2010-35. Versailles, 8 h 23, ce 1er septembre 1715 : le Grand Roi rend son âme à Dieu.
« Dieu seul est grand, mes frères et dans ces derniers moments surtout où il préside à la mort des rois de la terre ».
(J.B. Massillon : Oraison funèbre du Roi très chrétien, Louis le Grand)
1er septembre
La date du 1er septembre vient rappeler à notre souvenir le jour où le Grand Roi -Louis XIV – rendit son âme à Dieu. Il était dans sa 77ème année et avait régné 72 ans sur la France.
Malgré toutes les caricatures, malgré toutes les interprétations déformantes imposées par l’histoire républicaine officielle, malgré tous les jugements simplistes, malgré toutes les représentations erronées et les fables, malgré enfin la presque interminable et désolante déclinaison des incompréhensions de ce que furent sa véritable personnalité et son règne (à commencer par celles dont le très mesquin Saint-Simon fait étalage à presque chaque page), la figure du Roi Soleil ne cesse cependant pas d’exercer une espèce de fascination sur le monde entier.
A mon humble avis, le « Louis XIV » de François Bluche demeure l’un des meilleurs ouvrages qui a jamais été écrit : très abordable, je le recommande instamment à tous ceux qui veulent approfondir avec honnêteté leur connaissance du Grand Roi, de sa personne et de son règne.
A l’occasion de l’anniversaire de sa mort, je tiens à publier les lignes par lesquelles cette crapule de Voltaire (mais c’est tout-à-fait à dessein que je le cite) – dans son « Siècle de Louis XIV » – a rapporté les derniers instants du Souverain. Est-il utile de préciser que le persifleur de Ferney ne fait pourtant pas partie de mes auteurs favoris? Ses appréciations toutefois font ici montre d’un grand équilibre et de beaucoup de justesse et je souscris entièrement à cette affirmation : « …ses grandes qualités et ses actions l’ont emporté sur ses fautes ».
« Louis XIV fut attaqué, vers le milieu du mois d’août 1715, au retour de Marly, de la maladie qui termina ses jours. Ses jambes s’enflèrent ; la gangrène commença à se manifester. Le comte de Stair, ambassadeur d’Angleterre, paria, selon le génie de sa nation, que le roi ne passerait pas le mois de septembre. Le duc d’Orléans, qui, au voyage de Marly, avait été absolument seul, eut alors toute la cour auprès de sa personne. Un empirique, dans les derniers jours de la maladie du roi, lui donna un élixir qui ranima ses forces. Il mangea, et l’empirique assura qu’il guérirait. La foule qui entourait le duc d’Orléans diminua dans le moment. « Si le roi mange une seconde fois, dit le duc d’Orléans, nous n’aurons plus personne ». Mais la maladie était mortelle. Les mesures étaient prises pour donner la régence absolue au duc d’Orléans. Le roi ne la lui avait laissée que très limitée par son testament, déposé au parlement ; ou plutôt il ne l’avait établi que chef d’un conseil de régence, dans lequel il n’aurait eu que la voix prépondérante. Cependant il lui dit : « Je vous ai conservé tous les droits que vous donne votre naissance ». C’est qu’il ne croyait pas qu’il y eût de loi fondamentale qui donnât, dans une minorité, un pouvoir sans bornes à l’héritier présomptif du royaume. Cette autorité suprême, dont on peut abuser, est dangereuse ; mais l’autorité partagée l’est encore davantage. Il crut qu’ayant été si bien obéi pendant sa vie, il le serait après sa mort, et ne se souvenait pas qu’on avait cassé le testament de son père. (…)
Quoique la vie et la mort de Louis XIV eussent été glorieuses, il ne fut pas aussi regretté qu’il le méritait. L’amour de la nouveauté, l’approche d’un temps de minorité, où chacun se figurait une fortune, la querelle de la Constitution qui aigrissait les esprits, tout fit recevoir la nouvelle de sa mort avec un sentiment qui allait plus loin que l’indifférence. Nous avons vu ce même peuple qui, en 1686, avait demandé au ciel avec larmes la guérison de son roi malade, suivre son convoi funèbre avec des démonstrations bien différentes. On prétend que la reine sa mère lui avait dit un jour dans sa grande jeunesse : « Mon fils, ressemblez à votre grand-père, et non pas à votre père ». Le roi en ayant demandé la raison : « C’est, dit-elle, qu’à la mort de Henri IV on pleurait, et qu’on a ri à celle de Louis XIII ».
