Chemin de Croix pour la France (Chanoine Antoine Crozier).
Après avoir publié le texte de l’opuscule « Vivons pour le Bon Dieu » du Chanoine Antoine Crozier (cf > ici), un excellent ami – qu’il en soit très chaleureusement remercié! – m’a communiqué le texte du « Chemin de Croix pour la France » que ce saint prêtre avait également rédigé quelques années auparavant.
Dans les circonstances présentes de l’Eglise, du monde et de la France, il nous a paru important de mettre les méditations et les prières de ce Chemin de la Croix à la disposition du plus grand nombre d’âmes possible.
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur.
Imprimatur : Lugduni, die 26 Maii 1904
A. Bonnardet , v. g.
Préface de l’auteur:
A toutes les prières et à tous les sacrifices que font les âmes pieuses, en ces temps d’extrême détresse, pour hâter l’accomplissement des promesses du Divin Cœur sur la France, nous croyons qu’il sera très opportun et très utile d’ajouter l’exercice de Chemin de la Croix.
Nous leur proposons quelques pensées pour les aider à faire ce Chemin de la Croix pour la France.
Par ce Chemin de la Croix, les amis du Cœur de Jésus sentiront mieux tout ce que Notre-Seigneur a souffert pour racheter les nations que son Père Céleste Lui a données en héritage, pour sauver cette France qui lui est si précieuse et si chère.
En nous unissant aux douleurs et aux supplications de Jésus, Rédempteur de la France, nous apprendrons à mieux prier et à souffrir plus généreusement pour notre malheureuse patrie.
En appliquant aux âmes du Purgatoire les très nombreuses et très riches indulgences du Chemin de la Croix, nous ouvrirons les portes éternelles à une armée d’intercesseurs qui, dans le ciel même, ne cesseront pas de travailler avec nous à l’œuvre du Sacré-Cœur.
(Nota: avant d’être publié en fascicule le texte de ce Chemin de la Croix avait paru dans le Bulletin mensuel de la Garde d’Honneur - Bourg-en-Bresse – fin de 1903 et 1904).
PRIERE PREPARATOIRE :
O Jésus Sauveur ! C’est pour la France que je veux suivre avec Vous le chemin si long et si douloureux de votre Calvaire. Avec toute la contrition et tout l’amour de mon cœur, je viens vous offrir, au nom de la France et pour moi, pauvre pécheur, ma plus intime compassion pour tout ce que Vous avez souffert dans votre corps, dans votre âme, dans votre Cœur.
Au nom de la France et pour moi, je vous offre les réparations de ma foi et de ma piété pour tous les outrages que nous avons infligés à la Majesté de votre Père, à votre dignité et à votre sainteté de Fils de Dieu, à l’Esprit de vérité et d’amour, pour toutes les blessures faites à votre Cœur.
Agréez aussi les ardentes supplications que nous vous offrons, en union avec les supplications que, du fond de l’abîme de ses souffrances, votre Cœur broyé faisait monter vers le trône de votre Père pour l’humanité tout entière et particulièrement pour cette portion de l’humanité que vous avez tant aimée, pour la France, notre patrie!
Prières à faire à chaque station :
Au début de chaque station :
V. Nous vous adorons, ô Jésus, et nous vous bénissons,
R. Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix !
Après chaque station :
Notre Père ; Je vous salue, Marie ; Gloire au Père.
V. Pardonnez, Seigneur, pardonnez à votre peuple,
R. Et ne soyez pas toujours irrité contre nous !
V. Cœur de Jésus, salut de ceux qui espèrent en vous.
R. Ayez pitié de nous !
V. Saints et saintes de France,
R. Intercédez pour nous !
V. Que par la miséricorde de Dieu les âmes des fidèles défunts reposent en paix !
R. Ainsi soit-il !
Première station : Jésus est condamné à mort.
Cette première station représente le prétoire de Pilate où Notre-Seigneur Jésus-Christ reçut son inique condamnation à mort.
Je vous adore, ô Jésus, subissant à travers les siècles, la scène perpétuellement renouvelée de votre condamnation à mort.
Plus que jamais, dans notre pays, ô Jésus, vous ne cessez pas d’être trahi et vendu par ceux qui ont vécu avec vous et de vous, par les apostats qui en vous persécutant veulent lutter contre les remords de leur conscience, faire leur fortune, assouvir leur ambition.
Avec les Judas dont la race, loin de s’épuiser, se multiplie de jour en jour, il y a encore les Pilates indifférents et sceptiques, mais assez vils et assez lâches pour livrer le Juste, en s’efforçant vainement de laver l’ineffaçable souillure de leurs mains et de leurs fronts.
On entend toujours les clameurs furieuses de la foule soulevée qui demande la mort de l’Innocent.
Derrière le tribunal officiel, j’entrevois le tribunal secret des pharisiens hypocrites, des impies, des sectaires, de Satan lui-même, qui, au fond de leurs ténèbres, ont décidé et préparé, ô Jésus, votre condamnation à mort dans cette France où ils ne veulent plus de vous.
