2009-3. L’apparition de la Sainte Face sur le Voile de Sainte Véronique, le 6 janvier 1849.

       Le samedi 6 janvier 1849, se produisit dans la Basilique Saint-Pierre au Vatican un prodige qui a été relaté par le journal de la Basilique et fut confirmé par le Pape Léon XIII dans un bref daté du 1er octobre 1885.

* * * * * * *

   Pour bien comprendre ce qui se passa il importe d’abord d’en rappeler le contexte historique : puisque, à cette date, le Bienheureux Pape Pie IX se trouvait en exil à Gaëte, dans le Royaume de Naples.

Pie IX à Gaëte, gravure de l'Illustration du 9 décembre 1848

Pie IX à Gaëte, gravure de « L’Illustration » du samedi 9 décembre 1848

   L’année 1848, en effet, avait vu se succéder des révolutions dans toute l’Europe.
Rome – capitale des Etats de l’Eglise – n’avait pas été épargnée par le ferment révolutionnaire et par les troubles : c’est ainsi que le 15 novembre 1848, Pellegrino Rossi  – ministre de  l’intérieur et des finances, qui jouissait de l’entière confiance de Pie IX -,  avait été lâchement assassiné. Le Souverain Pontife voyait les troubles grandir et ne se sentait plus en sûreté. La volonté de poursuivre son ministère spirituel en toute indépendance l’avait finalement contraint à quitter Rome ; il était allé demandé protection et asile auprès des Souverains de Naples.
Cet exil dura 17 mois. Pendant ce temps, de manière assez fréquente, le clergé et les fidèles de Rome organisaient dans les diverses églises de la Ville Eternelle des cérémonies ferventes pour demander à Dieu la fin des troubles et le retour du Pape.

   La deuxième chose qu’il faut savoir (ceux qui sont allés à Rome et ont eu une visite guidée de la Basilique Saint-Pierre s’en souviennent peut-être), c’est que la Basilique Saint-Pierre ne renferme pas seulement la tombe du Prince des Apôtres, mais qu’au cours des siècles son « trésor » a été enrichi d’importantes et précieuses reliques au nombre desquelles on compte une part importante du Bois de la Sainte Croix (apporté de Jérusalem par l’impératrice Sainte Hélène), le fer de la lance avec lequel le centurion a ouvert le côté du Christ mort (découvert grâce à un miracle, en 1099, par Adhémar de Monteil dans une église d’Antioche de Syrie où le reliquaire avait été emmuré par crainte des profanations sarrasines, puis oublié), et le voile de la pieuse femme qui, sur le chemin du Calvaire, avait essuyé le visage ensanglanté du Christ.

   Ce voile avait reçu le nom de « Veronica« , contraction et latinisation de veron ‘ikon, que l’on peut traduire par « image véritable ».
Malgré les assertions infondées d’un certain nombre d’historiens et de chercheurs qui veulent à tout prix – et au mépris d’une tradition fermement établie – que l’image qui se trouve sur le linceul de Turin soit à l’origine de la « légende » de Sainte Véronique, je persiste à affirmer qu’il s’agit bien de deux images miraculeuses différentes.

Sainte Véronique - Mattia Preti

Mattia Preti (1613-1699) : Sainte Véronique

   La tradition les distingue bien en effet :

1) d’une part, le linceul – actuellement conservé à Turin mais fut vénéré à Constantinople jusqu’au moment de l’odieuse mise à sac de la ville par les croisés (en avril 1204) – sur lequel se trouve une image en trois dimensions, « projetée » sur le linge, et qui reste totalement inexpliquée dans l’état actuel des sciences ;

2) et d’autre part le linge avec lequel cette courageuse hiérosolymite, prise de compassion, essuya la sueur, le sang et les crachats mêlés à la poussière qui souillaient le visage du Sauveur. Sur ce voile, il s’agissait probablement d’une empreinte laissée par  les matières épongées lors du contact direct (et non d’une projection). Il s’agissait de ce fait d’une image « déformée ». Vous obtiendrez quelque chose de semblable si vous vous barbouillez la figure avec de la suie et que vous vous essuyez ensuite avec un linge : en l’appliquant sur toute la surface du visage, vous obtiendrez  ensuite votre propre portrait, mais vos traits  seront déformés par une espèce d’amplification, puisque tous les contours de ce qui est en relief se retrouveront développés à plat.

   De très anciennes traditions, dont on ne veut plus tenir compte aujourd’hui, nous rapportent que l’empereur Tibère avait entendu rapporter certaines choses sur ce Jésus qui, même au-delà de la mort, recrutait des disciples et opérait des miracles. Alors qu’il se trouvait très malade et que ses médecins étaient impuissants à lui rendre la santé, il avait appris qu’une image réputée miraculeuse du Christ était en possession d’une femme, parmi ses disciples. Il la fit donc rechercher et venir à son chevet ; il entendit de sa bouche le récit de la Passion du Sauveur et recouvra la santé en contemplant son image, cette veron ‘ikon, dont le nom finit par être donné à la femme qui avait bénéficié du miracle.

