2007-27. Des Saints et des animaux (2ème partie).
L’arrivée du petit chien de Saint Roch dans le beau Ciel de Dieu ne passa pas inaperçue, vous vous en doutez bien : les Saints Innocents tout spécialement – cette troupe de charmants bambins âgés de deux ans maximum – étaient tout à fait ravis d’avoir un compagnon de jeu comme ils n’en avaient encore jamais eu depuis les quelque quatorze siècles qu’ils étaient entrés dans la gloire céleste…
Mais il n’y avait pas qu’eux.
Tous les saints en effet sont un peu comme des enfants, puisqu’ils ont remporté la difficile épreuve en laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ a établi une condition essentielle pour l’accès au Ciel : « Si vous ne redevenez comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux! »
On vit donc par exemple le pauvre Lazare, dont Jésus a raconté l’histoire (cf. Luc XVI), venir caresser affectueusement le petit chien qui lui rappelait qu’au temps de sa détresse les chiens avaient été les seuls à soulager ses plaies.
Les deux Tobie, père et fils, s’attendrirent en regardant les joyeux battements de queue du toutou, et Saint Raphaël lui-même se plut à raconter à un parterre de chérubins qui ouvraient de grands yeux émerveillés, la mission que le Très-Haut lui avait confiée pour venir en aide à cette famille éprouvée, et comment leur petit chien avait été le premier à leur porter l’annonce de la fin de leurs malheurs.
Saint Jean Bosco était très heureux de croiser cet animal qui lui rappelait l’apparence que son Saint Ange Gardien avait prise pour le défendre des mauvaises rencontres dans les rues mal famées de Turin.
La Bienheureuse Aleth, mère de Saint Bernard, se réjouissait de voir courir dans les allées du Ciel un spécimen de la gent canine qui lui rappelait le songe par lequel Dieu lui avait fait comprendre qu’elle allait donner le jour à un prédicateur sans pareil, et on surprit même le très sérieux Saint Pie V jouant à la balle avec lui : les dominicains ne sont-ils pas les « domini-canes » – les chiens du Seigneur – chargés d’aboyer pour alerter les fidèles des dangers qui menacent leur foi?
Néanmoins, cet heureux précédent donna des idées à plus d’un.
Et c’est ainsi que l’on vit se succéder, dans le bureau du Seigneur Dieu, des Saints et des Saintes de plus en plus nombreux qui venaient, l’un après l’autre, demander la grâce de faire entrer aussi dans le Paradis, les animaux qui leur avaient été particulièrement proches sur la terre.
Le premier à entreprendre cette démarche fut Saint Bernard de Menthon :
« O mon Seigneur, oserai-je vous faire remarquer que mes disciples ont formé une race de chiens particulièrement dévoués et habiles pour venir en aide aux pauvres pélerins perdus dans les montagnes? Or n’avez-vous pas vous-même enseigné que ce qui était fait aux plus nécessiteux d’entre les vôtres vous le receviez comme vous étant fait à vous-même (Matth. XXV)? Je me permets donc très humblement de vous demander d’admettre au Ciel ces chiens courageux qui portent d’ailleurs un nom de saint… Car il convient que ce qui est appelé saint ait une place auprès de Vous…«
Bref, il argumenta si bien que le Bon Dieu prit les chiens Saint-Bernard dans son Paradis.
Il y eut ensuite Saint François d’Assise qui vint plaider la cause des petits oiseaux qui avaient été si attentifs à sa prédication et qui sont, à n’en pas douter, des créatures célestes puisqu’ils ont des ailes?…
Et le Bon Dieu les prit dans son Paradis!
Sainte Solange et Sainte Germaine, qui avaient été des bergères sur la terre, vinrent ensemble prier celui qui s’est décrit lui-même comme le Bon Pasteur d’accepter aussi leurs charmants moutons, brebis et agneaux. Elles eurent la chance d’arriver dans l’antichambre en même temps que Saint Jean-Baptiste qui venait faire semblable demande en faveur de l’agneau avec lequel on ne manque jamais de le représenter. Le Précurseur déclara d’ailleurs tout de go à son cousin divin :
« Puisque vous m’avez inspiré de vous désigner comme l’Agneau de Dieu, il est impossible que nous n’ayons pas quelques spécimens de la race ovine au Ciel…«
Et le Bon Dieu fit entrer moutons, brebis et agneaux dans son Paradis !
Ce fut ensuite le tour de Saint Antoine de Padoue, qui plaida éloquemment en faveur de la mule qui avait dû subir un jeûne rigoureux, avant d’être amenée par son propriétaire incrédule sur le parvis de la cathédrale où Antoine vint en portant solennellement le Très Saint-Sacrement ; négligeant le picotin d’avoine qu’on lui proposait, la sainte mule était d’abord venue se prosterner devant la blanche Hostie, prouvant à son maître la réalité de la présence du Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Saint Antoine avait conclu son argumentation en disant :
« Vous ne pouvez donc exclure de l’adoration du Ciel, ô mon Dieu, l’animal qui vous a reconnu et adoré sur la terre, provoquant quantité d’âmes à vous mieux adorer ! »
Et le Bon Dieu prit la mule dans son Paradis!
Saint Eustache et Saint Hubert se présentèrent ensuite. L’un et l’autre avaient été convertis par l’apparition du Crucifix entre les bois d’un cerf, et ils supplièrent que ces animaux les rejoignent à leur tour.
Le Bon Dieu prit donc les cerfs dans son Paradis.
Vint ensuite Saint Gilles : puisque les cerfs avaient été admis, on ne pouvait lui refuser de faire entrer la biche qui l’avait généreusement nourri de son lait.
(à suivre > ici)
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