Puisque, après votre résurrection triomphante, vous ne pouvez plus mourir, vos ennemis acharnés ne peuvent plus vous atteindre dans votre personne adorable ; mais ils veulent vous mettre à mort, vous anéantir dans les âmes, dans ces générations d’enfants, qui vous connaîtront, non pour croire en vous, pour vous adorer et vous aimer, mais pour blasphémer contre votre Nom d’amour.
Cette condamnation à mort de Celui qui est la vie éternelle des âmes, nous ne l’acceptons pas, ô Jésus ! Nous vous ferons vivre de plus en plus en nous-mêmes, par la piété, par la sainteté et l’amour ; nous vous défendrons par la .prière, par l’immolation, par l’apostolat ; nous vous ferons vivre et grandir dans ces enfants, dans ces faibles, dans ces malheureux qu’on veut arracher à votre Cœur embrasé d’amour pour tous les hommes et spécialement pour les petits, pour les pauvres, pour ceux qui vivent dans la souffrance et le travail.
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Deuxième station : Jésus est chargé de sa Croix.
Cette seconde station nous représente Jésus recevant le fardeau de sa croix.
Les ennemis de Jésus-Christ triomphent par cette injuste condamnation que la peur, l’ambition et sans doute l’argent ont arrachée à la faiblesse de Pilate, et ils se hâtent d’en profiter en pressant l’exécution de l’Innocent.
La croix de Jésus est là, toute préparée et il faut que Jésus porte lui-même l’instrument de son supplice.
Sans pitié pour le lamentable état où l’ont réduit les fouets de la flagellation, le couronnement d’épines, les violences des soldats, toutes les horreurs du prétoire, Jésus est chargé de sa croix, croix accablante qui va peser horriblement sur ses épaules meurtries, sur tout son corps exténué.
Si brisé qu’il soit, le divin Jésus sourit à la croix qui lui est présentée et imposée. Cette croix a toujours été l’objet de ses plus ardents désirs : depuis longtemps, Jésus appelle «ce baptême de sang où Il veut se plonger» pour mourir, où Il veut nous plonger tous pour nous racheter. Il voit tout ce que sa mort donnera de gloire à son Père, de grâces et de vie à l’humanité ; Il pense à la France, à cette multitude d’âmes qui y seront sauvées et sanctifiées, à cette autre multitude d’âmes évangélisées et sauvées par l’apostolat de la France et aussitôt, de Lui-même, Il offre ses épaules pour recevoir la croix. Il la reçoit mieux encore dans son Cœur avide, insatiable de notre Rédemption. Nous disons et chantons avec l’Eglise : O crux, ave! O croix, je vous salue! Je vous salue de mes adorations et de mon amour ! Avec quel amour Jésus, en acceptant sa croix, ne dut-il pas dire et chanter dans son Cœur : O Crux, ave ! O croix que mon Père me donne pour accomplir par ma mort tous ses desseins sur le monde et sur la France, je vous salue, je vous embrasse et je vous aime !
O Jésus, apprenez-nous à recevoir, à embrasser, à aimer la croix que vous nous donnez ou que vous nous donnerez d’abord pour expier nos péchés personnels, puis pour vous aider à racheter et à délivrer la France !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Troisième station : Jésus tombe pour la première fois.
En cette troisième station, nous voyons Jésus tombant pour la première fois sous le poids de sa croix.
Jésus a désiré, cherché et poursuivi sa croix : Il l’a embrassée et portée avec toutes les ardeurs de son Cœur, mais bientôt ses forces trahissent son courage et son amour, et dès les premiers pas, Il est accablé et Il succombe.
Cette chute nous l’expliquons très vite par l’extrême faiblesse de Jésus et par les effusions de son sang qui a coulé à grands flots depuis l’agonie du Jardin des Oliviers jusqu’à la flagellation et au couronnement d’épines.
Mais ce qui pèse le plus sur Jésus, ce qui le jette à terre, ce qui l’écrase, c’est l’excès incalculable des péchés qu’Il expie. Quoi de plus écrasant que le fardeau des iniquités de tous les hommes ?
N’êtes-vous pas, ô Jésus, «l’Agneau de Dieu, qui portez sur vous les péchés du monde entier ?» Vous portez tous les crimes de la France, les crimes des longs siècles de son histoire, de ce passé où si souvent elle trahit et abandonne son Dieu, les crimes du présent, alors qu’elle est complice, par son indifférence et son laisser-faire, de toutes les destructions que ses fils les plus perfides et les plus coupables s’acharnent en son nom, à multiplier dans les âmes ; les crimes de l’avenir, d’un avenir très prochain, car quel mal ne feront pas les générations qui ont déjà grandi ou qui grandissent dans la haine de Dieu et de Jésus, et sont livrées sans frein aux passions les plus redoutables ?
L’abîme appelle l’abîme de toutes les corruptions et de toutes les abominations.
O Jésus ! Nous voulons nous substituer à ces soldats grossiers et cruels qui vous relèvent en aggravant vos souffrances ; nous voulons être toujours là, près de vous, pour partager votre fardeau et vos douleurs, pour porter avec vous les péchés du monde et les iniquités de la France !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Quatrième station : Jésus rencontre sa sainte Mère.
