2008-38. Le 17 juillet nous fêtons les Bienheureuses Carmélites de Compiègne, martyres.
17 juillet,
Fête de la Bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin et de ses compagnes,
vierges et martyres, carmélites de Compiègne.
Depuis sa fondation en 1641, le monastère du Carmel de Compiègne avait toujours conservé un grand esprit de prière, de silence, de pauvreté et de régularité. Ainsi, lorsque éclata la grande révolution, la communauté était animée d’un grand amour de Dieu et d’une remarquable ferveur pour le salut des âmes. Entres toutes, la Prieure, Mère Thérèse de Saint-Augustin* (Lidoine), femme de profonde oraison, brillait par de hautes qualités humaines et spirituelles.
Le 14 septembre 1792, fête de l’Exaltation de la sainte Croix, elles furent expulsées de leur monastère et durent être hébergées par des habitants de Compiègne, par petits groupes dans lesquels elles continuaient autant que possible (et sous l’habit civil) à vivre leur règle religieuse.
Face à la tourmente révolutionnaire, les dignes filles de sainte Thérèse d’Avila, suivant le désir de leur Prieure qui en avait reçu l’inspiration dans la prière, s’offrirent à Dieu
« pour que cette divine paix que son cher Fils était venu apporter au monde fût rendue à l’Église et à l’État ».
Jusque à leur mort, quotidiennement, elles renouvelleront ce don.
Le 21 juin 1794, elles sont arrêtées et jetées en prison. Elles supportent avec courage et charité les vexations et les souffrances qui leurs sont imposées.
Finalement, elles sont conduites à Paris dans des charrettes (12-13 juillet 1794), sont enfermées à la Conciergerie et condamnées à mort, sans témoins, par le tribunal révolutionnaire « pour leur fidélité à la vie religieuse et leur grande dévotion au Sacré Cœur » : des images, des scapulaires et un cantique avaient été saisis chez elles, et constituaient le principal chef d’accusation !!!
Le 17 juillet, en marchant vers leur martyre, elles prient et chantent le Miserere, le Salve Regina et le Te Deum.
Au pied de l’échafaud, installé sur la place du Trône – alors « place du trône renversé » et actuelle « place de la nation » -, elles entonnent le Veni Creator et renouvellent les promesses de leur baptême puis leurs vœux religieux.
Sœur Constance de Jésus (Meunier), novice, est appelée la première. Elle demande à la Mère prieure sa bénédiction et la permission de mourir. Elle gravit ensuite les marches de l’échafaud en chantant le Laudate Dominum omnes gentes.
La même scène se reproduit pour les autres moniales. La Prieure est immolée la dernière.
Leurs corps furent jetés dans une fosse commune du proche cimetière de Picpus.
Elles ont été béatifiées par le Pape Saint Pie X, le 27 mai 1906.
« Quel bonheur de mourir pour son Dieu ! » s’était écriée l’une d’elles. « Soyons les dernières à mourir. »
En effet, dix jours après leur sacrifice la grande terreur prenait fin par la chute de Robespierre et la tourmente qui, pendant deux ans, avait répandu le sang des enfants de France, s’apaisa pour un temps.
Gertrud von Le Fort, saisie par l’héroïsme spirituel de ces femmes, en a fait l’objet d’une nouvelle intitulée « La dernière à l’échafaud » (c’est elle qui inventa le personnage de Sœur Blanche de la Force, qui n’a pas existé) ; cette nouvelle inspirera Georges Bernanos pour des « Dialogues des Carmélites », scénario pour un célèbre film (1960) qui, en définitive, ne retiendra que peu d’éléments du texte de Bernanos ; ce film sera à son tour l’inspirateur de l’opéra de Francis Poulenc qui porte le même nom.
Cependant la réalité historique est bien plus abrupte et bien plus belle que les œuvres artistiques qu’elle a suscitées… et c’est à cette source que nous devons puiser pour découvrir le vrai visage de ces authentiques filles de Sainte Thérèse martyres.
* Nota bene :
Mademoiselle Lidoine en entrant au Carmel de Compiègne avait pris le même nom de religion que la fille de Louis XV, Madame Louise, devenue carmélite à Saint-Denys (voir ici > ici), justement en reconnaissance envers cette princesse qui lui avait permis de réaliser sa vocation.
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Bel exemple ! quel bonheur de mourir pour son Dieu !