2010-47 a. Pourquoi catholicisme et maçonnerie sont incompatibles (1ère partie).

Ma précédente publication (cf. > ici) n’était que le bref rappel des condamnations romaines de la franc-maçonnerie. En complément, et pour montrer que ce jugement de l’Eglise est raisonnablement fondé, il m’apparaît important d’exposer maintenant les motifs pour lesquels  « le jugement négatif de l’Eglise sur la franc-maçonnerie demeure inchangé« .

Je vais donc m’attacher à résumer (car en vérité il me faudrait écrire des livres entiers si je voulais être rigoureusement précis) d’une manière aussi claire que possible les principaux points qui font qu’on ne peut être en même temps catholique et franc-maçon.

Il va de soi que je me place ici dans la logique de la Foi de l’Eglise, puisque il s’agit d’exposer les principes qui, à ses yeux, fondent une irréductible incompatibilité entre l’appartenance à l’Eglise et l’adhésion à la maçonnerie. Ceux qui ne partagent pas cette Foi catholique pourront donc ne pas comprendre et ne pas adhérer à cette argumentation, c’est évident.

* * *

I. La franc-maçonnerie, nébuleuse complexe de structures parallèles.

Mais tout d’abord, une première question s’impose : peut-on définir ce qu’est la franc-maçonnerie?

Officiellement, la franc-maçonnerie est une association philosophique et philanthropique qui, dans sa forme actuelle (qu’on appelle la « maçonnerie spéculative »), a été fondée à Londres au début du XVIII° siècle (officiellement, le 24 juin 1717).

Les groupes de base qui réunissent les francs-maçons sont appelés « loges » ou « ateliers ». Chaque loge porte un nom spécifique et se réunit dans un « temple maçonnique ». On donne le nom d’ « obédiences » à des fédérations de loges : ces fédérations sont établies selon des affinités, des proximités de sensibilités et d’esprit. Les obédiences sont nationales : elles sont constituées dans le cadre géographique d’un état. Je ne veux pas m’attarder ici sur ce que j’appelle le « folklore » maçonnique (costumes, symboles, décoration des temples, rites observés dans les réunions… etc) : tout ceci est finalement très accessoire et risquerait de cacher le fond du problème sous un fatras de détails qui n’apportent pas grand chose.

2010-47 a. Pourquoi catholicisme et maçonnerie sont incompatibles (1ère partie). dans Commentaires d'actualité & humeurs tabxixmaitrefs

Symboles maçonniques sur un tablier de « maître » du XIXème siècle.

Jusqu’ici tout peut sembler assez simple, mais en réalité tout devient beaucoup plus compliqué dès que l’on comprend qu’au sein d’une même obédience, voire d’une même loge, il existe plusieurs structures parallèles, parfois bien difficiles à distinguer.

En effet, à côté de structures rituelles et institutionnelles démocratiques qui permettent l’élection des responsables officiels et font l’objet de déclarations publiques (parce que les loges sont des associations déclarées selon la loi de 1901), il existe aussi  d’autres hiérarchies. On trouve ainsi des structures initiatiques avec des niveaux hermétiquement cloisonnés : le recrutement s’y fait par cooptation et la gestion en est absolument opaque aux profanes. Et il existe également des structures qui n’ont aucun statut officiel :  il y a en particulier les « fraternelles » qui regroupent des maçons d’obédiences différentes (lesquels peuvent en public se montrer ennemis voire s’invectiver de manière violente!), réunis par des affinités professionnelles, personnelles ou d’intérêt divers. C’est le terreau idéal du clientélisme, des compromissions et  des affaires de corruption. Ajoutons enfin qu’il existe des « clubs » ou des « cercles », des « O.N.G », des sociétés de bienfaisance ou des associations caritatives  qui, en dehors de l’organisation maçonnique à strictement parler, sont néanmoins aussi des lieux de regroupement d’intérêt ou d’exercice d’influence maçonnique.

* * *

II. Les origines de l’Eglise et celles de la franc-maçonnerie.

II a – Origine de l’Eglise.

« L’Eglise a son commencement et son achèvement dans le dessein éternel de Dieu. Elle a été préparée dans l’Ancienne Alliance par l’élection d’Israël, signe du rassemblement futur de toutes les nations. Fondée sur la parole et sur l’action de Jésus-Christ, elle s’est accomplie surtout par Sa mort rédemptrice et Sa résurrection. Elle s’est manifestée ensuite comme mystère de salut par l’effusion de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Elle aura son achèvement à la fin des temps comme assemblée céleste de tous les rachetés » (abrégé du catéchisme de l’Eglise catholique, §149).

Le fidèle qui a véritablement foi aux paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ, croit donc que l’Eglise a été fondée par Dieu Lui-même, puisque Jésus est la deuxième Personne de la Sainte Trinité qui s’est incarnée : il est impossible dans le cadre d’un court exposé de rapporter toutes les citations de l’Evangile attestant cette fondation de l’Eglise par le Christ.

Le pouvoir des clefs (Le Pérugin - chapelle Sixtine)

Chapelle Sixtine – Le Pérugin : Le Christ remettant les clefs à Saint Pierre.

L’Eglise est une hiérarchie ; elle a une structure monarchique ; elle est – selon la promesse de Notre-Seigneur – assistée par le Saint-Esprit, troisième Personne de la Sainte-Trinité. La raison d’être de l’Eglise, c’est de perpétuer la mission de salut et de sanctification de Notre-Seigneur Lui-même par la diffusion de l’Evangile et la mise en oeuvre des sacrements : « L’Eglise, c’est Jésus-Christ continué » (Bossuet).