Dans cette quatrième station, nous assistons à la rencontre de Jésus et de Marie sur le chemin du Calvaire. Qu’elle fut déchirante cette rapide entrevue de Jésus et de Marie, au milieu des insultes et des brutalités des bourreaux et de la foule !
Quels regards pleins de souffrances furent échangés entre le Fils et la Mère et transpercèrent, jusqu’au fond le plus intime, ces deux cœurs si tendres, si parfaits, si unis l’un à l’autre !
A cet instant Jésus souffrait, avec ses propres douleurs, toutes les douleurs maternelles de Marie, et Marie, au glaive si longtemps plongé et fixé dans son cœur de Mère, sentit s’ajouter les souffrances filiales si intenses, si profondes, et toute la Passion intérieure et extérieure de Jésus !
Le Cœur de Jésus et le Cœur de sa Mère s’unirent alors plus intimement pour accepter, embrasser et aimer leur commune immolation et se livrèrent tout entiers à la volonté du Père céleste et à l’œuvre de la Rédemption des hommes.
Jésus et Marie s’offrirent ensemble pour les âmes de la France déjà tant aimée. Notre-Seigneur ne devait-il pas manifester à la Messagère de son Divin Cœur son amour et son dévouement pour la France, et promettre d’être son spécial Médiateur pour détourner d’elle les fléaux de la Justice divine et pour la purifier et la régénérer dans les flammes de son Sacré-Cœur ?
Et Marie, en ces derniers temps, sur la montagne de la Salette ne s’est-elle pas montrée comme revêtue des instruments de la Passion de Jésus et pleurant sur les blasphèmes et les crimes de notre patrie ?
O Jésus, ô Marie, associés pour la Rédemption de la France, nous offrons au Dieu de la Justice et de la Miséricorde tout ce que vous avez souffert pour nous, et nous nous unissons à vos douleurs et à vos supplications pour obtenir par vous notre délivrance et notre salut !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Cinquième station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa Croix.
Cette cinquième station nous représente le lieu où Simon de Cyrène fut requis et arrêté par les soldats pour soulever la croix de Jésus.
Simon subit la nécessité et la contrainte quand, au retour de sa maison des champs et peut-être sans connaître encore Jésus, il dut l’aider à porter sa croix.
Rien ne nous dit, dans l’Evangile ni dans la tradition, que Simon de Cyrène s’offrit de lui-même, par pitié et par dévouement, à soulager le pauvre condamné qui allait tomber encore sous l’instrument de son supplice ; mais nous sommes portés à croire que le contact de la croix de Jésus suffit à sauver et à sanctifier le Cyrénéen.
Dans la voie douloureuse que la France prévaricatrice a ouverte à Jésus, nous qui le connaissons, nous qui croyons en Lui, comment refuserons-nous de recevoir et de prendre notre part de sa Croix, d’accepter les épreuves de toute vie humaine et chrétienne, de sentir et de partager de quelque manière la Passion de Celui qui a tout souffert pour nous mériter et nous donner l’admirable lumière de la Foi ?
Tout Français, parce qu’il croit en Jésus, ami et Rédempteur de la France, doit se réjouir de souffrir quelque chose pour l’accomplissement de ses desseins sur nous.
Mais, si nous aimons Jésus de tout notre cœur, nous irons de nous-mêmes vers notre Sauveur pour embrasser sa chère croix et la soulever tout entière.
O Jésus, appelez, multipliez parmi nous ces Cyrénéens pleins de bonne volonté, de générosité et d’amour, qui ne cesseront pas de vous consoler et de vous soulager !
Nous voici, Seigneur Jésus pour porter votre croix devenue notre croix, et pour vous faire oublier, par nos réparations et notre amour, les insultes de vos bourreaux, les ricanements de vos pires ennemis, les cris et les blasphèmes de la foule.
Vos Cyrénéens, en souffrant avec vous et pour vous, apprendront, en portant votre croix, à vous aimer davantage et à être avec vous et avec Marie les Rédempteurs de la France.
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Sixième station : Une femme pieuse essuie la Face de Jésus-Christ.
La sixième station nous fait voir Sainte Véronique essuyant d’un linge le visage de Notre-Seigneur quand Il portait sa croix.
Véronique obéit, non pas à une nécessité et à un ordre, mais au mouvement de son cœur ému de compassion pour le divin Supplicié qu’elle voit succombant à la fatigue et à la douleur, et couvert d’une sueur sanglante ; elle traverse la foule hostile, elle brave les ennemis de Jésus et les soldats, elle s’approche du Sauveur pour essuyer son visage.
Jésus a exalté l’amour qui a porté Madeleine à répandre sur ses pieds sacrés un parfum d’un grand prix. Avec quel amour Il dut agréer et bénir l’amour de Véronique venue, à travers tant de difficultés et de périls, pour lui apporter un tel soulagement !
Il se hâte de lui donner une première récompense en imprimant sa sainte Face sur le linge qui a été l’instrument de son acte d’héroïque charité.
Il l’imprime mieux encore au fond du cœur de Véronique pour l’unir à sa Passion et l’élever sans cesse, par cette union, à la sainteté et au plus parfait amour.
Heureuses les âmes qui, dans la suite des siècles, ont reçu la grâce de Véronique, gardent et contemplent en elles la mystérieuse et vivante image de Jésus souffrant et humilié!
