2009-34. De la spiritualité de l’Avent et de l’arrivée d’une statue de la Vierge à l’Enfant en notre « Mesnil-Marie ».
Mercredi 9 décembre 2009.
Chers Amis du Refuge Notre-Dame de Compassion,
Avec le premier dimanche de l’Avent, nous sommes entrés dans une nouvelle année liturgique.
La « Couronne de l’Avent » (dont le symbolisme avait été expliqué > ici), évoque, par sa forme même, le cycle de la liturgie : j’ai accompagné Frère Maximilien-Marie à la lisière de notre bois pour couper les branches de sapin avec lesquelles il a ensuite confectionné la couronne que vous voyez sur la photo ci-dessus et dont nous allumons les bougies selon la progression des dimanches.
Quel beau temps que celui de l’Avent !
Nous nous replongeons dans les textes de la Sainte Ecriture qui nous annoncent la consolation et le salut, et nous sommes transportés par une joyeuse espérance dans l’attente de la fête de la Nativité du Sauveur.
Noël n’est pas la célébration d’une naissance qui appartient au passé, à la manière dont on commémore les grandes dates de l’histoire ou les armistices ; c’est véritablement une actualisation du mystère de la venue du Fils de Dieu : la liturgie rend présents et actuels les mystères qu’elle célèbre. Il ne s’agit pas d’une « reconstitution », mais d’une réalisation invisible – mystique – opérée par une grâce réelle, donnée aux âmes et à toute la création… Oui, j’insiste sur ce point, cette grâce n’est pas seulement pour les hommes mais pour toute la création : c’est Saint Paul qui l’écrit dans le merveilleux chapitre VIII de l’épître aux Romains (19-22). Voilà pourquoi le mois de décembre est tout entier baigné d’une lumière comparable à celle de l’aube : ce n’est pas encore la pleine lumière, mais une clarté qui nous assure que la nuit prendra fin et que le soleil resplendira à nouveau…
On peut aussi comparer le temps de l’Avent au sentiment qui naît dans l’esprit d’un voyageur égaré dans la nuit et le froid lorsqu’il entrevoit soudain, au loin dans les ténèbres, le point lumineux d’une fenêtre : il sait qu’en se dirigeant vers ce qui n’est encore qu’un point de lumière il trouvera un lieu où il sera accueilli, où un bon feu réchauffera ses membres engourdis, où un bol de soupe lui rendra des forces… Alors, avant même d’arriver, une joyeuse espérance l’envahit et lui fait hâter le pas.
Illumination des fenêtres du Mesnil-Marie le soir du 8 décembre.
Dans la démarche spirituelle de l’Avent, la très belle fête du 8 décembre occupe une place de choix : dans cette dynamique qui nous porte vers l’avènement de la « Lumière née de la Lumière », la Très Sainte Vierge Marie a bien évidemment un rang de tout premier ordre. Elle est l’Aurore avant le Jour. La conception très pure, sans tache, immaculée (par une grâce venant déjà des mérites de la mort du Sauveur), par Sainte Anne et Saint Joachim, de Celle qui deviendrait une quinzaine d’années plus tard la Mère du Verbe Incarné, est une étape importante de l’histoire de notre salut. C’est comme l’étoile du matin – Stella matutina – annonciatrice des clartés de l’aurore. Marie est l’étoile et pour honorer le moment où elle fut conçue dans le sein de Sainte Anne, nous avons allumé au rebord des fenêtres du Mesnil-Marie, selon la belle tradition née et perpétuée à Lyon (*), des lampions de couleurs : petites étoiles terrestres répondant au clignotement des étoiles du ciel.
Il n’y avait pas que nos fenêtres qui étaient éclairées hier soir : nous avions aussi éclairé la statue de la Vierge à l’Enfant qui est arrivée samedi dernier (c’est vraiment providentiellement qu’elle est arrivée le samedi – jour marial par excellence – parce que le jour prévu pour la livraison était le vendredi mais le transporteur avait été retardé par les conditions climatiques). Frère Maximilien-Marie l’a acquise sur un site de ventes aux enchères en ligne et, il faut bien le dire, il n’y avait pas d’autres candidats…
Pour terminer ma petite chronique de ce soir, je vous propose une très belle invocation, extraite d’une prière traditionnelle récitée devant la statue de Notre-Dame de Chartres, et tout à fait conforme à l’esprit de ce temps de l’Avent :
« O Vierge immaculée, qui devez enfanter à la grâce et à la gloire tous les élus de Dieu, daignez me recevoir dans votre sein maternel et me former en vous pour que je ressemble à Jésus! »
Recevez mes salutations félines les plus distinguées.
Lully.
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PS. : N’oubliez pas demain, 10 décembre, la fête de Notre-Dame de Lorette dont j’ai déjà parlé > ici.
(*) Les illuminations de la ville de Lyon :
le 8 décembre 1852 la procession annoncée à l’occasion de la bénédiction de la statue de la Vierge en bronze dorée qui venait d’être placée au sommet du clocher de la chapelle de Fourvière, fut empêchée par le mauvais temps. Par une sorte de mouvement spontané qui se communiqua à toute la ville, les fidèles placèrent alors sur le rebord de leurs fenêtres des bougies et des lumignons en hommage à la Protectrice de leur cité : « Tout à coup apparaissent à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s’était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands, les clochers, illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu’aux bordures des trottoirs… Quelques feux de Bengale s’allumèrent sur les toits de la chapelle de Fourvière, la statue de la Vierge apparaît et la grosse cloche de Saint Jean, cet éloquent interprète des joies publiques, est lancée à toute volée. A huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. On se serrait la main sans se connaître, on chantait des cantiques, on applaudissait, on criait : « Vive Marie ! » Les étrangers n’en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout remplis qu’ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée ».
Depuis lors tous les ans- et malgré la laïcisation de la fête – la tradition est perpétuée et elle a peu à peu gagnée d’autres cités, d’autres provinces…

Vous pouvez laisser une réponse.
« Au fond, toute âme humaine est cela : une fragile lumière en marche vers quelque abri divin, qu’elle imagine, cherche et ne voit pas.
(André Maurois) certainement parce que « Ce n’est pas la lumière qui manque à notre regard, c’est notre regard qui manque de lumière. » (Gustave Thibon).
Quelle douceur dans votre nouvelle Vierge à l’Enfant, et quel Enfant accueillant, attirant… Bravo!
Merci pour l’historique des illuminations de Lyon et que l’Avent nous porte.
Félinement vôtre…
Un très beau message qui nous rappelle que le monde à oublié tant de choses.
Bien à vous.