2011-8a. De Saint Vincent, invincible et victorieux martyr (1ère partie).

Vie, martyre et culte de Saint Vincent,
sa protection sur le Vivarais.

22 janvier,
Fête de Saint Vincent, diacre et martyr,
céleste protecteur de la cathédrale et du diocèse de Viviers.

Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,

       Les dispositions de la divine Providence ont amené l’association Refuge Notre-Dame de Compassion à acquérir – pour qu’elle devienne son siège social – cette vieille ferme, à laquelle nous avons depuis donné le nom de Mesnil-Marie, sur le territoire du diocèse de Viviers, cité qui a donné son nom à la province du Vivarais.

   Ce diocèse et sa cathédrale ont Saint Vincent, diacre martyr, pour  patron principal. Voilà pourquoi, le 22 janvier, est chez nous un jour de très grande fête et – après avoir suivi l’office du bréviaire par dessus l’épaule de Frère Maximilien-Marie – j’ai décidé de me renseigner un peu plus sur ce saint qui figure au nombre de nos célestes protecteurs, puisque nous vivons sur un territoire qui lui est dédié.

2011-8a. De Saint Vincent, invincible et victorieux martyr (1ère partie). dans Chronique de Lully ph07vivierscopie

Viviers : la cathédrale Saint-Vincent émergeant de l’antique cité épiscopale fortifiée.

   Saint Vincent, originaire de Saragosse où il était diacre de l’évêque Valère, était le porte-parole de ce dernier qui souffrait d’un défaut d’élocution. Lors de la persécution ordonnée par Dioclétien et Maximien, ils furent arrêtés et emmenés à Valence (Valencia) par le procurateur Dacianus : Valère fut condamné à l’exil tandis que Vincent, qui avait courageusement et éloquemment défendu la foi chrétienne, fut condamné à plusieurs cruels supplices qu’il endura avec un invincible courage avant de rendre son âme à Dieu le 22 janvier de l’an 304 (en particulier, à un moment, il fut torturé sur une maie de pressoir, ce pourquoi les vignerons l’ont ensuite choisi pour saint patron).
Dacianus voulut livrer sa dépouille mortelle aux bêtes sauvages, mais un corbeau la défendit ; le procurateur ordonna alors qu’elle soit lestée d’une pierre et jetée à la mer, mais Dieu ramena son corps sur le rivage et Saint Vincent apparut à une pieuse veuve pour lui révéler l’endroit où il se trouvait : il fut enseveli à Valence et, après les persécutions, on  éleva une église sur son tombeau.

   A l’occasion de diverses translations de ses reliques, son culte se répandit très largement  et de très nombreuses églises ou communautés chrétiennes se placèrent sous son vocable ; Saint Augustin, Saint Léon le grand  et Saint Bernard – parmi les plus grands des docteurs de l’Eglise – lui ont consacré plusieurs sermons (*). Les prédicateurs, comme la liturgie latine propre à cette fête, jouent sans cesse sur les mots « vaincre », « vainqueur », « invincible » et « victoire », car le nom même de Vincent signifie : celui qui a vaincu.

Procession de Saint Vincent à Valencia

Valencia : procession de Saint Vincent.

   Saint Vincent est bien sûr très honoré à Valencia, lieu de son martyre et de sa sépulture, mais il est aussi le patron principal de la ville de Lisbonne où une part importante de ses reliques fut transférée.

   A l’occasion de son voyage apostolique au Portugal (11-14 mai 2010), notre Saint-Père le Pape Benoît XVI a reçu – en cadeau de bienvenue – du cardinal José Policarpo, patriarche de Lisbonne, une relique de Saint Vincent, enfermée dans un reliquaire sur lequel est représenté le corbeau qui défendit le corps du martyr.
Pour le cardinal Policarpo, l’offrande de cette relique au Souverain Pontife était le signe de la détermination des catholiques de Lisbonne à servir et à rester fidèles, comme les chrétiens mozarabes sont  autrefois restés fidèles au milieu des tribulations. C’est en effet le premier roi, a ajouté le patriarche, qui a envoyé chercher les reliques du saint martyr de Saragosse pour qu’il enseigne aux chrétiens de Lisbonne comment « servir avec amour » et  pour qu’il leur communique le « courage de souffrir lorsque la fidélité le demandait ».

reliquaire du bras de Saint Vincent

Reliquaire du bras de Saint Vincent à Valencia.

   Pour ce qui concerne la France, le culte de Saint Vincent connut un essor à la suite de l’expédition que le roi Childebert 1er fit en 542 en Espagne et au cours de laquelle il s’empara de Saragosse. Il en ramena plusieurs reliques, dont un vêtement liturgique (certains parlent de dalmatique, d’autres d’étole) qui avait été à l’usage du saint martyr et pour lequel il fonda en 543 à Paris la basilique Saint-Vincent et Sainte-Croix. Cette église, associée dès l’origine à un monastère, fut en 558 le lieu de la sépulture de Childebert et ensuite de plusieurs autres mérovingiens. Le vocable de Saint Vincent finit par être supplanté par celui de Saint Germain, car l’évêque Germain de Paris y fut également inhumé et son culte très populaire fit que l’abbaye, dès le milieu du VIIIème siècle, ne fut plus appelée que Saint-Germain des Prés.