O Jésus! surtout en cette France qui vous veut et vous fait tant de mal, suscitez, multipliez en grand nombre ces Véroniques généreuses qui préfèrent à toutes les joies et à tous les trésors de ce monde l’union à vos douleurs ! Ne cessez pas de les sanctifier pour qu’elles ne cessent jamais de vous donner un amour plus profond, plus délicieux, et de plus parfaites réparations !
A ces Véroniques de la France, choisies et consolées par son Cœur reconnaissant, Jésus semble dire et redire : «Ma sainte Face ! Voilà ce qu’il faut que vous soyez vous-mêmes en votre âme et en toute votre vie ! Larmes, douleurs, affronts, soufflets, voilà votre lot, votre fortune! Réparatrices courageuses et dévouées, offrez souvent au Père céleste la Face de votre Sauveur telle qu’elle est hors de vous et en vous ; étendez sur la France ce voile d’amour, de douleur, d’ardente supplication !»
Il faut qu’à cette heure d’iniquités, Dieu, regardant la France, n’y voie plus que la Face de son Fils et l’amour de son Cœur, implorant la pitié et la miséricorde pour la France et le monde par ses yeux sanglants et noyés de larmes.
O Dieu, notre Protecteur, regardez la Face de votre Christ ! (Ps. LXXXIII, 10).
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… etc.
Septième station : Jésus tombe pour la seconde fois.
En cette septième station, nous assistons à la deuxième chute de Jésus.
Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter son horrible fardeau ; Véronique a essuyé le visage du Sauveur ; mais ce secours et ce soulagement n’ont pu retarder que de quelques pas une nouvelle chute de Jésus plus que jamais exténué, accablé.
Par cette deuxième chute et par les coups qui l’ont accompagnée, Jésus a voulu expier nos rechutes dans le péché… Notre vie, hélas! n’est-elle pas une perpétuelle rechute?
Jésus a voulu aussi nous mériter la grâce de nous relever toujours avec courage et confiance, certain que la conversion et le salut sont toujours possibles au pécheur, tant qu’il n’a pas rendu le dernier soupir, et que la miséricorde du bon Dieu surpasse infiniment toutes nos faiblesses et toutes nos iniquités. Jésus a voulu encore souffrir pour expier les infidélités multipliées du peuple qu’Il devait se choisir et se donner, les rechutes de la France. Quelle admirable et étrange histoire que la nôtre !
D’une part, Dieu qui aime la France, n’a pas cessé, à travers tant de siècles, de la poursuivre de sa prédilection visible et obstinée, et de la combler de ses bienfaits et de ses prodiges ; d’autre part, la France ingrate a secoué plusieurs fois le joug de son Divin Protecteur. Par ses révolutions successives, la France s’est livrée aux ennemis les plus implacables de Jésus-Christ et de son Eglise, car, au fond de toutes ses révolutions, qu’y a-t-il, sinon la lutte ouverte ou hypocrite de Satan contre Dieu pour ruiner et détruire la mission providentielle de notre pays en lui arrachant sa foi.
O Cœur de Jésus, qui vous êtes montré et donné à nous pour être notre Médiateur de rédemption et de prière entre votre Père et la France infidèle, oh ! ne vous lassez pas d’intercéder pour nous, et de nous ouvrir les trésors de vos miséricordes et de vos grâces !
Si trop souvent nous avons imité les Juifs dans leurs égarements et leurs révoltes, si maintenant encore nous nous faisons les complices et les serviteurs de leur haine contre vous, ne permettez pas que votre France tant aimée abandonne et renie son Dieu et son Sauveur, mais faites qu’elle défende et garde sa foi contre tous les assauts de l’enfer et devienne, dans tout l’univers, l’apôtre infatigable de votre vérité et de votre amour !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père … etc.
Huitième station : Jésus console les femmes de Jérusalem.
En cette huitième station, nous entendons les paroles que le très bon Jésus adresse aux femmes de Jérusalem qui le suivent.
Ces filles d’Israël peuvent connaître Jésus par ses enseignements, par sa sainteté, peut-être par les bénédictions et les caresses qu’Il a données à leurs petits enfants, ou par les miracles qu’Il a faits pour eux : elles sont là pour le remercier encore et protester contre l’iniquité de sa condamnation et de son supplice.
Celles qui ne le connaissent pas sont émues, bouleversées par le spectacle de telles douleurs dans une si profonde humiliation.
Toutes, par leurs larmes, proclament l’innocence de Jésus et, en lui offrant l’hommage délicat de leur compassion, elles se font Réparatrices à la suite de Véronique.
Jésus agrée leur pitié ; Il recueille et bénit leurs larmes ; mais, oublieux de ses propres souffrances, Il veut préparer ces généreuses consolatrices aux malheurs qui les menacent et Il leur demande de pleurer plutôt sur elles-mêmes et sur leur perfide patrie.
Peu de jours avant sa Passion, Jésus a pleuré sur Jérusalem. Devant ces femmes en pleurs, sur la voie même de son Calvaire, Il souffre et pleure encore sur sa patrie, car Il revoit, dans le tableau vivant d’un très prochain avenir, la chute et la ruine épouvantables de ce peuple maudit qui, après avoir tué les prophètes, va mettre le comble à tous ses crimes en crucifiant son Messie, le Fils de Dieu fait homme.
