2011-61. Du martyre de Saint Maximilien-Marie Kolbe.
Ce 14 août 2011.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Le 14 août est, bien sûr, la Vigile de l’Assomption de Notre-Dame, mais au Mesnil-Marie – vous devinez bien pourquoi – cette vigile n’est qu’une commémoraison puisque nous fêtons un premier lieu Saint Maximilien-Marie Kolbe : en outre, en cette année 2011, nous célébrons aujourd’hui l’exact soixante-dixième anniversaire de son entrée dans la gloire.
Nous sommes à Auschwitz, à la fin du mois de juillet 1941.
Dans le bloc 14, celui du Père Maximilien-Marie, un homme manque à l’appel : il s’est évadé.
Les prisonniers se rappellent avec effroi de la menace du chef de camp : pour un évadé, vingt hommes de son bloc seront condamnés à mourir de faim.
La peur les tenaille tous cruellement, eux qui, dans les tortures les plus raffinées auxquelles ils sont soumis chaque jour, ont pu désirer la mort comme une délivrance…
La mort, oui, mais pas cette mort-là : agoniser pendant des jours, au compte-gouttes ; la faim et la soif qui vous dessèchent les entrailles, vous remplissent les veines de feu et vous conduisent à la folie…
Tous savent quels hurlements terrifiants retentissent du côté du « bloc de la mort ». Les geôliers eux-mêmes ne cachent pas qu’ils en sont terrorisés.
Le lendemain, après l’appel, les prisonniers du bloc 14 doivent rester debout, au garde à vous, en plein soleil. De toute la journée, on ne leur donne rien.
Des SS les surveillent et « maintiennent » l’ordre à coups de crosse. Lorsqu’un prisonnier tombe d’épuisement et que les coups ne le ramènent pas de son évanouissement, on le traîne hors des rangs : les corps sont entassés…
Les visages de ceux qui tiennent sont tuméfiés par la chaleur.
Le Père Maximilien-Marie, ce malade vingt fois condamné par les médecins, ne tombe pas, reste lucide…
Comme Marie sous la croix, avec Marie sous la croix, il est debout.
En son for intérieur, il est étrangement paisible : résolu comme jamais, il sait que la grâce qui lui a été prophétisée et à laquelle il a librement consenti lorsqu’il avait dix ans, vient à lui dans le silence.
Elle est toute proche. Elle est là.
Et si son corps est contraint de rester immobile, son âme se précipite pour l’embrasser.
Au soir, le chef de camp revient : « L’évadé n’a pas été retrouvé. Dix d’entre vous mourront à sa place dans le bunker de la faim. La prochaine fois, il y en aura vingt… Toi… Toi… Et encore toi… «
En savourant la terreur qu’il inspire, l’officier prend son temps pour parcourir les rangs et désigner ceux qu’il envoie à la mort.
- Ooooh… ma pauvre femme… mes enfants! sanglote l’un des désignés.
Et c’est là que, à la stupéfaction de tous – prisonniers et bourreaux -, le Père Maximilien-Marie s’avance.
- Que me veut ce cochon de polonais? hurle le Lagerführer.
- Je voudrais mourir à la place d’un de ces condamnés.
le SS est abasourdi. Il cherche à comprendre.
- Et pourquoi?
- Je suis vieux ; je ne suis plus bon à rien…
- Pour qui veux tu mourir?
- Celui-ci : il a une femme et des enfants.
- Qui es-tu?
- Prêtre catholique.
La grâce passe malgré lui dans la tête du SS qui ne comprend rien, qui est dépassé et qui cède à la volonté de ce prêtre, lui lui qui ne revient jamais sur les ordres qu’il a donné : « Soit! va avec eux… »
Les prisonniers sont emmenés.
Ils doivent se mettre totalement nus et on referme sur eux la porte.
Père Maximilien-Marie peut dire en toute vérité : « O ma Reine, ô ma Mère : Vous avez tenu parole! Et c’est pour cette heure ci que je suis né! »
Dans le bloc de la mort, enfer en miniature qui ne retentissait jusqu’alors que des hurlements de désespoir, des voix s’élèvent : ces hommes épuisés, ces condamnés à mort chantent et prient…
Depuis la cellule où sont enfermés le Père Kolbe et ses neuf compagnons, la prière se répand : de cellule en cellule les prières et les chants gagnent tout le bloc de la mort.
Les gardiens sont médusés : jamais le terme de « chapelle ardente » n’a été si adapté pour désigner un lieu de mort!
