2011-35. « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée… »

   Le 4 janvier, à l’occasion de la fête de la Bienheureuse Angèle de Foligno, nous avons publié sur ce blog l’enseignement que lui a consacré notre Saint-Père le Pape Benoît XVI lors d’une catéchèse du mercredi (cf. > ici), puis le texte particulièrement poignant de l’une des visions de la Bienheureuse dans laquelle Jésus lui enseignait « les voies de la délivrance » (cf. > ici).

   Au cours de notre itinéraire spirituel personnel, il me semble qu’un autre texte de cette très grande mystique est à relire et à méditer avec attention, avec la certitude qu’il s’adresse à chacun de nous d’une manière unique et intime : c’est ce passage justement célèbre dans lequel Sainte Angèle relate comment Notre-Seigneur Jésus-Christ lui fit entendre ces mots : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée… »

Sainte Angèle de Foligno - blogue

L’Amour vrai et l’amour menteur.

(au chapitre 33ème du livre des révélations de Sainte Angèle de Foligno)

   (…) C’était le quatrième jour de la semaine sainte, j’étais plongée dans une méditation sur la mort du Fils de Dieu, et je méditais avec douleur, et je m’efforçais de faire le vide dans mon âme, pour la saisir et la tenir tout entière recueillie dans la Passion et dans la mort du Fils de Dieu, et j’étais abîmée tout entière dans le désir de trouver la puissance de faire le vide, et de méditer plus efficacement.

   Alors cette parole me fut dite dans l’âme : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée. »

   Cette parole me porta dans l’âme un coup mortel, et je ne sais comment je ne mourus pas ; car mes yeux s’ouvrirent, et je vis dans la lumière de quelle vérité cette parole était vraie. Je voyais les actes, les effets réels de cet amour, jusqu’où en vérité il avait conduit le Fils de Dieu. Je vis ce qu’il supporta dans sa vie et dans sa mort pour l’amour de moi, par la vertu réelle de cet amour indicible qui lui brûlait les entrailles, et je sentais dans son inouïe vérité la parole que j’avais entendue ; non, non, il ne m’avait pas aimée pour rire, mais d’un amour épouvantablement sérieux, vrai, profond, parfait, et qui était dans les entrailles.

   Et alors mon amour à moi, mon amour pour lui, m’apparut comme une mauvaise plaisanterie, comme un mensonge abominable. Ici ma douleur devint intolérable, et je m’attendis à mourir sur place.

   Et d’autres paroles vinrent, qui augmentèrent ma souffrance : « Ce n’est pas pour rire que je t’ai aimée ; ce n’est pas par grimace que je me suis fait ton serviteur ; ce n’est pas de loin que je t’ai touchée ! »

   Ma douleur, déjà mortelle, allait toujours en augmentant, et je criais : « Eh bien ! moi, c’est tout le contraire. Mon amour n’a été que plaisanterie, mensonge, affectation. Je n’ai jamais voulu approcher de vous, en vérité, pour partager les travaux que vous avez soufferts pour moi, et que vous avez voulu souffrir ; je ne vous ai jamais servi dans la vérité et dans la perfection, mais dans la négligence et dans la duplicité. »

   Lorsque je vis ces choses, lorsque, je vis de mes yeux la vérité de son amour et les signes de cette vérité, comment il s’était livré tout entier et totalement à mon service, comment il s’était approché de moi, comment il s’était vraiment fait homme pour porter et sentir en vérité mes douleurs ; quand je vis en moi tout le contraire absolument, je crus mourir de douleur. Il me semblait que ma poitrine allait se disjoindre et mon coeur éclater. Et comme j’étais occupée spécialement de cette parole : « Ce n’est pas de loin que je t’ai touchée », il en ajouta une autre, et j’entendis qu’il disait : « Je suis plus intime à ton âme qu’elle-même ».

   Et ma douleur augmenta. Plus je voyais Dieu intime à moi, plus je me voyais éloignée de lui. Il ajouta d’autres paroles qui me firent voir les entrailles de l’éternel amour : « Si quelqu’un voulait me sentir dans son âme, je ne me soustrairais pas à lui ; si quelqu’un voulait me voir, je lui donnerais avec transport la vision de ma face ; si quelqu’un voulait me parler, nous causerions ensemble avec d’immenses joies ».

   Ces paroles excitèrent en moi un désir : ne rien sentir, ne rien voir, ne rien dire, ne rien faire qui pût déplaire à Celui qui parlait. Je sentis que Dieu demande spécialement à ses fils, à ses élus, aux élus de sa vision et de la parole divine, de n’avoir pas l’ombre d’un rapport avec son ennemi.

   Il me fut encore dit : « Ceux qui aiment et suivent la voie que j’ai suivie, la voie des douleurs, ceux-là sont mes fils légitimes. Ceux dont l’œil intérieur est fixé sur ma Passion et sur ma mort, sur ma mort, vie et salut du monde, sur ma mort, et non pas ailleurs, ceux-là sont mes enfants légitimes, et les autres ne le sont pas ».

2011-35.

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5 Commentaires Commenter.

  1. le 27 mars 2013 à 13 h 45 min Jean-Martin S. écrit:

    Merci de nous faire connaître ces richesses extraordinaires :
    Elles vivifient notre âme!

  2. le 30 mars 2011 à 21 h 23 min MV écrit:

    Merci, cher Frère, pour ce texte sublime.

    UDP

  3. le 30 mars 2011 à 12 h 33 min Picoche écrit:

    Comme c’est vrai!
    JLP

  4. le 30 mars 2011 à 10 h 43 min Sybille écrit:

    C’est juste…..magnifique….

  5. le 29 mars 2011 à 19 h 45 min Luciani écrit:

    Que voilà un texte à méditer par tous les chrétiens et qu’il faudrait proposer à ce Dominicain, que j’ai entendu à la télévision répondre à un interlocuteur qui lui demandait dans quel esprit il fallait aborder le carême : « Avant tout ne pas le prendre trop au sérieux ».
    C’était à la messe télévisée du dimanche!

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