2007-33. Lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant…
16 novembre,
Fête de Sainte Gertrude d’Helfta, dite la Grande.
C’est aujourd’hui la fête de Sainte Gertrude d’Helfta.
Bien que le prénom Gertrude ne soit pas très courant en France, Frère Maximilien-Marie m’a expliqué que c’est une très grande sainte ; d’ailleurs on l’appelle Sainte Gertrude la Grande !
Comme je lui demandai pour quelle raison elle était ainsi surnommée, il m’a expliqué que c’était pour la distinguer de plusieurs autres saintes (au moins cinq) qui ont porté le même prénom – dont une qui fut sa contemporaine et vécut dans le même monastère qu’elle – et aussi parce que les révélations dont elle fut gratifiée par Notre-Seigneur Jésus-Christ la mettent à une place éminente dans l’histoire de la sainteté et de la spiritualité.
Ces quelques mots me donnèrent envie d’en savoir davantage, et je priais donc Frère Maximilien-Marie de me raconter la vie de cette Sainte Gertrude :
Oh, me répondit-il, on ne sait finalement pas beaucoup de choses sur sa vie elle-même. Née probablement en 1256, dans une famille noble, elle fut confiée dès l’âge de cinq ans aux moniales de l’abbaye cistercienne d’Helfta – près d’Eisleben, en Saxe – qui était alors dirigée par l’abbesse Sainte Gertrude de Hackeborn (une puissante famille apparentée aux Hohenstaufen). La sœur de Sainte Gertrude de Hackeborn est aussi une sainte : Sainte Mechtilde [ou Mathilde], qui sera la maîtresse des novices et l’amie de Sainte Gertrude d’Helfta… Tu ne t’embrouilles pas trop dans toutes ces Gertrude, mon petit Lully ?
Il est vrai que ce n’était pas très facile à suivre toutes ces généalogies de saintes moniales, d’autant plus que – je l’avoue – mon attention avait été un peu distraite par un petit mouvement de fierté en pensant que, moi, j’étais entré au couvent encore plus jeune que Sainte Gertrude : je n’avais qu’un mois et demi !…
Bref, j’ai demandé à Frère Maximilien-Marie de continuer la suite de l’histoire.
Donc, la petite Gertrude – qui deviendra la Grande Sainte Gertrude – a passé toute sa vie, depuis l’âge de cinq ans, dans ce monastère dont elle n’est jamais sortie, jusqu’à sa mort qui survint le 17 novembre de l’année 1302: elle avait donc environ 46 ans.
Sa vie avait été tout ordonnée à l’étude et à la contemplation. Elle acquit une science tout à fait hors du commun et fut favorisée de visions qu’elle consigna par écrit en cinq volumes. On peut dire à juste titre qu’elle fut l’une des plus grandes mystiques du XIIIème siècle…
Les biographes ne peuvent guère dire davantage. Le plus important est ce qu’elle a rapporté dans ses ouvrages, dans lesquels la dévotion au Cœur de Jésus – telle que Notre-Seigneur viendra en demander l’établissement officiel dans l’Eglise quatre siècles plus tard – se trouve en quelque sorte annoncée et préparée. Ecoute bien…
Sainte Gertrude, le jour de la fête de Saint Jean l’Evangéliste (27 décembre), reçut dans sa prière la visite de ce « disciple que Jésus aimait », et il l’entraîna dans une expérience mystique peu commune : il lui fit partager ce qu’il avait vécu et éprouvé le soir de la Sainte Cène quand il reposa sur la poitrine de Notre-Seigneur.
Gertrude rapporte elle-même qu’il lui fut donné de goûter d’ineffables délices en percevant les pulsations du Sacré-Cœur. Elle demanda à Saint Jean s’il avait ressenti cela au soir du Jeudi Saint, et l’Apôtre lui répondit que oui.
