2010-5. « Nul n’est de trop dans l’Eglise »!
Samedi 13 février 2010.
Chers Amis du « Refuge Notre-Dame de Compassion« ,
Nous arrivons au dimanche de la Quinquagésime, le troisième du cycle de la préparation lointaine aux fêtes pascales : dans l’Evangile de ce dimanche, nous entendons Notre-Seigneur Jésus-Christ annoncer solennellement sa Passion « Voici que nous montons à Jérusalem où se réalisera tout ce que les prophètes ont annoncé au sujet du Fils de l’homme… » (Luc XVIII, 31). Dans trois jours nous allons entrer solennellement en Carême, recevoir les cendres et commencer le grand jeûne préparatoire à la solennité de Pâques.
Ne l’oubliez pas, Chlôris et moi-même sommes des chats monastiques : avec l’aide de Frère Maximilien-Marie, nous méditons sur les Saintes Ecritures et sur les écrits des Pères de l’Eglise, nous lisons la vie et les écrits des Saints et nous étudions les magnifiques enseignements doctrinaux et spirituels dispensés par notre Saint-Père le Pape Benoît XVI.
Il y a trois dimanches, l’entrée dans le temps de la Septuagésime nous a permis d’entendre à nouveau la proclamation de la parabole des ouvriers de la onzième heure (Matth. XX 1-16) : en la relisant cette année, j’ai été plus particulièrement touché par cette miséricorde du « Maître de la vigne » qui veut partager largement ses richesses de grâces et le trésor de son Coeur : pour cela Il ne veut laisser aucun ouvrier sans emploi, aucune compétence ou bonne volonté hors de sa vigne.
La vigne est le symbole de l’Eglise ; aussi cette parabole – au vu des circonstances actuelles – m’a rappelé un passage du discours que le Souverain Pontife a prononcé à Lourdes le 14 septembre 2008 devant l’ensemble des évêques de France :
« Le culte liturgique est l’expression suprême de la vie sacerdotale et épiscopale, comme aussi de l’enseignement catéchétique. Votre charge de sanctification du peuple des fidèles, chers Frères, est indispensable à la croissance de l’Église. J’ai été amené à préciser, dans le motu proprio Summorum Pontificum, les conditions d’exercice de cette charge, en ce qui concerne la possibilité d’utiliser aussi bien le missel du bienheureux Jean XXIII (1962) que celui du Pape Paul VI (1970). Des fruits de ces nouvelles dispositions ont déjà vu le jour, et j’espère que l’indispensable pacification des esprits est, grâce à Dieu, en train de se faire. Je mesure les difficultés qui sont les vôtres, mais je ne doute pas que vous puissiez parvenir, en temps raisonnable, à des solutions satisfaisantes pour tous, afin que la tunique sans couture du Christ ne se déchire pas davantage. Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers de ses brebis. Nous ne pouvons que Lui rendre grâce de l’honneur et de la confiance qu’Il nous fait. Efforçons-nous donc toujours d’être des serviteurs de l’unité! »
« Nul n’est de trop dans l’Eglise » : cette toute petite phrase est lourde de sens ; elle montre à l’évidence (car ce n’est évidemment pas par hasard que le Pape l’a placée dans cette partie de son discours) que le Saint-Père est au fait des difficultés rencontrées par les fidèles catholiques qui demandent l’application du motu proprio « Summorum Pontificum cura ».
Benoît XVI sait que des tracasseries sans nombre sont très souvent opposées par les autorités diocésaines aux catholiques qui sont simplement désireux de bénéficier en France, en toute sérénité, de la pleine et simple application des directives du Chef de l’Eglise Catholique. Benoît XVI sait bien que ce qu’il a généreusement et largement accordé à tous les fidèles et à tous les prêtres se trouve trop souvent empêché par ceux qui n’ont normalement pas le pouvoir de restreindre les dispositions qu’il a lui-même établies, et qui – de ce fait – sont coupables d’abus de pouvoir.