Quoiqu’on lui ait reproché des petitesses, des duretés dans son zèle contre le jansénisme, trop de hauteur avec les étrangers dans ses succès, de la faiblesse pour plusieurs femmes, de trop grandes sévérités dans des choses personnelles, des guerres légèrement entreprises, l’embrasement du Palatinat, les persécutions contre les réformés : cependant ses grandes qualités et ses actions, mises enfin dans la balance, l’ont emporté sur ses fautes. Le temps, qui mûrit les opinions des hommes, a mis le sceau à sa réputation ; et malgré tout ce qu’on a écrit contre lui, on ne prononcera point son nom sans respect, et sans concevoir à ce nom l’idée d’un siècle éternellement mémorable. Si l’on considère ce prince dans sa vie privée, on le voit à la vérité trop plein de sa grandeur, mais affable, ne donnant point à sa mère de part au gouvernement, mais remplissant avec elle tous les devoirs d’un fils, et observant avec son épouse tous les dehors de la bienséance : bon père, bon maître, toujours décent en public, laborieux dans le cabinet, exact dans les affaires, pensant juste, parlant bien, et aimable avec dignité.
D’ailleurs personne n’ignore avec quelle grandeur d’âme il vit approcher la mort, disant à Madame de Maintenon : «J’avais cru qu’il était plus difficile de mourir» ; et à ses domestiques : « Pourquoi pleurez-vous ? m’avez-vous cru immortel ?» donnant tranquillement ses ordres sur beaucoup de choses, et même sur sa pompe funèbre. Quiconque a beaucoup de témoins de sa mort meurt toujours avec courage. Louis XIII, dans sa dernière maladie, avait mis en musique le De profundis qu’on devait chanter pour lui. Le courage d’esprit avec lequel Louis XIV vit sa fin fut dépouillé de cette ostentation répandue sur toute sa vie. Son courage alla jusqu’à avouer ses fautes. Son successeur a toujours conservé, écrites au chevet de son lit, les paroles remarquables que ce monarque lui dit, en le tenant sur son lit entre ses bras : ces paroles ne sont point telles qu’elles sont rapportées dans foules les histoires. Les voici fidèlement copiées :
«Vous allez être bientôt roi d’un grand royaume. Ce que je vous recommande plus fortement est de n’oublier jamais les obligations que vous avez à Dieu. Souvenez-vous que vous lui devez tout ce que vous êtes. Tâchez de conserver la paix avec vos voisins. J’ai trop aimé la guerre ; ne m’imitez pas en cela, non plus que dans les trop grandes dépenses que j’ai faites. Prenez conseil en toutes choses, et cherchez à connaître le meilleur pour le suivre toujours. Soulagez vos peuples le plus tôt que vous le pourrez, et faites ce que j’ai eu le malheur de ne pouvoir faire moi-même, etc.»
Ce discours est très éloigné de la petitesse d’esprit qu’on lui impute dans quelques Mémoires… »
Voltaire – « Le Siècle de Louis XIV », chap. XXVIII.
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Que la France royale était grande et belle !
Quelle grande nation ce fut !
Moi qui suis nostalgique du royaume de Hongrie j’aurais aimé servir la France royale…
Merci Frère pour cette « mise au point » très instructive…!!
Il nous faut un roi. Vive le roi.
JLP
Merci, un fois de plus, pour cette intervention qui remet les choses en place dans la vérité.
Vive Louis le Grand! qui a su donner à la France une grandeur comme jamais elle n’avait eu et que la république a saquée, par la plus horrible façon malhonnête de conditionner tout un peuple, avec ce suppôt infernal d’Orléans, le renégat.
Après lui, vive Louis XVI et, surtout, vive le monarque qui rétablira, par la puissance divine, notre royaume!
Vive la France monarchiste!
A bas la révolution française et ses résultats qui laissent la place au prince de ce monde, incarné par nos gouvernants actuels..