2011-83. Le Christ veut régner par la vertu de Son Sacré-Cœur.
Sermon de Monsieur l’Abbé Henri V.
à l’occasion de la Fête du Christ Roi
- dimanche 30 octobre 2011 -
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
je livre aujourd’hui à votre lecture et à votre méditation le texte de la prédication faite par Monsieur l’Abbé V. – desservant de notre quasi paroisse selon le rite latin traditionnel - à l’occasion de la Fête du Christ Roi de cette année 2011.
Les illustrations qui accompagnent cette publication présentent la chasuble du Christ Roi que nous conservons en notre Mesnil-Marie, très beau travail de broderie et de ferveur réalisé par des religieuses.
Cette Fête du Christ Roi – fixée à la fin de l’année liturgique – conclut et récapitule la célébration des mystères de Jésus-Christ et de notre salut.
Après les mystères de Noël et de l’Epiphanie, le mystère pascal de la Passion et de la Résurrection, après la gloire de l’Ascension, l’Eglise, instruite par l’Esprit-Saint, nous montre le Christ Roi : Roi du Ciel et de la terre, siégeant à la droite du Père et régnant ici-bas par la Croix victorieuse, source de justice et de paix.
Toute l’histoire de l’humanité apparaît comme un jour, le jour du Seigneur, autour de la venue du Christ, Soleil de lumière, de vie et d’amour.
Alors que le monde était plongé dans les ténèbres de la mort et attendait son Salut, Il est venu, Lui, le Verbe éternel et le Fils unique du Père, dissiper la nuit obscure du péché et de l’ignorance, et apporter aux hommes le don de l’héritage de la Patrie céleste.
Et si, avec le temps, le monde vieillit au point que la nuit semble tomber et envahir l’Eglise elle-même, l’espérance assure que le soleil couchant annonce à l’horizon un jour nouveau, celui du retour glorieux du Christ à la fin des temps, lorsqu’Il viendra juger les vivants et les morts, et introduire le peuple des élus dans l’éternité bienheureuse !
Au rythme des célébrations et des Messes, la sainte liturgie rassemble l’Eglise et fait avancer ses membres pas à pas, au-delà du cycle sacré de chaque année, vers le Royaume des Cieux, à la suite du Christ Roi.
Le Christ est donc Roi ?
Assurément !
Par nature, il est le Verbe par qui tout a été fait ; par conquête, Il est le Sauveur du genre humain attirant tout à Lui du haut de la Croix.
Le Christ est Roi à double titre : en tant que Créateur et en tant que Rédempteur, ayant restauré la création et relevé l’humanité jusqu’à la dignité la plus haute.
Sans Sa grâce, en dehors de Lui, la nature, l’univers et, bien sûr, toute l’humanité se condamneraient à s’autodétruire.
Tout Lui appartient, même le temporel, le profane et la sphère privée.
Rien ne peut échapper à l’influence de Sa grâce.
C’est une Royauté universelle.
Le Christ est le Roi des nations parce qu’il n’y a de salut – mais aussi de justice, de paix, de prospérité, de liberté et de fraternité entre les hommes – que dans la mesure où les nations reconnaissent Ses droits en tant qu’Auteur de la nature et Rédempteur du genre humain.
Il est le Roi des rois en ce sens que les gouvernements doivent se soumettre à Sa Royauté universelle, à laquelle ils participent et de laquelle ils reçoivent leur pouvoir et leur légitimité : César doit rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu !
Cependant, si la Royauté du Christ est universelle, elle n’est pas immédiatement et directement temporelle : c’est une Royauté spirituelle et surnaturelle qui inonde le monde de la grâce de la foi, de l’espérance et de la charité, grâce descendue du Ciel qui oriente tout le domaine temporel vers l’éternité de son destin.
Le Christ respecte l’ordre naturel dont Il est l’Auteur : Il rend à César ce qui appartient à César.
Mais tout – le politique, le social, l’économie, le domestique, la technique et l’art -, tout est au service du bien et du salut des hommes que Jésus est venu apporter au monde.
Royauté universelle : tout est par Lui mais aussi pour Lui !