Malgré les paroles qui leur ont été adressées de manière très claire par notre Saint-Père le Pape à Lourdes, nous ne pouvons que constater – ce sont des faits bruts, sans commentaires : ils parlent d’eux-mêmes – qu’une majorité de prêtres et d’évêques, au lieu de se comporter en « serviteurs de l’unité », s’enferre dans une attitude d’exclusion et de rejet d’une partie des fidèles, auxquels les qualificatifs les plus péjoratifs sont attribués. Ils sont maintenus dans des conditions de parias et des traitements parfois fort discourtois, voire rudes leur sont réservés… On a bien vu récemment comment le Cardinal Archevêque de Paris a fait envoyer trois cars de CRS afin d’expulser d’une église parisienne une vingtaine de fidèles venus rencontrer leur curé pour lui demander la célébration d’une Sainte Messe tridentine dans la paroisse, et qui attendaient l’entretien promis par le curé en récitant leur chapelet!…
Ces prêtres et évêques qui sont souvent irrités qu’on leur donne leurs titres normaux de « Monsieur l’Abbé », de « Monsieur le Curé » et de « Monseigneur » et qui voudraient qu’on les appelle « Père », manifestent tout autre chose que de la sollicitude paternelle : ils se comportent en vérité comme des garde-chiourmes bornés et sans coeur, au service d’une idéologie mortifère qui n’a rien à voir avec l’Evangile ni avec un authentique souci du bien des âmes!
La réalité qui est en effet encore malheureusement au coeur d’un grand nombre d’ecclésiastiques français, est une espèce de néo-gallicanisme moderniste. Loin de travailler à cette « indispensable pacification des esprits » que le Souverain Pontife désirait voir s’établir partout, les apparatchiks diocésains, malgré leurs paroles lénifiantes et leurs slogans ronflants contre l’exclusion et l’accueil de ceux qui sont différents, sont coutumiers de la discrimination et du rejet de tout ce qui n’entre pas dans les cadres d’une prétendue pastorale qui refuse de se remettre en question. Et pourtant : « Nul n’est de trop dans l’Église. Chacun, sans exception, doit pouvoir s’y sentir chez lui, et jamais rejeté. Dieu qui aime tous les hommes et ne veut en perdre aucun nous confie cette mission de Pasteurs, en faisant de nous les Bergers de ses brebis. »
Après avoir trahi et détourné le second concile du Vatican, après avoir semé le doute sur les vérités révélées, « ils » ont – conséquence rigoureusement logique – détruit l’enseignement religieux, ruiné la liturgie, vidé les sacrements de leur finalité, fait fuir les paroissiens, désertifié leurs églises, fermé les séminaires et les couvents… etc. Ils règnent sur un champ de ruines et ils ont cependant l’air très content d’eux puisqu’ils claironnent (est-ce un aveuglement volontaire ou de la pure bêtise?) – devant des assemblées clairsemées dans lesquelles dominent largement les cheveux blancs – que leur « église n’a jamais été aussi belle et dynamique »!!! Mais en réalité « leur église » n’est plus l’Eglise Catholique Romaine : s’ils occupent de fait les postes qui sont normalement ceux du clergé catholique, leurs coeurs et leurs intelligences sont en situation d’opposition et de schisme avec le Siège Apostolique du successeur de Saint Pierre ; ils ont réussi à détourner de la véritable Foi catholique les quelques braves personnes qui restent encore dans leurs paroisses et qui, sans qu’elles en aient vraiment conscience, n’ont plus qu’une adhésion vague et floue aux dogmes les plus fondamentaux tels que la Sainte Trinité, la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l’inspiration des Saintes Ecritures, la Rédemption, la Transubstantiation et la Présence réelle du Christ dans l’Eucharistie… etc.
L’épître de ce dimanche de la Quinquagésime reprend les 13 premiers versets du chapitre XIII de la première épître aux Corinthiens, que l’on appelle souvent « hymne à la charité ». Il ne peut pas y avoir de charité sans vérité, tout comme il n’y a pas de vérité sans charité. Si, en lisant ce que j’écris, il peut vous sembler que mes griffes de petit félin sont un peu trop acérées, vous vous méprenez profondément : comprenez bien qu’il n’y a dans mon coeur ni amertume ni aucune forme de méchanceté mais seulement un zèle nourri pour cette Eglise Catholique que j’aime et dans laquelle je voudrais qu’en vérité et en actes – plus qu’en beaux discours et en faux-semblants – soient effectives les paroles de l’Apôtre des Nations : « La charité est patiente, elle est bénigne, la charité n’est point envieuse, elle ne commet point d’indélicatesse, elle ne s’enfle pas, elle n’est pas ambitieuse, elle ne recherche pas son propre intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne pense pas le mal, elle ne met pas sa joie dans l’iniquité mais elle se réjouit dans la vérité : elle souffre tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout ».
