stofflet et La Rochejaquelein essaient de reformer l’Armée Catholique et Royale. Mais Monsieur Henri tombe, frappé d’une balle, le 28 janvier 1794.
Pour que son corps ne soit pas identifié (et, par suite, profané par les bleus), avant de l’ensevelir, Jean-Nicolas Stofflet prend la décision de le défigurer à coups de sabre et de le dépouiller de ses vêtements, en sanglotant : « J’ai perdu ce que j’avais de plus cher au monde ! »
Jean-Nicolas Stofflet – vitrail de l’église Notre-Dame de Beaupréau.
Quatre jours plus tard, le 1er Février 1794, à la tête de seulement 1000 paysans, Stofflet attaque victorieusement l’armée républicaine près de Gesté ; le 6 février, autre victoire à Vezins et, le 7, victoire encore à Vihiers, près de Cholet.
Mais le général républicain Cordellier, commandant l’une des colonnes infernales, arrive derrière Stofflet et met en fuite les paysans.
Stofflet veut prendre sa revanche : il attaque Cordellier à Beaupréau le 14 février, mais cette fois les républicains sont les plus forts.
Le 24 février, Stofflet s’empare de Bressuire.
Jean-Nicolas est proposé comme généralissime mais, sur les conseils de l’abbé Bernier, il décline l’offre et demande plutôt la création d’un Conseil Supérieur.
Les quatre chefs présents – Stofflet, Marigny, Sapinaud et Charette - prêtent serment de se secourir mutuellement et décrètent la peine capitale pour celui qui violera ce serment.
Il a été décidé de marcher sur Saint-Florent : Marigny part chercher ses troupes. On l’attend. Il ne vient pas… Il n’arrive, avec 2000 hommes, qu’après la bataille.
Il est aussitôt déchu de son titre de général.
Le 29 Avril, un conseil de guerre présidé par Stofflet accuse Marigny d’avoir violé le serment. Le premier, Charette vote la mort ; il est suivi par vingt-deux des membres du conseil, tandis que dix autres proposent une peine moins forte.
La sentence devra être appliquée par celui des généraux qui pourra saisir le coupable. Six semaines plus tard, ce sont les chasseurs de Stofflet qui découvrent Marigny, lequel est exécutée le 10 Juillet 1794.
La mort de Gaspard de Bernard de Marigny sonne en quelque sorte le glas de l’unité vendéenne en face des troupes républicaines : depuis des mois déjà des rivalités entre chefs sourdaient, mais désormais l’entente ne sera plus possible.
Les troupes commandées par Marigny refusent de se mettre sous les ordres de chefs qui ont mis à mort leur général et se démobilisent.
Stofflet n’est pas un chef très aimé : on lui fait grief de son caractère, facilement dur et cassant. Bien qu’il soit un excellent militaire, on lui reproche aussi de n’être que l’exécuteur des idées de l’abbé Bernier.
L’armée vendéenne n’est plus qu’une ombre alors que la province n’est pratiquement plus que cendres et décombres.
La Convention elle-même essaie de mettre fin à cette guerre : un décret d’amnistie est voté le 2 décembre 1794, le 23 des négociations sont engagées et, le jour de Noël, Charette reçoit les premiers émissaires républicains.
Signature des accords de La Jaunaye
Le 28 janvier 1795, Stofflet demande le rétablissement du trône dans un manifeste contresigné par l’abbé Bernier.
Le 12 février, il n’est pas à La Jaunaye pour l’entrevue avec les républicains. Quatre divisionnaires de l’armée d’Anjou réclament un délai de trois jours pour faire venir Stofflet… qui n’est toujours pas arrivé le 17 : la paix est signée sans lui (accords de la Jaunaye).
Il n’arrive que le lendemain et manifeste son hostilité à l’égard des signataires.
