2011-80. Chronique des mois de septembre et octobre 2011 au Mesnil-Marie.
Vendredi soir 28 octobre 2011, fête des Saints Apôtres Simon et Jude.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
En sus de la fête liturgique des Saints Apôtres Simon et Jude, nous n’avons pas manqué de commémorer aujourd’hui l’anniversaire de la bataille du Pont Milvius, victoire de l’empereur Constantin le Grand sur son rival Maxence obtenue à la suite d’une révélation céleste qui lui montrait la Croix comme instrument de la victoire : « In hoc signo vinces - par ce signe tu vaincras! ».
Dans un an, nous fêterons le dix-septième centenaire de cette victoire dont la conséquence directe fut la fin des persécutions du christianisme dans l’empire romain.
En ces temps de trouble et de crise, nous aimerions que tous les dirigeants des nations, comme jadis Constantin, fassent confiance au Christ Rédempteur et se soumettent à Sa loi, pour le bien véritable – bien temporel déjà, mais bien éternel plus encore – des peuples dont ils portent la responsabilité…
Raphaël : l’apparition de la Croix à Constantin le Grand (fresque au Vatican)
Mais ce soir je ne veux pas me livrer à des commentaires de l’actualité. Je reviens vers vous, chers Amis, pour vous faire le compte-rendu des activités qui ont marqué le Mesnil-Marie au cours des deux mois écoulés.
Mois de septembre 2011 :
- Samedi 3 septembre : Frère Maximilien-Marie dirige une promenade contée « Sur les pas du Grand Chanéac » (notre chouan local cf. > www). Cette sortie n’avait pas été programmée dans le planning général, mais elle avait été demandée spécialement par un hébergeur de nos connaissances pour un groupe d’amis. Malgré le brouillard, la bruine et le froid, le petit groupe a suivi avec beaucoup d’attention et de vaillance et, semble-t-il, a été très content de ce « voyage dans le temps ».
Ce fut la dernière promenade organisée pour cette saison, mais l’intérêt suscité par ces sorties et la richesse des contacts et des échanges qu’elles ont suscité font qu’elles seront à nouveau proposées l’été prochain.
- Dimanche 4 septembre : Notre Frère aime habituellement à se rendre au pèlerinage de Notre-Dame de Pramailhet, qui a toujours lieu le premier dimanche de septembre et auquel il est attaché depuis son enfance. Toutefois il n’y va pas cette année, tout comme il renoncera aussi, le 8 septembre, au pèlerinage de Notre-Dame d’Ay (j’avais présenté ces très anciens pèlerinages locaux ici > www) : ce n’est pas en raison du mauvais temps, ce n’est pas non plus parce qu’il n’aimerait plus la Sainte Vierge, mais cela est lié au fait qu’il n’a plus la garantie d’y trouver une liturgie authentiquement catholique.
Je m’explique : en pleine conformité avec le motu proprio « Summorum Pontificum » et avec l’instruction « Universae Ecclesiae » publiés par l’autorité de notre Saint Père le Pape Benoît XVI, Frère Maximilien-Marie ne remet pas en question la validité de principe du rite de la messe célébrée selon le missel de Paul VI ; il lui arrive, occasionnellement – quand il ne peut faire autrement -, d’assister à la messe selon la « forme ordinaire du rite romain »… à la condition que justement ce soit bien la « forme ordinaire du rite romain » qui soit célébrée, de manière stricte, en pleine application des rubriques et en communion avec notre Saint Père le Pape car, malheureusement dans les faits et d’une manière très générale encore, c’est loin d’être le cas!
Célébrer selon le missel de Paul VI ne signifie en aucune façon que les « équipes liturgiques », le prêtre ou même l’évêque puissent se permettre de s’écarter des règles codifiées par ce missel et d’user de la liturgie comme d’un bien personnel que l’on modifie à sa guise : un célébrant qui invente des oraisons ou qui les tire de « fiches dominicales » imprimées en Bretagne mais non approuvées par le Siège Apostolique, qui permet que l’on remplace le texte du « Gloire à Dieu », du psaume ou de l’ « Agneau de Dieu » par des chants qui n’en ont pas les paroles exactes, qui néglige d’utiliser tous les ornements sacrés (la chasuble n’est pas facultative!)… etc., et cela malgré les multiples rappels de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements au cours de ces dernières décennies, est-il vraiment dans la communion de l’Eglise?