Et nous-mêmes, en pleurant, sur les douleurs de Jésus, sur tout ce qu’Il a souffert pour la France et pour chacun de nous, n’avons-nous pas à pleurer sur notre patrie, sur ses ingratitudes, sur ses crimes, sur ses attentats tant de fois renouvelés contre Dieu et son Christ Jésus ?
O France ! comme Jérusalem, tu n’as pas connu le temps de la visite divine, tu as méprisé la suprême tentative que le Cœur de Jésus a faite pour te rappeler en ta foi et ta mission ! Oh! n’endurcis pas ton cœur contre le Cœur de Jésus, et hâte-toi de répondre enfin aux instances si douces et si fortes de son amour !
Jerusalem, Jerusalem, couvertere ad Dominum Deum tuum : France, France, convertis-toi et reviens pour toujours au service de ton Dieu, à l’amour de ton Sauveur !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père … etc.
Neuvième station : Jésus tombe pour la troisième fois.
Nous voyons ici la troisième et dernière chute de Jésus.
Combien cette chute fut profonde et douloureuse et humiliante !
Jésus est sur le point d’atteindre ce sommet qu’Il a tant désiré, tant appelé dans son amour pour son Père et pour les âmes : les ardeurs de son Cœur précipitent ses pas. Et cependant, ses forces l’abandonnent, et Il tombe lourdement. Ses ennemis, plus violents que jamais, se jettent sur Lui et l’accablent de coups et d’outrages. A ce moment, Jésus foulé aux pieds réalise, d’une façon saisissante, la parole du prophète : «Je ne suis pas un homme, mais un ver de terre», un ver de terre qu’on piétine et qu’on écrase. En cet état de suprême humiliation, Jésus expie toutes les révoltes, toutes les folies, tous les crimes de l’orgueil humain, de cet orgueil qui a voulu, comme Satan lui-même, s’élever au-dessus du Très-Haut, en donnant un trône, le trône de la divinité, à la Raison indépendante de la vérité éternelle.
Et la France ? Quelle place n’a-t-elle pas eue et ne tient-elle pas dans cette lutte de l’orgueil insurgé contre Dieu, dans cet affranchissement, dans cette déification de la raison et de la prétendue science qui ne se sert des dons du génie et n’étudie les merveilles des œuvres de Dieu que pour l’insulter et le nier ?
L’Esprit saint nous apprend que «le dédain est le comble de l’impiété». Loin de rendre gloire au Créateur et à l’Ordonnateur des mondes, à la Sagesse, à la Puissance, à la Bonté infinies, nos impies de la fausse science haussent les épaules, méprisent Dieu, son nom, sa religion sainte et, par l’athéisme officiel et obligatoire de l’enseignement, s’efforcent de donner ce mépris aux intelligences sans défense des enfants.
O Dieu très grand, pour expier ces mépris de l’impiété, la guerre déclarée à votre Vérité, notre apostasie nationale, vous avez voulu les humiliations inexprimables de votre Fils, le Verbe Incarné !
Par ces humiliations de Jésus, ô Père très bon et très patient, pardonnez à la France, et éloignez de nous les châtiments encourus par notre orgueil et notre impiété !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père …etc.
Dixième station : Jésus est dépouillé de ses vêtements.
Cette station nous représente le moment où Jésus fut dépouillé de ses vêtements.
Ce dépouillement de Jésus fut à la fois un mystère de pauvreté, un mystère de douleur, un mystère de honte.
Mystère de pauvreté ! Jésus qui n’a eu, dans l’étable de Bethléem, que des haillons pour se défendre contre le froid, consent à mourir, dépouillé même de cette robe sans couture que sa douce Mère Lui a tissée.
Mystère de douleur! Cette robe, collée par le sang à la chair de Jésus en est arrachée violemment, et nous voyons s’ouvrir les plaies de son corps flagellé, et son sang couler à flots.
Mystère de honte ! Jésus, le Saint des Saints venu en ce monde pour y apporter la virginité et la pureté, est exposé aux regards de la foule et de quelle foule !
Nous y reconnaissons ces hypocrites et ces corrompus qui ont pris la fuite, lorsque Jésus pardonnant à la femme coupable s’est relevé pour dire aux accusateurs : «Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre !» Il y a là une soldatesque effrontée, sans pudeur et sans frein ; il y a cette multitude qu’on voit apparaître à l’heure des exécutions publiques pour regarder avec une curiosité malsaine, même pour couvrir de dérision les dernières souffrances des suppliciés ! Il y a les insulteurs payés par la synagogue…
Jésus but alors la lie du calice de l’agonie, lie mille fois plus amère que le fiel et le vinaigre goûtés sur la croix.
