2011-77. In memoriam : le Général Athanase de Charette.
La date du 9 octobre est riche en anniversaire : c’est au premier chef la fête de Saint Denys, premier évêque de Paris et c’est également le dies natalis du vénérable Pie XII, dont nous attendons avec une certaine impatience la béatification (cf. > ici).
A ces grandes commémorations, il convient d’ajouter l’anniversaire de la mort d’un grand héros chrétien : le général baron Charles Marie Athanase de Charette de La Contrie, qui rendit son âme à Dieu le 9 octobre 1911.
Tous nos amis savent combien nous sommes attachés aux Zouaves Pontificaux, dont nous avons déjà publié dans ce blog un résumé de l’épopée depuis leur création jusqu’à la prise de Rome (voir > ici et > ici) ; ils savent également de quelle manière nous nous efforçons de mieux faire connaître et pratiquer la dévotion au Sacré-Coeur de Jésus ; ils n’ignorent pas non plus à quel point nous cherchons à informer des desseins particuliers du Coeur de Jésus concernant la France…
Tous ces éléments font que nous ne pouvons bien évidemment pas laisser passer ce centenaire sans publier l’éloge d’Athanase de Charette.
Par son père, il était le petit-neveu du chevalier François-Athanase de Charette de La Contrie, le fameux généralissime vendéen ; par sa mère, il était petit fils du duc de Berry et donc arrière-petit-fils du Roi Charles X.
En exil avec sa famille, il est élève à l’académie militaire de Turin de 1842 à 1846 ; en 1852, il est sous-lieutenant au service du duc de Modène dont il devient officier d’ordonnance de 1856 à 1859 ; à cette date il démissionne pour ne pas avoir à combattre contre les troupes françaises engagées en Italie.
En mai 1860, il rejoint l’armée pontificale, devient capitaine du corps des volontaires franco-belges et il est blessé à Castelfidardo.
Figure emblématique du corps des Zouaves Pontificaux, il est lieutenant-colonel en 1867 et s’illustre de manière particulière à Mentana.
Après la prise de Rome, il embarque pour Marseille et organise les Zouaves Pontificaux rebaptisés Volontaires de l’Ouest pour lutter au côté des troupes françaises régulières contre le rouleau compresseur prussien qui écrase la France. C’est alors qu’a lieu le célèbre épisode de Loigny (dont nous reparlerons).
Général de brigade en janvier 1871, il est en Bretagne en train d’organiser un bataillon de mobiles quand il apprend la signature de l’armistice.
Pendant les quarante années qui lui restent à vivre, il sera le principal animateur du groupe français des survivants des Zouaves Pontificaux et sera présent à de très nombreuses manifestations catholiques, la plupart du temps apportant avec lui la bannière de Loigny.
Nous ne pouvions faire mieux que de donner ici la parole au lieutenant-colonel Armel de Charette, son descendant, qui nous honore de son amitié et que nous remercions chaleureusement de sa contribution.
Frère Maximilien-Marie.
Eloge
du Général Athanase de Charette
commandant le régiment des
Zouaves Pontificaux et Volontaires de l’Ouest
par son descendant
le lieutenant-colonel Armel de Charette
(d’après le n°502 de l’Avant Garde – du 15 octobre 1911 – bulletin bi-mensuel des Zouaves Pontificaux)
Nous sommes le 9 octobre 1911, à 12h 58 le général de Charette vient de rendre sa belle âme à Dieu, à l’âge de 79 ans. C’est une perte irréparable pour le régiment des Zouaves Pontificaux.
Nous ne ferons qu’esquisser aujourd’hui la carrière du soldat : elle est connue du monde entier. Depuis Castelfidardo jusqu’à Loigny, c’est une série ininterrompue d’exploits, dignes des paladins du Moyen-Age.
En 1860, à Castefidardo, c’est le jeune et brillant capitaine qui pousse l’héroïsme à son plus haut degré, heureux de faire ses premières armes, fier de verser son sang pour la plus noble des causes : le pouvoir temporel du Saint Père.
En 1867, à Mentana, c’est le vaillant colonel, audacieux entraineur d’hommes, qui, au moment psychologique, sait d’un mot électriser ses compagnons d’armes et les lancer dans la mêlée.
En 1870, pendant l’invasion italienne des Etats Pontificaux, c’est le chef prudent et avisé qui exécute une retraite difficile, au milieu de tout un corps d’armée ennemi.
Le 2 décembre 1870, à Loigny, c’est toujours le chef qui commande et qui, froidement, accepte le sacrifice lorsque le salut de l’armée l’exige.
Pendant l’armistice de 1871, c’est le général qui sait organiser une division de 15 000 combattants et façonner les hommes à son image.