   Le voile miraculeux resta donc à Rome où il est réputé demeurer aujourd’hui encore. De nos jours, il n’est plus autant exposé à la vénération des foules qu’autrefois, mais cela se produit néanmoins encore.
Lors d’un séjour romain, il y a quelques décennies de cela, j’avais eu l’occasion de rencontrer un vieux cordelier qui l’avait vu de près, sous le règne de Pie XII, et qui m’a expliqué que l’image figurant sur le voile était tellement estompée qu’elle était devenue presque imperceptible à l’œil.

Ostension de la Véronique - basilique Saint-Pierre du Vatican

Ostension de la relique de la « Véronique » dans la basilique Saint-Pierre au Vatican

   Le samedi 6 janvier 1849 donc, les chanoines de la Basilique Vaticane, ainsi qu’une foule de fidèles, étaient à genoux en présence des Reliques Majeures solennellement exposées. Tous purent soudain observer que sur la « Véronique », l’image estompée devenait de plus en plus nette et reformait le visage vivant de Notre-Seigneur Jésus-Christ : les déformations en avaient disparu, parce que les amplifications dues à l’aplatissement des traits avaient retrouvé leur relief ! C’était bien le visage de l’Homme des douleurs décrit par Isaïe, non pas dans l’apaisement de la mort comme il apparaît sur le linceul, mais saisi comme par un instantané dans le cours du chemin de la Croix.

   En 1849, les pèlerins présents dans la Basilique Saint-Pierre n’avaient bien évidemment pas avec eux d’appareils photographiques pour  immortaliser cette manifestation miraculeuse (j’emploie à dessein ce mot de manifestation, puisque le 6 janvier est la fête de l’Epiphanie, mot dérivé du grec et qui signifie justement  manifestation – au sens d’apparition -, et que nos frères chrétiens d’Orient nomment encore plus explicitement ce jour « Théophanie », c’est à dire manifestation de Dieu). Le seul moyen dont on disposait pour garder le souvenir et propager l’image de ce miracle fut donc la gravure : selon les descriptions données par les témoins, un graveur tenta de rendre les traits du visage qui s’était manifesté au cours de l’apparition, et l’on procéda à des impressions (non seulement sur papier mais aussi sur tissu) de l’image ainsi obtenue.
Ces reproductions furent distribuées par les chanoines de la Basilique Vaticane accompagnées d’un certificat d’authenticité portant le sceau de cire rouge du Chapitre.

La gravure de la Sainte Face diffusée après le miracle et vénérée par Monsieur Dupont

   En France, Monsieur Léon Papin-Dupont, surnommé le saint homme de Tours, reçut une de ces reproductions et l’installa à la place d’honneur dans son salon, bientôt converti en oratoire (cf. > ici). En effet les grâces, physiques et spirituelles, obtenues en priant devant cette image et en invoquant la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ, se multiplièrent rapidement, conformément aux révélations qu’avaient reçues, quelques années auparavant, dans cette même ville de Tours, une carmélite du nom de Sœur Marie de Saint-Pierre. Une confrérie de prière fut établie dans l’oratoire de Monsieur Dupont et il est intéressant de noter que la famille Martin se fit inscrire sur les registres de cette confrérie. La petite dernière, Thérèse, fut profondément marquée par cette dévotion, très implantée au Carmel de Lisieux, et choisit en conséquence de porter en religion le nom de Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face…

   Nous terminerons donc l’évocation de ce miracle en publiant l’une des prières à la Sainte Face écrite par celle qu’un Pape a désignée comme « la plus grande sainte des temps modernes » :

   Ô Jésus, qui dans Votre cruelle Passion êtes devenu
’’l’opprobre des hommes et l’homme de douleurs’’,
je vénère Votre divin visage,
sur lequel brillaient la beauté et la douceur de la divinité,
maintenant devenu pour moi
comme le visage d’un ’’lépreux’’ !

   Mais sous ses traits défigurés,
je reconnais Votre amour infini
et je me consume du désir de Vous aimer
et de Vous faire aimer de tous les hommes.
Les larmes qui coulèrent si abondamment de Vos yeux
m’apparaissent comme des perles précieuses
que j’aime à recueillir,
afin d’acheter avec leur valeur infinie
les âmes des pauvres pêcheurs.

   Ô Jésus, dont le visage est la seule beauté
qui ravit mon coeur,
j’accepte de ne pas voir ici-bas,
la douceur de Votre regard,
de ne pas sentir l’inexprimable baiser
de Votre bouche sainte ;
mais je Vous supplie d’imprimer en moi
Votre divine resemblance,
de m’embraser de Votre amour,
afin qu’il me consume rapidement
et que j’arrive bientôt à voir
Votre glorieux visage dans le Ciel.

   Ainsi soit-il.