Jésus, abreuvé de honte et d’outrages, expie les horreurs des quatre mille ans qui l’ont précédé, les prévarications d’Israël, les orgies de la corruption grecque et romaine, les désordres et les crimes des dix-neuf siècles de christianisme, les désordres et les crimes de la France…
Tous les attentats contre la foi de la France sont des attentats contre ses mœurs en brisant le joug salutaire qui les défend et les garde. A ces moissons de vierges, de prêtres, d’apôtres, à ces fortes et belles générations chrétiennes, on veut substituer le paganisme et livrer l’enfance, la jeunesse, la famille, aux vices qui tuent les corps et les âmes.
O Jésus, par votre Sainteté de Fils de Dieu, par la pureté de votre Mère, la Vierge des vierges, par les humiliations de votre dépouillement, nous vous en conjurons, arrachez au démon de l’impureté les pauvres enfants, la jeunesse, la famille, la France présente et future, délivrez-nous de cet horrible mal, libera nos a malo !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père … etc.
Onzième station : Jésus est attaché à la Croix.
Cette station nous fait voir Jésus attaché à la croix sous les yeux de sa sainte Mère.
Jésus dépouillé de ses vêtements est prêt pour l’immolation qui va s’achever.
Le voilà étendu sur l’arbre de la croix.
Il n’a pas d’autre lit pour reposer sa tête couronnée d’épines, son corps meurtri et tout en plaies vives.
En silence, Il se livre aux violences de ses bourreaux ; Il présente ses mains et ses pieds aux clous qui vont briser ses veines, ses os, ses nerfs, et traverser ses membres pour les fixer à l’autel de son sacrifice.
Quelle souffrance, et pour Jésus ainsi frappé et torturé, et pour Marie, sa Mère, qui assiste à ce spectacle et entend jusqu’au fond de son cœur tous les coups de marteau !
Jésus ne résiste pas, Jésus ne se plaint pas, Jésus obéit et s’abandonne à tous les ordres, à toute la rage de ses bourreaux.
Ah ! Je reconnais bien l’Agneau mystérieux qu’Isaïe, le grand prophète, a entrevu et salué depuis plusieurs siècles, «cet agneau muet qui sera conduit à la boucherie». Celui que Jean-Baptiste, sur les bords du Jourdain, a montré et désigné à ses disciples en l’appelant «Agneau de Dieu» !
Oui, il est l’Agneau de Dieu, parce que ce nom exprime toute sa vocation et toutes ses vertus de Victime rédemptrice! Il est l’Agneau de Dieu par sa sainteté essentielle et parfaite ; Il est l’Agneau de Dieu par sa patience et sa douceur incomparables !
Jésus se laisse attacher pour le salut du monde entier ; Il se livre pour sauver ses nations choisies, pour Israël, pour la France, afin de leur crier du haut de la croix : «Je tiens mes bras toujours étendus vers mon peuple, pour attirer et embrasser ce peuple qui ne cesse pas de me contredire et de me persécuter».
Pour racheter la France, l’Agneau de Dieu a multiplié d’autres agneaux de Dieu, des Victimes élues et consacrées, immolées dans le silence, la patience, l’amour, l’abandon à tous les vouloirs divins, à toutes les rigueurs de l’éternelle justice, heureuses de souffrir et de mourir pour rendre la France à Jésus-Christ et Jésus-Christ à la France par l’ardeur et la perfection de leur sacrifice.
O Agneau de Dieu, sanctifiez de plus en plus les Victimes de votre Sacré-Cœur ; rendez-les toujours plus semblables à vous-même ; faites-les toujours plus douces et plus patientes, plus généreuses et plus saintes pour que, dans les souffrances et les infirmités de leur corps, dans leurs douleurs d’âme et de cœur, elles jettent vers Dieu un cri plus puissant qui appellera sur la France la miséricorde et le salut !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père … etc.
Douzième station : Jésus meurt sur la Croix.
Elles furent longues les trois heures de Jésus sur sa croix, jusqu’au dernier soupir qui a consommé le salut de l’humanité !
Elles furent douloureuses pour Jésus par les horribles souffrances du crucifiement, par la continuelle effusion du sang s’échappant de toutes les plaies, par les angoisses de l’esprit, par l’oppression et les déchirements du cœur, par les ignominies dont on abreuva le pauvre supplicié, par tout ce que Jésus, même dans les ténèbres de la suprême agonie, voyait et entendait de l’avenir, et souffrait d’avance de la part des âmes ingrates et criminelles, de la part de la France, rebelle aux prédilections divines et à sa foi, jusqu’à se faire, à travers le monde, l’apôtre de l’erreur et du mal, et le champion de la guerre faite à Dieu et à l’Eglise !
O Jésus, pour nous rassurer contre cette Justice que nous osons provoquer, pour espérer toujours et quand même en votre inlassable Miséricorde et en l’amour que vous avez pour notre patrie, nous avons besoin de recueillir, pour les comprendre et les goûter davantage, quelques-unes de vos dernières paroles !
Du haut de votre croix, vous avez dit à Marie en lui montrant saint Jean : «Voilà votre Fils!» et vous avez dit à saint Jean : «Voilà votre Mère !» Par cette double donation, Marie est devenue la Mère de l’humanité, la Mère de cette France dont les premiers apôtres remontent jusqu’à saint Jean, apôtre et évangéliste de l’amour, ami du Cœur de Jésus et second Fils de Marie et ont reçu de lui, pour les donner à la France, la connaissance et l’amour de Jésus et de Marie.