Alors elle se permit de lui faire une sorte de reproche : « Pourquoi donc avez-vous gardé un tel silence sur ce mystère, et n’en avez-vous pas écrit un seul mot pour notre profit spirituel ? »
Et Saint Jean de répondre : « Ma mission fut d’écrire, pour l’Eglise naissante, au sujet du Verbe incréé de Dieu le Père, une seule parole: une parole qui suffirait jusqu’à la fin du monde pour nourrir l’intelligence humaine, bien qu’elle ne puisse jamais être parfaitement entendu de quiconque… Mais de dire la suavité de ces battements a été mis en réserve pour les derniers temps, afin que lorsque la charité du monde alangui ira se refroidissant, il éprouve un renouveau de ferveur à la révélation de semblables merveilles… »
Sainte Gertrude : vision de Saint Jean l’Evangéliste
(détail d’un vitrail de l’église N.D. de l’Assomption, à Bonnay – diocèse d’Autun, Châlons et Mâcon)
Moi, je sais bien ce que c’est que d’être tenu tout contre le cœur plein d’amour de quelqu’un qu’on aime passionnément parce que je demande souvent à Frère Maximilien-Marie de me prendre dans ses bras où j’aime à me blottir en ronronnant voluptueusement… Alors je n’ai pas de difficulté à imaginer ce que ce doit être auprès du Cœur de Jésus qui est la source de tout amour, un amour brûlant et infini, dont les litanies nous disent qu’il est comparable à une fournaise ardente !
Mais Frère Maximilien-Marie a continué son récit :
Ainsi donc, à la fin du XIIIème siècle, Sainte Gertrude a reçu l’annonce que la révélation du Cœur de Jésus était réservée pour les derniers temps comme un remède au refroidissement de la charité dans le monde.
C’est ce qui s’est passé, en effet : au XVIIème siècle, Sainte Marguerite-Marie (cf. > ici), au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, a reçu de Jésus la mission de transmettre au Roy de France et à toute l’Eglise Ses demandes concernant l’établissement du culte de Son Sacré-Cœur. Il disait que par cette dévotion il tentait « un dernier effort » pour retirer les hommes du chemin de la perdition. S’il est intervenu à la fin du XVIIème siècle, ainsi qu’il l’avait fait savoir à sainte Gertrude, c’est bien parce que nous sommes entrés dans une phase déterminante de l’histoire du monde et de l’Eglise, une période particulièrement importante « en ces temps qui sont les derniers »(Heb. I,2), qui sont tellement perturbés par un assaut plus intense des forces d’opposition à l’œuvre divine.
Vois-tu, l’esprit qui tend à dominer le monde depuis la fin du Moyen-Age – cet esprit qui a paru triompher dans les périodes troubles et violentes, marquées par de nouvelles persécutions comme on n’imaginait plus qu’il puisse y en avoir depuis la conversion de l’Empire romain – est fondamentalement destructeur pour les valeurs spirituelles. Seul l’amour véritable, puisé à la Fontaine de grâce et de charité qu’est le Cœur de notre divin Sauveur, permet de résister et de s’opposer aux flots corrupteurs et destructeurs par lesquels l’enfer déchaîné voudrait engloutir l’humanité.
Aujourd’hui, donc, nous demanderons à Sainte Gertrude d’Helfta de nous aider à être attentifs aux suaves pulsations du Sacré-Cœur de Jésus, de nous apprendre à recevoir de Lui une plus grande charité, et d’être ainsi de bons et fidèles chevaliers au service du Règne de Dieu dans les cœurs !
Voir aussi la B.D. et la prière tirée des œuvres de Sainte Gertrude publiés > ici
N.B. : Il ne faut pas confondre Sainte Gertrude d’Helfta – appelée aussi « la Grande » – avec une autre sainte qui porte le même prénom
et qui est la céleste protectrice des chats : Sainte Gertrude de Nivelles - voir > ici.
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Intéressant et troublant de trouver Ste Gertrude en lien avec la Sainte de Paray.
Grâce à l’éternel Lully, et à son papa moine, j’en sais un peu plus sur Sainte Gertrude d’Helfta.
Excellent ! merci du partage !
Merci, Maître Lully, très instructif…
Merci…….Lully !
fort intéressant