La question est légitime… et, comme l’enseigne la sagesse populaire, dans le doute il est préférable de s’abstenir. C’est désormais la ligne de conduite suivie par Frère Maximilien-Marie.
- Samedi 10 septembre : Frère Maximilien-Marie participe à une randonnée-écriture, dans le cadre des animations proposées autour des Espaces Naturels Sensibles.
Elle a lieu autour d’un suc volcanique, proche du Mont Gerbier de Joncs, orthographié sur les cartes comme « les Coux » alors qu’il s’agit originellement du Lech’ous (nom d’origine celtique).
La journée commence dans le brouillard : il donne un caractère fantasmagorique à l’ascension du Lech’ous (c’est la photo ci-dessus) et à la découverte de la Table du Diable, mégalithe en équilibre horizontal autour duquel se greffent de nombreuses légendes.
La « Table du Diable » sur les flancs du Lech’ous
Mais peut-être vous demandez-vous ce qu’est une randonnée-écriture?
Sous la conduite d’un accompagnateur de randonnées en moyenne montagne, c’est un circuit de découverte d’un site, avec observation de la flore, de la faune, du relief, des roches, du paysage… etc. Mais la randonnée est ponctuée de haltes au cours desquelles notre ami Nathanaël, scénariste et animateur de stages, dirige des travaux (très ludiques) de composition et de rédaction. C’est une expérience très riche qui permet très rapidement la cohésion du groupe, avec souvent de grands éclats de rire, mais aussi des échanges qui peuvent être très profonds.
La journée, commencée dans le brouillard comme je l’ai écrit plus haut, s’est achevée sous un soleil radieux ; c’était aussi un soleil intérieur.
- Dimanche 11 septembre : Au Mesnil-Marie, nous n’omettons pas de commémorer le quatrième centenaire de la naissance de Turenne.
Mon papa-moine me raconte l’histoire de ce brillant militaire et grand serviteur de la Couronne de France. Il m’explique aussi comment ce héros s’est converti du parti huguenot à la religion catholique, le 23 octobre 1668.
Du coup, je passe tout le reste de ce dimanche à chantonner la fameuse Marche du Régiment de Turenne, dont la mélodie est attribuée à ce surintendant des musiques royales dont je porte le nom :
M’sieur d’Turenne a dit aux gens du Roi
Qui marchent fiers sous les drapeaux de France,
M’sieur d’Turenne a dit aux gens du Roi :
« Levez la tête et tenez le corps droit!
« Aux jolis yeux, sachez, soldats,
« Mousquet au poing, faire la révérence,
« Aux jolis yeux, sachez, soldats…
« Quant aux boulets ne les saluez pas! »
(cliquer sur les mots « Marche du Régiment de Turenne » ci-dessus pour en entendre la musique et voir aussi dans les commentaires ci-dessous les précisions apportées sur ce sujet, grâce à Marie-Françoise).
- Mercredi 14 et jeudi 15 septembre : Nous avons la joie d’accueillir au Mesnil-Marie des amis qui viennent de Lorraine. Ce sont de beaux moments intenses et joyeux et Frère Maximilien-Marie leur fait découvrir quelques beaux sites aux alentours.
- Samedi 17 septembre : Après avoir participé à un petit pèlerinage local en l’honneur de Notre-Dame de Pitié (où, pour revenir à ce que je disais ci-dessus, le prêtre a célébré la messe dans la « forme ordinaire » d’une manière pleinement catholique), notre Frère profite des Journées du Patrimoine pour visiter plusieurs sites remarquables du bas Vivarais : il peut en particulier admirer les travaux de restauration qui ont été accomplis depuis dix ans dans l’ancien palais des évêques, au Bourg Saint-Andéol. En ce lieu, Saint François de Sales et Madame de Sévigné furent accueillis. C’est ici aussi, dans la chapelle privée de Monseigneur de La Beaume de Suze, que Saint Jean-François Régis reçut la mission de ré-évangéliser le Vivarais (cf. > www).
