2010-8. De la pieuse mémoire d’Andreas Hofer, le « Chouan du Tyrol », au jour anniversaire de sa mort héroïque.
- 20 février 1810 -
En 1805, par le traité de Presbourg, consécutif aux défaites d’Ulm et d’Austerlitz, l’Autriche fut contrainte de céder le Tyrol au jeune royaume de Bavière, totalement soumis à la tyrannie napoléonienne.
Les anciens droits des Tyroliens furent alors annulés par les Bavarois, qui exigeaient – entre autres – que les jeunes gens effectuent un service militaire de six ans dans les armées de celui auquel on n’a pas sans raison donné le surnom d’ «ogre corse». Les coutumes des Tyroliens et leurs pratiques religieuses étaient menacées : en particulier les pèlerinages, les processions et les manifestations extérieures de la foi furent interdits.
Le mécontentement de cette population si fortement ancrée dans la religion catholique et si attachée à la Maison de Habsbourg alla croissant et entraina en 1809 un mouvement de résistance armée, comparable à celui qui avait soulevé les provinces de l’ouest de la France en 1793. La figure centrale en fut un habitant de la vallée du Passeiertal, au Tyrol du Sud, Andreas Hofer.
Destin hors du commun que celui de ce paysan-aubergiste, robuste père de famille, simple et pieux, dont la figure n’est pas sans rappeler celle de Jacques Cathelineau.
Andreas Hofer, homme de foi et de détermination héroïque.
Devenu par nécessité régent du Tyrol au nom des Habsbourg, en entraînant ses montagnards au cri de « Pour Dieu, l’Empereur et la Patrie », Andreas Hofer a pris place parmi les plus grands héros de la résistance catholique contre l’impiété révolutionnaire, car Napoléon ne fut jamais rien d’autre que « la révolution couronnée ».
On doit à Jean Sévillia une magnifique biographie de ce « Chouan du Tyrol » : son livre raconte une épopée passionnante et révèle un personnage malheureusement encore trop méconnu en France.
Ce récit, clair et rigoureux, renverse le mythe officiel de la « France libératrice de l’Europe ».
Les troupes franco-bavaroises du maréchal Lefèbvre et du prince Eugène de Beauharnais, sous-estimant totalement ces « péquenauds », subirent de cuisantes défaites. Elles étaient habituées à des combats ouverts sur les champs de bataille et furent déroutées par cette guérilla populaire. Les Tyroliens combattaient avec ce dont ils disposaient : fourches, faux, fusils de chasse… Leur courage était galvanisé par le soutien massif des religieux.
Par trois fois, le puissant ennemi se fit repousser de la province alpine, mais le destin du Tyrol se jouait bien loin de là, sur les champs de bataille européens et à la table des conférences de paix. A la fin de l’année 1809, alors que bien des insurgés avaient été tués, que des centaines de villages et de fermes avaient été réduits en cendre, que la famine et la misère régnaient sur le Tyrol, ces héroïques chouans durent rendre les armes. Andreas Hofer, trahi par un voisin, fut livré aux troupes françaises et emprisonné à Mantoue au début de l’année 1810.
Arrestation d’Andreas Hofer
Andreas Hofer emmené pour être fusillé
On raconte que Napoléon donna l’ordre d’un « juste procès avant de le descendre » : ce trait est bien dans le style de ce dictateur – qu’on se souvienne de l’exécution du duc d’Enghien – même si plus tard il prétendra auprès de Metternich qu’Hofer avait été exécuté, contre sa décision. Andreas Hofer fut fusillé par les français le 20 février 1810.
Des monuments honorent la mémoire d’Andreas Hofer aux quatre coins du Tyrol. L’un des plus importants se situe au Bergisel, proche d’Innsbruck, lieu d’une importante victoire.
En 1823, les restes d’Andreas Hofer furent ramenés à Innsbruck et reposent depuis lors, dans l’attente de la résurrection, dans « l’église de la Cour » (Hofkirche), parfois nommée l’église « des bonshommes noirs » ou des franciscains.