Certes – hélas ! – l’histoire de l’humanité, dominée toujours par la victoire du Christ, est cependant marquée par l’infidélité, l’apostasie voire la révolte : lorsque le Peuple de Dieu proteste qu’il n’a pas d’autre roi que César, lorsque une république révolutionnaire proclame des droits de l’homme sans Dieu, lorsque l’on déclare que la loi civile de l’Etat arbitraire est au-dessus de la loi divine, mais aussi lorsque des hommes d’Eglise laissent entendre que l’on peut se sauver sans le Christ, et lorsque, depuis Rome et Assise, on prétend que la paix peut se répandre dans le monde sans proférer la moindre allusion à Jésus-Christ, Prince de la Paix !
Ils L’ont découronné !
Ou pire, ils L’ont couronné d’épines !
En conséquence, ce n’est pas seulement l’heure de la grande apostasie, mais c’est aussi fatalement l’heure de la révolte et du refus le plus funeste : le monde ne veut ni du Christ, ni du Salut que Celui-ci propose avec tant d’amour et de miséricorde. Jésus crucifié !
Mais – et c’est le sens de l’histoire – le Christ règne par la Croix ; Il construit Ses victoires et relève l’humanité pécheresse à partir des péchés et des prétentions des hommes.
Dieu ne peut permettre non seulement que les élus eux-mêmes se perdent, mais que les hommes puissent perdre en eux toute étincelle d’espoir et de vie.
Le monde d’aujourd’hui court à sa perte, les gens ont peur de l’avenir, ils ne savent plus à quoi se raccrocher, ils désespèrent.
On n’a jamais autant parlé de liberté, de paix, de démocratie… et voyons quel constat s’impose de plus en plus à tous !
Le Christ a pitié de cette foule.
S’Il veut régner, c’est par la vertu de Son Sacré-Cœur !
Le Christ Roi n’est ni un dictateur ni un démagogue, profitant de la faiblesse des hommes et flattant leurs passions.
Le Christ ne recherche pas Sa propre gloire.
Sa Royauté n’est pas domination : c’est une Royauté d’Amour!
Ce qu’Il veut, c’est le bonheur des hommes.
Il a conquis Son Royaume en portant sur Lui les péchés du monde, et Il connaît le pécheur par la tendresse de Son Cœur.
Qui a le mieux chanté la victoire du Christ Roi, sinon la sainte Vierge, proclamant les grandeurs et la puissance de son Fils ?
« Fecit potentiam in brachio Suo, dispersit superbos mente cordis sui. Deposuit potentes de sede : Il a déployé la force de Son bras, Il a dispersé les hommes orgueilleux ; Il a renversé les puissants de leurs trônes ! »
C’est à la Messe que l’Eglise célèbre par excellence la Royauté du Christ, et nous la communique : en nous et autour de nous, dans nos familles et nos communautés.
Il y a les chants du Gloria et du Credo, les lectures – Epître et Evangile qui proclament la Parole du Roi -, et bien sûr le renouvellement du Sacrifice : « Il est digne, l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, la divinité, la sagesse, la force et l’honneur ; à Lui la gloire et l’empire pour les siècles des siècles ! » (introït de cette fête) ; puis le chant solennel du Pater – « Que Votre Règne arrive ! » car il appartiendra à Jésus de remettre Son Royaume entre les mains de Son Père, principe de toute autorité et de tout don – ; enfin, à la Communion, le Corps du Christ fait partager à Ses fidèles Ses prérogatives royales : avec le Christ, les chrétiens unis au Christ participent à Ses mystères pour faire des élus un peuple de rois et de saints : ce que nous contemplerons à la Toussaint.
On peut lire – ou relire – aussi sur ce blogue :
- « De la Royauté du Christ à la gloire de Ses élus » > ici.
- L’Acte de consécration au Sacré-Coeur qui doit être publiquement récité à l’occasion de cette fête > ici.
Vous pouvez laisser une réponse.
En effet ceux qui aurait du défendre la Royauté du Christ l’ont en fait couronné d’épines .
Magnifique et tonifiant sermon sur le Christ-Roi, et Son Cœur Sacré d’Amour et de miséricorde.
Merci, cher Frère, de l’avoir placé sur votre blog et merci à l’Abbé V. pour ce beau et courageux sermon qui dit tout ce qu’il faut dire pour aujourd’hui, en laissant toujours la primauté de l’Amour du Christ au-dessus de tout, celle qui s’exprime et se vit par la Croix.