Sur la route du retour, Frère Maximilien-Marie est pris dans des orages de grêle d’une rare violence : notre auto en porte durablement les marques. Près d’Aubenas, contraint de s’arrêter en bordure de route parce que celle-ci est transformée en torrent, il voit avec stupeur une plaque d’égoût – en fonte! – soulevée par le flot qui jaillit des conduites souterraines. Il a eu le réflexe d’en prendre une photo :
Ces orages du mois de septembre au cours desquels le tonnerre s’est fait entendre de manière impressionnante au-dessus du Mesnil-Marie ont occasionné des dégâts à notre connexion téléphonique : il a fallu près de 15 jours avant que l’on comprenne que c’était une partie de notre « box » qui avait été endommagée et pour que tout soit réparé.
Si vous avez essayé de nous joindre par téléphone au cours de cette période, vous vous êtes peut-être arraché les cheveux : en effet, il y a eu des moments où c’était « mission impossible »!
Mois d’octobre 2011 :
- Samedi 1er octobre : Un ami généreux vient apporter son aide à Frère Maximilien-Marie (dont la colonne vertébrale exige toujours certains ménagements) : Henri débite du bois de chauffage et manie avec brio la débroussailleuse. C’était plus que nécessaire car la douceur des températures et les pluies de ces dernières semaines avaient bien fait pousser l’herbe et les ronces…
- Dimanche 2 octobre : Au retour de la messe, Frère Maximilien-Marie ne se sent vraiment pas bien. Il devra rester dedans, et souvent couché, pendant quatre jours, terrassé par une forte sinusite qui a entrainé tout aussitôt une infection des voies respiratoires. Mais ne vous inquiétez pas, j’ai été un garde-malade aussi compétent que dévoué!
Frère Maximilien-Marie profite de ces moments d’inactivité forcée pour noter des idées de contes qu’il veut mettre par écrit…
Il avait d’ailleurs été retenu comme conteur à l’occasion d’une randonnée nocturne organisée à Borée le soir du 8 octobre (dans le cadre des animations autour des Espaces Naturels Sensibles), mais le mauvais temps a contraint d’annuler cette activité.
- Dimanche 9 octobre : C’est encore l’univers des contes qui est à l’honneur, ce dimanche (après la messe bien entendu!) : Frère Maximilien-Marie va entendre notre amie Elodie qui se fait l’interprète talentueuse du répertoire de Nannette Lévesque.
Nannette, née en 1803 sur les hauts plateaux du Vivarais, est la première « conteuse professionnelle » connue. Elle ne savait pas lire, mais elle a retenu et transmis avec brio ces histoires et ces légendes, ces « sornettes » et ces chants populaires qu’on racontait à la veillée ou en gardant les troupeaux. Dans le dernier quart du XIXe siècle, un folkloriste a pu mettre par écrit ce que Nannette contait, et c’est ainsi que son répertoire a pu parvenir jusqu’à nous.
Le Mont Gerbier de Joncs dans la lumière particulière de la fin d’une après midi d’octobre
- Samedi 15 octobre : Frère Maximilien-Marie participe à une nouvelle randonnée-écriture, toujours à proximité du Mont Gerbier de Joncs, mais pour la découverte d’une autre suc, la Lauzière : ce nom lui a été donné parce que, composé de phonolithes, il a servi de carrière d’extraction des lauzes, pour la couverture des toits.
- Dimanche 16 octobre : Réjouissances et retrouvailles familiales pour notre Frère à l’occasion de la célébration des 75 ans de sa maman.
- Vendredi 21 octobre : Notre ami Henri est revenu faire une grosse journée de travail : il débite encore pas mal de bois et surtout il arrache une énorme souche que Frère Maximilien-Marie commençait tout juste à dégager sur une parcelle où il prévoit de cultiver un petit potager. Merci, Henri, pour votre aide précieuse!
- Dimanche 23 octobre : Après la messe, Frère Maximilien-Marie rejoint un groupe d’amis qui se sont mobilisés, à la fin de l’année dernière et au cours du premier trimestre de cette année, pour soutenir et fédérer les aides apportées à nos amis Danièle et Frédéric, dont la très ancienne ferme a brûlé au début décembre 2010.