Chacune des affirmations énoncée ci-dessus est théologiquement fondée et je vous renvoie tout simplement au catéchisme et aux traités de théologie si vous voulez les approfondir, car ce n’est pas le lieu ici.

II b – Origine de la franc-maçonnerie.

Les origines de la maçonnerie sont purement humaines : les historiens peuvent montrer qu’elle résulte de la transformation de la « maçonnerie opérative » (celle des bâtisseurs de cathédrales). Les structures des corporations de bâtisseurs demeurèrent : toutefois elles n’ont plus été le cadre de la transmission d’un savoir-faire technique, mais sont devenues celui de cercles de réflexion.

L’acte de naissance de la « maçonnerie spéculative » se place à Londres en 1717 : les pères en sont deux pasteurs, Anderson  (presbytérien) et Désaguliers (anglican), influencés par le physicien Isaac Newton, hérétique notoire, qui – du reste – pratiquait la magie et l’alchimie!

Les constitutions fondatrices, dites constitutions d’Anderson (1723), ne mentionnent Dieu qu’une seule fois, dans une tête de chapitre. Quel est ce « dieu »? On peut légitimement se poser la question puisque, dans ces textes fondateurs, il n’est jamais question de la Sainte Trinité, pas plus que du péché, du Salut, de la Rédemption et de la mission du Saint-Esprit…! On peut de toute évidence en conclure que le « dieu » des maçons n’est pas exactement Celui de la Révélation chrétienne. On relèvera par exemple ces citations « surprenantes » : a) celle d’un “grand commandeur” américain, Albert Pike, qui déclara en juillet 1889 : “Lucifer, le Dieu de la Lumière et le Dieu du Bien, lutte pour l’humanité contre Adonaï, le Dieu de l’obscurité et du mal” (*cf. note en bas de page); b) cette autre, d’Oswald Wirth, grand initié et initiateur, qui a écrit dans le “Livre du compagnon”: “…le Serpent, inspirateur de désobéissance, d’insubordination et de révolte,  fut maudit par les anciens théocrates, alors qu’il était en honneur parmi les initiés”

Scène d'initiation maçonnique au XVIIIème siècle

Gravure du XVIIIème siècle représentant une scène d’initiation maçonnique.

En France, la maçonnerie apparaît dès 1725 : l’un des premiers personnages célèbres à y adhérer est Montesquieu.

Le recrutement de la maçonnerie en France au XVIIIème siècle, se fait essentiellement dans une noblesse et dans une bourgeoisie qui se détachent des idéaux chrétiens traditionnels. Il s’effectue aussi dans certains milieux ecclésiastiques : il est d’ailleurs intéressant de noter que ces ecclésiastiques français qui adhèrent à la maçonnerie sont pour l’essentiel des gallicans, c’est-à-dire partisans de théories qui limitent considérablement l’autorité du Pape sur l’Eglise de France. Au XVIIIème siècle, les gallicans s’associèrent souvent aux jansénistes. Les jansénistes, s’ils sont bien issus de ce courant religieux fervent, professant des thèses théologiques condamnées au sujet de la grâce divine et du salut, sont surtout devenus au XVIIIème siècle une espèce de coterie politique contestataire.

Quoi qu’il en soit, la franc-maçonnerie apparaît comme une résurgence de la gnose. La gnose est une hérésie – ou plus exactement un ensemble de doctrines hérétiques – combattue dès le IIème siècle par Saint Irénée. Cette hérésie se retrouve sous diverses formes dans tous les ordres initiatiques. De manière très générale (parce que là encore cela demanderait de longs développements), on donne le nom de gnose à des théories  philosophico-religieuses plus ou moins complexes qui font consister le perfectionnement de l’homme dans des connaissances, transmises à une élite par des « illuminations » et des « initiations » graduelles.

Lire la suite de l’étude > ici.

* * *

(*) Note:

“Lucifer, le Dieu de la Lumière et le Dieu du Bien, lutte pour l’humanité contre Adonaï, le Dieu de l’obscurité et du mal”. Ce haut gradé maçonnique semble donc professer la croyance en deux divinités opposées : un dieu du bien et un dieu du mal (on retrouve donc ici une forme du manichéisme déjà présent dans certaines religions de l’antiquité et renouvelé par la suite dans le catharisme). Le nom qu’il donne à son « dieu du bien » est celui de Lucifer -  mot qui signifie « porte-lumière »-; dans la Révélation judéo-chrétienne Lucifer est le nom d’un ange (une créature donc et non pas un dieu) qui, par orgueil, se révolte contre les desseins miséricordieux du Seigneur, veut se faire l’égal du Créateur, et en se coupant de la grâce devient le chef des démons. En revanche le nom qu’il donne à son « dieu de l’obscurité et du mal »Adonaï – est le mot hébreu qui signifie « le Seigneur » et par lequel on désigne dans les Saintes Ecritures le Dieu unique, créateur et sauveur. Force est donc de constater que nous avons dans cette citation une espèce de « profession de foi » qui, par une singulière inversion des valeurs, est en opposition absolue avec la Foi de l’Eglise.

C’est ce qui explique qu’en 1996 par exemple, au moment de la visite apostolique du Pape Jean-Paul II à Reims, à l’occasion du 15ème centenaire du baptême de Clovis, nous avons vu des manifestations d’opposition à cette visite conduites par des francs-maçons portant des « bannières » où était figuré Satan terrassant Saint Michel.

Publié dans : Commentaires d'actualité & humeurs, Lectures & relectures, Vexilla Regis |le 17 novembre, 2010 |Commentaires fermés

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