Aussi ne puis-je que conclure ces lignes par cette courte prière qui résume toutes mes aspirations et mes espérances : « Mon Dieu, faites l’unité des esprits dans la Vérité et l’union des coeurs dans la Charité! »
Lully.
Vous pouvez laisser une réponse.
Merci, Lully, pour cette magnifique analyse.
Oui, le meilleur remède et la seule possibilité que nous avons est de prier.
Prions, prions pour que le Bon Dieu ait pitié de nous.
Aspirons à la Paix et à l’Unité.
A la fin du mois de janvier, j’ai envoyé aux différents curés du Pays de Retz, une lettre collective demandant une messe tridentine dans le Sud estuaire de la Loire Atlantique. Je n’ai même pas reçu un accusé de réception.
Amitiés. Union de prière et merci pour votre action.
JLP
C’est exactement cela !
Merci, Lully, pour cette analyse de ceux qui effectivement font de l’abus de pouvoir en ne se soumettant pas à la volonté du Saint Père et en refusant au peuple de Dieu son désir profond.
Le titre de « sans-culotte » leur irait mieux que ceux qu’on leur accorde par savoir-vivre, eux qui en ont si peu !
Je partage bien évidemment toutes vos analyses. La jeunesse catholique en est la première victime.
Oui, Lully, disons comme toi : » Mon Dieu, faites l’unité des esprits dans la Vérité et l’union des coeurs dans la Charité »!
Allez-vous un peu faire Carême, les chats monastiques? peut-être laisser quelques sardines à votre papa!
Clara
Mon cher Lully,
tu viens de faire une analyse parfaite et courageuse, lucide en tous points, à laquelle je souscris à 100 %.
J’ai suivi de près, grâce à « Paix liturgique » (de mauvaise renommée – paraît-il – mais toujours du même point de vue!) et autres médias catholiques, les divers évènements déplorables dont tu parles.
Quel malheur en notre Eglise de France qu’une telle situation d’orgueil, d’obstination!
L’ensemble (presque) de nos évêques se placent au-dessus du Pape qu’ils voudraient en communion avec eux, alors que, comme cela a été relevé, ce n’est pas le pape qui doit être en communion avec les évêques (dixit dans une expression malheureuse Mgr Vingt-Trois), mais les évêques avec le pape.
Des prêtres diocésains, victimes de cette situation, parce qu’ils sont « Benoît XVI » et ne demandent qu’à appliquer les directives du Saint-Père, sont persécutés moralement et même physiquement lorsqu’on les déplace de paroisses où ils faisaient le bonheur des fidèles catholiques -ayant la chance d’avoir de tels curés- pour être mutés de manière à ce qu’ils ne « nuisent » plus à la pastorale structurelle des diocèses! Pire lorsque l’évêque trouve un prétexte pour les priver de charge curiale et les expédie hors de leur diocèse!
Ils sont tout-puissant, ceux-là même qui critiquent la soi-disant omnipuissance romaine! Ils abusent de leur autorité. Oui, vraiment, je souscris pleinement à ton analyse, Lully, et à ta conclusion:
« Mon Dieu, faites l’unité des esprits dans la vérité et l’union des coeurs dans la charité. »
Personnellement, je suis très heureux de pouvoir célébrer le rite romain sous la forme extraordinaire en semaine puisque, hélas, l’on ne me demande pas ou très rarement (pour rendre service) de célébrer les messes au sanctuaire alors que je fais parti de l’équipe des chapelains. Célébrant « privativement », j’ai donc le réconfort de célébrer dans l’antique et multiséculaire rite romain, et je ne m’en prive pas! sauf le dimanche où l’on m’a demandé de célébrer en paroisses.
Abbé Jean-Louis D.