La dernière période de la vie du général de Charette est moins connue; ce fut – du moins pour le public – une période d’inaction qui dura quarante ans, tout entière faite d’abnégation, de sacrifices, de déceptions et de souffrances.
Aux élections législatives, le général de Charette est nommé député de Marseille ; il refuse ce mandat, ne se sentant aucun goût pour le parlementarisme.
Au mois d’août 1871, M. Thiers lui offre le grade de général de division dans l’armée française ; il refuse « ce qu’il appelait la plus belle des récompenses et le plus grand honneur qu’il put ambitionner » ; il veut rester à la disposition du Pape, à la disposition du comte de Chambord qui incarnait pour lui la Patrie.
Pendant douze ans, il est prêt pour l’action, il attend l’heure de Dieu. Hélas! cette période se termine par une amère déception : le comte de Chambord meurt et avec lui ses projets de restauration.
Charette suivra la même tradition avec le duc d’Orléans et ne perdra pas une occasion pour affirmer sa foi monarchique.
La cause du Pape n’en restera pas moins la première de ses préoccupations et, pendant quarante ans, il continue sa croisade à travers le monde. Il parcourt la France, la Belgique, la Hollande, le Canada, groupe ses anciens soldats et leur fait part de son inaltérable espérance. Il veut maintenir les traditions du régiment et les léguer à nos enfants.
Il faut avoir été témoin de ces réunions plénières pour comprendre l’enthousiasme qui animait ceux qui avaient répondu à l’appel, et la communauté de sentiments qui existait entre le chef et les soldats.
Presque chaque année, le général de Charette se rendait à Rome pour rappeler au Souverain Pontife qu’il était avant tout le serviteur de l’Eglise et pour lui rendre un témoignage de soumission, de fidélité et de dévouement.
Léon XIII et Pie X accueillaient avec joie et bonté l’ancien commandant des Zouaves Pontificaux.
Mais ce qui caractérisait surtout le général de Charette, c’était son grand esprit de foi ; il fut le soldat catholique dans toute la force du terme ; il fut le fervent soldat du Sacré-Coeur.
Dans un siècle d’indifférence et d’irréligion, il avait compris qu’il devait, comme soldat, affirmer publiquement sa foi et rendre à Dieu un solennel hommage.
Le grand Charette, son grand oncle, avait donné aux paysans de la Vendée l’image du Sacré-Coeur, image placée sur leurs poitrines pendant la guerre de 1793 ; le général de Charette voulut faire une manifestation analogue sur le champ de bataille de Loigny, en arborant la bannière du Sacré-Coeur.
On se rappelle que cette précieuse bannière, teinte du sang de plusieurs de nos camarades, lui arriva providentiellement, pour ainsi dire par la main des anges.
Après la guerre, il consacra son régiment au Sacré-Coeur et fit le serment de propager sa dévotion.
Il continua plus tard de marcher dans cette voie, en participant à l’érection de la basilique de Montmartre ; il fut l’un des membres les plus assidus du Comité du Voeu National.
Le 19 juin 1875, à la pose de la première pierre de la Basilique, Charette et sa bannière étaient là.
Le 17 octobre 1899, à la plantation de la croix monumentale qui domine le dôme central de la Basilique du Sacré-Coeur, Charette et sa bannière étaient là, tout là-haut, sur la dernière plate-forme.
Le plan du général de Charette éclate aux yeux de tous ; dans sa sphère et dans la mesure de ses forces, il avait le désir de réaliser les demandes du Divin Maître à Sainte Marguerite-Marie : l’image du Sacré-Coeur sur le drapeau de la France, l’érection d’un temple national sur les collines de Paris, Gallia poenitens et devota : la France pénitente et dévouée (inscription du frontispice de la Basilique).
Notre bon général était un fervent chrétien dans tous les actes de sa vie : il était servant de Messe le plus souvent possible ; il participait avec ferveur aux adorations nocturnes du Saint-Sacrement ; il récitait son chapelet plusieurs fois par jour.
Un souvenir de quelques mois à peine : nous étions à la Basse-Motte, midi sonne, le général s’élance vers la chapelle de la commanderie, sonne la cloche et récite l’angélus.
Sa vie a été pour nous tous un exemple continuel.

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Quelle figure admirable!
Je voudrais souligner, l’arrêt brutal par la république, de l’ordre militaire, ainsi, que la misérable affaire, cette trahison du camp de Conlie! Vive la France chrétienne et royale!
Le plus émouvant est la fidélité d’Armel à Athanase, en particulier dans la mémoire des zouaves et le culte du Sacré Cœur.
Il ne peut pas abandonner un pays qui lui a donné de tels fils.
Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de la France !
De nouveau accrues les connaissances que nous apporte le blog du Mesnil-Marie à chaque parution!
Merci, frère Maximilien-Marie!
Ce blog mérite vraiment d’être connu par le plus grand nombre de catholiques.