La mémoire d’Andreas Hofer fut honorée comme celle d’un martyr au Tyrol et en Autriche. Son nom devint une sorte de point de ralliement contre le pouvoir de Napoléon.
Le chant « Zu Mantua in Banden » (« Emprisonné à Mantoue ») qui retrace la mort du héros, est devenu l’hymne du Tyrol. La fête du Sacré-Coeur de Jésus, dont les résistants à Napoléon arboraient l’image sur la poitrine, est depuis lors la grande fête de cette province qui reconnaît en Andreas Hofer une sorte d’incarnation de ses sentiments de foi et de patriotisme.
Nous ne laissons jamais passer l’anniversaire de l’exécution de ce héros catholique sans nous recueillir en sa mémoire et sans le remercier pour le courage et l’abnégation avec lesquels il s’est opposé aux menées impies du prétendu « empereur des Français ».
Lully.
Armoiries du Tyrol
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Merci pour cette belle explication. Je vais acquérir le livre de M. Sevillia.
C’est un épisode peu connu
L’actuel hymne autrichien, depuis 1946, mérite d’être écouté après le récit de la vie d’Andreas Hofer : tant par sa musique, adaptée d’une cantate que Mozart composa quelques semaines avant sa mort, que par ses paroles qui décrivent ce pittoresque pays. J’ai eu le plaisir de visiter plusieurs fois l’Autriche, enchantée par la beauté des lieux et par le charisme de ses habitants. Dommage que l’on assimile trop souvent Hitler à ce pays, parce qu’il était né en 1889 en Autriche-Hongrie….
Merci !
Voici un homme héroïque que je ne connaissais pas… encore une biographie en perspective.
Il est vraiment dommage que cette édition soit épuisée chez Perrin. Heureusement elle existe en version poche dans la collection Tempus :
http://www.livresenfamille.fr/p1776-jean_sevillia_le_chouan_du_tyrol.html
Amicalement.
Bonjour,
Je viens de terminer ce livre, très bien fait, très documenté : merci à Jean Sévillia pour ce travail.
Dans la liste des résistants à Napoléon je rajouterai ceux qu’à Nice on appelle les « Barbets ».
En 1793 lors de l’invasion du Comté de Nice par les troupes françaises ils créèrent dans les montagnes des milices qui résistèrent jusqu’en 1814.
Ils protestaient contre l’envahissement du Comté par une armée étrangère, ils voulaient rester catholiques et fidèles à la Maison de Savoie.
IL y a des similitudes avec le Tyrol.
Les combats furent nombreux longs et meurtriers de part et d’autre.
Il existe quelques ouvrages et des chansons dédiés aux Barbets, on trouvera quelques réponses sur internet à: Barbets.
Merci encore pour le livre de Jean Sévillia!
Vive l’Empereur d’Autriche !!
Je vous remercie beaucoup d’avoir attiré notre attention sur ce héros authentique que je ne connaissais pas, et dont le destin ne peut que toucher le Vendéen que je suis.
Le mal qu’a pu faire Napoléon est complètement caché aux Français. Je l’ai découvert en habitant en Italie.
Jamais je n’ai rien appris à l’école des horreurs que ce monstre a pu commettre.
En voilà encore une démonstration (que j’ignorais). Et dire qu’il est considéré comme une gloire de la France!
Oui, grand merci de nous avoir fait connaïtre cette belle figure de chrétien héroïque. Cela nous apprend aussi combien ce sympathique pays qu’est le Tyrol a tant souffert de cette affreuse boucherie révolutionnaire où l’homme s’est cru plus illuminé et grandi en se fourvoyant complètement, trompé par des idéologies démentielles dont l’origine ne peut être que celle du prince de ce monde, père du mensonge: Satan.
Merci, frère, pour ce beau récit de l’héroïcité de ce saint chrétien autrichien et du prix à payer pour défendre son identité.