O Jésus! vous avez prié pour vos bourreaux en disant : «Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !» O Jésus infiniment bon et miséricordieux, vous êtes prêt à pardonner même à ceux qui savent ce qu’ils font! Dilatez tout grand votre Cœur, pour y recevoir vos persécuteurs, par sa plaie largement ouverte, et pour les convertir en étonnant l’univers par ce prodige qui sera le triomphe de votre amour !
Il y a aussi les ignorants qu’on aveugle toujours davantage, les inconscients dont on abuse. Pardonnez, ô Jésus, à ces multitudes dont on se sert pour vous détrôner ; donnez-leur les vives lumières et la vaillante énergie de la foi qui sait se défendre et assurer la victoire de Dieu !
O Jésus! j’ai entendu votre Sitio ! Ce Sitio exprime moins la soif dont souffre votre corps que les ardeurs dévorantes de votre Cœur avide, insatiable des âmes rachetées par votre sang.
O Jésus ! désaltérez-vous, en délivrant la France, en sauvant tous ces pécheurs que l’indifférence, le doute, la négation enfoncent plus profondément dans leur iniquité, tous ces enfants qu’on ravit à votre amour!
O Jésus en croix ! on ne veut plus votre image, ni à l’école, ni dans les hôpitaux, ni dans les tribunaux. Mais nous vous garderons dans nos maisons et sur nos poitrines et nous vous élèverons dans nos cœurs un trône indestructible d’honneur et d’amour !
Regnavit a ligno Deus ! C’est par le bois de la croix que vous avez établi votre Règne sur la terre. Vous régnerez toujours par votre croix, surtout quand vous apparaîtrez avec une grande majesté pour juger les vivants et les morts. A ce moment redoutable, vous montrerez votre croix, et nulle puissance de ce monde ni de l’enfer n’osera ni ne pourra l’enlever de vos mains.
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père …etc.
Treizième station : Jésus est détaché de la Croix.
En cette treizième station, nous voyons Jésus détaché de la croix et remis à sa Mère.
Il y a quelques instants, Notre-Seigneur Jésus était offert et immolé sur l’autel de la Croix ! La Victime immolée est maintenant déposée et offerte sur un autel vivant, sur les genoux et dans les bras de sa Mère.
Quelle inénarrable souffrance pour Marie ! Après avoir contemplé dans tous ses détails le long supplice de son Fils, après avoir goûté l’horrible amertume des dernières souffrances du Divin Rédempteur, elle reçoit et presse sur son Cœur maternel le corps pâle, sanglant, inanimé, de son Jésus Bien-Aimé !
En Jésus couvert de plaies, ô Marie, vous voyez, vous reconnaissez tant de pauvres pécheurs, devenus vos enfants, défigurés par leurs iniquités, morts à la vie de la grâce, et vous pleurez sur eux en pleurant sur votre Fils Jésus ! Vous voyez aussi et vous reconnaissez en votre Jésus cette France que le choix divin avait rendue si grande et si forte, si belle et si glorieuse. Maintenant, elle perd à flots son sang chrétien, sa vie surnaturelle, même son honneur de nation, par les affreuses blessures béantes de l’impiété, de la persécution, du satanisme.
Pour sauver la France et lui garder ce qui lui reste de sang et de vie, quelles offrandes, quelles souffrances, quelles supplications faut-il donc donner au Dieu des justices et des miséricordes ?
O Père saint, contemplez sur les genoux et dans les bras de Marie, sa Mère, votre Fils unique, fait homme et mort pour nous ! Par cette Mère sacrifiée et sacrificatrice, par ses mains si pures, par son Cœur tant de fois brisé et broyé, recevez comme une réparation et une prière infiniment supérieures à nos crimes et à nos malheurs, la divine Victime de notre Rédemption nationale.
Père très bon, regardez la Face, le Cœur et le Corps immolés de votre Fils ; agréez les louanges et les satisfactions qu’Il vous donne pour la France ; laissez-vous apaiser par sa Passion et sa Mort, et « accordez-nous le pardon qui nous délivrera. Tu veniam concede placatus !»
De Jésus Lui-même, de son Cœur filial qui a tant souffert des souffrances de sa Mère, recevez Marie et tout l’ineffable martyre dont elle a vécu, depuis l’heure où le vieillard du Temple lui a montré le glaive qui devait transpercer son Cœur maternel !
O Dieu ! par la Mère des Douleurs, nous vous offrons et nous vous livrons, pour la France, votre Fils Bien-Aimé, «l’Homme des Douleurs» et, par Lui, avec Lui, en Lui, nous vous offrons et nous vous livrons pour notre chère patrie, sa Mère et notre Mère, Notre-Dame de Pitié, Notre-Dame de toutes douleurs !
O Cœur Sacré de Jésus ! O Cœur Immaculé de Marie ! en l’abîme de vos souffrances et par votre commune immolation, vous êtes toute notre espérance, notre caution et notre prière toute-puissante ! «Sauvez-nous! Hâtez-vous ; nous périssons !»
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père …etc.
Quatorzième station : Jésus est mis au tombeau.
Cette dernière station nous représente le tombeau de Jésus.
