2011-46. De l’anniversaire de l’ordination sacerdotale du Bienheureux Charles de Jésus.

Jeudi 9 juin 2011.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

            Le dimanche 9 juin 1901 – il y a donc exactement 110 ans aujourd’hui en cette année 2011 – le vicomte Charles-Eugène de Foucauld de Pontbriand, fut ordonné prêtre de la Sainte Eglise Catholique Romaine, dans la chapelle du grand séminaire de Viviers.
Même s’il y résida peu, celui que l’on appelle souvent « le Père de Foucauld », demeurera toute sa vie prêtre du diocèse de Viviers, gardant toujours une immense gratitude et affection filiale pour son évêque, Son Excellence Monseigneur Frédéric Bonnet (1835-1923), qui avait compris la vocation si particulière du moine et lui permit de la réaliser en l’incardinant.

Motif central de la chasuble de la première messe du Bienheureux Charles de Foucauld

   Je ne peux pas revenir en détail sur la biographie du Bienheureux Charles de Jésus. Néanmoins je me dois de rappeler brièvement que, le 16 janvier 1890 – c’est-à-dire cinq ans et à peine trois mois après sa conversion (1886) -, il était entré au noviciat de la Trappe de Notre-Dame des Neiges, aux confins du Vivarais et du Gévaudan. Il y reçut le saint habit avec le nom de Frère Marie-Albéric, mais il ne resta à Notre-Dame des Neiges qu’un peu plus de six mois car, selon sa demande, le 26 juin 1890, il fut envoyé au monastère de Notre-Dame du Sacré-Coeur, à Akbès, en Syrie…

Trappe de Notre-Dame des Neiges

Trappe de Notre-Dame des Neige
(de l’abbaye que connut le Père de Foucauld seule a subsisté la grande façade que l’on voit ici)

   Frère Marie-Albéric demeura à Akbès jusqu’au 10 septembre 1896. Les sept années qu’il passa sous l’habit des frères trappistes n’étaient en effet qu’une étape. Sa vocation particulière mûrissait : en janvier 1897, le Père Abbé Général des Trappistes, reconnaissant l’authenticité des appels intérieurs de Frère Marie-Albéric, lui donna l’autorisation de quitter l’Ordre pour aller vivre à Nazareth.

   Pendant quelque trois années, devenu Frère Charles, il reçoit de nouvelles lumières sur les voies dans lesquelles Notre-Seigneur veut qu’il s’engage : en particulier, il se rend à l’idée – qu’il avait d’abord repoussée – de devenir prêtre ; c’est dans cette perspective qu’il quitte Nazareth, le 1er août 1900, et qu’il rentre en France. Le 29 septembre, après avoir revu l’abbé Henri Huvelin à Paris, il revient à Notre-Dame des Neiges, afin de s’y préparer au sacerdoce. Le Père Abbé, Dom Martin Martin, lui confère les ordres mineurs le 7 octobre 1900, en la fête de Notre-Dame du Rosaire.

   Charles – qui par délicatesse envers ses hôtes a repris le nom de Frère Albéric pendant ce second séjour à l’abbaye – achève donc ses études de théologie, mais il vit dans une sorte de continuelle « distraction » des choses de la terre, tellement il est absorbé en Dieu. Le religieux qui fut chargé de lui apprendre à dire la Messe a raconté que, à chaque parole du rituel, son élève entrait en contemplation, comme perdu, immobile et muet, et qu’il fallait le tirer par la manche pour qu’il revienne à lui : « Il suffisait de le voir quelques instants pour avoir l’impression nette qu’on était en présence d’un saint. »

Motif central de la chasuble de la première messe du Bienheureux Charles de Foucauld

   Enfin, il accomplit l’ultime préparation à l’ordination sacerdotale par un mois complet de retraite, du 9 mai au 9 juin 1901, en méditant surtout les Épîtres, le Cantique des Cantiques et les Saints Évangiles. Il passe toute la nuit du samedi 8 au dimanche 9 juin en prière au pied du Saint-Sacrement.

   Son ordination sacerdotale ne fut pas célébrée dans la cathédrale de Viviers mais dans la chapelle du grand séminaire, au cours d’une cérémonie distincte des ordinations de prêtres destinés au service du diocèse. Le Père Augustin Martin, trappiste, frère du Père Abbé, fut ordonné en même temps que lui. Précisons encore que c’est Monseigneur Montéty, lazariste et archevêque in partibus de Bérythe, qui lui conféra la prêtrise, alors que Monseigneur Frédéric Bonnet, qui l’avait accepté au nombre des prêtres du diocèse de Viviers, assistait au trône à la cérémonie.

   Sa Grandeur Monseigneur Joseph-Michel-Frédéric Bonnet, évêque de Viviers, avait bien compris les caractères propres et originaux de cette vocation : s’il accepta d’incardiner Charles de Foucauld dans son diocèse, il lui conféra un statut de « prêtre libre » et lui facilitera toujours les démarches canoniques afin qu’il puisse exercer son ministère en conformité avec sa vocation particulière. Au printemps 1911, lorsqu’il reviendra passer quelques semaines en France, le Père de Foucauld ne manquera pas de faire étape à Viviers afin d’y rendre visite à son évêque vénéré et de lui rendre compte de ses labeurs apostoliques.