   Une autre abbaye célèbre fut fondée au Xème siècle sous le vocable de Saint-Vincent, à Metz, à la suite d’un transfert de reliques. L’abbaye fut spoliée et en partie détruite à la révolution, seule l’église abbatiale – en grande partie rebâtie au XVIIIème siècle – retrouva sa vocation religieuse au XIXème siècle. Dans la dernière partie du XXème siècle, en raison de travaux nécessaires, l’abbatiale fut fermée pendant plusieurs années et actuellement, malgré l’achèvement de ces travaux et bien que Pie XI en 1933 eût élevé cette église au rang de basilique, il n’est pas question d’y permettre la reprise du culte : Saint-Vincent de Metz n’est plus ouvert que pour des visites à caractère historique et architectural !

   Deux cathédrales françaises portent le nom de Saint Vincent : celle de Mâcon et celle de Viviers, comme je vous le disais en commençant, puisque c’est de là qu’est parti mon approfondissement de ce jour.

cathédrale Saint-Vincent vue d'avion

Viviers : la cathédrale Saint-Vincent, vue d’avion.

   Je ne vais pas vous raconter ici l’histoire de cette cathédrale qui, si elle n’est pas aussi célèbre que les grandes cathédrales gothiques du nord de la France, n’en possède pas moins un très riche passé et de véritables trésors.
Aujourd’hui je me contenterai de noter que c’est depuis le VIème siècle qu’elle est placée sous le vocable de Saint Vincent : or c’est justement au milieu du VIème siècle que Childebert 1er a ramené d’Espagne quelques reliques du saint martyr. Y aurait-il un lien entre les deux évènements ? Je n’ai pas encore tout étudié des livres consacrés à l’histoire locale que Frère Maximilien-Marie collectionne.
De toute façon, j’en ai assez écrit pour aujourd’hui et j’achève simplement en vous souhaitant d’avoir tous dans le coeur cette foi invincible dont Saint Vincent a donné l’exemple afin de parvenir comme lui à la victoire éternelle.

Lully.

Croix des chanoines de la cathédrale de Viviers

Croix des chanoines de la cathédrale de Viviers portant en son centre l’effigie de Saint Vincent.

(*) Pour lire les deux sermons de Saint Augustin pour la fête de Saint Vincent, cliquer > ici.

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8 Commentaires Commenter.

  1. le 22 janvier 2023 à 23 h 00 min Viencent L. écrit:

    Très intéressant.
    Je n’avais pratiquement rien sur mon saint patron, sauf cette petite église en haut des vignes surplombant la Loire, du côté de Saumur.
    Chapelle qui m’a fait connaître ce beau rivage de Loire.
    Merci pour votre article !

  2. le 23 janvier 2022 à 15 h 52 min Thizy écrit:

    Merci.

  3. le 23 janvier 2022 à 11 h 08 min Jean P. écrit:

    Excellent et précis pour la vie du saint protecteur des vignerons.
    Émouvant récit de la vie de ce Saint se terminant sur un pressoir!
    Ce cruel détail montre la folie meurtrière des hommes dont notre foi nous protège.
    MERCI Cher Frère.

  4. le 7 avril 2018 à 17 h 38 min PAURD écrit:

    La cathédrale de Saint-Malo est elle aussi dédiée à Saint-Vincent-de-Saragosse. Une des verrières est consacrée à son martyre.

  5. le 19 juillet 2012 à 20 h 23 min Salvador R. écrit:

    Je tiens à vous recommander deux très complet sites web sur la légende, l’art et l’histoire de Saint Vincent de Saragosse, très important saint de l’Espagne dans le quatrième siècle, développé par Via Vicentius.
    Ces sites sont écrits en espagnol par Via Vicentius mais ils peuvent facilement être traduits en Francais ou tout autre langue, grâce à l’outil traducteur que le web comprend.
    Ce serait super si vous visitiez le site web pour la connaissance de notre travail.

    http://viavicentius.blogspot.com

    très complet web sur le via de pelerins de Huesca à Valence pour les cyclistes et les randonneurs de Saint Vincent de Saragosse. Inclut des cartes, l’histoire, des images et un grand nombre d’informations intéressantes relatives au saint martyr

    http://www.caminodesanvicentemartir.es.

  6. le 22 janvier 2011 à 13 h 41 min Picoche écrit:

    Merci. Vos approfondissements sont toujours très intéressants.
    Bien amicalement. JLP

  7. le 22 janvier 2011 à 7 h 39 min Michèle SF écrit:

    Passionnant, merci!

  8. le 21 janvier 2011 à 21 h 44 min Luciani écrit:

    Je ne savais rien sur St Vincent ; maintenant je sais tout ; merci!

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