Voir aussi la publication sur la dévotion à la Sainte Face > ici

Oratoire du Mesnil-Marie exposition de  la Sainte Face

Gravure de la Sainte Face avec le certificat d’authenticité
délivré par le Chapitre de la Basilique vaticane,
dans l’oratoire du Mesnil-Marie

Vous pouvez laisser une réponse.

7 Commentaires Commenter.

  1. le 6 janvier 2024 à 10 h 11 min Goës écrit:

    Surnaturel ! toujours le surnaturel !

  2. le 6 janvier 2023 à 6 h 33 min Abbé Jean-Louis D. écrit:

    Une fois de plus, vos recherches, scientifiques, clairement établies, vous nous en faites bénéficier et découvrir LA vérité sur la Sainte Face de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Soyez-en vivement remercié.
    Sainte Face de Jésus, convertissez-nous, convertissez les pécheurs que nous sommes.

  3. le 27 mai 2018 à 15 h 51 min Hubert R. écrit:

    Voir le commentaire de Raffaela Zardone sur internet dans la rubrique « Le Visage retrouvé de la Ste Face de Manoppello », et l’élévation de cette petite église au rang de basilique par Benoît XVI il y a une douzaine d’années.

  4. le 27 mai 2018 à 15 h 49 min Hubert R. écrit:

    Après avoir lu l’enquête approfondie faite par un journaliste allemand, qui avait découvert les erreurs perpétuées au Vatican, il avait découvert que la véritable Sainte Face se trouvait à Mannopello, je suis donc allé en 2012 dans cette cité des Abbruzzes italiennes, près de l’Adriatique, et j’ai découvert que le pape Benoît XVI l’avait reconnu comme basilique, car cette église contenait réellement la Sainte Face. Il est possible de voir sur internet dans la rubrique « Le visage retrouvé de la Ste Face de Manoppello » par Raffaela Zardone, tout l’historique confirmé maintenant.

  5. le 2 juillet 2014 à 18 h 02 min Geoffroy écrit:

    Bonjour, Un grand merci aux personnes qui ont rédigé ce document.
    Je suis en possession d’une des impressions sur tissu avec cachet de cire de cette fameuse oeuvre « L’apparition de la Sainte Face sur le Voile de Sainte Véronique ».
    Pouvez vous m’informer du nombre qui ai pu être diffusé de cette oeuvre sur tissu ?
    Merci de m’avoir permis de donner un nom à cette superbe oeuvre que je contemple tous les jours !

  6. le 31 août 2010 à 15 h 41 min Laurent R. écrit:

    Je suis tout à fait d’accord avec vous : le voile de Véronique, méconnu et tenu pour légendaire, est bien authentique et tout à fait distinct du Linceul de Turin.
    Conservé à Rome depuis le premier siècle de notre ère, il a été offert à la vénération des fidèles, pendant des siècles, sans discontinuité, jusqu’en 1854.
    Ensuite, son image s’est effacée, elle est actuellement invisible.
    Néanmoins, le voile de Véronique opéra de nombreux miracles au XIX° siècle.

    Il y a sur le sujet deux ouvrages de référence : le livre de Marie-Madeleine Martin et les visions d’Anne-Catherine Emmerich qui précisent que le voile était « de laine fine ».
    Actuellement, il ne reste sur le voile conservé au Vatican que quelques taches de sang, mais il serait très intéressant de vérifier au moins deux points : ces tâches sont-elles du groupe AB, comme celles du Linceul de Turin, du suaire d’Oviedo ou de la sainte Tunique d’Argenteuil ? Le tissu est-il bien « de laine fine », comme l’avait dit la Bienheureuse Anne-Catherine ?

  7. le 10 janvier 2009 à 2 h 07 min Antoine L. écrit:

    Bien sûr, les miracles ne sont pas nécessaires, la foi doit nous suffire et le témoignage de ceux qui nous ont précédés.
    Mais quand dans sa bonté infinie Notre-Seigneur vient encore et encore vers nous pour nous chercher comme St Thomas, pour nous faciliter le chemin (au point qu’on a pu dire que les promesses de Marie concernant la dévotion aux 5 premiers samedis « mettaient le Ciel à pas cher »), pour nous réaffirmer la réalité, la constance de Son message, de Son amour… quelle gratuité! Quelle gentillesse!
    Mais aussi quelle dureté de coeur de ne pas y répondre!
    Et aussi, ces théophanies me mettent sur la voie de Saint Paul (il s’agit sans doute du chemin de Damas) que j’ai du mal à suivre quand il dit qu’il manque quelque chose à la Passion de Notre-Seigneur, car enfin, que peut-il manquer au sacrifice forcément infini du Verbe divin?
    L’Eglise et ses pères sont sans doute inspirés lorsqu’ils retiennent les écrits de ce grand saint pour notre éducation et si comprendre Dieu était facile ou seulement possible, où serait le mérite de la Foi?
    AMDG

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