Chapelle du grand séminaire de Viviers (vue ancienne)

Chapelle du grand séminaire de Viviers (état ancien)

   Le lendemain de son ordination – donc le lundi 10 juin 1901 -, Charles de Foucauld célèbre sa première Messe à la Trappe de Notre-Dame des Neiges. Sa sœur, Marie de Blic, a fait le voyage pour la circonstance. Tous les assistants sont bouleversés par la ferveur du nouveau prêtre.

   Pour cette première Messe, il a revêtu une chasuble qui a été spécialement préparée par sa cousine, Marie de Bondy, selon des indications que Charles avait écrites dans plusieurs lettres où il précisait de manière très détaillée ce qu’il souhaitait pour les couleurs, le tissu, la doublure et les motifs.

   Cette chasuble est actuellement exposée, avec l’aube d’ordination, dans le petit musée de l’abbaye de Notre-Dame des Neiges :

Chasuble et aube de la première messe du Bienheureux Charles de Foucauld

   Lorsque Charles de Foucauld est ordonné, il est dans sa quarante-troisième année. Il y a quinze ans qu’il a été converti dans le confessionnal de l’abbé Huvelin et il lui reste quinze ans à vivre. «Je connais intimement depuis onze ans M. Charles de Foucauld, et je n’ai jamais vu que dans les livres, de tels prodiges de pénitence, d’humilité, de pauvreté et d’amour de Dieu…», écrira Dom Martin, Abbé de Notre-Dame des Neiges.

   Le 1er septembre 1901, il quitte Notre-Dame des Neiges et part pour l’Afrique. Il a choisi Béni-Abbès pour y établir sa « khaoua » (fraternité), sous la Règle de Saint Augustin. Ce choix est déterminé par la situation géographique et militaire de ce lieu, avec l’espérance d’une intervention française au Maghreb qui lui permettrait de retourner dans son cher Maroc : Béni-Abbès était alors un ksar de cent-trente feux près duquel avait été installée une redoute abritant trois compagnies du 2ème Régiment de Tirailleurs Algériens, commandées par le capitaine du Faÿ de Choisinet, tandis que le « Bureau Arabe » y est tenu par le lieutenant Huot, neveu de son grand ami Laperrine.

   A son arrivée au Sahara, fin octobre 1901, Foucauld prit le nom de Frère Charles de Jésus, nom sous lequel il signera toujours ses lettres désormais. Mais les officiers du Sud, les Pères Blancs, puis la grande majorité des personnes l’appelleront  généralement « le Père de Foucauld« .

   Ce matin, à l’occasion de ce cent-dixième anniversaire, Frère Maximilien-Marie m’a raconté avec émotion comment, le 13 novembre 2005, il a participé à la cérémonie de béatification du Bienheureux Charles de Jésus, accompagnant la délégation de l’Ecole de Cavalerie de Saumur, puis il m’a montré le médaillon reliquaire qui lui a été offert par le postulateur de la cause pour l’oratoire de notre Mesnil-Marie, dans lequel est renfermé une parcelle de vêtement de ce Bienheureux que nous aimons très particulièrement.

Relique du Bienheureux Charles de Foucauld

   J’achèverai ma modeste chronique de ce jour en recommandant à tous ceux qui ont, comme nous, une dévotion spéciale envers Saint Charles de Jésus de prier par son intercession afin d’obtenir à notre Eglise, à nos diocèses et à nos paroisses, de bons et saints prêtres, qui entraîneront les âmes sur les chemins du Ciel!

Lully.  

Voir aussi la prière pour demander à Dieu de saints prêtres
par l’intercession de Saint Charles de Jésus > ici      

Motif central de la chasuble de la première messe du Bienheureux Charles de Foucauld

Vous pouvez laisser une réponse.

7 Commentaires Commenter.

  1. le 1 décembre 2023 à 11 h 05 min Goës écrit:

    A chaque parole du rituel, il entrait en contemplation, voilà Charles de Jésus !

  2. le 30 novembre 2022 à 17 h 52 min Goës écrit:

    Une bien belle ordination.

  3. le 9 juin 2022 à 12 h 06 min Arnaud S. écrit:

    Merci infiniment pour cet article Frère.

  4. le 12 juin 2011 à 23 h 15 min Henri écrit:

    C’est avec ces mots que je signerais « Mon Père je m’abandonne a vous… »

  5. le 9 juin 2011 à 15 h 47 min Jean-Paul L. écrit:

    Merci pour cette nouvelle page d’histoire de notre cher Vivarais!
    Amitiés.
    JPL

  6. le 9 juin 2011 à 15 h 24 min Nielluccia écrit:

    Merci d’avoir retracé l’itinéraire du bienheureux Charles de Foucauld.
    Que vous êtes savant, cher Lully; j’admire et mon maître aussi.

    Nielluccia.

  7. le 9 juin 2011 à 13 h 16 min Picoche écrit:

    Merci. J’ai prié selon le texte ci-dessus.
    Bien cordialement.
    JLP

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