« Les Ouches » – c’est le nom de cette ferme – existaient déjà au XIIIe siècle et furent agrandies au XVIIIe siècle. C’est un grand bâtiment typique de l’architecture du massif du Mézenc, à quelque 1300m d’altitude.
Danièle et Frédéric ne l’ont pas acquis pour s’y retirer et y mener une vie « pépère », mais pour en faire un centre d’étude et de transmission des savoir-faire traditionnels, ainsi qu’un pôle au service de la vie de notre massif. Je vous reparlerai sans doute de tout cela.
Frère Maximilien-Marie s’est investi pour sensibiliser aux projets de Danièle et de Frédéric et pour les soutenir. La rencontre de dimanche dernier avait été suggérée par lui pour que les personnes qui s’étaient mobilisées au moment du sinistre puissent visiter le chantier de reconstruction.
« Les Ouches » en travaux :
les murs endommagés ont été relevés et consolidés, la charpente est refaite « à l’ancienne »
la couverture de lauzes devrait être posée au printemps…
Voilà, en résumé, les principaux évènements de ces deux derniers mois, chers Amis.
Je ne vous ai pas détaillé ce qui fait la vie « ordinaire » de notre Mesnil-Marie et qui consiste, en sus de la vie de prière et d’études, en sus des tâches habituelles de tenue d’une maison (il y a eu toutes les confitures de fruits d’automne et les préparations – pour les congeler – des légumes de saison),
1) à être disponibles aux visites – assez fréquentes – de personnes qui viennent échanger quelques mots amicaux, confier des intentions de prière ou poser quelques questions…
2) à continuer autant que possible les travaux extérieurs : en plus de l’entretien du jardin de fleurs en bordure de la route et de la préparation d’une parcelle pour y cultiver un potager, Frère Maximilien-Marie a entrepris des aménagements un peu importants autour de la maison ; pour cela il doit déplacer pas mal de terre et de cailloux…
3) à participer à des réunions – assez fréquentes – au cours desquelles se décident et se préparent les évènements et l’avenir de notre massif.
Depuis hier, 27 octobre, après un ramonage bien consciencieux, nous avons rallumé notre gros poêle à bois, qui assure le chauffage de la quasi totalité de notre Mesnil-Marie. L’an dernier, nous avions dû l’allumer le 25 septembre : notre frère est bien content d’avoir pu « gagner » un mois!
Nous sommes à la veille des fêtes du Christ Roi et de la Toussaint, que nous vous souhaitons belles et ferventes, et pour l’occasion desquelles je vous adresse ces quelques fleurs de mon jardin en signe d’amitié et d’union des coeurs…
Lully.
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Bravo Lully ! La marche des rois n’est pas de Bizet qui l’a introduite dans son Arlésienne mais bien de Lully !
Réponse du Maître-Chat :
Si la « Marche des Rois » a été rendue très populaire par Georges Bizet, elle est avant cela un cantique de Noël en langue provençale (plus tard adapté avec des paroles françaises) que l’on trouve pour la première fois comme tel dans un recueil des noëls provençaux de Nicolas Saboly, publié en 1763.
L’auteur des paroles provençales est l’abbé Joseph Domergue, curé doyen d’Aramon de 1691 à 1728, mort à Avignon en 1729.
Mais l’abbé Domergue a écrit lui-même qu’il a composé son cantique sur l’air de la « Marche de Turenne » de Jean-Baptiste Lully.
Quant aux paroles de la chanson « M’sieu d’Turenne », dont j’ai cité le dernier couplet dans ma chronique, elles sont dues à Léon Durocher (1862-1918).
Merci pour toutes ces nouvelles ! Oui, c’est presque comme si nous y étions …
Merci, cher Lully, quel plaisir de suivre ainsi les jours qui s’écoulent avec vous et votre papa-moine au Mesnil-Marie!
Faites bien attention de ne pas prendre froid maintenant !
Comme si nous y étions!
je dis bien « comme si » … malheureusement!
Bon fin d’automne et bon hiver Maître-Chat Lully !