Sous les yeux de Marie, dont le Cœur reçut cette nouvelle blessure, les amis de Jésus emportent son Corps sacré, le couvrent de parfums, le déposent dans un sépulcre neuf et se retirent dans le silence de leur douleur en gardant la fidélité de leur foi et de leur amour.
Jésus s’est livré à la mort parce qu’Il l’a voulu, pour nous racheter et pour sanctifier notre mort. Il a voulu aussi, par l’humiliation de sa sépulture, sanctifier notre sépulture et préparer bien des résurrections.
Il a voulu d’abord préparer et faire plus éclatante sa propre résurrection.
Les Pharisiens, après avoir entendu le dernier soupir de Jésus, ne sont pas encore assurés de leur triomphe ; ils ont peur de ce Crucifié dont la mort a déchiré le voile du temple, obscurci le ciel, ébranlé la terre ; ils ont peur de sa résurrection qu’Il a plusieurs fois annoncée… Les sceaux de l’Etat sont bientôt apposés sur le sépulcre de Jésus, et les soldats montent la garde nuit et jour.
Mais que peuvent les scellés, que peuvent les armées pour empêcher l’Auteur de la Vie de briser les chaînes de la mort ? Au matin de Pâques, Jésus sort du tombeau, vivant et glorieux. Il apparaît à Magdeleine ; Il parle aux apôtres et aux disciples ; Thomas, le plus incrédule, met la main dans les plaies du Sauveur et se jette à ses pieds pour l’adorer comme son Seigneur et son Dieu ; une foule immense le verra monter au ciel.
Jésus est donc ressuscité, et cette résurrection qui prouve la divinité de sa personne et de son œuvre n’a pas cessé de remplir les siècles.
Par sa Résurrection, Jésus a d’abord préparé la résurrection de l’humanité pour le grand jour des justices : «Nous croyons à la résurrection des morts !»
Jésus a mérité et conquis notre résurrection!
Jésus ressuscite tous les jours dans les infidèles et les hérétiques par la lumière et la grâce de la vraie foi, dans les pécheurs qu’il convertit ; Il triomphe dans les cœurs qui reçoivent, par la sainteté et l’amour, une vie toujours plus abondante.
Jésus ressuscite dans son Eglise. «Nous semblons mourir, être déjà morts, et voici que nous sommes toujours vivants». L’Eglise subit l’éternelle persécution des Juifs, la Passion de son Maître bafoué et crucifié ; à certaines heures on croit qu’Elle va mourir et descendre au tombeau, mais le monde et l’enfer la voient bientôt plus vivante et plus forte. Sortie du tombeau du Divin Ressuscité, comme Jésus Lui-même, l’Eglise ne peut pas mourir. O Jésus mis au tombeau, vous préparez enfin la Résurrection de la France chrétienne !
Quand ses ennemis croient l’ensevelir, vous allez vous approcher de son cercueil, la toucher comme vous avez touché le fils de la veuve de Naïm et la rendre vivante à ses deux Mères : à Marie et à l’Eglise !
Comme la fille de Jaïre, elle semble dormir en attendant votre, appel qui lui redonnera la vie, la jeunesse et la vigueur.
Comme Lazare, la France «sent déjà mauvais», dans la corruption qui germe de son impiété, mais sa maladie et sa mort apparente ne doivent-elles pas glorifier le Fils de Dieu par le triomphe de sa Miséricorde et de son Amour ?
Du tombeau de tous ces tabernacles et de tous ces sanctuaires fermés, de toutes les âmes d’enfants et de pécheurs sur qui on a cru imprimer les scellés définitifs de l’athéisme et de l’impiété, ne devez-vous pas ressusciter victorieux, plein de grâce, de vérité et de cette gloire qui vous appartient, ô Christ Fils du Dieu vivant ?
Pour la France et pour le monde nous recueillons, à deux genoux, la parole que vous avez dite près du tombeau de Lazare : «Je suis la Résurrection et la Vie!»
Les âmes et les peuples qui croient en vous et vous aiment, même après avoir connu les horreurs de la mort, se lèveront du tombeau et vivront avec Vous et de Vous.
En nous donnant votre Cœur adorable, ô Jésus! vous nous avez ouvert, la source inépuisable, la Plénitude même de la Résurrection et de la Vie !
Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père …etc.
V. Nous vous adorons, ô Jésus, et nous vous bénissons
R. Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix.
V. Priez pour nous, Vierge de douleur,
R. Afin que nous ayions part aux promesses de Jésus-Christ.
V. Prions pour notre saint Père le Pape …
R. Que Dieu nous le conserve et le fasse vivre longtemps ; qu’Il le rende heureux sur cette terre et qu’Il ne l’abandonne pas à la malice de ses ennemis.
V. Prions pour les fidèles défunts,
R. Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que la lumière éternelle se lève sur eux.
Prions :
Daignez, Seigneur, regarder d’un œil favorable votre famille, l’Eglise universelle, et particulièrement l’Eglise de France, pour lesquelles Notre-Seigneur a bien voulu être livré entre les mains des méchants et souffrir le supplice de la Croix!
Ainsi soit-il !
Philippe de Champaigne : le Christ mort.
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