Menacé par les armées républicaines, Stofflet marche vers la Loire et ordonne une levée, mais il n’arrive à rassembler que 3000 combattants qui se précipitent sur Saint-Florent, en vain.
Stofflet n’a plus que son camp de Maulévrier et ne peut plus s’opposer aux forces républicaines.
Le 2 mai 1795, il est contraint de signer la paix.
Charette reprend les armes dès le mois de juin. Dans un premier temps Stofflet ne bouge pas.
Ce n’est que sept mois plus tard, à la fin janvier 1796, qu’il reprend le combat après en avoir reçu l’ordre du comte d’Artois, frère du Roi, par l’intermédiaire du chevalier de Colbert. En même temps, le chevalier lui remet la Croix de Saint-Louis et lui annonce son élévation au grade de lieutenant-général.
Le 26 Janvier 1796, il s’adresse à ses compagnons d’armes :
« Braves amis, le moment est venu de vous montrer : Dieu, le Roi, le cri de la conscience, celui de l’honneur et la voix de vos chefs vous appellent au combat. Plus de paix ni de trêve avec la république ; elle a conspiré la ruine entière du pays que vous habitez (…). Les braves soldats que, pendant deux années, j’ai conduits au combat, ne deviendront jamais républicains ; jamais le déshonneur ne flétrira les lauriers qu’ils ont moissonnés (…). »
(on trouvera le texte complet de cette déclaration > ici)
Bon de cent livres portant la signature de Stofflet.
Hoche ordonne que 30 000 hommes passent sur le territoire d’Anjou et du Haut-Poitou (il est toutefois loin d’en avoir autant à disposition) et se met à la tête d’une colonne qu’il dirige vers Cholet.
Cependant, de leur côté, les paysans ne sont plus motivés. Après les accords de La Jaunaye, leurs prêtres ne sont plus inquiétés et peuvent célébrer le culte : pourquoi reprendre les armes?
Stofflet ne parvient à rassembler que 2 à 3000 hommes. La lutte n’est pas possible ; traqué, il doit se cacher dans la forêt de Maulévrier.
Le 22 février, à La Saugrenière, se tient une rencontre avec des représentants des insurgés de Bretagne et de Normandie en vue d’établir une entente des divers mouvements. La réunion est interrompue par la nuit. L’abbé Bernier se retire tandis que Stofflet et ses hommes restent à dormir dans un bâtiment de ferme.
Mais les bleus ont été avertis.
Quelque 200 hommes d’infanterie et plusieurs dizaines de cavaliers cernent les bâtiments avant le lever du jour, et les insurgés sont pris.
Ligoté, dépouillé, pieds nus, Stofflet doit marcher jusqu’à Chemillé. Puis il est conduit à Angers.
Stofflet comparaît devant un conseil de guerre (voir le procès-verbal de cette comparution > ici).
Pris les armes à la main, il est condamné à mort : la sentence est exécutée à 10 h, au Champ-de-Mars, ce 25 février 1796.
Il était âgé de 43 ans et 22 jours.
Il refusa le bandeau en ces termes : « Sachez qu’un général vendéen n’a pas peur des balles ! » Puis il cria : « Vive la religion ! Vive le Roi ! » avant de tomber sous la mitraille.
Sa tête, tranchée au sabre, fut promenée dans toute la ville comme un trophée.
Sommet de l’obélisque érigé à la mémoire de Stofflet à l’entrée du château de Maulévrier.
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Un homme de convictions.
Un bel exemple à suivre.
Merci Monsieur Stofflet.
Toutes ces informations ont été soigneusement cachées…
Bien à vous, cher Mistouflet!
Hélas! La Révolution l’a emporté et remporte toujours ses victoires démoniaques contre Dieu et la Nation, avec toujours, au sein de l’Eglise, dans le clergé (ou le laïcat, après tout!) les « assermentés » et les « réfractaires »… Chacun s’y retrouvera.
Vive le Roi! Vive Stofflet!