Chaque jour, les voix se font plus faibles, moins nombreuses… mais pas moins ferventes.
Chaque jour des prisonniers sont commis pour enlever les cadavres. L’un d’eux témoignera : le Père Maximilien était toujours debout ou à genoux, priant à haute voix, lors même que tous les autres gisaient comme des loques.
Les SS qui président à l’enlèvement des cadavres ne supportent pas le regard que le Père pose sur eux : « Détourne les yeux! Ne nous regarde pas ainsi! »
Les jours passent.
Le 14 août, il n’y a plus que 4 survivants, mais seul Père Maximilien-Marie est conscient : le bon pasteur arrive au terme de la mission que lui a confiée la Vierge Immaculée.
Il a accompagné tout son petit troupeau jusqu’à la porte de l’éternité, jusqu’à l’entrée dans le Coeur de Jésus.
Il est assis, sans force, appuyé au mur.
A ceux qui viennent l’achever par une piqûre de phénol, il tend lui-même son bras décharné.
Un peu plus tard on vient chercher son corps qui sera brûlé le lendemain, 15 août.
Le détenu chargé d’enlever les corps témoignera : les autres cadavres étaient sales, avaient les traits ravagés… Mais lui, on eût dit qu’il répandait de la lumière : ses yeux grands ouverts donnaient l’impression d’une extase.
« A celui qu’il aime, Dieu envoie la croix pour qu’il ait la possibilité de rendre à Dieu l’amour qu’il a eu pour nous…« avait écrit le Père Maximilien-Marie en 1938.
Lui qui aimait tant le vieux cantique français « J’irai la voir un jour » s’en est allé, comme le dit le dernier couplet : « loin de la terre sur le Coeur de sa Mère reposer sans retour », et celà au moment où l’Eglise dans sa liturgie commençait à célébrer le grand triomphe de Marie sur la mort et sur le mal.
(récit établi en bonne partie d’après Maria Winowska)

Vous pouvez laisser une réponse.
Bonne fête frère Maximilien-Marie en cette veille du 14 août.
Très cher frère, merci pour ce récit d’une telle intensité.
Je rends grâce à DIEU de vous connaître car vous m’enseignez malgré la distance qui nous sépare ; je rends grâce à DIEU pour St Maximilien Kolbe : qu’il guide notre prière en ce jour. Amen.
Une fois de plus, très cher Frère, je suis sans voix !
Je connaissais le martyre de ce saint exemplaire, mais pas raconté avec cette intensité.
Quel saint extraordinaire avez-vous pris comme modèle de religieux !
Que ce grand saint veille toujours sur vous et qu’il vous garde longtemps près de nous qui avons tant besoin de vos dons de conducteur d’âme.
Loué soit Jésus-Christ!
Bonne fête, cher Frère Maximilien-Marie au patron si admirable ! Bonne Vigile de l’Assomption ! Que les grâces abondent et surabondent sur votre Mesnil-Marie !
J’ai lu avec émotion le martyre de Saint Maximilien-Marie.
Quelle grandeur !
Une pensée chrétienne pour tous ceux qui sont morts dans ces abominables camps…
Bien cha(t)micalement.
Béa kimcat
Que l’oeuvre de l’Immaculée, inspirée par Elle à Saint Maximilien-Marie, la « Milice de l’Immaculée », se poursuive en développant vraiment son esprit avec la fermeté et le courage dont il fit preuve jusqu’à donner sa vie.
Bonne fête à ceux qui portent son patronyme, en particulier ceux qui ont su entrer dans son esprit, par les actes, les écrits ou son illustration.
Bonne fête à tous ceux qui se réclament de son esprit.
Que sommes nous à côté de lui ?
Une telle leçon d’amour pour la Vierge Marie…
Une pensée pour ceux qui ne sont pas revenus des camps de la mort !
Que sommes-nous à côté de cette grandeur?
Merci.
JLP
Merci, cher Lully, de nous aider ainsi à suivre l’actualité liturgique, toujours enseignante et .. plus tonifiante que celle des media!!! Aussi me suis-je rappelée la fondation, en 1917, par le Père Kolbe, de la Milice de l’Immaculée… toujours bien vivante, dont les Pères Capucins de Morgon sont responsables dans la Tradition.
Ce sont les apôtres des derniers temps, appelés par le Père de Montfort…
Qu’il prie pour nous et nos frères!